Autrereportage surprenant de Slate, un groupe de web mĂ©dias trĂšs Ă  gauche, comptant en ses rangs des « pointures » comme Colombani ou Attali, jusqu’alors gauche caviar pro-Otan, qui rĂ©vĂšle une vĂ©ritĂ© insoutenable ! Le dĂ©cor : Ils roulent Ă  fond la caisse sur des routes dĂ©solĂ©es et vides au nord de Kiev. Le mot Goulag est un acronyme de GlavnoĂŻĂ© OUpravleniĂ© LAGereĂŻ. Cette expression russe signifie Direction principale des camps ». Elle dĂ©signe le systĂšme concentrationnaire soviĂ©tique responsable de la dĂ©portation de plus d’une vingtaine de millions de personnes Ă  l’époque communiste. Le mot a Ă©tĂ© popularisĂ© par le roman d'Alexandre SoljĂ©nitsyne, L'Archipel du Goulag 1973. Le travail forcĂ© au cƓur du systĂšme soviĂ©tique Le Goulag a eu de modestes prĂ©cĂ©dents dans la Russie tsariste avec des brigades de travail forcĂ© en SibĂ©rie aux XVIIIe et XIXe siĂšcles. Mais c’est avec la RĂ©volution d’Octobre 1917 que le travail forcĂ© devient un Ă©lĂ©ment structurel majeur de la sociĂ©tĂ©. LĂ©nine lui-mĂȘme, aprĂšs l’attentat dont il est victime le 30 aoĂ»t 1918 de la part de Fanny Kaplan, ordonne l’incarcĂ©ration des Ă©lĂ©ments peu sĂ»rs », ce qui fait dĂ©jĂ  beaucoup de monde. DĂšs les annĂ©es 1920, les SoviĂ©tiques ouvrent une centaine de camps de concentration qui ont vocation Ă  rĂ©habiliter » les ennemis du peuple ou supposĂ©s tels. Pour le pouvoir soviĂ©tique, la rĂ©pression a l’avantage d’offrir une explication Ă  ses Ă©checs en tous genres si la sociĂ©tĂ© communiste et le paradis sur terre tardent Ă  s’installer, c’est qu’à mesure qu’on s’en rapproche, on doit faire face Ă  une opposition de plus en plus virulente et sournoise de la part des saboteurs » de tout poil !... La rĂ©pression change d’échelle en 1929 quand le nouvel homme fort de l’URSS dĂ©cide de recourir au travail forcĂ© pour accĂ©lĂ©rer l’industrialisation du pays et la mise en valeur de ses ressources. Le systĂšme concentrationnaire ne va dĂšs lors cesser de se dĂ©velopper jusqu’à la mort de Staline, le 5 mars 1953. Il finira par jouer un rĂŽle central dans l’économie du pays, avec un tiers de la production d’or soviĂ©tique, d’une grosse partie de son charbon et de son bois d’Ɠuvre, sans compter des productions manufacturiĂšres et agricoles. Mais sitĂŽt Staline disparu, ses successeurs vont s’empresser de le rĂ©duire sans toutefois le dissoudre. Conscients de l’inanitĂ© du travail forcĂ© comme outil de dĂ©veloppement, ils dĂ©crĂštent dĂšs mars 1953 une trĂšs large amnistie. La moitiĂ© des 2,5 millions de dĂ©portĂ©s sont immĂ©diatement libĂ©rĂ©s. Les condamnĂ©s politiques, exclus de l’amnistie, vont obtenir une nouvelle vague de libĂ©ration dans les deux annĂ©es qui suivent, au prix de trois grandes rĂ©bellions, marquĂ©es par le refus de travailler. Les camps de travail vont dĂšs lors subsister jusqu’à la fin de l’URSS et mĂȘme aujourd’hui dans la Russie moderne, Ă  une Ă©chelle bien moindre qu’auparavant. Il appartiendra Ă  MikhaĂŻl Gorbatchev, lui-mĂȘme petit-fils de dĂ©tenus, d’abolir les camps politiques. La violence sous toutes ses formes À l’époque de Staline, le Goulag a consistĂ© en un demi-millier de complexes, rĂ©unissant plusieurs milliers de camps, avec quelques centaines Ă  quelques milliers de dĂ©tenus ou zeks dans chacun d’eux, de la mer Noire Ă  l’ocĂ©an Arctique, du centre de Moscou au Kamtchatka. Il est alimentĂ© par un flux incessant d’arrestations, sous des accusations le plus souvent imaginaires ou futiles, par exemple le vol de quelques Ă©pis ou la vente d’un produit au marchĂ© noir. Nul n’est Ă  l’abri et c’est la source d’une angoisse permanente dans la population soviĂ©tique. Mais la dĂ©tention est rarement dĂ©finitive. Sa durĂ©e moyenne est d’environ cinq ans. Elle peut ĂȘtre de dix ans et s’éterniser jusqu’à la mort pour les dĂ©tenus politiques et les opposants vĂ©ritables, lesquels se retrouvent le plus souvent dans les camps de travail forcĂ© trĂšs rudes du Grand Nord ou de l’ExtrĂȘme-Orient, dans les rĂ©gions miniĂšres du fleuve Kolyma, autour de la ville de Magadan. Sur un total de 150 Ă  200 millions de SoviĂ©tiques, les camps de diffĂ©rentes sortes en retiennent environ deux millions. Mais, entre arrestations et libĂ©rations, les rotations incessantes font qu’une partie importante de la population soviĂ©tique fait d’une façon ou d’une autre l’expĂ©rience du Goulag. On estime son nombre Ă  dix-huit millions entre 1929 et la mort de Staline, non compris six millions de personnes relĂ©guĂ©es dans les dĂ©serts kazakhs ou les forĂȘts sibĂ©riennes, avec l’obligation de travailler mais sans ĂȘtre enfermĂ©es entre des barbelĂ©s. Les dĂ©tenus, selon tous les tĂ©moignages dont celui d’Alexandre SoljĂ©nitsyne, souffrent de travaux harassants, de violences de la part des gardiens ou des codĂ©tenus, de mauvaise hygiĂšne et de typhus. Ils sont tenaillĂ©s en permanence par la faim et le froid. Sans surprise, deux millions au moins sont morts sans avoir retrouvĂ© la liberté  PubliĂ© ou mis Ă  jour le 2018-11-27 095014 89Si les Ɠuvres de Teresa Noce et de Chiara Cremaschi divergent sur les projets (autobiographie d’une part, remĂ©moration de l’autre) et sur les enjeux (politiques d’une part, civiques de l’autre), les affinitĂ©s ne manquent pas : la notion de voyage, le camp vu comme un prototype de camps Ă  venir, avec les rails qui verrouillent le film de Chiara Cremaschi. Étudier
Le 13 avril 1942, deux mille prisonniers de guerre français entrent dans le camp disciplinaire de Rawa-Ruska. Ils seront bientĂŽt suivis de milliers d'autres. Tous vont souffrir des rigueurs extrĂȘmes de ce camp de reprĂ©sailles, Ă  l'image du docteur J. GuĂ©rin et de Georges Moret, dont nous reprenons les tĂ©moignages.. TĂ©moignages de Rawa-Ruska Le docteur J. GuĂ©rin a publiĂ© dĂšs 1945 le souvenir de sa captivitĂ©. Il raconte avec beaucoup de vie et d'Ă©motion sa descente aux enfers aprĂšs une tentative d'Ă©vasion et son arrivĂ©e au camp de reprĂ©sailles. a numĂ©risĂ© son livre de souvenirs au format pdf, sans oublier les dessins qui l' publions Ă©galement sur notre site le rĂ©cit autobiographique de Georges Moret, tel qu'il nous a Ă©tĂ© confiĂ© par sa fille Paulette. Prisonniers rĂ©sistants La dĂ©faite de juin 1940 s'est soldĂ©e par un bilan trĂšs lourd pour l'armĂ©e française 120 000 morts, 200 000 blessĂ©s, 1 850 000 prisonniers dont 1,6 million envoyĂ©s en Allemagne dans des camps de prisonniers en allemand, stalags. Beaucoup de ces prisonniers ne se rĂ©signent pas Ă  leur sort et entrent en rĂ©sistance par des actes de sabotage et des tentatives d'Ă©vasions. MalgrĂ© la crĂ©ation de commandos disciplinaires, les Straf-Kompagnie, et l'incarcĂ©ration des fortes tĂȘtes dans des prisons civiles, les actes d'insubordination continuent. Pour mettre enfin un terme Ă  la rĂ©sistance, l'Oberkommando der Wehrmacht dĂ©cide le 21 mars 1942 de transfĂ©rer les prisonniers coupables » de rĂ©cidive dans le camp 325, Ă  Rawa-Ruska on Ă©crit aussi Ravaruska, prĂšs de Lemberg, en Galicie aujourd'hui Rava-Russkaja, prĂšs de Lwow, en Ukraine. Un premier convoi de 2 000 prisonniers français part vers l'Est pour un voyage de six ou sept jours dans des wagons Ă  bestiaux. Il croise en gare de Dresde un train de soldats en uniforme de la Wehrmacht portant l'Ă©cusson bleu-blanc-rouge. Il s'agit de la LĂ©gion des Volontaires Français, autrement dit des Français engagĂ©s volontaires dans l'armĂ©e allemande ! AprĂšs les quolibets et les invectives, les prisonniers entonnent la Marseillaise. Rapidement, les autoritĂ©s militaires font repartir le train pour mettre un terme Ă  cette rencontre pour le moins inopportune. PubliĂ© ou mis Ă  jour le 2022-04-12 190707
Enarrivant, jeudi matin, au tribunal de Kirov, accompagné de sa longiligne épouse, Youlia, Alexeï Navalny, 37 ans, est encore un homme libre, décontracté et Mots Croisés > Questions > Définition Travail forcé à partir de 1943 Travail forcé à partir de 1943 Définition Entrez la longueur et les lettres Nouvelle proposition de solution pour "Travail forcé à partir de 1943" Pas de bonne réponse ? Ici vous pouvez proposer une autre solution. 7 + 5 Veuillez vérifier à nouveau vos entrées
Nazisme 444 documents. IdĂ©ologie nationaliste Ă  caractĂšre raciste et totalitaire, proche du fascisme, mise en Ɠuvre en Allemagne Ă  partir de l’arrivĂ©e au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933. Pour les nazis, les populations des pays et territoires germanophones, « indo-europĂ©ens » ou encore « aryens » Ă©taient d’une race supĂ©rieure
Camp de travail forcé en URSS . Nous avons créé ce site dans le seul but de vous aider avec les réponses et les solutions du puzzle mondialement connu Word Lanes. Exercez votre cerveau et enrichissez votre vocabulaire tout en vous promenant dans les paysages magnifiques et apaisants de ce nouveau jeu fascinant. Camp de travail forcé en URSS GOULAG Niveau PrécedéntSolution Word Lanes Niveau 918Niveau Suivant

Endroitpour regrouper et tuer une population : camp de la mort des nazis. CAMP DE CONCENTRATION Installations pour regrouper des prisonniers : camp de travail (forcé), camp de rééducation (pour prisonniers politiques). CANDIDATURE Acte volontaire d'une personne qui se présente à une élection ou un poste (emploi). CAP

Comment fonctionne le systĂšme concentrationnaire nazi ? 1. La mise en place des camps a. Un systĂšme destinĂ© Ă  l'anĂ©antissement des ennemis du rĂ©gime L'ouverture des camps de concentration remonte aux premiĂšres annĂ©es du rĂ©gime, les plus anciens datent de 1933 Dachau, Oranienburg, Sachsenhausen. Ils sont destinĂ©s Ă  l’anĂ©antissement des ennemis de l’Allemagne. Y sont dĂ©portĂ©s les Juifs, les Tziganes, les communistes, les homosexuels et les handicapĂ©s. Les nazis poursuivent la construction jusqu'en 1943, annĂ©e d'ouverture de Bergen-Belsen et de Dora. C’est Ă  partir de 1941 que le nombre des dĂ©tenus impose une augmentation du nombre de camps. De six en 1939, ils passent Ă  une vingtaine en 1944, auxquels est attachĂ©e une multitude de Kommandos de tailles diverses. Ces Kommandos sont des lieux de dĂ©tention regroupant des prisonniers travaillant Ă  l’extĂ©rieur du camp. b. Camps de concentration, camps d'extermination On distingue les camps de concentration, qui sont des camps de travail forcĂ© dans lesquels les prisonniers travaillent jusqu’à l’épuisement total et oĂč la mortalitĂ© est trĂšs forte. EntrĂ©e d'Auschwitz Le travail rend libre » Les camps d’extermination sont des centres de mise Ă  mort dans les chambres Ă  gaz qui ont fonctionnĂ© de 1941 Ă  1944 comme par exemple Chelmno, Belzec, Sobibor et Treblinka. La carte est rĂ©vĂ©latrice de la situation gĂ©ographique des camps, elle montre en effet que les camps de concentration sont situĂ©s dans le Grand Reich alors que les camps d’extermination le sont dans la Pologne d’avant 1939. 2. Les conditions de survie dans les camps a. Un lieu de dĂ©gradation de la condition humaine Le systĂšme concentrationnaire est placĂ© sous la haute main de Himmler et des SS. Son fonctionnement repose sur processus d’avilissement et de dĂ©gradation physique de l’individu afin de le rĂ©duire au rang de bĂȘte de somme. Les prisonniers y sont dĂ©pouillĂ©s de tout souvenir personnel ils sont vĂȘtus d’un uniforme rayĂ© et sont dĂ©signĂ©s par un simple numĂ©ro. Les dĂ©portĂ©s politiques sont volontairement mĂȘlĂ©s aux dĂ©tenus de droit commun Ă  qui sont confiĂ©es des fonctions subalternes de surveillance. Fort de ce pouvoir, ces prisonniers de droit commun, souvent des criminels n’hĂ©sitent pas Ă  brimer et Ă  torturer les prisonniers politiques. La rĂ©sistance dans les camps est vaine car elle est brisĂ©e dĂšs la naissance par la torture et les exĂ©cutions sommaires. A cette politique de dĂ©tention dĂ©gradante, il faut ajouter des conditions de vie atroces liĂ©es au travail forcĂ©, aux Ă©pidĂ©mies comme celle du typhus et la sous-alimentation, Ă  Buchenwald par exemple, les prisonniers n’ont que 600 Ă  700 calories par jour au lieu des 2 000 Ă  2 500 nĂ©cessaires Ă  un adulte. Ces conditions expliquent une mortalitĂ© impressionnante, Ă  laquelle il faut ajouter celle qui survient dans les wagons clos qui transportent les prisonniers vers les camps de la mort, dans une grande promiscuitĂ© et sans eau ni nourriture. b. Un lieu de destruction humaine le gĂ©nocide juif Les camps sont Ă©galement des lieux de destruction de la vie humaine, c’est-Ă -dire de mise Ă  mort volontaire et systĂ©matique des ennemis de l’Allemagne nazie. Au premier rang de ces ennemis, il y a le peuple juif et la haine que lui voue Hitler le conduit Ă  Ă©laborer une solution finale, qui aboutit au gĂ©nocide de ce peuple. Des convois entiers de Juifs, venant de toute l’Europe sont dirigĂ©s vers les camps de la mort ou ils pĂ©rissent dans d'atroces souffrances dans les chambres Ă  gaz. Leurs cadavres sont ensuites brĂ»lĂ©s dans les fours crĂ©matoires. La politique allemande fait prĂšs de 6 millions de victimes juives. PrĂšs d’un million sont morts des privations, des Ă©pidĂ©mies et des exactions qui les ont frappĂ©s dans les ghettos d’Europe orientale, trois millions ont Ă©tĂ© massacrĂ©s dans les camps, dont 1 million Ă  Auschwitz, 750 000 Ă  Treblinka, 550 000 Ă  Belzec, 200 000 Ă  Sobibor
 Au total, 10 Ă  12 millions de dĂ©portĂ©s de tous les pays d’Europe ont souffert et pour la plupart sont morts dans ces camps. L’essentiel Les premiers camps de concentration sont ouverts dans les premiers mois du rĂ©gime, ils sont destinĂ©s Ă  accueillir les populations indĂ©sirables considĂ©rĂ©es comme les ennemis du rĂ©gime les opposants, les homosexuels et l'ennemi jurĂ© de la race aryenne les Juifs... Ces camps sont donc des lieux de dĂ©tention qui permettent d'exclure de la sociĂ©tĂ© allemande les indĂ©sirables mais les conditions de dĂ©tention promiscuitĂ©, travail forcĂ©... les transforment en couloir de la mort. Pour venir Ă  bout du peuple, considĂ©rĂ© comme l'ennemi irrĂ©ductible de la race aryenne, les nazis ouvrent des camps d'extermination comme par exemple Treblinka ou la mort systĂ©matique industrielle de tout un peuple s'Ă©rige en une vĂ©ritable activitĂ©. Des fours crĂ©matoires permettaient de se dĂ©barrasser des cadavres, ce qui a permis de cacher quelque temps cette entreprise criminelle d'un nouveau genre! Vous avez dĂ©jĂ  mis une note Ă  ce cours. DĂ©couvrez les autres cours offerts par Maxicours ! DĂ©couvrez Maxicours Comment as-tu trouvĂ© ce cours ? Évalue ce cours !
Lafamille ImiƂkowski a partagĂ© le destin de milliers de polonais vivant dans les territoires annexĂ©s par le TroisiĂšme Reich qui Ă©taient soumis aux exĂ©cutions de masse, aux dĂ©portations, Ă  l'emprisonnement dans les camps de concentration et au travail forcĂ©. Le rĂ©cit de la famille ImiƂkowski est avant tout l'histoire d'enfants abandonnĂ©s qui se retrouvent confrontĂ©s Ă  la
En 2008, le trĂšs pro-europĂ©en Donald Tusk, alors Premier ministre, avait lancĂ© l'idĂ©e d'un musĂ©e ambitieux qui servirait Ă  raconter l'histoire de la Pologne – et plus gĂ©nĂ©ralement de la partie orientale du continent – durant la Seconde Guerre mondiale, mais en n'oubliant jamais de la replacer dans un cadre global et europĂ©en. Celui-ci vient de sortir de terre, Ă  Gdansk, mais ne verra peut-ĂȘtre jamais le jour en l'Ă©tat. Les populistes au pouvoir sont en train de mettre la main dessus, pour promouvoir leur vision nationaliste Ă©troite d'une Pologne forcĂ©ment hĂ©roĂŻque et martyre, totalement coupĂ©e du reste de l'histoire du monde, et particuliĂšrement de l'Europe. Walesa "Ce gouvernement veut prendre le contrĂŽle total de la Pologne" Avant que le projet du musĂ©e ne soit dĂ©voyĂ©, voici ce qu'on y apprend. 1DĂ©s le dĂ©but de la guerre, la Pologne n'affronte pas un ennemi, mais deux Jusqu'au dĂ©but de l'annĂ©e 1939, les militaires d'extrĂȘme droite qui dirigent la Pologne jouent un jeu dangereux avec le voisin allemand ils croient possible de s'en faire un alliĂ©. N'ont-ils pas signĂ© avec Berlin un pacte de non-agression, puis en 1938, profitĂ© de l'effondrement de la TchĂ©coslovaquie pour en dĂ©couper Ă  leur profit un morceau de territoire ? Folle imprudence. Hitler finit toujours pas mordre, pour les arracher, les mains qui se sont tendues vers lui. Quel genre d'homme Ă©tait Hitler ? De son point de vue, la conquĂȘte de la Pologne est un Ă©lĂ©ment essentiel du grand projet qu'il nourrit pour l'Allemagne, l'extension de son "Lebensraum", l'"espace vital", oĂč il veut implanter en masse des colons. Par ailleurs, il est exaspĂ©rĂ© par le "corridor de Danzig", cette bande d'accĂšs Ă  la mer donnĂ©e aux Polonais en 1918 qui coupe en deux la Prusse, c'est-Ă -dire le territoire allemand, qui s'Ă©tendait alors tout le long de la cĂŽte baltique. Le 1er septembre, il lance ses avions et ses chars sur la Pologne. Anglais et Français qui, un an avant, avaient abandonnĂ© les TchĂšques, se dĂ©cident enfin Ă  soutenir un alliĂ©. Le 3 septembre, en soutien Ă  la Pologne, les deux puissances dĂ©clarent la guerre Ă  l'Allemagne et aussitĂŽt
 laissent la Pologne se dĂ©brouiller toute seule. Sinon une vague offensive française sur la Sarre – vite stoppĂ©e, les Ă©tats-majors jugent prudent de s'en tenir Ă  une attitude dĂ©fensive, et n'envoient nulle troupe consĂ©quente au secours de Varsovie. 1939-1945 "Beaucoup de documents peuvent encore ĂȘtre exhumĂ©s" Le pays agressĂ©, pourtant, se bat avec un courage hĂ©roĂŻque, luttant pied Ă  pied, dĂ©fendant ville aprĂšs ville, n'hĂ©sitant pas, comme on le voit sur des images cĂ©lĂšbres, Ă  envoyer sa cavalerie affronter les chars allemands. Et comment pourrait-il rĂ©sister ? Deux semaines aprĂšs l'attaque allemande entre en scĂšne son deuxiĂšme bourreau les SoviĂ©tiques. La cavalerie polonaise, en septembre 1939. STF/AFP A la fin aoĂ»t 1939, en effet, a Ă©tĂ© signĂ© le cĂ©lĂšbre "pacte germano-soviĂ©tique", marquant l'alliance de Staline et d'Hitler. Il comportait une clause secrĂšte, selon laquelle les deux dictateurs avaient dĂ©cidĂ© de se partager cette partie de l'Europe. Au titre du marchandage, la Pologne Ă©tait coupĂ©e en deux entre les ogres. Fin septembre, prise en tenailles entre chars russes et allemands, elle est occupĂ©e par ses deux nouveaux maĂźtres qui peuvent l'Ă©craser avec une brutalitĂ© dont on a, Ă  l'Ouest, que trop peu idĂ©e. 2L'inimaginable martyre de la Pologne GrĂące au travail remarquable accompli depuis des annĂ©es par de grands films dans la lignĂ©e de "Shoah" de Claude Lanzmann ou de grands historiens, on a dĂ©sormais une idĂ©e assez nette de la façon dont les nazis ont gĂ©rĂ© ce qu'ils appelaient la "question juive" en Pologne. Pour Hitler – il l'explique dĂšs "Mein Kampf" –, les juifs sont comparables Ă  des "microbes" qu'il convient d'Ă©liminer purement et simplement. En Pologne, le pays d'Europe oĂč vivait alors la plus vaste communautĂ© juive, cette Ă©limination suit des phases successives. DĂšs 1939, les populations sont raflĂ©es et enfermĂ©es dans des ghettos, quartiers de nombreuses villes dĂ©libĂ©rĂ©ment insalubres et trop petits, ce qui permet de commencer Ă  tuer les gens de mort lente, par la faim et la maladie. L'enfant juif de Varsovie, "symbole universel" de la Shoah Lors du retournement de l'alliance contre les Russes et l'invasion de l'URSS, dans les territoires polonais qui Ă©taient occupĂ©s par les SoviĂ©tiques, et aussi dans le reste de l'Ukraine, de la BiĂ©lorussie, ou des territoires baltes, les nazis procĂšdent Ă  des exĂ©cutions de masse c'est ce que l'on appelle la "Shoah par balles". Puis, aprĂšs 1942, vient la phase dite de la "solution finale", c'est-Ă -dire le meurtre de millions de gens dans les camps d'extermination, dont la plupart sont situĂ©s sur le territoire polonais. Partout, les Tziganes, que les nazis considĂšrent comme une autre "race" Ă  Ă©liminer de la surface de la Terre, connaissent le mĂȘme sort. Moins connu est le sort des autres populations polonaises, essentiellement catholiques, qui sont slaves. Dans la folle hiĂ©rarchie raciale d'Hitler, ces Slaves prennent place au-dessus des juifs, mais fort peu
 Etres infĂ©rieurs, ils n'ont droit d'exister que pour servir les maĂźtres germaniques. Par ailleurs, selon les plans qu'il prĂ©voit pour l'Europe de l'Est, le dictateur de Berlin entend faire de la majeure partie de la Pologne une terre de colonisation pour les populations allemandes. Les Polonais ont donc vocation Ă  ĂȘtre Ă©liminĂ©s, chassĂ©s, ou asservis. DĂšs qu'il devient le patron de la Pologne occupĂ©e, le chef nazi Hans Frank dĂ©clare "Les Polonais doivent devenir les esclaves du Grand Reich." Toute l'action mise en place alors montre qu'il compte faire de cette assertion une vĂ©ritĂ©. Hans Frank, "bourreau de la Pologne", lors des procĂšs de Nuremberg, en mars 1946. LEEMAGE/AFP DĂšs 1939, toute Ă©ducation dĂ©passant le niveau de l'Ă©cole Ă©lĂ©mentaire est interdite. CollĂšges, lycĂ©es, universitĂ©s, sont fermĂ©s, comme les théùtres, comme les bibliothĂšques. Et tous ceux qui ont un niveau d'instruction supĂ©rieur commencent Ă  devenir louches, et Ă  ĂȘtre dĂ©portĂ©s. Il ne s'agit pas seulement d'occuper un pays, comme cela se passe par exemple en France, il s'agit de l'Ă©liminer en tant que nation. Presque toujours oubliĂ©e, enfin, Ă  cause du renversement d'alliance qui fait de l'URSS, Ă  partir de juin 1941, le principal ennemi des Allemands, la brutalitĂ© de l'occupation soviĂ©tique de la moitiĂ© orientale de la Pologne, de septembre 1939 Ă  juin 1941. Pendant prĂšs de deux ans, donc, alors que l'ouest du pays dĂ©couvrait l'horreur nazie, l'Est endurait le cauchemar stalinien. La terreur n'Ă©tait pas Ă©tablie sur la mĂȘme base aux principes raciaux d'Hitler, le tyran rouge prĂ©fĂ©rait la sĂ©lection selon des critĂšres de classe sociale. Cela balayait large. Il suffisait d'avoir le baccalaurĂ©at pour ĂȘtre suspect aux yeux d'un agent du NKVD, la police politique communiste. LĂ  aussi, est mise Ă  l'Ɠuvre une volontĂ© de briser un pays et d'Ă©radiquer ses Ă©lites. Des centaines de milliers de malheureux, coupables d'avoir un diplĂŽme ou d'avoir appartenu Ă  un parti d'avant-guerre, sont dĂ©portĂ©s vers les camps soviĂ©tiques. L'exemple le plus fameux de la terreur stalinienne durant cette Ă©poque a lieu Ă  Katyn, une forĂȘt situĂ©e en Russie, non loin de la frontiĂšre, en 1940 des milliers d'officiers polonais, les mains soigneusement liĂ©es dans le dos, sont tuĂ©s d'une balle dans la tĂȘte par les Russes. A l'horreur, les SoviĂ©tiques ajoutent un sens consommĂ© du mensonge. Pendant des dĂ©cennies, Moscou prĂ©tendra que ce crime a Ă©tĂ© commis par les nazis, et n'admettra la vĂ©ritĂ© qu'en 1990. Bande-annonce de "Katyn", par le rĂ©alisateur polonais Andrzej Wajda, 2007. 3Les Polonais ont aussi leur de Gaulle et leur rĂ©sistance hĂ©roĂŻque En 1939, alors que le pays est envahi, le gouvernement lĂ©gitime fuit le pays par la Roumanie, et s'exile, d'abord en France, puis, aprĂšs l'occupation de ce pays, Ă  Londres. Le grand nom du gouvernement en exil est Sikorski 1881-1943, le de Gaulle polonais, un chef militaire admirable doublĂ© d'un authentique dĂ©mocrate, qui espĂ©rait pour son pays une aprĂšs-guerre heureuse et libĂ©rĂ©e. Il ne la verra jamais. En 1943, alors qu'il revient d'une mission d'inspection des troupes polonaises stationnĂ©es en Afrique du Nord, son avion sombre en mer, devant Gibraltar. VĂ©ritable accident, ou assassinat ? Et par qui ? Par les Russes, parce que Sikorski voulait demander des comptes Ă  propos de Katyn ? Ou – ça a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© aussi – par les AlliĂ©s, parce que la colĂšre anti-Russes de Sikorski quand il a appris ce qui s'Ă©tait passĂ© Ă  Katyn pouvait menacer l'alliance avec Staline ? Le point reste, jusqu'Ă  prĂ©sent, un mystĂšre. Le gĂ©nĂ©ral polonais Wladyslaw Sikorski deuxiĂšme Ă  gauche, le Premier ministre britannique Winston Churchill et le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, lors d'une dĂ©monstration militaire en fĂ©vrier 1941 en Angleterre. AP/SIPA De façon gĂ©nĂ©rale, avec ou aprĂšs Sikorski, l'apport militaire polonais Ă  la guerre a Ă©tĂ© loin d'ĂȘtre nĂ©gligeable. Quand Hitler attaque l'URSS, Staline s'entend avec le gouvernement en exil de Londres et fait sortir les dĂ©portĂ©s polonais des camps pour qu'ils forment une lĂ©gion polonaise. Elle se bat d'abord Ă  cĂŽtĂ© de ses troupes, puis on la retrouve sur le théùtre proche oriental. Essentiel aussi est le rĂŽle jouĂ© par les divisions polonaises Ă  Monte Cassino 1944, une des victoires alliĂ©es les plus difficiles lors de la libĂ©ration de l'Italie. Enfin, alors que le pays est Ă©crasĂ© par une occupation dont on a dĂ©crit la brutalitĂ©, une rĂ©sistance intĂ©rieure se met en place avec une efficacitĂ© extraordinaire, allant jusqu'Ă  crĂ©er un vĂ©ritable Etat clandestin, qui fait fonctionner des classes, des universitĂ©s et mĂȘme des tribunaux. 4Varsovie, ce n'est pas une insurrection, mais deux Depuis le geste remarquable de Willy Brandt, chancelier allemand, s'inclinant devant le monument rendant hommage Ă  ces combattants 1970, ou depuis le trĂšs beau film "le Pianiste" de Polanski 2002, nombreux sont les Occidentaux qui connaissent le grand moment d'Histoire de 1943 l'insurrection du ghetto de Varsovie. Le chancelier allemand Willy Brandt s'agenouille devant le monument aux victimes du ghetto de Varsovie, le 7 dĂ©cembre 1970. CAF/AFP En avril de cette annĂ©e-lĂ , las d'ĂȘtre parquĂ©s comme des animaux dans des conditions ignobles, dĂ©cidĂ©s Ă  mourir les armes Ă  la main plutĂŽt que d'attendre d'ĂȘtre emmenĂ©s au bourreau, des centaines de combattants juifs, avec un hĂ©roĂŻsme magnifique et dĂ©sespĂ©rĂ©, dĂ©clenchent un soulĂšvement contre les nazis et rĂ©ussissent, contre toute attente, Ă  leur rĂ©sister prĂšs de trois semaines, avant d'ĂȘtre Ă©crasĂ©s et assassinĂ©s jusqu'au dernier. Des juifs polonais sont emmenĂ©s en dĂ©portation par des soldats SS, pendant la destruction du ghetto de Varsovie par les troupes allemandes, aprĂšs sa rĂ©volte en avril et mai 1943. AP/SIPA Il est dommage que bien moins de gens, Ă  l'ouest de l'Europe, gardent en mĂ©moire un autre Ă©vĂ©nement important de la guerre, qui a lieu dans la mĂȘme ville, un an plus tard l'insurrection de Varsovie, en juillet 1944. Comme Ă  Paris en mĂȘme temps, les Varsoviens, voyant peu Ă  peu refluer l'armĂ©e allemande, songent Ă  la libĂ©ration, et, comme Ă  Paris, sont bien dĂ©cidĂ©s Ă  y jouer un rĂŽle. C'est essentiel pour garder sa libertĂ© aprĂšs la guerre. HĂ©las pour les Polonais, les choses, de leur cĂŽtĂ© de l'Europe, ne se passent pas comme de l'autre. A l'Ouest, de Gaulle, pour la France libre, et les chefs de la rĂ©sistance intĂ©rieure s'entendent pour dĂ©clencher, au mois d'aoĂ»t 1944, une insurrection dans la capitale qui permet de faire croire Ă  la France qu'elle s'est libĂ©rĂ©e elle-mĂȘme. Le pari Ă©tait risquĂ©, il a marchĂ© les Allemands ont quittĂ© Paris sans le dĂ©truire et les AmĂ©ricains y sont arrivĂ©s aussitĂŽt pour Ă©viter que l'ennemi n'y revienne. Le mĂȘme pari, Ă  Varsovie, a dĂ©bouchĂ© sur un cauchemar. Fin juillet 1944, alors que les SoviĂ©tiques sont quasiment Ă  portĂ©e de fusil et que les Allemands sont sur le dĂ©part, les Polonais dĂ©clenchent l'insurrection. Contrairement Ă  ce qui se passe de l'autre cĂŽtĂ©, Hitler ne l'accepte pas il lance ses divisions sur la ville rebelle et ordonne qu'elle soit rasĂ©e au sol. Elle l'est en 63 jours. La rĂ©sistance est Ă©crasĂ©e, la population massacrĂ©e, la ville en cendres. Des insurgĂ©s dans une rue de Varsovie, en juillet 1944. HO/AFP De l'autre cĂŽtĂ© de la Vistule, les SoviĂ©tiques ont continuĂ© Ă  camper tranquillement sans faire un geste. Staline, dit-on, Ă©tait trop content de voir les Allemands faire pour lui le travail de liquidation de la rĂ©sistance dĂ©mocratique polonaise, qu'il n'aurait donc plus Ă  faire aprĂšs. Et il tient dĂ©jĂ  en rĂ©serve, Ă  Lublin, le gouvernement Ă  ses ordres qu'il mettra Ă  la tĂȘte du pays dĂšs sa "libĂ©ration" achevĂ©e. 5En Pologne, la "libĂ©ration", reprĂ©sente un nouvel asservissement En 1945, partout Ă  l'Ouest, les peuples fĂȘtent la libertĂ© retrouvĂ©e. Partout Ă  l'Est, les peuples opprimĂ©s dĂ©couvrent l'horreur de l'occupation soviĂ©tique. A la confĂ©rence de TĂ©hĂ©ran 1943, les AlliĂ©s ont fixĂ© les zones d'influence auxquelles aurait droit chacun dans l'Europe d'aprĂšs guerre. La Pologne sera soviĂ©tisĂ©e. Staline y retrace mĂȘme les frontiĂšres. Celles de 1939 ne lui conviennent pas, et il veut punir l'Allemagne. Il dĂ©place donc le pays de 200 km, ce qui lui permet de donner de vastes territoires orientaux Ă  la BiĂ©lorussie et Ă  l'Ukraine faisant alors partie de l'URSS, tandis qu'Ă  l'Ouest, une bande Ă©quivalente de territoire est prise Ă  l'Allemagne pour devenir polonaise. Le transfert territorial s'accompagne d'un transfert de population les Allemands sont chassĂ©s, les Polonais transfĂ©rĂ©s d'un bout Ă  l'autre de leur pays. Breslau devient Wroclaw ou Danzig, Gdansk. Pendant des annĂ©es, la Pologne n'est qu'un gigantesque chassĂ©-croisĂ© de gens que l'on installe dans des fermes, des appartements, des maisons, des magasins dont les prĂ©cĂ©dents occupants viennent d'ĂȘtre expulsĂ©s, parfois la veille, parfois une semaine avant. Il s'agit donc de reconstruire un pays en cendres, dont les frontiĂšres ni la population n'ont plus rien Ă  voir avec qu'ils Ă©taient six ans plus tĂŽt. Anne Applebaum "Staline avançait sans stratĂ©gie" A la confĂ©rence de Potsdam, Staline avait promis aux AlliĂ©s que le pays aurait droit Ă  "des Ă©lections libres et sans entraves". Il a droit Ă  un gouvernement entiĂšrement contrĂŽlĂ© par le Kremlin et Ă  des scrutins truquĂ©s. Le premier rĂ©pondant aux critĂšres dĂ©mocratiques aura lieu en 1989. Le Premier ministre britannique Winston Churchill, le prĂ©sident amĂ©ricain Harry S. Truman et le leader soviĂ©tique Joseph Staline, Ă  Potsdam Allemagne, le 25 juillet 1945. HO/THE NATIONAL ARCHIVES/AFP Pendant des siĂšcles, la Pologne a Ă©tĂ© un grand pays divers, le havre de nombreuses minoritĂ©s, comme les juifs, la plus importante d'entre elle. Trois millions d'entre eux, c'est-Ă -dire la quasi-totalitĂ©, ont Ă©tĂ© exterminĂ©s mĂ©thodiquement. Et presque autant de Polonais non juifs, parce qu'ils Ă©taient slaves, parce qu'ils gĂȘnaient sur la carte du "Grand Reich", ont subi le mĂȘme sort. En tout, en 1945, 15% de la population du pays de 1939 a disparu. C'est, pour ce qui concerne la Seconde Guerre mondiale, le taux de perte le plus Ă©levĂ© au monde. François Reynaert
parEugĂ©nie Caron, Lucille Chambrelant, AdĂšle Fournier et LĂ©a Leboisne Dans le cadre de la journĂ©e thĂ©matique « Images » du vendredi 22 octobre 2021 qui s’est dĂ©roulĂ©e de 10 heures Ă  14 heures dans l’amphithéùtre C001 du site de la Citadelle de l’UniversitĂ© de Picardie Jules Verne Ă  Amiens, les Ă©tudiants de premiĂšre annĂ©e du Master Continuer la lecture de «
À deux heures de route au nord de Tirana, Zenel Drangu fait une pause prĂšs d’un pont avant que la voiture ne s’engouffre sur les sept kilomĂštres de voie cahoteuse et tortueuse qui mĂšnent Ă  la prison de Spaç dans les profondeurs des montagnes de la rĂ©gion de Mirdita. La prison commençait lĂ . Cette route, nous l’avons baptisĂ©e “la route des larmes”. Mais la plaque que nous avons apposĂ©e fin aoĂ»t 2018 n’a pas plu aux autoritĂ©s locales communistes et a Ă©tĂ© enlevĂ©e
 » L’ancien dĂ©tenu, solide gaillard de 69 ans, et prĂ©sident de l’association des persĂ©cutĂ©s politiques, entame sobrement un rĂ©cit lĂ , prĂšs du pont, que s’arrĂȘtaient les bus de la RĂ©publique populaire socialiste d’Albanie – la petite CorĂ©e du Nord » de l’Europe, gardienne du dogme stalinien jusqu’en 1991. Les mĂšres et les Ă©pouses des prisonniers de­vaient faire l’ascension des sept kilomĂštres Ă  pied dans l’espoir de serrer dans leurs bras un pĂšre, un fils ou un mari, le temps du petit quart d’heure de visite sous surveillance. Au risque d’ĂȘtre volĂ©es, parfois mĂȘme violĂ©es, sur le familles entachĂ©es » Ces femmes, jeunes et vieilles, et toutes leurs familles Ă©taient entachĂ©es », selon la phrasĂ©ologie communiste. Leurs proches emprisonnĂ©s Ă©taient des taches » qui faisaient honte au communisme et jetaient l’opprobre sur leurs familles qui pouvaient ĂȘtre licenciĂ©es de leur travail ou envoyĂ©es en relĂ©gation dans des villages. Alors il Ă©tait peu rĂ©prĂ©hensible de s’en prendre Ă  elles. Mes frĂšres et sƓurs, mes cousins, Ă©taient entachĂ©s. Ils ont Ă©tĂ© interdits d’études supĂ©rieures et privĂ©s d’avenir Ă  cause de moi », tĂ©moigne Zenel nombre d’habitants alentour pensaient que la caserne 303 » Ă©tait un site militaire, et pas un Ă©pouvantable lieu de dĂ©tention et de travail forcĂ©. Le Parti du travail d’Albanie, celui du paranoĂŻaque dictateur Enver Hoxha, y a internĂ© entre 1968 et 1991 des dĂ©tenus de droit commun ainsi que nombre d’intellectuels, d’artistes, de religieux, de dissidents, d’opposants ouvriers ou villageois, condamnĂ©s pour sabotage, tentative de fuite ou agitation et prison naturelle C’est que le lieu, enfermĂ© dans les montagnes, Ă©tait une prison naturelle qui ne nĂ©cessitait pas de mur d’enceinte. Zenel Drangu rapporte que Mehmet Shehu, le sanguinaire premier ministre et bras droit du dictateur, Ă©tait venu en hĂ©licoptĂšre sur le site et s’était fĂ©licitĂ© du choix d’un endroit aussi parfait pour les prisonniers. Il avait dit ”Jamais vous ne sortirez vivants d’ici ! En cas d’invasion impĂ©rialiste, vous serez les premiers exĂ©cutĂ©s.” MĂȘme les militaires qui gardaient les lieux se sentaient en prison. Cela les rendait agressifs », raconte l’ancien Drangu y avait Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© en 1973. Le jeune homme de 24 ans rĂȘvait alors d’un autre monde, Ă©coutait Radio Vatican et Voice of America. Avec un ami, il s’était enfui et avait franchi la frontiĂšre avec le MontĂ©nĂ©gro. Tous deux furent lestement renvoyĂ©s dans leur pays par le rĂ©gime yougoslave, et condamnĂ©s Ă  seize ans de dĂ©tention, comme les 13 692 Albanais condamnĂ©s pour fuite 988 tuĂ©s Ă  la frontiĂšre. Son ami, qui avait contestĂ© le jugement, a Ă©tĂ© mai de cette annĂ©e-lĂ , les conditions de dĂ©tention, la faim, les dortoirs Ă  54 sur des matelas de paille superposĂ©s sur trois niveaux, et le travail inhumain dans la mine de cuivre et de pyrite voisine Ă©taient si atroces que les dĂ©tenus s’étaient rĂ©voltĂ©s. On se levait Ă  5 heures pour l’appel dehors des 1 400 prisonniers. Si un manquait Ă  l’appel, on recommençait. Il fallait se lever plus tĂŽt encore pour aller aux toilettes. Ceux qui n’allaient pas Ă  la mine pour une raison ou une autre devaient lire en continu l’Ɠuvre monumentale, en 70 volumes, d’Enver Hoxha. »La recherche des restes humains n’a pas encore Ă©tĂ© entrepriseAu milieu des bĂątiments Ă©ventrĂ©s de la prison Ă  moitiĂ© en ruine, abandonnĂ©e et pillĂ©e depuis la chute du communisme, Zenel Drangu dĂ©signe le lieu oĂč les mutins, dans une bravade dĂ©sespĂ©rĂ©e, avaient dĂ©coupĂ© l’étoile rouge du drapeau albanais et avaient brandi l’étendard trouĂ© pour rĂ©clamer la fin du communisme. Quatre des meneurs furent exĂ©cutĂ©s, 66 autres ont vu leurs peines alourdies. Leurs corps ont sans doute Ă©tĂ© enterrĂ©s lĂ  », dit-il, levant les yeux sur le versant de la montagne de l’autre cĂŽtĂ© de la dĂ©pouilles du journaliste et des deux Ă©tudiants exĂ©cutĂ©s en 1979 ont sans doute connu le mĂȘme sort. Ils avaient Ă©crit Ă  Enver Hoxha qu’ils voulaient mourir en communistes, mais dans un communisme modĂ©rĂ© Ă  la ­Brejnev », explique Zenel Drangu. La recherche des restes humains n’a pas encore Ă©tĂ© entreprise. Les morts d’épuisement ou de maladie Ă©taient, eux, enterrĂ©s dans le cimetiĂšre dans la vallĂ©e. Ne mange pas, tais-toi et soit content » Zenel Drangu, parce qu’il Ă©tait jeune, grand et costaud, a survĂ©cu Ă  tout et Ă©chappĂ© aux punitions. Je suis l’un des rares survivants. » Devant l’unique wagonnet rouillĂ© de la mine qui gĂźt dans ce paysage de dĂ©solation, l’ancien prisonnier se rappelle le labeur de bĂȘte de somme. Il fallait remplir 900 wagonnets d’une tonne en 24 heures, en Ă©quipes de 3x8. Les travailleurs libres rĂ©alisaient les travaux techniques, maniaient les explosifs. Certains Ă©taient comprĂ©hensifs, d’autres pouvaient dĂ©noncer les prisonniers qui n’arrivaient pas Ă  faire leur quota et Ă©taient envoyĂ©s en chambre d’isolation. Dans ces chambres, Ă  mĂȘme le ciment, il faisait si froid qu’il fallait bouger en permanence pour survivre. La couverture Ă©tait si mince qu’on voyait la lune Ă  travers. » Le 29 novembre, poursuit-il, nous cĂ©lĂ©brons la libĂ©ration du fascisme et du nazisme. C’est une date importante pour le pays. Mais nous avons vĂ©cu pire aprĂšs. Le “mange et tais-toi” du fascisme est devenu “ne mange pas, tais-toi et sois content”. Nous devions ĂȘtre le pays le plus heureux du monde. »Lorsqu’il sort de prison Ă  40 ans, Zenel Drangu apprend le dĂ©cĂšs de sa mĂšre survenu six annĂ©es auparavant. Et fait la connaissance de la femme que sa famille lui a choisie. Les prisonniers libĂ©rĂ©s de­vaient se marier trĂšs vite, c’était une exigence du parti pour Ă©viter toute rĂ©bellion », de cette prison en ruine un mĂ©morialDe ce lieu et de ce passĂ© tragique, emblĂ©matiques des persĂ©cutions du totalitarisme albanais, il ne subsiste que des murs de pierre. En 2015 l’ONG amĂ©ricaine World Monuments Fund Fonds mondial pour les monuments avait classĂ© la prison de Spaç parmi les cinquante monuments les plus en danger de la planĂšte. Si elle ne s’est pas intĂ©gralement Ă©croulĂ©e, c’est grĂące Ă  des financements suĂ©dois et au travail de l’ONG Cultural Heritage without Border patrimoine culturel sans frontiĂšres » créée par des architectes 2017, l’ONG a nettoyĂ© et mis en sĂ©curitĂ© le site, Ă©tayĂ© d’urgence les bĂątiments vacillants et installĂ© quelques panneaux indicatifs. Nous voulons en faire un mĂ©morial et un lieu pour l’éducation », escompte Nedi Petri de l’ONG. Nous avons trĂšs peu de matĂ©riel historique. Nos recherches de documents, de cartes, de photos n’ont pas abouti ces derniĂšres annĂ©es. Ces informations Ă©taient encore secrĂštes. La Haute AutoritĂ© sur les archives se met tout juste en place », histoire qui n’est pas enseignĂ©eNĂ©s dans les annĂ©es qui ont suivi la chute du rĂ©gime, sept Ă©tudiants venus sur place avec une ONG suĂ©doise de dĂ©fense des droits civiques se disent ignorants de cette histoire. L’un d’eux, Marco, veut comprendre ce que sa famille a subi. Tandis qu’Etilda, elle, a toujours entendu dire du bien du communisme chez elle. C’est notre plus grand malheur, cette histoire n’est pas enseignĂ©e dans les Ă©coles et les lycĂ©es », soupire Zenel gouvernement socialiste d’Edi Rama, au pouvoir depuis 2013, commence Ă  soulever le couvercle de la dictature. La ministre de la culture, Mirela Kumbaro, soutient l’idĂ©e de faire de Spaç, comme de Tepelena, premier lieu d’internement de la dictature dans les annĂ©es 1948-1952, des lieux de mĂ©moire. Mais rien n’a encore bougĂ© sur le site de Spaç. Sauf, la mine de cuivre – et la nouvelle usine attenante – rĂ©-exploitĂ©e depuis dĂ©but 2018 par la compagnie miniĂšre turque Tete qui a obtenu une concession de 30 ans. Edi Rama est venu en personne, le 4 fĂ©vrier 2018, visiter le nouveau site industriel qui pourvoit Ă  200 emplois dans la vallĂ©e de cette rĂ©gion pauvre, sans mĂȘme faire une halte lorsqu’il est passĂ© devant la ans de dictature stalinienneL’Albanie est un petit pays de 28 748 comptait 1,2 million d’habitants au dĂ©but de la dictature donnĂ©es 1950 et 3,2 millions Ă  sa chute en 1991 2,8 millions aujourd’hui.Enver Hoxha, le fondateur du Parti du travail d’Albanie en 1941, dirige la RĂ©publique populaire socialiste d’Albanie, créée en 1944, jusqu’à sa mort en 1985. Ramiz Alia lui succĂšde jusqu’à la chute de la dictature en 1960, alors que l’URSS de Khrouchtchev s’ouvre, l’Albanie rompt avec le bloc de l’Est par fidĂ©litĂ© au stalinisme. Le pays se tourne vers la Chine jusqu’à la brouille de 1978, aprĂšs que PĂ©kin a rompu avec l’orthodoxie maoĂŻste. L’Albanie se ferme plus encore pour devenir une petite CorĂ©e du Nord » de l’ d’étude des crimes du communisme dispose d’une liste restĂ©e incomplĂšte des victimes 35 408 dĂ©tenus politiques, 5 487 exĂ©cutĂ©s, 995 morts en prison. Lesamis fascistes de l’impĂ©rialisme canadien – troisiĂšme partie: Le rĂŽle de l’OUN et de l’ArmĂ©e insurrectionnelle ukrainienne dans la guerre nazie contre l’URSS et dans l’Holocauste Il s'agit de complĂ©ter cette grille de mots croisĂ©s avec quelques mots en relation avec NoĂ«l BOUGIE, BOULE, BUCHE, CADEAU, CHEMINEE, CHOCOLAT, ETOILE, GUIRLANDE, JOUETS, LUTIN, PERE-NOEL, RENNE, SAPIN, TRAINEAU Elle est proposĂ©e ici en deux versions l'une avec des dĂ©finitions textuelles et l'autre avec des images. Cliquez sur l'une des images ci-dessus pour dĂ©marrer l'activitĂ©. Bien entendu, il est possible d'exporter la grille au format PDF. 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desmots croisés sur le nazisme, un QCM sur le chapitre. un autre QCM sur le chapitre. un quizz chronologique sur le chapitre. des mots croisés sur l'Entre-deux-guerres. L'essentiel. 1. En U.R.S.S., Lénine puis Staline imposent un régime soviétique* totalitaire* En février 1917, suite à des grÚves et des manifestations, le tsar est
Vue aĂ©rienne du camp de travail du Ban Saint-Jean oĂč plus de SoviĂ©tiques sont dĂ©cĂ©dĂ©s sous le joug de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale, le 23 novembre 2020 Ă  Denting Moselle / AFP/Archives A Denting, en Moselle, plus de prisonniers soviĂ©tiques sont morts pendant la Seconde Guerre mondiale sous le joug de la Wehrmacht dans le camp de travail du Ban Saint-Jean 70 ans plus tard, un projet d'installation d'Ă©oliennes fait polĂ©mique, risquant de troubler la quiĂ©tude des lieux."C'est un lieu de mĂ©moire Ă  prĂ©server. Il faut un pĂ©rimĂštre auquel personne ne touchera", martĂšle Bruno Doyen, prĂ©sident de l'Association franco-ukrainienne AFU pour la rĂ©habilitation de ce site, Ă  proximitĂ© duquel tournent dĂ©jĂ  70 camp largement mĂ©connu, oĂč, selon l'AFU, personnes viennent se recueillir chaque annĂ©e, avait hĂ©bergĂ© au lendemain de la guerre des militaires ou des harkis. Les derniers militaires l'ont quittĂ© au dĂ©but des annĂ©es 90 et, depuis, il tombe en ruine et nĂ©cessiterait des travaux urgents pour sa sĂ©curisation."Il faut de l'argent. Sinon la mairie pourrait revendre et tout pourrait disparaĂźtre", s'alarme M. stĂšle commĂ©morative sur l'ancien camp de travail du Ban Saint-Jean oĂč plus de SoviĂ©tiques sont dĂ©cĂ©dĂ©s sous le joug de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale, le 23 novembre 2020 Ă  Denting Moselle / AFP/Archives Mais au-delĂ  de la pĂ©rennitĂ© du site, l'AFU redoute l'installation de six nouvelles Ă©oliennes par une filiale française de la sociĂ©tĂ© allemande Nordex, envisagĂ©e d'ici Ă  2022, selon le maire du hameau de Denting 260 habitants, François d'elles pourrait faire "de l'ombre au chĂąteau d'eau" plantĂ© au centre du camp, s'alarme M. Doyen, qui pencherait plutĂŽt en faveur d'un projet de parc photovoltaĂŻque de 25 hectares, Ă©galement Sergent-chef Mitterrand -Pour l'AFU, l'ancien camp, Ă©rigĂ© sur un terrain de 88 hectares de forĂȘts, doit ĂȘtre pour François Bir, les Ă©oliennes seraient une aubaine en cette pĂ©riode de disette d'entre elles seraient construites sur des terres agricoles mais les trois autres le seraient sur des terrains communaux avec, Ă  la clef, euros de recettes annuelles. "Une partie bĂ©nĂ©ficiera Ă  l'AFU pour aider Ă  la sauvegarde du camp", fait-il valoir."Pour faire des choses, on a besoin d'argent", insiste l' Doyen D, prĂ©sident de l'Association franco-ukrainienne, pose le 23 novembre 2020 sur le site de l'ancien camp de travail du Ban Saint-Jean, avec les vice-prĂ©sidents Maurice Schmitt G et Gabriel Becker C / AFP/Archives De 1934 Ă  1936, le camp du Ban Sain-Jean, base arriĂšre de la Ligne Maginot voisine, est Ă©rigĂ© dans un cadre idyllique, avec ses Ă©lĂ©gants pavillons destinĂ©s au logement du 146e rĂ©giment d'infanterie de au lendemain de la dĂ©faite de juin 1940 et de l'annexion de la Moselle par l'Allemagne nazie, les soldats français qui y sĂ©journent sont dĂ©sormais prisonniers de la eux, un certain François Mitterrand. Repris en novembre 1941 Ă  Metz aprĂšs s'ĂȘtre Ă©vadĂ© d'un Stalag en Allemagne, le sergent-chef Mitterrand y avait passĂ© une semaine avant d'ĂȘtre envoyĂ© Ă  Boulay, commune voisine d'oĂč il avait rĂ©ussi Ă  s'enfuir le mois suivant pour rejoindre la France en juin 1941, avec l'opĂ©ration Barabarossa, l'invasion de l'URSS par les troupes nazies, le camp avait changĂ© Ă  nouveau de destination pour devenir le lieu oĂč seront internĂ©s des centaines de milliers de travailleurs forcĂ©s soviĂ©tiques, militaires et civils. Vue aĂ©rienne de l'ancien camp de travail du Ban Saint-Jean oĂč plus de SoviĂ©tiques sont dĂ©cĂ©dĂ©s sous le joug de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale, le 23 novembre 2020 Ă  Denting Moselle / AFP/Archives Majoritairement Ukrainiens, ils devaient fournir la main-d'oeuvre nĂ©cessaire aux industries et mines de fer et de charbon de la rĂ©gion ainsi qu'Ă  quelques Camp noir -A la LibĂ©ration, une Commission mixte franco-soviĂ©tique estimera que " soviĂ©tiques" ont sĂ©journĂ© dans ce Stalag, rebaptisĂ© le "camp noir" par les document, cosignĂ© par le colonel russe Kolossov et le prĂ©fet de la Moselle de l'Ă©poque Louis Tuaillon, relĂšve les "mauvais traitements, la famine, le dur labeur" et les "exĂ©cutions" dĂ©nonce aussi l’existence d'"un systĂšme de tortures" et "d'humiliations" dont le but Ă©tait "d'exterminer les personnes qui s'y trouvaient". A titre d'exemple les longues heures d'attente, mouillĂ© et nu, dans le froid aĂ©rienne de l'ancien camp de travail du Ban Saint-Jean oĂč plus de SoviĂ©tiques sont dĂ©cĂ©dĂ©s sous le joug de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale, le 23 novembre 2020 Ă  Denting Moselle / AFP/Archives Quant aux nombre de personnes dĂ©cĂ©dĂ©es, il ne s'agit que d'estimations " dans un charnier" de l'ancien cimetiĂšre juif de Boulay et " au Ban Saint-Jean, selon la fosses communes, prĂ©cisait-elle, ont Ă©tĂ© localisĂ©es Ă  Metz, Bitche, Creutzwald-la-Croix, Thionville, AmnĂ©ville pour atteindre donc le chiffre d'environ morts. Mais "il est possible que tous les corps n'aient pas Ă©tĂ© retrouvĂ©s", constatera la au bout d'un "chemin pĂ©dagogique" portant symboliquement les prĂ©noms de trois dĂ©portĂ©s Igor, AndrĂ«i et Iwan, une stĂšle trilingue, en russe, ukrainien et français, rend hommages aux lors des cĂ©rĂ©monies, les deux poteaux Ă  l'arriĂšre servent Ă  tendre une corde. Les drapeaux de l'ancien bloc soviĂ©tique y sont alors accrochĂ©s. Lessolutions pour la dĂ©finition CAMP DE TRAVAIL FORCÉ EN UNION SOVIÉTIQUE pour des mots croisĂ©s ou mots flĂ©chĂ©s, ainsi que des synonymes existants. Accueil ‱Ajouter une dĂ©finition ‱Dictionnaire ‱CODYCROSS ‱Contact ‱Anagramme Camp de travail forcĂ© en Union soviĂ©tique — Solutions pour Mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. Recherche - Solution. Recherche - DĂ©finition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire. Français[modifier le wikicode] Étymologie[modifier le wikicode] XXe siĂšcle Acronyme lexicalisĂ© venant du russe ГУЛАГ, GULAG, de ГлаĐČĐœĐŸĐ” УпраĐČĐ»Đ”ĐœĐžĐ” ЛагДрДĐč, GlĂĄvnoie OupravlĂ©nĂŻe LagerĂ©i Direction Principale des Camps ». Le mot russe remonte prĂ©cisĂ©ment au 15 avril 1919. L'article 5 du dĂ©cret 45 Au sujet des camps de travaux forcĂ©s stipule Cette direction centrale prendra le nom de GOULAG ». Nom commun [modifier le wikicode] Singulier Pluriel goulag goulags \ goulag \ masculin SystĂšme concentrationnaire soviĂ©tique. L’évolution du goulag a suivi l’histoire du pays. WikipĂ©dia, Goulag Le goulag a forcĂ© Soljenitsyne Ă  rĂ©flĂ©chir sur son expĂ©rience et Ă  l'Ă©valuer Ă  partir d'une perspective plus vaste. — RaphaĂ«l Arteau, La perte et l'hĂ©ritage, BorĂ©al, MontrĂ©al, 2018, p. 41 Camp de concentration en URSS. Nombre de rĂ©volutionnaires communistes ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s dans un goulag lors des Grandes Purges la RĂ©volution mangeait ses propres enfants. Par extension SystĂšme concentrationnaire communiste, camp de concentration de prisonniers politiques d'un rĂ©gime communiste. Le goulag chinois. Hyperonymes[modifier le wikicode] camp de concentration camp de travail Vocabulaire apparentĂ© par le sens[modifier le wikicode] kwanliso laogai stalag zek prisonnier d’un goulag Traductions[modifier le wikicode] Anglais gulag en Arabe ŰșÙˆÙ„Ű§Űș ar Croate gulag hr Espagnol gulag es masculin EspĂ©ranto gulago eo Italien gulag it Japonais ă‚°ăƒ©ă‚° ja Occitan golag oc Polonais guƂag pl Russe ГУЛАГ ru TchĂšque gulag cs Prononciation[modifier le wikicode] RĂ©gion Ă  prĂ©ciser Ă©couter goulag [Prononciation ?] » Paronymes[modifier le wikicode] koulak Voir aussi[modifier le wikicode] Motde passe. Mot de passe perdu ? Je me connecte depuis un ordinateur. Public ou partagĂ©. PrivĂ©. Je me connecte. 01. 02. 03.

Lors du 41Ăšme congrĂšs de l’Amicale, qui s’est tenu les 24-26 novembre 2006 Ă  Nantes, ville qui travaille sur la traite nĂ©griĂšre qui constitue un pan de son histoire et, Ă©galement, comme suite Ă  la session 2007 du Concours national de la rĂ©sistance et de la dĂ©portation portant sur le travail concentrationnaire, les congressistes se sont interrogĂ©s sur l’exploitation Ă©conomique d’une rĂ©serve inĂ©puisable de travailleurs-dĂ©tenus. Retrouvez dans le bulletin n°307, janvier 2007, p. 11-30 les diffĂ©rentes interventions sur le thĂšme Le dĂ©portĂ©, travailleur esclave ? au sommaire INTRODUCTIONUn projet confluentMĂ©moire de l’esclavage, mĂ©moire de la dĂ©portationLa rencontre des savoirsD’éminents universitaires venus Ă  notre rencontreFranchir quelques cloisons OCCUPATION, RÉPRESSION, DÉPORTATIONJean-Pierre AzĂ©ma, professeur Ă©mĂ©rite Ă  l’Institut d’Études Politiques de Paris MAUTHAUSEN, ENTREPRISE CONCENTRATIONNAIRE. FONCTIONNEMENT ET ÉCONOMIE INTERNEMichel FABREGUET, professeur Ă  l’UniversitĂ© de Strasbourg LES INDUSTRIELS AUTRICHIENS ET MAUTHAUSENAndreas Baumgartner, historien Ă  l’UniversitĂ© de Vienne AutricheLa situation industrielle en Autriche avant l’annexionLes changements immĂ©diatement aprĂšs l’annexionLe dĂ©veloppement industriel pendant la guerre La relation entre les industriels et le camp de MauthausenPremier exemple Reichswerke Hermann Göring et le directeur Paul PleigerDeuxiĂšme exemple Lenzing Zellwolle AG et le directeur Walter SchieberConclusion HOMME OU BÊTE LES RÉFLEXIONS SUR LE STATUT DE DÉPORTÉ DANS LE RÉCIT CONCENTRATIONNAIREPeter Kuon, Directeur de l’Institut d’Études romanes, UniversitĂ© de Salzbourg Autriche TRAVAIL CONCENTRATIONNAIRE ET ESCLAVAGE MODERNEYannick Guin, maire-adjoint Ă  la culture, professeur Ă©mĂ©rite Ă  l’UniversitĂ© de Nantes ACTIVITÉS DES RELAIS DE LA MÉMOIRE EN LOIRE-ATLANTIQUEÉtienne Gasche, professeur d’histoire LA PLACE DE LA DÉPORTATION DANS L’ENSEIGNEMENTPierre Aballea, IPR-IA d’histoireLa dĂ©portation dans les pratiques des enseignantsLes enjeux et les grandes orientations dans l’enseignement de la dĂ©portation â–șINTRODUCTION Un projet confluent MĂ©moire de l’esclavage, mĂ©moire de la dĂ©portationPuisque nous venions Ă  Nantes, ville qui travaille ce pan de son histoire que fut la traite nĂ©griĂšre, notre objectif Ă©tait de mieux mesurer si le mot esclave, frĂ©quent dans le tĂ©moignage des rescapĂ©s des camps et usitĂ© par les nazis eux-mĂȘmes, cernait ou non d’assez prĂšs la condition de session 2007 du Concours de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation portant sur le travail concentrationnaire a constituĂ© pour nous une opportunitĂ© que la mĂ©moire des camps Ă©claire principalement aujourd’hui les centres de mise Ă  mort immĂ©diate des dĂ©portĂ©s de persĂ©cution raciaux », il convient, croyons-nous, de remettre en lumiĂšre l’autre versant du systĂšme concentrationnaire rĂ©pression dans les pays conquis et exploitation Ă©conomique d’une rĂ©serve inĂ©puisable de l’origine du projet, Pierre Saint Macary fut sur la brĂšche
 Il est dĂ©dicataire des travaux publiĂ©s ci-dessous. La rencontre des savoirs D’éminents universitaires venus Ă  notre rencontreTous avaient rĂ©pondu dĂ©jĂ  aux sollicitations de notre Amicale – mais c’était Ă  l’UniversitĂ© de Linz, Ă  l’occasion des deux symposiums dont nous avions pris l’initiative, en 2000 et 2001. Cette fois, ils venaient Ă  notre rencontre, congressistes dĂ©portĂ©s, familles et amis. Le geste mĂ©rite d’ĂȘtre saluĂ©. Ce furent, pour nous tous, des heures intenses et Richard, absent Ă  Nantes mais prĂ©sent Ă  Linz, Ă©crit dans Nazisme et barbarie Éd. Complexe, 2006 Qu’est-ce que l’Histoire ? Une affaire de transmission d’expĂ©riences d’une gĂ©nĂ©ration Ă  l’autre. Aussi n’est-elle pas le domaine rĂ©servĂ© de professionnels qui proposeraient la vĂ©ritĂ©, alors que leurs erreurs, leur partialitĂ©, leurs interprĂ©tations tendancieuses ne sont rien moins, au fil des siĂšcles, qu’interminables. Pour tout un chacun, elle constitue le terrain de formation d’une morale Ă  la fois personnelle et Histoire est la sĂ©dimentation de ce que les hommes ont vĂ©cu et de la maniĂšre dont ils l’ont vĂ©cu. Dans la diffĂ©rence de leurs croyances, de leurs fantasmes, ils en assurent un prolongement immĂ©diat par les rĂ©cits qu’ils en font Ă  leur entourage, Ă  leurs descendants. » Franchir quelques cloisonsDe fait, pour nombre de rescapĂ©s, le discours des historiens est vĂ©cu comme une sorte de dĂ©possession. SymĂ©triquement, bon nombre d’historiens de la dĂ©portation – ne mentionnons qu’Annette Wieviorka – ont Ă©prouvĂ© la difficultĂ©, voire l’obstacle, que pouvait reprĂ©senter, pour l’élaboration de la connaissance historique, l’ùre du tĂ©moin. Mais Ă©couter le savoir-dĂ©portĂ© » selon le mot de la psychanalyste Anne-Lise Stern requiert sans doute d’autres outils que ceux de l’historien. C’est aussi ce qu’on va lire ici. Encore convient-il de ne pas figer sur l’époque du camp les leçons Ă  transmettre. Les mots de Jean Cayrol Gusen, matricule 25–305, pour Nuit et Brouillard, en 1956, nous les avons tous en mĂ©moire – qu’ils soient en nous tel un fanal de veille braquĂ© sur aujourd’hui 
nous qui feignons de croire que tout cela est d’un seul temps et d’un seul pays, et qui ne pensons pas Ă  regarder autour de nous et qui n’entendons pas qu’on crie sans fin. » Vous trouverez les contributions des universitaires invitĂ©s Jean-Pierre AzĂ©ma, historien, professeur Ă©mĂ©rite Ă  l’Institut d’Études Politiques de ParisOccupation, rĂ©pression, dĂ©portationMichel FabrĂ©guet, professeur Ă  l’UniversitĂ© de Strasbourg, historien de MauthausenMauthausen, entreprise concentrationnaire. Fonctionnement et Ă©conomie interneAndreas Baumgartner, historien Ă  l’UniversitĂ© de Vienne AutricheLes industriels autrichiens et MauthausenPeter Kuon, Directeur de l’Institut d’Études romanes, UniversitĂ© de SalzbourgHomme ou bĂȘte les rĂ©flexions sur le statut de dĂ©portĂ© dans le rĂ©cit concentrationnaireYannick Guin, maire-adjoint Ă  la culture, professeur Ă©mĂ©rite Ă  l’UniversitĂ© de NantesTravail concentrationnaire et esclavage moderneÉtienne GascheActivitĂ©s des Relais de la MĂ©moire en Loire-AtlantiquePierre Aballea, IPR-IA d’HistoireLa place de la dĂ©portation dans l’enseignement â–șOCCUPATION, RÉPRESSION, DÉPORTATION Je suis heureux de me retrouver parmi vous. Sachez bien que ce n’est pas une simple formule de politesse, tant ce que j’avais vu Ă  Mauthausen, lors des forums que vous avez organisĂ©s, m’avait impressionnĂ©, pour ne pas dire bouleversĂ©. Ai-je besoin d’ajouter que la mort de Pierre Saint Macary m’a beaucoup touchĂ©, car c’est un monsieur qui avait beaucoup de qualitĂ©s c’était un homme non-conformiste. Je voudrais enfin dire combien est bienvenue la traduction de Montserrat Roig, Les Catalans dans les camps nazis, consacrĂ©e au triangle bleu ». Cela Ă©tant, j’ai choisi de prĂ©senter, pour des raisons diverses, une maniĂšre d’introduction gĂ©nĂ©rale Ă  la rĂ©pression qui a frappĂ© les Françaises et les Français, ceux pour qui les annĂ©es 40 furent bien des annĂ©es noires
 Avant de passer la parole Ă  Michel FabrĂ©guet, qui est un trĂšs bon spĂ©cialiste de ce qui a pu se passer au niveau du travail dans les camps de concentration, et notamment Ă  Mauthausen. Pour le sujet que j’ai choisi – une introduction gĂ©nĂ©rale Ă  la rĂ©pression –, je partirai d’un constat banal entre 1940 et 1944, les Français eurent Ă  supporter Ă  la fois la sujĂ©tion de plus en plus rude Ă  l’occupant et les contraintes de plus en plus lourdes du rĂ©gime le plus autoritaire que la France ait connu au XXe siĂšcle. Si l’essentiel de mon propos sera consacrĂ© Ă  la rĂ©pression nazie, il me faut dire quelques mots des pratiques et des complicitĂ©s vichyssoises. En 1940, la France vaincue aurait pu ĂȘtre dominĂ©e par des relations conflictuelles classiques entre occupants et occupĂ©s. Mais au lieu d’adopter le profil le plus bas possible, Philippe PĂ©tain fait le pari et prend le risque d’une collaboration d’Etat en acceptant les contraintes d’une collaboration politique – comme vous le savez, pour des raisons gĂ©opolitiques, mais aussi pour permettre Ă  la RĂ©volution Nationale », qui est le dessein primordial du rĂ©gime, de s’enraciner. Celle-ci devait remodeler la France aprĂšs des dĂ©cennies de dĂ©mocratie, il fallait instaurer un rĂ©gime autoritaire et hiĂ©rarchique pour mettre hors d’état de nuire aussi bien l’ennemi intĂ©rieur – les juifs – que l’Anti-France, entre autres les RĂ©sistants. Non seulement Vichy devient Ă  partir de l’étĂ© 1942 le complice avĂ©rĂ© de la dĂ©portation des juifs de France, mais devient un Ă©tat milicien en 1944 et, pour finir, un rĂ©gime spĂ©cifiquement policier. Rappelons qu’en quatre ans, le rĂ©gime de Vichy a non seulement rĂ©voquĂ© 35 000 fonctionnaires, mais surtout condamnĂ© 135 000 personnes pour des motifs politiques, et en a internĂ© 70 000. Comme vous le savez aussi, Vichy, au fil des mois, en quĂȘte grandissante de lĂ©gitimitĂ©, et Ă  cause de la percĂ©e de la France Libre, signe les accords Bousquet – Oberg en juillet 1942. Moyennant une reconnaissance de principe de l’autonomie de la police française, indispensable Ă  ses yeux pour le maintien d’un ordre dont il avait besoin – ne serait-ce qu’au regard de l’occupant –, ces accords permettaient Ă  l’occupant de se faire livrer toutes celles et tous ceux qui s’étaient attaquĂ©s d’une maniĂšre ou d’une autre au Reich, donc aux rĂ©sistants, qu’ils soient communistes ou non. Cela dit, la dĂ©nonciation des complicitĂ©s rĂ©elles de Vichy, notamment dans la dĂ©portation des juifs de France, tend depuis une dizaine d’annĂ©es Ă  relĂ©guer au second plan les dĂ©portations de rĂ©pression. Et la polarisation sur Vichy est devenue telle qu’on en arrive trop Ă  oublier – dans un phĂ©nomĂšne classique de balancier dans les phĂ©nomĂšnes de mĂ©moire – les rĂ©alitĂ©s de l’occupation nazie et en tous les cas ses pratiques rĂ©pressives Ă  l’égard des opposants en France au Reich. Rappelons briĂšvement que le nazisme est le prototype mĂȘme du rĂ©gime totalitaire de type fasciste. La majoritĂ© des politologues se retrouvent sur l’hypothĂšse suivante on peut caractĂ©riser ce rĂ©gime totalitaire de type fasciste par – une idĂ©ologie d’État obligatoire– un quasi monopole sur les moyens de communication– une direction centrale de l’économie– un parti de masse unique– un contrĂŽle strict de la vie sociale– un monopole des instruments de violence– une terreur policiĂšre. Ce sont ces deux derniĂšres caractĂ©ristiques qui vont le plus retenir notre attention. Ajoutons nĂ©cessairement ceci ce qui singularise le plus le nazisme Ă  l’intĂ©rieur des rĂ©gimes totalitaires, c’est son exaltation de la guerre, qui fera naĂźtre un homme nouveau, un homme vĂ©ritablement nazi. Exaltation de la guerre et donc expansionnisme territorial pour assurer l’hĂ©gĂ©monie germanique sur l’Europe. En prenant en compte les objectifs politiques de l’Allemagne nazie, on peut dessiner un partage de l’Europe occupĂ©e en trois sous-ensembles Ă  l’est, l’objectif Ă©tait Ă  terme la colonisation, avec l’éloignement de la population indigĂšne et avec presque toujours l’élimination systĂ©matique des Ă©lites, de toutes les Ă©lites. Dans l’Europe de l’Ouest et du Nord, il s’agissait d’incorporer au grand Reich des pays dont les populations Ă©taient tenues comme germaniques. Le dernier de ces sous-ensembles Ă©tait formĂ© par la seule France. L’objectif de Hitler, au dĂ©part, et des nazis de maniĂšre globale, n’était pas la polonisation mais la vassalisation, en instrumentalisant un gouvernement satellite mais autonome qui permettait au vainqueur de gĂ©rer au moindre coĂ»t la France vaincue, dans l’intĂ©rĂȘt du Reich. Pendant longtemps, la question des rĂ©pressions dans la France occupĂ©e, dans l’historiographie classique, a reçu des rĂ©ponses sinon Ă©difiantes, du moins convenues. L’occupant aurait Ă©tĂ© korrect » avec un k
 et aurait du moins Ă©vitĂ© les dĂ©rives sanguinaires que l’Europe de l’Est a connues. La jeune Ă©cole historique allemande Ulrich Herbert, Regina Delesz, Aherich Meyer et les jeunes pousses françaises notamment Gacl Vismann ont revisitĂ© la question nazie, notamment les politiques de rĂ©pression menĂ©es Ă  l’est. Il faut, comme toujours en histoire, prĂȘter trĂšs attention Ă  la chronologie. Aux yeux de Hitler, la France devait, pour des raisons gĂ©opolitiques, ĂȘtre relativement mĂ©nagĂ©e. L’occupant va donc se contenter, au dĂ©part, de mener une politique de surveillance, le maintien gĂ©nĂ©ral de l’ordre restant aux mains mais surtout sous la responsabilitĂ© des autoritĂ©s françaises, mais soumis au contrĂŽle allemand. La premiĂšre inflexion, comme le montre notamment la politique officielle d’exĂ©cution des otages, menĂ©e au nom de l’anticommunisme et de l’antisĂ©mitisme, intervient avec l’invasion de l’URSS opĂ©ration Barbarossa en juin 1941. Puis la mise en Ɠuvre de la guerre totale, en 1943, alors que Vichy n’a plus grand-chose Ă  monnayer depuis la perte de son empire, va accentuer notablement une politique dorĂ©navant ouvertement rĂ©pressive. Le Commandement postule la prioritĂ© absolue des impĂ©ratifs militaires sur toute autre considĂ©ration. En 1944, avec les revers militaires Ă  l’Est, puis Ă  l’Ouest, tandis que progresse la rĂ©sistance française, les Français seront peu ou prou soumis au sort commun de l’Europe occupĂ©e. La pratique rĂ©pressive change alors encore de nature de rĂ©pressive, la politique de l’occupant devient terroriste Oradour, Tulle, Vassieux-en-Vercors
 sont les symboles de cette ascension aux extrĂȘmes. Mais ajoutons aussi ceci on ne saurait oublier qu’avant mĂȘme le 6 juin 1944, avaient Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©es des opĂ©rations de grande envergure, thĂ©oriquement contre la rĂ©sistance, mais avant tout contre des populations civiles, dans les zones de Maquis, dans l’Ain, en Savoie, en Dordogne, entre autres. On estime qu’en 1944, 21 000 personnes seront victimes d’une dĂ©portation massive dans le cadre d’une dĂ©portation qui se voulait en tout cas rĂ©pressive. Pour mettre en Ɠuvre ce durcissement, Hitler avait ordonnĂ©, dĂšs mars 1942, la mise en place d’un chef supĂ©rieur de la police et de la SS, le gĂ©nĂ©ral Karl Oberg, installĂ© Ă  Paris par Heidrich en personne, auquel devaient ĂȘtre transfĂ©rĂ©es toutes les compĂ©tences policiĂšres ainsi que les mesures prĂ©ventives et expiatoires ». Cela dit, on aurait tort de faire endosser la responsabilitĂ© de l’escalade de la rĂ©pression et de la terreur nazie en France aux seuls reprĂ©sentants locaux de la SS, contrairement Ă  une lĂ©gende couramment entretenue jusque rĂ©cemment par les tenants d’une Wehrmacht qui aurait Ă©tĂ© korrecte » , car certaines unitĂ©s de la Wehrmacht, façonnĂ©es par le nationalisme et le racisme nazis, ont bien Ă©tĂ© partie prenante de la terreur. La dĂ©portation est devenue, Ă  compter de l’hiver 1941-42, une des modalitĂ©s courantes de la rĂ©pression allemande elle Ă©tait rapide, discrĂšte, voire rentable. Progressivement, la majoritĂ© des personnes arrĂȘtĂ©es par ce qu’il est convenu d’appeler la Gestapo, ou la police de Vichy, Ă©taient envoyĂ©es directement en camp de concentration, sans mĂȘme passer en jugement, par les tribunaux militaires allemands. Quiconque portait atteinte Ă  la politique de l’occupant relevait du camp de concentration. En prĂ©cisant que celui ou celle qui Ă©tait convaincu de s’ĂȘtre attaquĂ© Ă  la Wehrmacht par des actes qualifiĂ©s de terroristes » Ă©tait condamnĂ© Ă  la peine capitale. On peut donner ainsi l’exemple de ce grand rĂ©sistant, Jean Cavailles, membre du rĂ©seau LibĂ©ration Sud, avant d’ĂȘtre membre de LibĂ©ration Nord, chef d’un des rĂ©seaux les plus importants du BCRA, arrĂȘtĂ© en 1943, et condamnĂ© Ă  la dĂ©portation. En partance pour l’Allemagne, en passant par CompiĂšgne, il y fut rappelĂ© pour un complĂ©ment d’enquĂȘte et aprĂšs avoir Ă©tĂ© convaincu d’avoir participĂ© Ă  des sabotages – ce qui Ă©tait le cas –, il fut exĂ©cutĂ© dans les fossĂ©s de la citadelle d’Arras en fĂ©vrier 1944. Faut-il ajouter qu’aprĂšs le DĂ©barquement, tout rĂ©sistant pris les armes Ă  la main Ă©tait passible de l’exĂ©cution immĂ©diate. On estime gĂ©nĂ©ralement Ă  prĂšs de 80 000 le nombre des dĂ©portĂ©s de France, non raciaux. Avant tout, des actifs d’ñge mĂ»r, avec une surreprĂ©sentation des ouvriers de l’industrie, en grande majoritĂ© de nationalitĂ© française, et avec une surreprĂ©sentation d’étrangers europĂ©ens, notamment espagnols. On sait encore que 40 % de ces dĂ©portĂ©s non raciaux ne reviendront pas des camps. On notera enfin qu’à peu prĂšs le quart de ces dĂ©portĂ©s de France n’étaient pas des rĂ©sistants. En effet, en 1943 et 1944, l’occupant va dĂ©porter des condamnĂ©s de droit commun. Mais surtout l’occupant arrĂȘtait des rĂ©sistants dĂ©terminĂ©s et en profitait pour rafler des hommes, pourtant non engagĂ©s politiquement et envoyĂ©s en camp de concentration. Ainsi, lors des PĂąques rouges » qui eurent lieu en 1944 Ă  Saint-Claude dans le Jura, 56 personnes arrĂȘtĂ©es furent fusillĂ©es et 186 dĂ©portĂ©es, dont on estime que la moitiĂ© n’avait pas le moindre lien avec la RĂ©sistance. C’est que la stratĂ©gie concentrationnaire nazie avait Ă©voluĂ© relativement, je dis bien Ă©voluĂ©, mais n’avait pas Ă©tĂ© modifiĂ©e fondamentalement. Je vais terminer cette communication volontairement brĂšve en disant quelques mots sur le systĂšme concentrationnaire, avant de passer la parole Ă  Michel FabrĂ©guet. L’internement dans les camps de concentration je ne parlerai pas des camps d’extermination est consubstantiel au rĂ©gime nazi, puisque, on le sait, dĂšs 1933 sont ouverts les deux premiers camps pour y interner les opposants au rĂ©gime, les opposants confessionnels, et des droits communs. Cet internement Ă©tait justifiĂ© pour des raisons de sĂ©curitĂ© politique et se voulait Ă  la fois prĂ©ventif et Ă©ducatif. Son but rĂ©el Ă©tait de casser par tous les moyens les opposants ou classĂ©s comme tels. Depuis 1936, ces camps Ă©taient placĂ©s sous la fĂ©rule de la SS. Avec la guerre, se met en place, le plus souvent Ă  l’intĂ©rieur du Reich, tout un systĂšme concentrationnaire avec son organisation propre, perverse, car les dĂ©tenus HĂ€ftlinge Ă©taient contraints de participer Ă  la mise en Ɠuvre de ce systĂšme. La dĂ©portation Ă©tant alors Ă©tendue Ă  l’ensemble de l’Europe occupĂ©e. A noter qu’avant mĂȘme la guerre, Ă  compter de 1937, une partie des dĂ©tenus est utilisĂ©e par des entreprises SS, regroupĂ©es pour l’exploitation des carriĂšres, des sabliĂšres, etc. Jusqu’en 1942, les nazis vont laisser crever de faim, au sens littĂ©ral du terme, aussi bien les prisonniers soviĂ©tiques que les dĂ©portĂ©s fraĂźchement arrivĂ©s – surtout les dĂ©portĂ©s politiques – qui furent vouĂ©s Ă  une mort rapide. Mais l’échec de la Wehrmacht devant Moscou et l’improbabilitĂ© d’une victoire programmĂ©e amĂšnent une partie de l’appareil nazi avec Fritz Todt Ă  se poser le problĂšme de la continuitĂ© de la guerre, en termes Ă©conomiques et en termes de main d’Ɠuvre. C’est pourquoi, dans l’hiver 1941, avec la mise en Ɠuvre du travail Ă  l’intĂ©rieur des camps, avec une rĂ©partition dans diffĂ©rents Kommandos, et en mĂȘme temps Ă  l’intĂ©rieur de la SS, intervient une nouvelle rĂ©partition des tĂąches, sous l’impulsion d’Oswald Pohl, et la WVHA, l’organe administratif de la SS, est chargĂ© de la gestion des camps, la Gestapo gardant la maĂźtrise du contrĂŽle politique. Pohl est un ancien commandant de la marine, un nazi de la premiĂšre heure ; devenu gĂ©nĂ©ral SS, il prĂ©side aux destinĂ©es de la WVHA. Depuis le premier octobre 1941, il est devenu responsable du travail des dĂ©tenus dĂ©portĂ©s dans les camps et son rĂŽle ne va pas cesser de croĂźtre. Le 30 novembre 1942, il expose Ă  Himmler avec une trĂšs grande nettetĂ© la nĂ©cessitĂ© d’une inflexion dans l’utilisation des dĂ©tenus. Il dĂ©clare dans un mĂ©morandum l’internement des prisonniers pour les seules raisons de sĂ©curitĂ©, d’éducation et de prĂ©vention n’est plus la condition essentielle. L’accent est Ă  porter maintenant du cĂŽtĂ© Ă©conomique. Ce qui est maintenant au premier plan et devient de plus en plus important, c’est la mobilisation de tous les prisonniers capables de travailler. De cette donnĂ©e, rĂ©sulte la nĂ©cessitĂ© de prendre certaines mesures ayant pour but de transformer les camps de concentration en organisations mieux adaptĂ©es aux tĂąches Ă©conomiques, alors qu’ils ne prĂ©sentaient qu’un intĂ©rĂȘt purement politique ». Traiter du travail concentrationnaire est malaisĂ© et mon voisin va s’y exercer mieux que moi. Personnellement, je n’ai pas assez de donnĂ©es pour prĂ©senter Ă  cet Ă©gard un tableau suffisamment rigoureux. On peut nĂ©anmoins supposer que cette mise au travail des dĂ©tenus allait prendre une grande ampleur, soit qu’elle soit rĂ©alisĂ©e dans des Kommandos Ă  demeure, soit dans des Kommandos prĂȘtĂ©s » Ă  des entreprises privĂ©es, par exemple IG-Farben ou encore Krupp, Ă  Essen, Ă  la fin de l’étĂ© 1942 50 000 travailleurs Ă©trangers, 18 000 prisonniers de guerre et 5 000 dĂ©portĂ©s. Ces Kommandos prĂȘtĂ©s versaient une contrepartie monĂ©taire Ă  la SS. A cause du manque de main d’Ɠuvre allemande, qui ne cessait de croĂźtre car le Front russe engloutissait les hommes, de plus en plus, et aussi parce que la mobilisation totale appelĂ©e de ses vƓux par Goebbels dans son discours bien connu de fĂ©vrier 1943, allait pour le moins Ă  l’échec. Il fallait maintenant rafler des hommes dans toute l’Europe. Ce sera l’Ɠuvre de Fritz Sauckel et la mise en Ɠuvre de ce que l’on a appelĂ© le STO en France. Au point que le Reich, acculĂ©, n’hĂ©sitera plus – ce qui Ă©tait interdit jusqu’à la fin de 1942 – Ă  affecter des dĂ©portĂ©s dans les usines stratĂ©giques, notamment Ă  comprend qu’en 1943 l’occupant ait procĂ©dĂ© Ă  des rafles un peu partout, pour grossir les rangs de ces dĂ©portĂ©s forçats qui n’avaient pas forcĂ©ment de lien avec la est difficile de fournir des chiffres prĂ©cis. On peut dire que des milliers de dĂ©portĂ©s ont Ă©tĂ© soumis au travail comme l’avait dĂ©sirĂ© Pohl en 1942. On peut Ă©galement, semble-t-il, sinon poser, du moins Ă©tablir un relatif distinguo entre le travail accompli par les dĂ©portĂ©s prĂȘtĂ©s Ă  des firmes privĂ©es, oĂč l’on tenait un peu plus compte de leurs compĂ©tences et oĂč les dĂ©portĂ©s avaient un peu plus de chance de survie, et les Kommandos fonctionnant en circuit fermĂ© ou ceux qui travaillaient pour la mise en Ɠuvre des armes stratĂ©giques, oĂč primaient alors sur la productivitĂ© l’idĂ©ologie nazie et sa violence meurtriĂšre. On pourrait dire schĂ©matiquement qu’à ce moment-lĂ  Himmler l’a emportĂ© sur Speer. Et puis on se souviendra que, dans le memorandum citĂ©, Pohl avait bien mis les points sur les i le commandant du camp est seul responsable de l’emploi de la main d’Ɠuvre disponible. Cet emploi doit ĂȘtre total, au sens propre du terme afin d’obtenir le rendement maximum ». Les journĂ©es de travail Ă©tant au minimum de 12 heures. La sous-nutrition Ă©tant ce qu’elle Ă©tait, la perversitĂ© du systĂšme concentrationnaire Ă©tant ce qu’elle Ă©tait, on ne s’étonnera pas qu’on ait pu Ă©crire que les dĂ©portĂ©s aient pu ĂȘtre soumis de fait Ă  une extermination par le travail. Jean-Pierre AzĂ©ma, professeur Ă©mĂ©rite Ă  l’Institut d’Études Politiques de Paris ↑ haut de page ↑ â–șMAUTHAUSEN, ENTREPRISE CONCENTRATIONNAIRE. FONCTIONNEMENT ET ECONOMIE INTERNE Le travail a progressivement acquis plusieurs fonctions Ă  l’intĂ©rieur des camps de concentration. DĂšs l’origine, la construction des camps et les charges affĂ©rentes Ă  l’entretien de la vie quotidienne dans le cadre des Kommandos intĂ©rieurs incombĂšrent par prioritĂ© aux dĂ©tenus eux-mĂȘmes. Le travail inutile », contrainte rĂ©pressive et dĂ©primante pour les dĂ©tenus dĂ©pourvue de toute valeur Ă©conomique, qui visait avant tout Ă  dĂ©tourner ceux-ci de toute tentative de fuite ou de tout projet de rĂ©volte, apparut Ă©galement dans les premiers camps sauvages » des annĂ©es 1933/1934. Mais Ă  partir des annĂ©es 1937/1938, la SS conçut le projet d’exploiter pour son propre compte la main-d’Ɠuvre concentrationnaire de maniĂšre plus rentable il fallait en effet produire en abondance des matĂ©riaux pour la rĂ©novation architecturale des capitales rĂ©gionales du Reich, sur le modĂšle de Berlin Germania, mais Ă©galement accumuler des ressources dans la perspective de la conquĂȘte et de la mise en valeur du Lebensraum, grande mission idĂ©ologique qui devait ĂȘtre avant tout l’apanage des hommes du ReichsfĂŒhrer-SS. Les nouvelles ambitions des SS influencĂšrent donc, Ă  la fin des annĂ©es 1930, l’histoire de la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration des camps de concentration, dans la fondation desquels des considĂ©rations Ă©conomiques vinrent interfĂ©rer avec laspect rĂ©pressif qui demeurait cependant toujours prĂ©pondĂ©rant. C’est ainsi que le choix du site du camp de Mauthausen, ouvert dans l’Oberdonau Ă  l’étĂ© 1938, fut dĂ©terminĂ© par la proximitĂ© immĂ©diate de la carriĂšre du Wiener Graben dont la SS reprenait dans le mĂȘme temps l’exploitation Ă  son compte. Cette inflexion sensible de la nature du systĂšme concentrationnaire marqua le dĂ©but d’un processus d’économisation », qui se poursuit et s’amplifia avec la mise en place de la mobilisation des dĂ©tenus pour le travail forcĂ©, l’Arbeitseinsatz selon un terme empruntĂ© au vocabulaire militaire, au cours des annĂ©es 1940-1941 puis surtout au printemps 1942 avec l’intĂ©gration de l’Inspection des camps de concentration dans le SS-WVHA et la tentative, demeurĂ©e inaboutie, d’Oswald Pohl de transmettre aux commandants des camps la direction des entreprises Ă©conomiques SS qui dĂ©pendaient de leur ressort. On assista alors Ă  la transformation d’un systĂšme jusqu’alors essentiellement rĂ©pressif en un systĂšme oĂč rĂ©pression et travail forcĂ© coexistĂšrent, non sans vives tensions et non sans fortes contradictions, ce qui impliqua alors la mobilisation des concentrationnaires aux cĂŽtĂ©s des prisonniers de guerre, des travailleurs de l’est et des requis du service du travail au profit de l’effort de guerre du Reich. Jusqu’en 1942, les dĂ©tenus du camp de Mauthausen qui n’étaient pas affectĂ©s dans les services administratifs ou dans les Kommandos intĂ©rieurs qui subvenaient aux besoins de la vie quotidienne furent essentiellement mobilisĂ©s par la SociĂ©tĂ© des Terres et Pierres Allemandes, la DEST, qui exploitait la carriĂšre du Wiener Graben puis, Ă  partir de 1940, les deux carriĂšres voisines de Gusen et de Kastenhof. Les archives de la DEST font Ă©tat de la croissance rĂ©guliĂšre des investissements et des profits annuels de l’entreprise de granit de Mauthausen, ces derniers Ă©tant Ă©valuĂ©s Ă  135 479 RM au 31 dĂ©cembre 1939, Ă  83 100 RM au 31 dĂ©cembre 1940 et Ă  185 200 RM au 31 dĂ©cembre 1941. Ces bilans comptables accompagnent le constat de la croissance rĂ©guliĂšre du nombre des dĂ©tenus mobilisĂ©s, estimĂ© selon une moyenne annuelle Ă  3 429 en 1941, ainsi que la croissance rĂ©guliĂšre du volume de la production de pierres de taille, des pavĂ©s et des cailloutis. Mais l’apparente bonne santĂ© Ă©conomique de la DEST dissimulait en rĂ©alitĂ© un systĂšme incohĂ©rent, fondĂ© sur la gabegie. La mobilisation des dĂ©tenus dans les carriĂšres s’effectuait en l’absence de toute valorisation de l’expĂ©rience professionnelle, les compĂ©tences des dĂ©tenus n’étant pas prises en considĂ©ration lors de la formation chaotique des Ă©quipes de travail. Les dĂ©tenus Ă©taient soumis dans les carriĂšres Ă  des charges de travail Ă©puisantes alors que la sous-alimentation ne permettait pas de reconstituer leur force de travail. Ils ne pouvaient donc, pour tenter de survivre, que s’efforcer de mĂ©nager leurs dĂ©penses d’énergie, en adoptant le rythme de travail le moins Ă©levĂ© possible, en fonction de la coercition que les Kapos exerçaient sur eux. Le spectacle des violences sanguinaires dont les carriĂšres Ă©taient quotidiennement le théùtre n’incitait pas non plus les dĂ©tenus Ă  accroĂźtre leur rendement du travail. De maniĂšre dĂ©libĂ©rĂ©e, le facteur quantitatif, le grand nombre de dĂ©tenus mobilisĂ©s dans les carriĂšres, venait compenser la faiblesse qualitative de la productivitĂ© au travail. Ce trait d’arriĂ©ration Ă©conomique Ă©tait rendu possible par le faible coĂ»t de la main-d’Ɠuvre concentrationnaire, puisque jusqu’à la fin de l’annĂ©e 1942, la DEST ne devait verser au Reich, propriĂ©taire des dĂ©tenus, que 0,30 RM par dĂ©tenu et par jour, soit Ă  peu prĂšs l’équivalent de 3 de nos actuels euros. Le faible coĂ»t de la location de la main-d’Ɠuvre, en l’absence de toute charge sociale, permit donc Ă  la DEST de dĂ©gager des profits Ă  partir de mĂ©thodes d’exploitation pourtant extrĂȘmement rudimentaires et archaĂŻques, et ce en pure perte car les bĂ©nĂ©fices retirĂ©s de l’exploitation des carriĂšres de granit furent engloutis dans le lourd dĂ©ficit creusĂ© par la gestion calamiteuse des briqueteries. Le systĂšme du travail forcĂ©, au service des travaux de la paix future » se caractĂ©risait donc par son archaĂŻsme et son absence de toute vĂ©ritable rationalitĂ©. Albert Speer, devenu ministre du Reich de l’Armement au mois de fĂ©vrier 1942 en Ă©tait d’ailleurs tout Ă  fait conscient il s’efforça ainsi, avec succĂšs, de limiter Ă  partir de 1943 le dĂ©veloppement de l’exploitation des carriĂšres de granit et des briqueteries de la DEST, dĂ©marche qui partait d’une volontĂ© de rationalisation de l’organisation du travail allemand dans le cadre de la guerre totale, sans que le souci de l’amĂ©lioration du sort des dĂ©tenus ne soit en aucune façon pris en considĂ©ration dans cette rĂ©orientation. Mais le dĂ©veloppement du travail forcĂ© contribua par ailleurs Ă  une meilleure insertion du camp de concentration dans son environnement social en favorisant l’instauration d’une forme d’accommodation entre les gardiens SS et la population civile. La population de Mauthausen et des communes environnantes Ă©tait en effet, Ă  l’origine, trĂšs majoritaire hostile Ă  l’ouverture du camp, mĂȘme si elle n’avait pas eu la possibilitĂ© de faire valoir clairement son opposition Ă  l’encontre d’une dĂ©cision qui lui avait Ă©tĂ© imposĂ©e sans mĂ©nagement par un pouvoir dictatorial, dont la propagande se prĂ©valait au contraire de l’adhĂ©sion enthousiaste des populations de l’Oberdonau. L’inconduite de nombreux gardiens SS Ă  l’égard des dĂ©tenus comme parfois aussi Ă  l’égard des civils, et le spectacle des violences concentrationnaires qui ne pouvaient pas rester toujours dissimulĂ©es au regard de la population civile Ă  l’intĂ©rieur comme Ă  l’extĂ©rieur de l’enceinte concentrationnaire, avaient ajoutĂ© Ă  cette hostilitĂ©. Cependant, la population des communes de Mauthausen, de Sankt Georgen an der Gusen, de Lungitz, de Perg, de Gunskirchen ou encore de Linz constitua rapidement la premiĂšre catĂ©gorie de clients de la DEST, en fonction du volume des achats, alors que les collectivitĂ©s locales ou rĂ©gionales de l’Oberdonau constituĂšrent tout naturellement la deuxiĂšme catĂ©gorie de clients de la DEST. De surcroĂźt, la relance de l’exploitation des carriĂšres de granit de la rĂ©gion de Mauthausen permit aussi de crĂ©er de nouveaux emplois civils d’ouvriers et de contremaĂźtres qui bĂ©nĂ©ficiĂšrent prioritairement Ă  la population active locale, alors que la construction du camp avait Ă©galement profitĂ© aux artisans et aux commerçants autochtones. Les avantages matĂ©riels que la population civile des environs du camp, en fait Ă  l’échelle d’une grande partie de l’Oberdonau, put ainsi retirer du dĂ©veloppement du travail forcĂ© Ă  l’intĂ©rieur du camp de Mauthausen permit, en partie, de dĂ©sarmer les tensions entre les SS et la population locale, en instaurant une connivence tacite entre eux fondĂ©e sur le partage des bĂ©nĂ©fices de l’Arbeitseinsatz. Michel FabrĂ©guet, professeur Ă  l’UniversitĂ© de Strasbourg ↑ haut de page ↑ â–șLES INDUSTRIELS AUTRICHIENS ET MAUTHAUSEN Vous me permettrez de commencer par quelques mots trĂšs personnels. Quand j’ai reçu, il y a deux ans, l’invitation pour votre congrĂšs Ă  Toulouse, j’ai d’abord pensĂ© Ă  une erreur. Bien que j’aie travaillĂ© plusieurs annĂ©es sur l’histoire du camp de Mauthausen, bien que je connaisse suffisamment les archives et apporte ma contribution au ComitĂ© International de Mauthausen depuis quelques annĂ©es, le simple fait qu’un Autrichien eĂ»t la possibilitĂ© de prendre la parole au congrĂšs de l’Amicale française Ă©tait pour moi extraordinaire. Et avoir la possibilitĂ© d’une intervention avec mon français insuffisant, dans cet Ă©tat d’incertitude et de nervositĂ©, c’était aussi une expĂ©rience extraordinaire. Mais vous m’avez accueilli Ă  Toulouse avec une telle gĂ©nĂ©rositĂ© et si chaleureusement que ces insuffisances Ă©taient sans fondement. Je suis trĂšs heureux d’avoir une deuxiĂšme fois la possibilitĂ© de m’adresser Ă  vous. La derniĂšre fois, ma rĂ©flexion portait sur la relation entre la jeunesse autrichienne et le camp de Mauthausen – un thĂšme un peu philosophique. Aujourd’hui j’ai choisi un thĂšme historique. J’évoquerai successivement la situation industrielle de l’Autriche avant l’annexion en 1938 par l’Allemagne ; les changements dans l’industrie autrichienne immĂ©diatement aprĂšs l’annexion ; le dĂ©veloppement industriel pendant la guerre et, Ă  travers deux exemples, la relation entre les industriels autrichiens et le camp de Mauthausen. Je citerai d’abord une lĂ©gende autrichienne – on pourrait dire un mythe – qui Ă©merge dans des discussions sur la valeur du national-socialisme. On dit bien sĂ»r, tous les crimes nazis comme les camps de concentration Ă©taient une erreur ou une faute, mais les nazis ont dĂ©veloppĂ© l’économie autrichienne, ils ont Ă©vitĂ© le chĂŽmage Ă  l’Autriche. On parle des autoroutes, on parle des usines nouvelles et des industries et on parle des stations Ă©lectriques. En Autriche, on parle des hĂ©ros de Kaprun », c’est-Ă -dire de la construction hĂ©roĂŻque de cette centrale dans la montagne de Salzburg aprĂšs la guerre, symbolisant la volontĂ© de la population de reconstruire une nouvelle Autriche. On ne parle pas des travailleurs forcĂ©s ni des dĂ©tenus du camp de Dachau qui y ont travaillĂ© pendant la guerre, ont prĂ©parĂ© la construction et ont effectuĂ© tous les travaux dangereux. Ce clichĂ© des hĂ©ros de Kaprun » rĂ©sume tout mon propos on parle des autoroutes et des industries, mais on nĂ©glige le prix du travail forcĂ©, on nĂ©glige la contribution des dĂ©tenus des camps. Je veux montrer en quelques esquisses que cette opinion rĂ©pandue est contraire aux faits. La situation industrielle en Autriche avant l’annexion L’opinion commune en Autriche dĂ©finit la situation Ă©conomique et industrielle avant l’Anschluss comme plus mauvaise que ne le montre l’analyse. Il est vrai que la crise Ă©conomique mondiale avait eu aussi des effets sur l’économie autrichienne le chĂŽmage Ă©tait Ă©norme, l’industrie Ă©tait vieillie et les exportations rĂ©duites. En tout cas, beaucoup des ces phĂ©nomĂšnes furent le rĂ©sultat direct de la politique allemande par laquelle les nazis ont essayĂ© de contrĂŽler l’économie autrichienne pour soutenir ou protĂ©ger l’économie deuxiĂšme cause est contenue dans la politique Ă©conomique du gouvernement austro-fasciste ou clĂ©rical-fasciste lui-mĂȘme les hommes au pouvoir n’ont eu aucun intĂ©rĂȘt Ă  l’industrie moderne ou Ă  une modernisation de la sociĂ©tĂ©. L’agriculture, qui employait la moitiĂ© de la population, Ă©tait leur vision de la sociĂ©tĂ©. Tous les projets contre le chĂŽmage avant la guerre concernaient les manƓuvres par exemple les routes alpines vers le Grossglockner. Comme il n’y avait pas eu de dĂ©veloppement industriel depuis une dĂ©cennie – depuis le vendredi noir –, l’industrie autrichienne Ă©tait trop petite, vieillie et sans doute incapable d’une production significative. Mais la situation monĂ©taire en Autriche n’était pas si mauvaise. Les rĂ©serves d’or et de devises Ă©taient trois fois les rĂ©serves allemandes et la monnaie Ă©tait trĂšs stable. Autres ressources le minerai de fer, un grand potentiel de travailleurs et des possibilitĂ©s de construire des centrales Ă©lectriques. Ces ressources et ces potentiels, combinĂ©s avec le vieillissement de l’industrie, furent aussi une cause de l’aviditĂ© allemande qui a conduit Ă  l’annexion en 1938 l’Autriche Ă©tait indispensable pour les industries d’armement allemandes. En outre, nombreux parmi les industriels autrichiens Ă©taient des juifs, et les nazis Ă©taient avides de ce butin. Les changements immĂ©diatement aprĂšs l’annexion Quelques jours seulement aprĂšs l’annexion, les changements sociaux et Ă©conomiques ont commencĂ©. Les nazis avaient prĂ©parĂ© des plans prĂ©cis pour la spoliation des juifs, pour l’intĂ©gration Ă©conomique et pour la dĂ©prĂ©dation des ressources. Toutes les industries existantes ont Ă©tĂ© analysĂ©es sous l’aspect de l’armement, et les Allemands ont commencĂ© immĂ©diatement Ă  Ă©tablir de nouvelles usines, Ă©normes, sans respecter la structure Ă©conomique locale ou rĂ©gionale. Ces nouvelles industries Ă©taient toutes intĂ©grĂ©es Ă  des structures plus importantes ainsi la fondation des Reichswerke Hermann Göring, vaste complexe d’armement comprenant la production de fer et d’acier et intĂ©grant aussi des industries comme la Zellwolle Lenzing AG pour produire de la cellulose ou bien la Steyr-Daimler-Puch AG pour des vĂ©hicules et des armes. Toute l’industrie autrichienne Ă©tait intĂ©grĂ©e dans le plan quadriennal prĂ©sidĂ© par Hermann Göring lui-mĂȘme. Cette intĂ©gration eut aussi des consĂ©quences sur les industriels autrichiens. AprĂšs l’expropriation des industriels juifs, les dirigeants provisoires autrichiens ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des Allemands ; une minoritĂ© seulement d’Autrichiens ont eu la possibilitĂ© de conserver leurs positions dans l’industrie. Et comme toute l’industrie importante Ă©tait intĂ©grĂ©e au plan quadriennal, le rĂŽle traditionnel d’un industriel disparut peu Ă  peu. Les nouveaux industriels Ă©taient des hommes trĂšs proches de l’Etat et du parti nazi, attachĂ©s seulement aux rĂ©sultats dĂ©finis par le rĂ©gime. Dans ces conditions, le dĂ©veloppement industriel fut indĂ©niable le nombre des travailleurs d’industrie dans la rĂ©gion de Haute-Autriche par exemple a doublĂ©, l’industrie du bĂątiment a beaucoup prospĂ©rĂ© – un des rĂ©sultats fut la fondation du camp de Mauthausen en aoĂ»t 1938 et la renaissance de l’extraction de la pierre dans cette rĂ©gion. Le dĂ©veloppement industriel pendant la guerre On ne doit pas regarder, encore moins admirer comme le font beaucoup d’Autrichiens ce dĂ©veloppement Ă©conomique sans en voir le revers. Tous les plans quadriennaux impliquaient l’imminence de la guerre, tous les investissements supposaient que les nazis la gagneraient, sans rembourser les crĂ©dits et considĂ©rant comme acquis les biens volĂ©s aux outre, l’industrialisation Ă©tait, depuis 1941, impossible sans le travail forcĂ©, sans les dĂ©tenus du camp de concentration. Comme les avions alliĂ©s ont pu atteindre rĂ©guliĂšrement les cibles industrielles en Allemagne Ă  partir de 1941, beaucoup des usines d’armement ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es dans les montagnes autrichiennes. Si on regarde la liste des nouvelles industries créées pendant la guerre et jusqu’en 1943, on trouve beaucoup d’industries liĂ©es Ă  des camps satellites de Mauthausen Wiener Neustadt, Schwechat, Steyr, etc.. Et comme les avions alliĂ©s ont atteint aussi l’Autriche Ă  partir de septembre 1943, les nazis ont commencĂ© Ă  installer des usines souterraines – les camps satellites de Melk, Ebensee, Peggau, Leibnitz, Gusen II datent de cette pĂ©riode. Les pertes de soldats dans la guerre – c’était aussi une perte de travailleurs pour l’industrie – allaient ĂȘtre compensĂ©es par des travailleurs forcĂ©s, soit ordinaires », soit des dĂ©tenus de Mauthausen. À la fin de la guerre, plus que 35 % des employĂ©s Ă©taient des Ă©trangers, travailleurs forcĂ©s, prisonniers de guerre et dĂ©tenus du camp. Beaucoup des travailleurs forcĂ©s ordinaires » ont Ă©tĂ© employĂ©s dans les fermes, mais ils furent nombreux aussi dans les usines d’armement. Pour les travaux les plus dangereux, les plus nocifs et les plus durs, les industriels ont rĂ©clamĂ© des dĂ©tenus du camp. La relation entre les industriels et le camp de Mauthausen Toutefois, il me semble nĂ©cessaire de souligner que le travail forcĂ© des dĂ©tenus du camp ne fut pas un effet de la guerre les nazis ont programmĂ© le travail d’esclaves dĂšs l’ouverture des camps. Jusqu’en 1942, la majoritĂ© des dĂ©tenus des camps de concentration Ă©tait affectĂ©e Ă  des travaux dans les entreprises SS, soit les carriĂšres Ă  Mauthausen et Gusen ou les briqueteries Ă  Neuengamme ou Sachsenhausen. Toutes les entreprises SS comme la DEST se caractĂ©risaient par un extraordinaire dilettantisme Ă©conomique une exploitation des dĂ©tenus telle qu’elle aboutissait Ă  des chiffres de dĂ©cĂšs Ă©normes. Ce dilettantisme et les intrigues entre les diverses administrations SS empĂȘchaient le dĂ©veloppement Ă©conomique dĂ©sirĂ© – bien que le travail d’esclave fĂ»t accru chaque annĂ©e. À partir de 1943, comme les industries d’armement avaient un besoin plus pressant de travailleurs et que les ressources humaines manquaient, la fonction du camp de Mauthausen a changĂ© le camp devenait un rĂ©servoir de travailleurs pour les industries de guerre et, en 1944, aussi pour la construction des usines souterraines. Jusqu’à cette pĂ©riode, les contacts entre les industriels et le camp, notamment l’administration pour le Arbeitseinsatz et le commandant Ziereis lui-mĂȘme, avaient Ă©tĂ© trĂšs rares et limitĂ©s. Premier exemple Reichswerke Hermann Göring et le directeur Paul Pleiger DĂšs 1941, la Steyr-Daimler-Puch AG une filiale des Reichswerke Hermann Göring a demandĂ© des dĂ©tenus de Mauthausen pour la construction d’une usine d’aviation Ă  Steyr – cette relation entre le camp et les Steyr-Werke, reprĂ©sentĂ©s par le directeur Georg Meindl, a persistĂ© jusqu’à la fin de la guerre. Jusqu’en 1943, les Reichswerke Hermann Göring Ă©taient les seules industries autorisĂ©es Ă  demander des dĂ©tenus de Mauthausen. En 1942, le chef des Reichswerke, Paul Pleiger, proposait Ă  la SS de fonder en commun une usine Ă  Linz, pour y Ă©tablir une production des briques de laitier en usant le travail esclave des dĂ©tenus de Mauthausen. De cette proposition, dĂ©coule la crĂ©ation du camp satellite de Linz-I. Toutes les fonctions et aussi les profits de cette nouvelle entreprise Ă©taient partagĂ©s Ă  Ă©galitĂ© entre les Reichswerke et la DEST, c’est-Ă -dire la SS. Six jours aprĂšs l’offre, il y eut une rencontre entre Pleiger et Oswald Pohl, le chef de l’Office central de l’administration et de l’économie SS WVHA – cette rapiditĂ© indiquant les relations extraordinaires qui existaient entre eux. C’est le commandant mĂȘme, Franz Ziereis, qui a dessinĂ© les plans pour la construction du camp satellite Ă  Linz, qui a mĂȘme dĂ©cidĂ© la position exacte du nouveau camp. Comme des problĂšmes surgirent, dus Ă  des divergences d’intĂ©rĂȘt, c’était Heinrich Himmler qui intervint personnellement pour que la rĂ©alisation du projet ne prĂźt pas de retard. En novembre 1942, le contrat entre les Reichswerke et la SS Ă©tait signĂ© et le camp satellite de Linz I Ă©tait fondĂ©. Le 11 janvier 1943, il fut officiellement dĂ©nommĂ© SS-Arbeitslager Linz » avec 100 dĂ©tenus de Mauthausen – ce chiffre augmenta trĂšs vite jusqu’à atteindre 1 000 dĂ©tenus. Les conditions y Ă©taient insupportables tous les travaux s’effectuaient en plein air, les dĂ©tenus Ă©taient forcĂ©s de dĂ©truire la coulĂ©e du laitier brĂ»lant presque sans outils adĂ©quats. Ces conditions allaient causer beaucoup d’accidents de travail – autrement dit la mort de nombreux dĂ©tenus. DeuxiĂšme exemple Lenzing Zellwolle AG et le directeur Walter Schieber À Lenzing, existait avant l’annexion une usine de production de cellulose, appartenant Ă  une famille juive du nom de Bunzl qui, depuis des gĂ©nĂ©rations, Ă©tait dans ce mĂ©tier du papier et de la cellulose. Le jour mĂȘme de l’annexion de l’Autriche, en 1938, cette usine fut rĂ©duite en cendres par une cause inconnue, Bunzl fut expropriĂ© et de nouveaux patrons créÚrent une filiale des Reichswerke Hermann Göring. À Lenzing, furent créés aprĂšs cette refondation plusieurs camps pour des travailleurs forcĂ©s, en majoritĂ© des femmes polonaises et russes. La Zellwolle AG, directeur Walter Schieber, eut Ă  partir de 1943 des liens Ă©troits avec le camp de Mauthausen, pour tester une saucisse faite Ă  base de dĂ©chets de cellulose les dĂ©tenus de Mauthausen soumis Ă  ce rĂ©gime en sont morts. Pour assurer la production stratĂ©gique de cellulose, Walter Schieber, durant l’étĂ© 1944, rĂ©clama des dĂ©tenues – dĂ©sir vite satisfait par la SS de Mauthausen. A la fin d’octobre 1944, les premiĂšres dĂ©tenues, des femmes venant d’Auschwitz, furent dĂ©portĂ©es dans le nouveau camp satellite Ă  Lenzing. Les dĂ©tenues travaillaient trois semaines d’affilĂ©e, aprĂšs quoi elles avaient deux journĂ©es libres. Comme toujours, les dĂ©tenues Ă©taient employĂ©es pour les travaux les plus dangereux, les plus nocifs et les plus durs. Bien que la production de cellulose ait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e en janvier 1945 par manque de moyens, il y eut encore des transports de dĂ©tenues d’Auschwitz vers Lenzing, encore des accidents et des morts. En mai, 562 femmes ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©es Ă  Lenzing. Conclusion Walter Schieber ne fut ni condamnĂ© ni mĂȘme accusĂ©, bien que responsable du sort de milliers de travailleurs forcĂ©s et de plus de 500 dĂ©tenus de Mauthausen dans son usine. Paul Pleiger, en tant que l’un des responsables principaux des Reichswerke Hermann Göring, fut condamnĂ© Ă  Nuremberg Ă  15 annĂ©es de prison. Mais, mĂȘme en prison, il garda assez d’influence pour dĂ©signer son successeur aux Reichswerke Hermann Göring. Ces deux industries sont aussi aujourd’hui prĂ©sentes en Autriche, toutes les deux dĂ©finies de l’avis gĂ©nĂ©ral comme miracles du redressement autrichien aprĂšs la guerre ». Jusqu’à cette derniĂšre dĂ©cennie, personne n’avait parlĂ© du travail d’esclave des dĂ©tenus ou des travailleurs forcĂ©s. J’indiquais en commençant le mythe selon lequel les nazis ont dĂ©veloppĂ© l’économie autrichienne, ont Ă©cartĂ© le chĂŽmage en Autriche » – on parle des autoroutes, on parle des usines nouvelles et des industries et on parle des centrales Ă©lectriques. C’est depuis dix ans qu’une discussion a commencĂ© en Autriche sur la responsabilitĂ© des industriels durant la guerre. On a créé un fonds de compensation monĂ©taire pour des dĂ©tenus des camps nazis et pour les travailleurs forcĂ©s. Les industries autrichiennes ont contribuĂ© pour environ 50 %, le reste Ă©tant payĂ© par l’État. Avec la crĂ©ation de ce fonds, aprĂšs avoir payĂ© la plupart des compensations », la responsabilitĂ© autrichienne semble dĂ©jĂ  Ă©vacuĂ©e. MĂȘme si cette compensation monĂ©taire est importante pour certains des survivants des camps ou pour les anciens travailleurs forcĂ©s, on ne doit pas, Ă  mon avis, clore la discussion sur la responsabilitĂ© d’une sociĂ©tĂ© d’un seul geste, exutoire. On doit dĂ©truire le mythe, de sorte que personne en Autriche ne trouve plus d’aspects positifs au national-socialisme, personne ne tire gloire ni argument des autoroutes sans mentionner le prix payĂ© pour ce dĂ©veloppement. En plus de la mĂ©moire, en plus de la connaissance historique, la destruction de ce mythe est notre souci actuel, en Autriche mĂȘme et en Europe. Andreas Baumgartner, historien Ă  l’UniversitĂ© de Vienne Autriche ↑ haut de page ↑ â–șHOMME OU BÊTE LES RÉFLEXIONS SUR LE STATUT DE DÉPORTÉ DANS LE RÉCIT CONCENTRATIONNAIRE Vers la fin de La derniĂšre forteresse, roman sur Mauthausen de Pierre Daix, publiĂ© en 1950, le personnage principal, AndrĂ©, propose une dĂ©finition du hĂ©ros Je crois qu’un hĂ©ros, c’est un homme qui a bien fait son boulot d’homme, quand ça n’était pas simple de le faire »1. Cet emploi mĂ©taphorique du terme de boulot met en parallĂšle le travail corporel et l’effort moral d’agir dans les limites d’une idĂ©e de l’homme, hĂ©ritĂ©e de la tradition millĂ©naire de l’humanisme europĂ©en. Mais comment bien faire un boulot, si les conditions de travail ne le permettent pas ? Et comment vivre selon les normes humanistes, si les conditions de vie sont profondĂ©ment inhumaines ? Le travail concentrationnaire, qui est au centre du congrĂšs 2007 de l’Amicale de Mauthausen, n’est, dans cette perspective, qu’un Ă©lĂ©ment de plus pour mettre Ă  l’épreuve l’humanitĂ© des dĂ©portĂ©s. Ce qui m’intĂ©resse, dans cette communication, c’est la rĂ©flexion sur cette mise Ă  l’épreuve dans les textes mĂȘmes des survivants. En cela, mon approche se distingue de l’abstraction des discours philosophiques ou politiques qui discutent le problĂšme de la condition humaine dans les camps, en privilĂ©giant telle ou telle catĂ©gorie de dĂ©portĂ©s les juifs, les rĂ©sistants, les femmes, les musulmans etc. Et elle se distingue aussi de l’élitarisme de la critique littĂ©raire qui ne prend en considĂ©ration que les textes canoniques des grands auteurs tels que Wiesel, Levi, Semprun ou KĂ©rtesz. AprĂšs plusieurs annĂ©es de recherches sur les Ă©crits des survivants de Mauthausen, je suis de plus en plus convaincu de l’immense valeur des tĂ©moignages, si nous voulons maintenir, dans un futur sans tĂ©moins, une mĂ©moire vive – non sommaire, mais circonstanciĂ©e et diffĂ©renciĂ©e – de l’expĂ©rience concentrationnaire. L’avantage de l’écrit, dans l’acte de tĂ©moigner, est qu’il demande du temps Ă  l’auteur et au lecteur – le temps de la rĂ©flexion. Pour le dire avec Roger Gouffault L’écrit reste. L’écrit est une trace, tandis que les paroles s’envolent. Le livre, qui est un Ă©crit long, permet de prendre le temps. DĂ©montrer la progression, l’évolution des choses. Et donc de les comprendre ».2 Afin de comprendre le boulot d’homme » du dĂ©portĂ©, il faut rĂ©flĂ©chir au boulot de bĂȘte » qu’on lui inflige. La mĂ©tamorphose de l’homme en bĂȘte se fait au moment de l’arrivĂ©e au camp, vĂ©ritable rite de passage, soigneusement mis en scĂšne par les nazis l’attente interminable sur la place d’appel, sous le soleil ou dans la neige, l’abandon des bagages, la perte des objets personnels, le dĂ©shabillage, le rasage de la tĂȘte aux pieds, la dĂ©sinfection, la douche, la distribution de vĂȘtements et de galoches, encore une fois l’attente et, finalement, l’admission aux baraques de quarantaine. En lisant les tĂ©moignages, on s’aperçoit du dĂ©sarroi des nouveaux venus qui, au bout de quelques heures, ne se reconnaissent plus, ni comme individus ni comme ĂȘtres humains. VoilĂ  comment Suzanne Wilborts, libĂ©rĂ©e Ă  Mauthausen, dĂ©crit l’aspect de ses compagnes aprĂšs l’immatriculation Ă  RavensbrĂŒck Elles sortent de lĂ , transformĂ©es, avec de pauvres robes en loques, les pieds nus, les cheveux trempĂ©s, pendant lamentablement. Elles marchent comme des canards, en traĂźnant leurs semelles de bois. Un groupe est complĂštement passĂ© Ă  la tondeuse, elles sont affreuses »3. On comprend que l’auteur, en 1946, se trouve toujours sous le choc des Ă©vĂ©nements. Mais Paul Le CaĂ«r, cinquante ans aprĂšs, ne rĂ©ussit pas encore Ă  tenir Ă  distance ses souvenirs traumatisants Douche, dĂ©sinfection, c’est terminĂ©. Vous n’ĂȘtes plus un homme mais un numĂ©ro qui deviendra bientĂŽt un sous-homme ou un morceau StĂŒck. Ce passage dans les baraques ou blocs de quarantaine a pour but la dĂ©shumanisation des hommes, chacun d’eux doit perdre sa personnalitĂ©, son identitĂ©, pour devenir un fauve numĂ©rotĂ© parmi les bĂȘtes, se battant pour manger plus que son voisin »4. Le CaĂ«r revit au prĂ©sent les dĂ©tails humiliants de l’accueil Ă  Mauthausen, avant d’expliquer Ă  tĂȘte reposĂ©e le but de l’opĂ©ration la dĂ©shumanisation des hommes. Fauve numĂ©rotĂ© » ou canard » , le dĂ©portĂ© ou la dĂ©portĂ©e est souvent comparĂ©, aprĂšs sa transformation en HĂ€ftling » dĂ©tenu, Ă  des animaux. On ne s’étonnerait pas de trouver des comparaisons animales dans les paroles rapportĂ©es des kapos. Le fait de les rencontrer dans la voix narrative des tĂ©moignages prouve cependant qu’elles correspondent Ă  l’auto-perception de bien des dĂ©portĂ©s qui se souviennent d’avoir Ă©tĂ© nus comme des vers »5, d’avoir lapĂ© leur soupe, le premier jour, comme des chiens »6, de s’ĂȘtre bousculĂ©s, le matin, comme des bƓufs Ă  l’abreuvoir »7, de s’ĂȘtre dĂ©fendus contre le froid comme un troupeau », en s’agglutinant les uns contre les autres, debout en boule » »8 ou en grappe » »9. À partir du moment oĂč, une fois sortis de quarantaine, les dĂ©tenus commencent Ă  travailler dans les diffĂ©rents Kommandos, ils se voient souvent comme bĂȘtes de somme »10, bĂȘtes humaines »11, animaux de charge, de trait »12, bĂ©tail humain »13 ou, dans une perspective panoramique sur les lieux de travail, comme des termites »14 ou des fourmis »15. François Wetterwald compare le cortĂšge de 2 000 hommes descendant la route vers la carriĂšre de Mauthausen Ă  une immense chenille ondulant au rythme du pas cadencĂ© par les capos » »16. Quelle est la fonction d’un langage qui, semble-t-il, confirme aprĂšs coup la rĂ©ussite de l’opĂ©ration de dĂ©shumanisation ? En premier lieu, il s’agit, de donner au lecteur, par les comparaisons animales, une idĂ©e approchante des conditions de vie et de travail dans un camp de concentration ou, pour ĂȘtre plus prĂ©cis, dans un camp de la mort lente. C’est ainsi que Gilbert Debrise, en distinguant deux catĂ©gories de dĂ©tenus dans un camp, celle des maĂźtres et celle des esclaves, compare les derniers, c’est-Ă -dire la grande masse des dĂ©tenus, Ă  des bĂȘtes, afin de mettre en Ă©vidence leur situation encore plus misĂ©rable Les esclaves sont moins que des bĂȘtes. Les bĂȘtes ont une valeur marchande. Le paysan qui les Ă©lĂšve s’y intĂ©resse, les entoure de soins et d’égards. Ici les bĂȘtes humaines, qu’on importe par trains entiers, reprĂ©sentent une marchandise gratuite. »17 Il me semble pourtant qu’à l’emploi des comparaisons animales, au su et Ă  l’insu des auteurs, revient une seconde fonction. J’y vois la trace du doute que Primo Levi formule dans le titre de son premier rĂ©cit de dĂ©portation Se questo Ăš un uomo Si c’est un homme. Des ĂȘtres humains traitĂ©s de bĂȘtes risquent, tĂŽt ou tard, de devenir des bĂȘtes. En gĂ©nĂ©ral, les bĂȘtes sont les autres Ce ne sont plus des femmes mais des bĂȘtes de somme, dont le temps de rendement ne dĂ©passe guĂšre six mois pour les plus solides »18. Paolo Liggeri, un prĂȘtre italien, dĂ©crit ainsi l’arrivĂ©e Ă  Mauthausen d’un transport venu des camps d’extermination de l’est La place grouillant de spectres rĂ©sonne d’un bruit Ă©trange, sourd et terrible, comme une sarabande fantasmatique de squelettes mobiles [
]. Et pourtant, ce sont des hommes, des hommes
 Non, en rĂ©alitĂ© c’étaient des hommes. Maintenant, ils ne le sont plus, ils sont morts ; mĂȘme s’ils respirent encore, ils ne sont plus des hommes. Et ils ne sont mĂȘme pas des bĂȘtes, puisque alors ils seraient mieux traitĂ©s. Qui pourrait dire ce qu’ils sont ? »19 Le regard jetĂ© sur les autres, ceux qui ne sont plus des hommes et moins que des bĂȘtes et qu’on appelle dans beaucoup de camp des musulmans, rassure l’observateur sur sa propre appartenance au genre humain. En mĂȘme temps, les rĂ©flexions assez frĂ©quentes sur le musulman indiquent l’angoisse de basculer un jour ou l’autre dans la catĂ©gorie des morts vivants Je suis si mal en point que, si cette situation dure, je serai bientĂŽt considĂ©rĂ© comme Muselman »20. Rares sont pourtant les auteurs qui avouent, comme Jean Degroote, leur propre dĂ©chĂ©ance Je n’en peux plus ; je n’en ai plus pour longtemps Ă  vivre ; d’ailleurs j’en ai assez, je n’ai plus le moral, je ne veux pas mourir, je veux crever, on ne meurt pas Ă  Linz, on crĂšve, comme des bĂȘtes que nous sommes tous devenus, c’était leur but, ils l’ont atteint, nous sommes des bĂȘtes. »21 Si, d’une part, les survivants dĂ©crivent leur statut dans le camp comme celui de bĂȘtes, ils insistent, d’autre part, sur leur refus d’accepter le mode d’existence qu’on leur octroie. Quelles sont les stratĂ©gies de dĂ©fense des dĂ©tenus ? Ceux qui se souviennent d’avoir ignorĂ© ou refoulĂ© l’humiliation subie, sont une minoritĂ©. Jean Laffitte, dans Ceux qui vivent, publiĂ© en 1947, raconte que son groupe a vĂ©cu le moment de la mĂ©tamorphose » avec des Ă©clats de rire22. Cette rĂ©action souligne en rĂ©trospective la stabilitĂ© psychique des politiques qui, par leur rire, arrivent Ă  bannir ce qui pourrait les traumatiser et, par lĂ  mĂȘme, Ă  dĂ©jouer la stratĂ©gie des nazis. La plupart des dĂ©tenus semble rĂ©agir par un mouvement psychologique qui consiste Ă  sĂ©parer le moi concentrationnaire du moi vĂ©ritable, du moi authentique J’étais un Untermensch, pas mĂȘme, un animal numĂ©rotĂ© et marquĂ© Ă  la tondeuse, vouĂ© Ă  la destruction par la mort lente. Celui qui avait portĂ© mon nom, ma personnalitĂ© dĂ©finie, prĂ©cise, n’était plus lĂ , dans ce camp. Il Ă©tait conservĂ© lĂ -bas, bien loin, trĂšs loin, Ă  l’ouest, dans le souvenir vivant des miens et de mes amis »23. Bruno Bettelheim analyse cette dissociation comme un mĂ©canisme protecteur qui permettait au dĂ©tenu de s’adapter au systĂšme concentrationnaire, sans engager son moi identitaire. L’attitude du dĂ©tenu peut se rĂ©sumer ainsi Ce que je fais ici, ou ce qui est en train de m’arriver, ne compte absolument pas ; ici, tout est permis Ă  condition que et dans la mesure oĂč ça m’aide Ă  survivre »24. Bettelheim a Ă©tĂ© beaucoup critiquĂ© pour l’hypothĂšse de l’adaptation totale du dĂ©tenu au systĂšme de valeurs des camps. À mon avis, il a eu raison de mettre en Ă©vidence un raisonnement qui pouvait justifier les pires Ă©goĂŻsmes. Combien d’hommes dont la vie avait Ă©tĂ© jusqu’alors un exemple d’honnĂȘtetĂ© ont volĂ© le pain de leur camarade. Cela faisait partie de la dĂ©chĂ©ance morale voulue par les nazis. C’était le dernier acte, en dehors de toute conscience, d’une vitalitĂ© qui ne voulait pas mourir »25. Le prix Ă  payer pour la survie physique est, dans ces cas-lĂ , l’abandon de la personne morale. La rĂ©action contraire, Ă  savoir le maintien de l’intĂ©gritĂ© morale et le refus de tout compromis, aurait rendu la survie impossible. D’une façon ou d’une autre, il fallait donc s’adapter, tout en se mĂ©nageant un espace intĂ©rieur oĂč puiser la force d’une rĂ©sistance au systĂšme concentrationnaire. Pour la majoritĂ© non des survivants mais des dĂ©portĂ©s cet espace identitaire, fondateur de petits actes d’affirmation de soi, de solidaritĂ© avec les autres, voire de rĂ©sistance, se rĂ©trĂ©cissait au fil des jours comme une peau de chagrin. Prenons un exemple Marie-Jo Chombart de Lauwe a vĂ©cu le moment de la mĂ©tamorphose » comme une abolition de la hiĂ©rarchie sociale les conditions sociales, classe, profession, tout cela n’existe plus » et comme une rĂ©duction de sa propre personne Ă  l’essentiel, Ă  l’ĂȘtre »26. Son intention de rester digne sous les coups, sous l’attente, sous l’épuisement »27 sera bientĂŽt mise Ă  l’épreuve. Au bout de quelques semaines, elle se rend compte que les conditions d’existence et de travail l’ont transformĂ©e en bĂȘte traquĂ©e »28 Heureusement que les nĂŽtres ne nous voient pas, avec ces visages morts, ces yeux vides qui ont vu trop d’horreur, ces traits durcis et cette misĂšre indescriptible. Jamais un ĂȘtre libre ne comprendra cette souffrance qu’on est pour soi-mĂȘme se sentir s’abrutir, s’abĂȘtir, se machiniser, se vider peu Ă  peu de sa vie. On ne le sent pas gĂ©nĂ©ralement, mais par moment, on a des reprises de conscience trĂšs dures »29. Ce passage prĂ©sente l’analyse lucide d’un processus de dĂ©chĂ©ance qui transforme le soi » en l’ autre », l’ĂȘtre humain en bĂȘte ou en chose, mais en mĂȘme temps il met en relief l’ultime ressort de l’affirmation de soi, Ă  savoir la honte qu’éprouve l’individu par rapport Ă  son double concentrationnaire. Il est significatif que Chombart de Lauwe, aprĂšs l’aveu de la propre dĂ©chĂ©ance, Ă©voque une activitĂ© qui pourrait paraĂźtre sans importance Nous fabriquons de petits objets croix, croix de Lorraine, Ă©toiles, et nos numĂ©ros surmontĂ©s du triangle rouge. Ces petits objets sont les cadeaux pour les jours de fĂȘtes, des tĂ©moignages d’affection nous ne sommes pas encore des bĂȘtes »30. Cette activitĂ© minimale illustre parfaitement la possibilitĂ© d’une reconquĂȘte de l’humain dans un camp de concentration fabriquer en groupe des objets pour se les donner en cadeaux les jours de fĂȘtes signifie vaincre la rĂ©duction aux besoins corporels, briser l’égoĂŻsme de la lutte solitaire pour la survie, surmonter l’indiffĂ©rence et s’intĂ©resser aux autres, bref sortir de l’abrutissement. Avant de passer Ă  ma conclusion, je vous invite Ă  jeter un regard sur l’évocation de la libĂ©ration et du retour dans quelques rĂ©cits de dĂ©portation. Au moment de la libĂ©ration, il y eut dans beaucoup de camps une chasse aux Kapos À 17 heures, les premiers rĂšglements de compte commencĂšrent. Le chef du block 1, puis Karl, puis Le Tzigane, puis d’autres, furent exĂ©cutĂ©s sans mĂ©nagements Ă  coups de pierre, frappĂ©s, noyĂ©s, poignardĂ©s. Au total, une cinquantaine de kapos succombĂšrent le 5 mai au soir. Du sang encore du sang, des cris encore des cris. Mais ce retour de violence Ă©tait inĂ©vitable. Trop d’horreurs avaient Ă©tĂ© commises pendant trop longtemps pour qu’elles puissent ĂȘtre assimilĂ©es sans rĂ©actions »31. La plupart des auteurs français qui se souviennent de la libĂ©ration du camp d’Ebensee, dĂ©taillent et justifient cette tuerie sauvage Si j’ai rapportĂ© ces scĂšnes, que les Ă©motifs qualifieront d’atroces, ce n’est pas par gloriole, par sadisme rĂ©trospectif. Nous avons exĂ©cutĂ© nos ex-camarades en pleine connaissance de cause, sans erreur »32. Il n’y a que l’abbĂ© Varnoux qui Ă©crit avoir gardĂ© un souvenir horrible » des rĂšglements de comptes »33. François Wetterwald, dans Les morts inutiles, rĂ©flĂ©chit longuement sur cette explosion de violence On a ouvert les ergastules. Des bĂȘtes, des bĂȘtes fĂ©roces. Les dompteurs sont partis. Les AmĂ©ricains nous ont dit solennellement Maintenant, vous ĂȘtes des hommes libres . Libres, oui, mais des hommes ? »34. Peut-on reprocher aux victimes le lynchage » de leurs oppresseurs ? On pourrait, je cite encore Wetterwald, tout juste leur en vouloir, s’il s’agissait d’hommes normaux. Le plus grand crime des a Ă©tĂ© justement de tuer dans ces hommes tout ce qu’il y avait de spĂ©cifiquement humain »35. La mise Ă  distance de la masse ces hommes », laisse entendre que l’auteur s’en excepte. Mais Wetterwald, se souvenant de sa propre indiffĂ©rence envers les morts dans la fosse commune, se corrige aussitĂŽt Voyez, moi non plus, je ne suis plus tout Ă  fait un homme civilisĂ© »36. En effet, les survivants qui rentrent en France ne sont pas, contrairement Ă  ce que dit Debrise, mĂ©decin-prisonnier avec François Wetterwald au Revier d’Ebensee, des miraculĂ©s » qui Ă©mergent intacts, semblables Ă  ces canards dont l’eau de la mare n’a pas mouillĂ© le plumage »37. Cette dĂ©claration sent le parti pris idĂ©ologique d’une Ă©poque qui ne voulait accepter que l’esprit pur et dur de la RĂ©sistance. En gĂ©nĂ©ral, les survivants, mĂȘme ceux qui justifient le lynchage des kapos, se rendent compte de leur perte d’humanitĂ© Nous Ă©tions des condamnĂ©s Ă  mort, non en sursis d’exĂ©cution, mais tuĂ©s un peu plus chaque jour par une organisation scientifique de la mort lente. On nous a enlevĂ© beaucoup de nous-mĂȘmes, que nous ne retrouverons jamais. Notre sensibilitĂ©, peut-ĂȘtre, ainsi que notre Ă©motivitĂ©, mais trĂšs amoindries, notre sensiblerie jamais, pas plus que l’intĂ©gralitĂ© de nos forces physiques. Hommes comme femmes, nous sommes dĂ©finitivement et profondĂ©ment marquĂ©s »38. Homme ou bĂȘte ? – La lecture de plusieurs dizaines de rĂ©cits de dĂ©portation m’a appris de prĂ©fĂ©rer, au noir et blanc, les nuances infinies de la zone grise » dont parle Primo Levi dans Les naufragĂ©s et les rescapĂ©s. Les camps » – ce sont les paroles de Hannah Arendt – Ă©taient au service non seulement de l’extermination et de l’humiliation de l’individu, mais aussi de l’expĂ©rience terrible de supprimer, selon des principes scientifiquement exacts, la spontanĂ©itĂ© humaine et de transformer l’homme en une chose qui dans les mĂȘmes conditions rĂ©pond toujours de la mĂȘme façon »39. Dans un systĂšme oĂč tout concourt Ă  rabaisser l’homme Ă  l’état de bĂȘte, l’ĂȘtre humain s’affirme par le refus d’une survie purement physique, en s’efforçant de recouvrer, au moins par moments, des comportements qui transcendent l’utilitarisme de la lutte solitaire raconter ses rĂȘves, fabriquer des objets, partager une soupe ou aider un camarade malade. Ces comportements ne suffisent peut-ĂȘtre pas pour vivre et mourir en saint nous ne sommes pas des anges entre nous, mĂȘme entre Français », Ă©crit Degroote40, mais pour bien faire son boulot d’homme ». Le boulot d’homme est donc la lutte quotidienne pour une humanitĂ© toujours menacĂ©e par l’abrutissement. AndrĂ© Malavoy, moins sceptique que Primo Levi, se dit, Ă  la fin de son tĂ©moignage, plus que jamais conscient de la grandeur de l’homme, de sa filiation divine, [mais] conscient aussi plus que jamais de sa dĂ©gradation possible. Nous avons vĂ©cu, bĂȘtes parmi des bĂȘtes fĂ©roces, les meilleurs d’entre nous ne pouvant Ă©viter toujours les morsures de la BestialitĂ© »41. La dĂ©couverte de la vulnĂ©rabilitĂ© » de l’ĂȘtre humain est si vous me permettez de rĂ©sumer ainsi le rĂ©sultat de mes lectures une des leçons morales Ă  tirer de l’expĂ©rience des camps. J’emploie Ă  dessein le terme de vulnĂ©rabilitĂ© » qui est une notion clĂ© de la philosophie d’Emmanuel LĂ©vinas Le moi, de pied en cap, jusqu’à la moelle des os, est vulnĂ©rabilitĂ©. », Ă©crit-il dans Humanisme de l’autre homme42. La lecture des rĂ©cits de dĂ©portation nous apporte l’image d’un humanisme jamais acquis, toujours Ă  conquĂ©rir. L’immense valeur des tĂ©moignages est de nous montrer des individus qui rĂ©sistĂšrent Ă  la dĂ©shumanisation mise en Ɠuvre par les nazis, en vainquant l’égoĂŻsme animal toujours aux aguets pour s’ouvrir, par des gestes humains, mais d’un humanisme quotidien, Ă  l’Autre. Peter Kuon, Directeur de l’Institut d’Études romanes, UniversitĂ© de Salzbourg Autriche 1 Pierre Daix, La derniĂšre forteresse, Paris, Éditeurs Français RĂ©unis – Amicale de Mauthausen, 1950, p. 393.2 Roger Gouffault, Quand l’homme sera-t-il humain, Brive, Écritures, 2003, p. 10.3 Suzanne Wilborts, Pour la France, Limoges-Paris-Nancy, Charles-Lavauzelle, 1946, p. 45.4 Émile et Paul Le Caer, KL Mauthausen. Les cicatrices de la mĂ©moire, Bayeux, Heimdal, 1996, p. 31.5 Louis Buton, Un vendĂ©en rĂ©sistant et dĂ©portĂ©, La CrĂšche, Geste Ă©ditions, 2003, p. 127 ; Louis Balsan, Le ver luisant, Issoudun, Gaignault Éditeur, 1973, p. 44 ; AndrĂ©e François, Passeurs et dĂ©portĂ©s Pont-Ă -Mousson, P. François – Amicale de Mauthausen, 1990, p. 23.6 Pierre Saint Macary, Mauthausen, percer l’oubli. Mauthausen, Melk, Ebensee, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 15. 7 Gilbert Debrise, CimetiĂšres sans tombeaux, Paris, La BibliothĂšque Française, 1946, p. 53.8 Pierre Saint Macary, p. 17.9 Paul Brusson, De mĂ©moire vive, LiĂšge, Éditions du CĂ©fal, 2003, p. 88.10 Suzanne Wilborts, p. 96.11 Gilbert Debrise, p. 113.12 Georges Loustaunau-Lacau, Chiens maudits. Souvenirs d’un rescapĂ© des bagnes hitlĂ©riens, Paris, Éditions du rĂ©seau Alliance, 1960, p. 31.13 Ibid., p. 51.14 Roger Heim, La sombre route, Paris, Corti, 1947, p. 43.15 RenĂ© Gille, Au-delĂ  de l’inhumain, [1948], p. 52.16 François Wetterwald, Les morts inutiles, Paris, Minuit, 1946, p. 51.17 Gilbert Debrise, p. 113.18 Suzanne Wilborts, p. 96.19 Paolo Liggeri, Triangolo rosso. Dalle carceri di San Vittore ai campi di concentramento e di eliminazione di Fossoli, Bolzano, Mauthausen, Gusen, Dachau. Marzo 1944 – Maggio 1945, Milano, La Casa, 1946, p. 387 ma traduction.20 Paul Brusson, pp. 72 et 74.21 Jean Degroote, Prisons de la Gestapo et camps de concentration, Steenvoorde, Foyer culturel de l’Houtland, 1995, pp. 54-55.22 Jean Laffitte, Ceux qui vivent, Paris, Éditions Hier et Aujourd’hui, 1947.23 Roger Heim, p. 19.24 Bruno Bettelheim, Comportement individuel et comportement de masse dans les situations extrĂȘmes » 1943, in Survivre, Paris, Robert Laffont, 1979, pp. 66-105, ivi p. 83.25 Paul Tillard, Mauthausen, Paris, Éditions Sociales, 1945, p. 62.26 Marie-Jo Chombart de Lauwe, Toute une vie de rĂ©sistance, Paris, Graphein-FNDIRP, 1998 Ă©crit 1945 p. 60 [Marie-Jo Chombart de Lauwe est la fille de Suzanne Wilborts].27 Ibid., p. 62.28 Ibid., p. 86.29 Ibid.30 Ibid., p. 96.31 Roger Gouffault, p. 122.32 RenĂ© Gille, p. 79. 33 Jean Varnoux, ClartĂ©s dans la nuit. La rĂ©sistance de l’esprit. Journal d’un prĂȘtre dĂ©portĂ©, Naves, Éditions de La Veytizou, 1995, p. 246.34 François Wetterwald, p. 179.35 Ibid., pp. 175-176.36 Ibid., p. 176.37 Gilbert Debrise, p. 187.38 RenĂ© Gille, p. 83.39 Hannah Arendt, Die Konzentrationslager », in Elemente und UrsprĂŒnge totaler Herrschaft. Antisemitismus, Imperialismus, totale Herrschaft, Frankfurt/M., Fischer 102005 1951, pp. 907-943, ivi p. 908 ma traduction.40 Jean Degroote, pp. 56-57.41 AndrĂ© Malavoy, La mort attendra. Souvenirs de guerre, Paris-MontrĂ©al, Les Éditions de l’Homme, 1961, p. 108.42 Emmanuel LĂ©vinas, Humanisme de l’autre homme, Paris, Fata Morgana, 1972, p. 105. ↑ haut de page ↑ â–șTRAVAIL CONCENTRATIONNAIRE ET ESCLAVAGE MODERNE La tenue de votre congrĂšs Ă  Nantes est une occasion unique de pouvoir parler du rapport entre l’esclavage, le travail humain esclave, et le travail concentrationnaire. La ville de Nantes a malheureusement une expĂ©rience dans ces deux domaines d’abord l’esclavage, pratiquĂ© par les propriĂ©taires et nĂ©gociants tout au long du XVIIIe siĂšcle jusqu’à l’abolition de 1848. La municipalitĂ© d’aujourd’hui fait de gros efforts, tant sur la question du travail de mĂ©moire que sur la question du devoir d’histoire ; et aussi la dĂ©portation et la rĂ©sistance, puisque Nantes est Compagnon de la LibĂ©ration. Mais nous savons bien, cher M. Chauvel, que tous les dĂ©bats qui traversent la ville de Nantes, tant sur l’esclavage que sur la rĂ©sistance, sont d’une extrĂȘme acuitĂ© et suscitent les passions. Je remercie l’Amicale de Mauthausen de me donner la possibilitĂ© d’en parler. Je n’ai pas besoin de revenir sur les communications d’hier sur le travail esclavagiste dans les camps nazis, peut-ĂȘtre avez-vous parlĂ© aussi des camps soviĂ©tiques
 Mon propos n’est pas de faire des diffĂ©rences entre les uns et les autres mais de constater en tout cas qu’il y a eu des esclaves, des gens obligĂ©s de travailler sans rĂ©munĂ©ration, parfois avec la volontĂ© de les Ă©puiser jusqu’au bout, parfois en mĂ©nageant quelque peu la force de travail
 Aujourd’hui la grande question c’est de savoir oĂč on en est de la question, en ce dĂ©but de XXIe siĂšcle. Je voudrais juste en introduction faire allusion Ă  l’ouvrage d’un ami nantais, un homme dĂ©portĂ© Ă  Dora, Pierre Bridonneau. Avec Robert Tartarin, professeur d’économie aujourd’hui dĂ©cĂ©dĂ©, nous avons tous les trois soulevĂ© la question posĂ©e par la thĂšse Rocques, soutenue il y a quelques annĂ©es Ă  Nantes Ă  la facultĂ© des Lettres. Dans la thĂšse, divers textes Ă©taient comparĂ©s, du tĂ©moignage du seul SS qui a assistĂ© aux opĂ©rations d’élimination dans les chambres Ă  gaz. Il avait Ă©tĂ© chargĂ© de convoyer le zyklon B utilisĂ© pour les Ă©liminations dans les chambres Ă  gaz des camps d’extermination polonais. Cet homme a Ă©tĂ© horrifiĂ©, il est revenu et a Ă©tĂ© capturĂ© dans le Bade Wurtemberg en 1945. InterrogĂ©, il a donnĂ© cinq tĂ©moignages aux services alliĂ©s, amĂ©ricains puis français, Ă©videmment avec des diffĂ©rences. Il s’agissait pour Rocques de faire la comparaison, devant un jury de littĂ©raires et non d’historiens, entre ces cinq tĂ©moignages. Il considĂ©rait que s’il y avait des diffĂ©rences, c’est que ce tĂ©moignage Ă©tait nul et non avenu
 Or c’est le seul tĂ©moignage complet que nous ayons. À partir du moment oĂč vous dites ce tĂ©moignage ne vaut rien », le nĂ©gationnisme peut s’engouffrer
 Je voudrais donc rendre un hommage Ă  mon ami Pierre, qui a publiĂ© un livre au printemps dernier, intitulĂ© Une jeunesse française. C’est un merveilleux tĂ©moignage sur son expĂ©rience concentrationnaire, fait avec un certain dĂ©tachement qui n’a Ă©tĂ© possible que dans une pĂ©riode rĂ©cente. Je vous livre un extrait du livre de Pierre Bridonneau Ce qui au dĂ©but rend la vie trĂšs pĂ©nible Ă  Arzungen, c’est l’inorganisation du camp. La journĂ©e de travail Ă  l’extĂ©rieur, longue et Ă©prouvante, se prolonge Ă  l’intĂ©rieur du camp par des corvĂ©es, des changements d’affectation dans les blocks, des transferts de paillasse ou de matĂ©riel divers, avec l’accompagnement habituel des hurlements et des coups. Buchenwald en comparaison nous laissait le souvenir d’un camp bien organisĂ© ». Cette question de l’organisation est importante, nous en parlions tout Ă  l’heure Pendant prĂšs de trois mois, je travaille au dehors, piochant ou pelletant selon l’outil distribuĂ©, les corvĂ©es nous amĂšnent parfois le long de la voie ferrĂ©e de Nordhausen, les enfants dans les trains qui passent nous font des pieds de nez, Ă  travers les vitres. On leur a tellement rĂ©pĂ©tĂ© que nous sommes des bandits, des terroristes ! C’est Ă  cette occasion que je reçois sur la nuque le coup de bĂąton le plus magistral de mon existence. Nous portons alors des traverses de chemin de fer et des rails. Au signal donnĂ©, les membres dĂ©signĂ©s par les Kapos se baissent et soulĂšvent ensemble la lourde ferraille pour la dĂ©placer, un moment de distraction et quand l’équipe se redresse je suis seul dans un sens, tournant le dos Ă  mes coĂ©quipiers, cela pourrait faire un excellent sketch, mais le kapo n’a pas le sens de l’humour. Au travail, outre le kapo, rĂšgnent deux terreurs un jeune SS en uniforme des troupes de montagne dont l’apparition sur le chantier sĂšme la panique dans nos rangs et inquiĂšte mĂȘme nos sentinelles et un Vorarbeiter polonais, un gamin qui nous frappe comme une brute
 Le SS n’apparaĂźt qu’épisodiquement, alors que le Polonais est constamment prĂ©sent et parcourt le chantier comme un chien de chasse sur la piste du gibier, il cogne pour conserver sa fonction et le litre de soupe supplĂ©mentaire qu’elle lui procure ». Pierre Bridonneau Ă©tait rĂ©sistant, il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en gare de Saumur. A son retour, aprĂšs une marche de la mort vers Hambourg, Pierre rentre en France et passe trois ans Ă  l’hĂŽpital de Berk. Venons en Ă  notre sujet, l’esclavage moderne. A partir d’une enquĂȘte de l’OIT Organisation Internationale du Travail, organisation spĂ©cialisĂ©e de l’ONU, on peut estimer qu’il y a 12 millions d’humains qui aujourd’hui travaillent dans des conditions qui se rapprochent de l’esclavage. Car lĂ  aussi, il faut sans doute diffĂ©rencier ce qui serait le travail forcĂ©, le travail imposĂ©, et le travail esclave proprement dit. Le travail forcĂ©, on le trouve en Birmanie, en AmĂ©rique du Sud, en Afrique. Il a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ©, sans doute un peu moins maintenant, parce qu’il y a eu une rĂ©volte globale des Indiens d’AmĂ©rique, mais beaucoup de peuples indiens ont Ă©tĂ© obligĂ©s Ă  des travaux forcĂ©s jusqu’à une pĂ©riode rĂ©cente. De la mĂȘme façon, certaines castes en Inde sont quasiment dans une situation d’esclavage. C’est vrai aussi au NĂ©pal, au Pakistan. C’est vrai aussi dans certaines tribus africaines, au Lesotho, en Mauritanie, au Soudan, oĂč l’on a des situations de travail forcĂ©, souvent liĂ©es Ă  des situations tribales, voire fĂ©odales, qui se rapprocheraient des anciennes corvĂ©es fĂ©odales au Moyen Âge en France, en plus dur. Et puis Ă  cĂŽtĂ©, il y a le travail imposĂ© qui rĂ©sulte des endettements des familles indiennes en particulier Ă  la suite des mariages on dĂ©pense beaucoup et ensuite on est astreint Ă  un travail imposĂ© pour rembourser
 C’est le cas aussi de beaucoup de travailleurs du nord-est brĂ©silien ; c’est le cas en Europe des travailleurs Polonais dans les entreprises agricoles de Calabre, dominĂ©s par la mafia calabraise, on ne sait pas ce que certains sont devenus, 120 manquent Ă  l’appel, probablement liquidĂ©s par la mafia. On peut aussi parler de travail imposĂ© chez certains travailleurs immigrĂ©s on pense aux Chinois, aux Asiatiques en gĂ©nĂ©ral, dans les ateliers clandestins parisiens. Ils sont obligĂ©s de rembourser ce qui a Ă©tĂ© dĂ©pensĂ© pour leur passage. On peut songer aussi Ă  l’exploitation sexuelle qui est trĂšs importante. On estime Ă  250 000 en Europe les femmes qui sont obligĂ©es de se prostituer. C’est un travail forcĂ©. À cĂŽtĂ© de ce travail forcĂ© et de ce travail imposĂ©, il faut bien parler du travail concentrationnaire. Qu’en est-il en effet ? Il y a trois zones sur lesquelles on peut dire qu’il y a du travail concentrationnaire la premiĂšre se situe en Birmanie le Myanmar aujourd’hui. Il y a des camps de rĂ©quisition, beaucoup de femmes, d’enfants, de handicapĂ©s, qui sont utilisĂ©s pour des travaux divers dĂ©forestation, transport de produits, etc., qui subissent des sĂ©vices Ă©pouvantables, par l’armĂ©e mais pas seulement, par les fonctionnaires birmans qui pratiquent des sĂ©vices, des viols, et parquent les gens le soir. C’est un rapport de l’OIT officiel une enquĂȘte dirigĂ©e par M. Douglas, PrĂ©sident de la Cour suprĂȘme de la Barbade, assistĂ© du PrĂ©sident de la Cour suprĂȘme de l’Inde, et d’une avocate australienne qui met en lumiĂšre qu’en Birmanie il n’y a pas de soins pour les blessĂ©s du travail ou que les sĂ©vices sont frĂ©quents. Certaines minoritĂ©s ethniques sont particuliĂšrement touchĂ©es, on a lĂ  un systĂšme intermĂ©diaire entre le travail imposĂ© et le travail concentrationnaire. Par contre, lorsque l’on passe en Chine, on est vraiment dans le travail concentrationnaire et le travail esclavagiste. C’est le systĂšme lao gaĂŻ Ă©quivalent du Goulag en URSS un rĂ©seau de camps de concentration et de travail forcĂ©. Le manuel de rĂ©forme des procĂ©dures criminelles approuvĂ© par le gouvernement chinois dit ceci la tĂąche essentielle de nos installations du laogaĂŻ est de punir et rĂ©former les criminels. Pour dĂ©finir concrĂštement leurs fonctions, elles remplissent leurs tĂąches dans les trois domaines suivants punir les criminels et les garder sous surveillance, les rĂ©habiliter et faire participer les criminels Ă  la production, crĂ©ant ainsi de la richesse pour la sociĂ©tĂ©. Nos installations sont Ă  la fois des services de l’État et des entreprises spĂ©cialisĂ©es ». Depuis Deng Xiao Ping, on peut penser que les trois quarts des camps de concentration chinois sont devenus des entreprises autonomes, avec des directeurs. Cependant on estime Ă  1 100 le nombre des camps de concentration et Ă  3 000 les centres de dĂ©tention. Nous utilisons en Occident les produits qu’ils fabriquent produits chimiques, produits agricoles, jouets, coton, bottes, crayons, etc., en provenance de ces camps ! Le systĂšme commence Ă  ĂȘtre bien connu, puisque l’on dispose de tĂ©moignages et aussi des images satellite ! On sait parfaitement les localiser. Il y a des degrĂ©s entre ces camps, mais les 1 100 rĂ©pertoriĂ©s sont des camps de concentration politiques. L’estimation du nombre de prisonniers est difficile 2 millions selon le Gouvernement, et 8 millions selon les organisations dissidentes. La diffĂ©rence semble plus aiguĂ« en Chine entre politiques » et droit commun » que dans les camps nazis. Il faut faire une mention particuliĂšre Ă  une situation terrible, celle des gens qui appartiennent Ă  la secte Falun Gong. Ils sont vĂ©ritablement dans les camps politiques et on a dĂ©couvert assez rĂ©cemment le camp de Sujiatun prĂšs de la ville de Shen Yang, qui dĂ©tiendrait des milliers de pratiquants de la secte ». Un vrai camp de la mort ». Les prisonniers sont utilisĂ©s pour le prĂ©lĂšvement d’organes humains pratiquĂ©s Ă  haute dose dans les hĂŽpitaux chinois. On a fait des calculs, entre les condamnĂ©s Ă  mort qui procurent des organes et le nombre des greffes pratiquĂ©es dans les hĂŽpitaux
 et cela ne colle pas. TrĂšs probablement, ce sont les dĂ©tenus pour appartenance Ă  Falun Gong que l’on utilise. Le goulag chinois existe, mais le systĂšme sans doute le plus dur est Ă  l’heure actuelle le goulag corĂ©en du nord. Nous connaissons les 8 camps principaux localisĂ©s par les photos satellite. Les tĂ©moignages sont trĂšs rares, car on ne peut s’échapper de ces camps. Et le gouvernement sud-corĂ©en ne veut pas insister sur cette question pour ne pas gĂȘner sa politique de rapprochement. C’est trĂšs compliquĂ©. Mais le systĂšme concentrationnaire nord-corĂ©en se divise en trois sĂ©ries de camps. En premier lieu, les 8 grands camps connus, destinĂ©s aux dĂ©tenus politiques, camps de prophylaxie sociale pour dĂ©truire les germes contre-rĂ©volutionnaires » le principal, le camp de Yodok, concentre les prisonniers politiques mais aussi leur famille. Car la doctrine de la CorĂ©e du Nord, c’est l’extension de la responsabilitĂ© Ă  la famille entiĂšre, et la responsabilitĂ© collective d’un groupe social. Ensuite, 30 camps, gĂ©rĂ©s par la police ordinaire avec les droits communs, ressemblent Ă  des pĂ©nitenciers. Enfin des camps rĂ©gionaux, provisoires, pour les fuyards vers la Chine, ou pour les vagabonds, qui sont des camps de travail briqueterie, transport, 
. Les conditions de travail sont terribles dans la premiĂšre catĂ©gorie. À Yodok, il y a 50 000 personnes, dans une vallĂ©e encaissĂ©e de 50 km sur 30 km. C’est une mine d’or qui emploie les prisonniers, sans possibilitĂ© d’évasion. Avec une section que les dĂ©tenus appellent les corbeaux noirs » qui vient les chercher pour des expĂ©riences de rĂ©sistance aux gaz de combat et aux techniques de torture. On connaĂźt donc actuellement la barbarie en CorĂ©e, avec aussi les sĂ©ances de pendaison publique, les problĂšmes de dĂ©nutrition. Parmi les dĂ©tenus, il y a les vieux propriĂ©taires fonciers, les collaborateurs du rĂ©gime japonais, les croyants, les pro-corĂ©ens du sud et tous les opposants. La particularitĂ©, et peut ĂȘtre la diffĂ©rence avec les camps nazis, repose sur le fait que ce sont des camps de travail, mais aussi de rééducation. Il y a des Ă©coles de rééducation Ă  l’intĂ©rieur des camps, des sĂ©ances deux fois par semaine, avec une astreinte Ă  la rééducation permanente et publique. Tant en Chine qu’en CorĂ©e du nord, l’homme est exploitĂ© au maximum comme esclave sans aucune rĂ©munĂ©ration, bien sĂ»r pour des produits qui servent sur le marchĂ© international et national. C’est un problĂšme d’une gravitĂ© extrĂȘme, chacun voulant conquĂ©rir les marchĂ©s et ne regardant pas trop aux exigences que l’on devrait poser en ce qui concerne les produits qui proviennent de ces camps. L’OIT a adoptĂ© deux conventions sur ce sujet la convention n°29 qui vise Ă  supprimer le travail forcĂ© sous toutes ses formes, et la convention n°105 qui vise Ă  lutter contre l’utilisation du travail forcĂ© Ă  des fins politiques mesures d’éducation politique, les punitions pour faits de grĂšve, les mesures de discrimination raciale ou religieuse, sociale, remarque terminale le travail pĂ©nitentiaire est autorisĂ© par la convention 29 s’il dĂ©coule d’une dĂ©cision judiciaire et s’il est exĂ©cutĂ© sous le contrĂŽle des autoritĂ©s. Les dĂ©tenus ne peuvent pas ĂȘtre utilisĂ©s contre leur grĂ© par des entreprises privĂ©es ou des particuliers. Les Chinois et les CorĂ©ens contournent ces dispositions 165 pays sur les 178 membres de l’OIT ont ratifiĂ© la convention 29 ; 163 pays ont ratifiĂ© la convention 105. Avec la recommandation d’abolir tout travail forcĂ© sur la surface de la terre – mais il y a beaucoup Ă  faire pour y parvenir ! En France, le travail forcĂ© n’existe pas dans le code pĂ©nal. Mais l’article 212-1 sanctionne par la rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ© le crime contre l’humanitĂ© comprenant la mise en esclavage ; l’article 225-4 sanctionne par 10 ans d’emprisonnement la traite des ĂȘtres humains, avec 1,5 million d’euros d’amende ; l’article 225-13 sanctionne par 5 ans de prison les conditions de travail contraires Ă  la dignitĂ© humaine, avec 150 000 d’euros d’amende. VoilĂ  la situation mondiale. L’Amicale de Mauthausen pose ainsi les problĂšmes d’aujourd’hui en fonction de l’expĂ©rience que ses membres ont malheureusement vĂ©cue. À Nantes, le sujet Ă©tait bienvenu, parce que nous nous efforçons d’ĂȘtre un foyer pour l’abolition de l’esclavage. Les sources sont disponibles sur internet Google les enquĂȘtes de l’OIT, les tĂ©moignages de la LaogaĂŻ Research Foundation, les tĂ©moignages des survivants nord-corĂ©ens. Yannick Guin, Maire-adjoint Ă  la culture, professeur Ă©mĂ©rite Ă  l’UniversitĂ© de Nantes ↑ haut de page ↑ â–șACTIVITÉS DES RELAIS DE LA MÉMOIRE EN LOIRE-ATLANTIQUE Je vais parler surtout au nom des Relais de la mĂ©moire. Professeur dans l’enseignement secondaire en Loire-Atlantique depuis prĂšs de 35 ans, en poste Ă  Nort-sur-Erdre, tout prĂšs du maquis de SaffrĂ©, un maquis au destin tragique, puis Ă  Nantes, la ville de ma jeunesse, mais surtout la ville des otages, enfin et pour quelques annĂ©es encore dans la ville de Chateaubriant, l’autre ville des 50 otages d’octobre 1941. Chateaubriant, Nantes, mais aussi Saint-Nazaire et tant d’autres communes du dĂ©partement ont toutes Ă©tĂ© marquĂ©es par des moments de rĂ©sistance mais aussi par la terrible rĂ©pression nazie. C’est pour moi un bien grand honneur mais aussi une grande responsabilitĂ© que de reprĂ©senter devant vous mes collĂšgues qui Ɠuvrent au sein de l’association dĂ©partementale Les Relais de la mĂ©moire. Si tous les professeurs d’Histoire-GĂ©ographie ne nous ont pas rejoints, par expĂ©rience, je le sais, ils enseignent tous le mieux possible Ă  leurs Ă©lĂšves l’histoire de la DeuxiĂšme Guerre mondiale et beaucoup incitent leurs Ă©lĂšves de collĂšge ou de lycĂ©e Ă  participer au Concours national de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation. C’est pour soutenir cette dĂ©marche que nous avons créé dans notre dĂ©partement l’association Les Relais de la mĂ©moire, qui regroupe des reprĂ©sentants des associations de la rĂ©sistance et de la dĂ©portation et des enseignants du secondaire. Nous donnons toute son importance au Concours, depuis le soutien aux Ă©lĂšves qui s’engagent Ă  y participer jusqu’au jour oĂč sont remis les prix au printemps, moment bien agrĂ©able, puisque M. le PrĂ©fet nous reçoit, avec les laurĂ©ats et leurs familles, dans les salons cossus de la prĂ©fecture. Mais avant, il a fallu travailler. Notre association articule son action autour de plusieurs axes. Des expositions sont Ă  la disposition des Ă©tablissements scolaires et des collectivitĂ©s territoriales. Des confĂ©rences sont organisĂ©es dans les Ă©tablissements ou au CRDP. Des livres, cassettes vidĂ©o, DVD, sont Ă  la disposition des professeurs et des Ă©lĂšves dans les CDI. Enfin – et c’est la principale raison de ma prĂ©sence parmi vous – nous avons commencĂ© Ă  enregistrer un film, la mĂ©moire des rĂ©sistants et des dĂ©portĂ©s du dĂ©partement. Ce premier film de 40 minutes, intitulĂ© Des RĂ©sistants en Loire-Atlantique est depuis un an dans tous les Ă©tablissements du dĂ©partement. RĂ©alisĂ© sous l’égide des Relais de la MĂ©moire, ce film a pu ĂȘtre menĂ© Ă  son terme grĂące aux Anciens Combattants, au Conseil gĂ©nĂ©ral, aux Inspecteurs PĂ©dagogiques RĂ©gionaux, et grĂące Ă©videmment au soutien financier, chaque annĂ©e renouvelĂ©, de la ville de Nantes et de nombreuses autres communes du dĂ©partement. GrĂące Ă  ces soutiens, notre association remet de nombreux prix chaque annĂ©e et finance, pour les laurĂ©ats du concours, des dĂ©placements sur les lieux de mĂ©moire, tant en France qu’à l’étranger nombre de nos Ă©lĂšves ont pu se rendre Ă  Mauthausen, accompagnĂ©s par des professeurs et des RĂ©sistants DĂ©portĂ©s ; ou, rĂ©cemment, au Struthof. Enfin, depuis des dĂ©cennies, une journĂ©e est offerte Ă  tous nos laurĂ©ats au musĂ©e et au maquis de Saint-Marcel, dans le Morbihan, petite commune prĂšs de Malestroit, haut lieu de la rĂ©sistance bretonne. Dans ce premier documentaire, Jean-François LainĂ© professeur Ă  Machecoul et moi, nous avons voulu, Ă  travers quelques tĂ©moignages prĂ©cis inscrits dans le contexte de l’époque et soutenus par des images d’archives, montrer Ă  nos Ă©lĂšves que les rĂ©sistantes et rĂ©sistants Ă©taient des hommes et femmes comme beaucoup d’autres, jeunes ou moins jeunes, habitants des villes ou des villages, souvent des gens discrets, Ă©tudiants, travailleurs, mais des hommes et des femmes qui surent rĂ©agir devant la tragĂ©die que fut l’occupation de leur pays par l’armĂ©e hitlĂ©rienne, des envahisseurs terrifiants et hĂ©las soutenus par des milliers de collabos. Jour aprĂšs jour, mois aprĂšs mois, la Loire-Atlantique a donc Ă©tĂ© le théùtre d’une rĂ©sistance courageuse, opiniĂątre, terriblement dangereuse puisque des centaines de nos rĂ©sistants ont payĂ© de leur vie leur engagement contre les nazis, qu’ils aient Ă©tĂ© fusillĂ©s ou qu’ils soient morts en dĂ©portation. Parmi toutes ces victimes de la rĂ©pression nazie, les 50 otages ont valu dĂšs le 11 novembre 1941 la citation de la Ville de Nantes Ă  l’Ordre de la LibĂ©ration. Nous travaillons actuellement Ă  un second documentaire, qui sera consacrĂ© exclusivement Ă  la mĂ©moire des dĂ©portĂ©s de la grande rĂ©gion nantaise. Je terminerai en citant deux exemples qui marquent toujours profondĂ©ment mes jeunes Ă©lĂšves lorsque je leur parle des dĂ©portĂ©s de notre petite rĂ©gion, afin de leur rappeler que l’histoire, la grande histoire, les concerne aussi de trĂšs prĂšs, et que quelques pages de cette histoire ont Ă©tĂ© Ă©crites ici, tout prĂšs de chez eux, dans leur commune, parfois mĂȘme dans leur rue. Printemps 1945, gare d’OrlĂ©ans Ă  Nantes, Ă  son retour de dĂ©portation d’un kommando de Mauthausen, le Loibl Pass, un syndicaliste nantais descend du train. Sur les quais et dans le hall de la gare, une foule dense est lĂ  chaque jour, qui attend le retour des prisonniers, des STO, des dĂ©portĂ©s. EpuisĂ©, le regard perdu, notre ami traverse cette foule, il ne reconnaĂźt personne, personne ne le reconnaĂźt non plus. PĂ©niblement, il se rend Ă  son ancienne adresse, proche de la gare. LĂ , heureusement, un commerçant le reconnaĂźt, et il le ramĂšne Ă  la gare oĂč, il le sait, son Ă©pouse et ses beaux-frĂšres l’attendent. Il s’approche enfin de son Ă©pouse, mais il est dans un tel Ă©tat d’abattement physique que celle-ci ne le reconnaĂźt toujours pas. Il faut qu’il lui parle pour qu’enfin, au son de sa voix, elle comprenne qu’il s’agit bien de son mari. L’histoire tragique du jeune Alexandre Caillon Ă©meut aussi mes Ă©lĂšves, ce jeune Nantais, ancien Ă©lĂšve du lycĂ©e ClĂ©menceau, et probablement mort Ă  San Postel, dans les jours qui ont suivi la libĂ©ration. Le 1er mai 1945, Alexandre peut Ă©crire un petit mot Ă  ses parents, dans lequel il leur annonce qu’il est souffrant mais qu’il a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© par les Anglais. A partir de lĂ , une longue et terrible attente va commencer pour la famille. Cinq annĂ©es plus tard, sa mĂšre, qui ne se rĂ©sout toujours pas Ă  l’idĂ©e que son fils n’est plus, se rend dans le nord de l’Allemagne. Alors, sur les routes cahotantes d’un pays en reconstruction, elle va en taxi d’une ville Ă  l’autre, d’une mairie Ă  l’autre. En vain. A travers ces exemples, Ă  travers tous ceux que vous, les survivants, donnez sans relĂąche aux Ă©lĂšves, nous pouvons puiser, nous, enseignants, de quoi motiver nos Ă©lĂšves Ă  connaĂźtre et Ă  apprendre. C’est le but que nous nous fixons au sein des Relais de la mĂ©moire. Au nom des collĂšgues de notre dĂ©partement, je tiens Ă  vous assurer de notre fidĂ©litĂ©, Ă  vous fĂ©liciter et Ă  vous remercier. Étienne Gasche, professeur d’histoire ↑ haut de page ↑ â–șLA PLACE DE LA DÉPORTATION DANS L’ENSEIGNEMENT Mesdames, Messieurs, Vous avez souhaitĂ© Ă©voquer la place de la dĂ©portation dans l’enseignement. Votre demande trouve naturellement sa place dans la recrudescence actuelle des dĂ©bats mĂ©diatiques concernant les enjeux de mĂ©moire. A cette fin, l’école est rĂ©guliĂšrement sollicitĂ©e. Soit pour que les enseignants tĂ©moignent des tensions existantes dans leurs classes, soit dans la perspective d’une interrogation sur les programmes, sur les directives ministĂ©rielles ou parlementaires les lois dites de mĂ©moire » ou sur les pratiques d’enseignement. De maniĂšre rĂ©currente, reviennent dans la presse et les mĂ©dias ces lancinantes questions qu’apprend-on Ă  l’école ? » ; que se passe-t-il en cours d’histoire ? » Ces interrogations qui entrecroisent histoire et mĂ©moire sont lĂ©gitimes. Tout comme vous pouvez vous demander si la loi du 14 avril 1954 instituant la commĂ©moration des hĂ©ros, victimes de la dĂ©portation dans les camps de concentration au cours de la guerre 1939-1945 » reste aux portes de l’école. Sur ce point vous pouvez ĂȘtre rassurĂ©s la dĂ©portation est enseignĂ©e dans les classes. Les quelques minutes qui suivent pourraient donc s’articuler autour de trois interrogations Que disent les programmes ?Quelles sont les pratiques pĂ©dagogiques des professeurs ?Quels sont les enjeux ? La dĂ©portation est une question inscrite au cƓur des programmes – En collĂšge, la question de la dĂ©portation est abordĂ©e en troisiĂšme. Le programme prĂ©cise que l’étude de l’Europe sous la domination nazie conduit Ă  dĂ©crire les formes de l’occupation, la politique d’extermination et Ă  dĂ©finir collaborations et rĂ©sistances ». Le texte des programmes cite mĂȘme explicitement les tĂ©moignages sur la dĂ©portation et le gĂ©nocide » dans la liste des documents qui doivent ĂȘtre utilisĂ©s dans les classes.– En lycĂ©e, la dĂ©portation est Ă©tudiĂ©e en classe de premiĂšre et de terminale. En classe de premiĂšre, la question est abordĂ©e de maniĂšre classique, si l’on peut dire, car le programme prĂ©cise qu’ Ă  cĂŽtĂ© des grandes phases de la guerre, la politique nazie d’extermination doit ĂȘtre vue, en centrant l’étude sur l’univers concentrationnaire et l’extermination systĂ©matiques des juifs et des Tziganes ». L’approche en classe terminale est plus novatrice puisque les programmes intĂšgrent les enjeux mĂ©moriels Ă  l’enseignement de l’histoire de la seconde guerre mondiale. Les Ă©lĂšves Ă©tudient l’émergence de diffĂ©rentes mĂ©moires de la pĂ©riode de guerre au sein de la sociĂ©tĂ© française », et une sĂ©quence est consacrĂ©e au bilan et mĂ©moires de la Seconde Guerre mondiale. Les objectifs sont clairement affichĂ©s puisqu’il est Ă©crit dans les documents d’accompagnement Ces mĂ©moires sont multiples, chacune ne montrant qu’une vision partielle. S’il est impossible d’en tenter une typologie exhaustive, il est important que les Ă©lĂšves comprennent, d’une part, que les souvenirs et la rĂ©interprĂ©tation de ceux-ci par les mĂ©moires individuelles ou collectives diffĂšrent selon les personnes et les groupes et leur relation avec l’évĂšnement ; d’autre part, que des mĂ©moires de groupe se construisent, Ă©voluent et, Ă©ventuellement entrent en concurrence ; enfin qu’il est possible de faire l’histoire de ces phĂ©nomĂšnes ». Ainsi, dans l’aprĂšs-guerre, la singularitĂ© du GĂ©nocide est d’abord incluse dans la dĂ©portation, voire dans la somme des souffrances de l’Occupation. Aujourd’hui en revanche, les chercheurs distinguent la dĂ©portation de rĂ©pression de la dĂ©portation de persĂ©cution les juifs essentiellement mieux Ă©tudiĂ©e et mĂ©diatisĂ©e. Or si on prend l’exemple de la France aux 76 000 dĂ©portĂ©s parce que Juifs identifiĂ©s par Serge Klarsfeld s’ajoutent les 89 000 dĂ©portĂ©s dits politiques revenus beaucoup plus nombreux, il est vrai. La dĂ©portation dans les pratiques des enseignants Si la dĂ©portation est inscrite dans les programmes de maniĂšre incontestable, est-elle pour autant abordĂ©e dans les classes ? La question est d’importance, car chacun sait que le programme n’est pas toujours l’enseignement et que les Ă©carts peuvent ĂȘtre grands. Sur ce point la rĂ©ponse est positive la question mobilise fortement les enseignants. – Tout d’abord, deux exemples locaux si vous le permettez. L’an dernier, un groupe d’élĂšves du lycĂ©e Yourcenar du Mans, associĂ©s Ă  un groupe de lycĂ©ens autrichiens a fait un travail commun sur les enfants et adolescents persĂ©cutĂ©s sous l’occupation allemande ». Ce double regard, ce regard croisĂ© sur l’histoire et les mĂ©moires a Ă©tĂ© enrichissant pour ces adolescents. Cette confrontation de situations historiques diffĂ©rentes permet de contribuer Ă  la formation civique des Ă©lĂšves. Le second exemple est celui du lycĂ©e Saint-FĂ©lix de Nantes, qui en mai dernier, pour clore une sĂ©rie de visites dans les camps du Struthof, de Buchenwald, de Mauthausen et d’Auschwitz, entre 2004 et mars 2006, a organisĂ© une exposition intitulĂ©e De la RĂ©sistance Ă  la DĂ©portation en y associant la venue de tĂ©moins. LĂ  aussi l’objectif Ă©tait clair transmettre la mĂ©moire de la dĂ©portation. – D’aucuns pourraient rĂ©torquer qu’il s’agit lĂ  d’exemples atypiques et isolĂ©s qui cacherait un dĂ©sert. Une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e en 2006 dans l’acadĂ©mie de Versailles auprĂšs de 100 professeurs de 59 lycĂ©es et de 215 professeurs de 164 collĂšges permet de maniĂšre un peu plus scientifique que les 2 exemples prĂ©cĂ©dents d’affirmer le contraire et de rĂ©futer de telles allĂ©gations. Selon l’enquĂȘte, 72 % des professeurs en lycĂ©e consacrent une Ă  deux heures Ă  l’enseignement de la dĂ©portation et de l’extermination. En collĂšge, 84 % des professeurs consacrent Ă  la question entre une et trois heures, ce qui montre l’importance que lui accordent les enseignants
 qui prennent parfois l’initiative d’aller au-delĂ  de l’horaire conseillĂ© dans les programmes ! À ces heures, s’ajoutent le plus souvent des actions pĂ©dagogiques qui ne sont pas toujours incluses dans le strict horaire de la discipline ainsi, 30 % des professeurs de lycĂ©e et 36 % des professeurs de collĂšge sollicitent des intervenants – rĂ©sistants ou dĂ©portĂ©s – pour venir tĂ©moigner. Les associations de dĂ©portĂ©s jouent Ă  cet Ă©gard un rĂŽle essentiel dans la transmission de la mĂ©moire des faits. 65 % des professeurs en lycĂ©e et 51 % en collĂšge projettent des films ou des extraits Nuit et Brouillard, De Nuremberg Ă  Nuremberg, Ils ont vu la guerre en couleur pour Ă©voquer les plus frĂ©quents. Des professeurs imposent aussi des lectures comme Primo Levi, Curzio Malaparte et Jorge Semprun. En collĂšge cela dĂ©bouche souvent sur un travail disciplinaire avec le professeur de lettres. À cela s’ajoutent des voyages scolaires vers les lieux de mĂ©moire. Si l’on tient compte de la lourdeur de la prĂ©paration pour les enseignants, ceux-ci sont nombreux. En lycĂ©e, les voyages d’étude se dirigent vers le Struthof, Auschwitz et RavensbrĂŒck. En collĂšge, le MĂ©morial de Caen est la destination privilĂ©giĂ©e. La RĂ©gion des Pays de Loire favorise d’ailleurs ces visites en participant au financement des dĂ©placements des lycĂ©ens de l’acadĂ©mie au MĂ©morial de Caen. Enfin, il ne faut pas oublier le Concours national de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation, créé officiellement en 1961 pour perpĂ©tuer chez les jeunes le souvenir des crimes de guerre, des sacrifices consentis pour la LibĂ©ration de la France. Ce concours donne l’occasion aux Ă©lĂšves de rencontrer des dĂ©portĂ©s et des rĂ©sistants et d’établir un lien tangible entre les gĂ©nĂ©rations. Il est d’ailleurs intĂ©ressant de souligner que le thĂšme de la dĂ©portation est plus porteur que celui de la rĂ©sistance et que le nombre des participants – environ 45 000 Ă©lĂšves chaque annĂ©e – augmente si le sujet porte sur la dĂ©portation. Cela peut surprendre, mais il faut rapprocher ce phĂ©nomĂšne de la montĂ©e des prĂ©occupations mĂ©morielles depuis une vingtaine d’annĂ©es les victimes sont les hĂ©ros d’aujourd’hui. Il convient donc de s’interroger sur les enjeux dans l’enseignement de la dĂ©portation. Les enjeux et les grandes orientations dans l’enseignement de la dĂ©portation La premiĂšre prĂ©occupation du professeur est Ă©videmment de s’attacher Ă  faire connaĂźtre les faits Ă  ses Ă©lĂšves. Pour aller vite et Ă  grands traits la domination nazie et l’instauration d’un nouvel ordre europĂ©en ; la politique raciale et d’extermination des Juifs, Tziganes et autres ; en ce qui concerne la France, le rĂŽle du rĂ©gime de Vichy, les formes de collaboration, la rĂ©sistance dans toutes ses composantes – intĂ©rieure et France Libre. Cela peut paraĂźtre simple et consensuel, mais exige du professeur d’intĂ©grer les apports de la recherche historique sur la collaboration d’Etat, sur la politique antisĂ©mite de Vichy, sur la lutte contre la rĂ©sistance, sur la RĂ©sistance elle-mĂȘme. Il est rĂ©volu, le temps oĂč les manuels parlaient d’une collaboration imposĂ©e par l’Allemagne, oĂč certains prĂ©sentaient le marĂ©chal PĂ©tain et le gĂ©nĂ©ral de Gaulle comme les deux faces d’une mĂȘme mĂ©daille, le premier Ă©tant le bouclier et le second l’épĂ©e. Aujourd’hui, dans les classes, la dĂ©portation est abordĂ©e dans toute sa complexitĂ©. Une typologie est le plus souvent dressĂ©e dĂ©portation raciale et politique Ă©voquĂ©es prĂ©cĂ©demment, mais aussi requis du STO » parfois encore assimilĂ©s aux dĂ©portĂ©s. La rĂ©alitĂ© et la matĂ©rialitĂ© des faits occupent Ă©videmment une grande place convois, arrivĂ©e au camp, vie quotidienne, souvent grĂące aux tĂ©moins invitĂ©s Ă  tĂ©moigner. Ce recours aux tĂ©moins, essentiel puisque l’époque des tĂ©moignages est en train de cĂ©der la place Ă  la conversation de la mĂ©moire par les gĂ©nĂ©rations plus jeunes, pose nĂ©anmoins aux professeurs la question du lien entre mĂ©moire et histoire. Ce n’est ni le lieu ni le temps de dĂ©velopper cette question largement mĂ©diatisĂ©e, souvent – on ne peut que le dĂ©plorer – de maniĂšre polĂ©mique. Il n’y a pas de sĂ©paration entre Histoire et MĂ©moire, mais les distinguer est indispensable. La mĂ©moire fĂ©conde l’histoire et aiguillonne souvent l’historiographie. L’historien ne peut mĂ©priser la mĂ©moire mais il ne doit pas ĂȘtre dominĂ© par les porteurs de mĂ©moire sinon la mĂ©moire tue la vĂ©ritĂ©. Il faut donc Ă©viter l’écueil de la tyrannie de la mĂ©moire qui met Ă  mal, parfois, la cohĂ©sion nationale et les valeurs de la RĂ©publique. C’est pourquoi il faut parler de travail de mĂ©moire et de devoir d’histoire. Pour cette raison, les programmes de lycĂ©e intĂšgrent aujourd’hui la MĂ©moire et contribuent Ă  faire rĂ©flĂ©chir les lycĂ©ens sur le statut et la place du tĂ©moignage dans l’écriture de l’Histoire. Deux anecdotes, si vous le permettez, pour bien saisir l’enjeu. La premiĂšre sur la mĂ©moire du Front populaire chez les dockers que grĂące Ă  lui, ils ont pu voir la mer » ! La seconde un travail sur la mĂ©moire de l’immigration italienne en Lorraine, montre des immigrĂ©s qui auraient Ă©tĂ© de farouches antifascistes, or ils Ă©margeaient presque tous au fascio local qui aidait les familles
 Ces deux exemples, sont volontairement pris hors du champ de cette intervention j’aurais pu prendre appui sur les mĂ©moires successives de la seconde guerre mondiale le tous rĂ©sistants » de l’aprĂšs-guerre – entre parenthĂšses, ce concept de rĂ©sistancialisme prend naissance dans les milieux proches de la droite extrĂȘme ! – puis le tournant des annĂ©es 70 avec le livre emblĂ©matique de l’historien amĂ©ricain Paxton sur Vichy et le film de Marcel Opus Le Chagrin et la pitiĂ© vous font comprendre le travail nĂ©cessaire de l’enseignant dans sa classe mĂ©moires individuelles, mĂ©moires collectives, quelle place pour une histoire commune ? OpĂ©ration intellectuelle laĂŻcisante ». L’Histoire et son enseignement ont donc pour objet de reconstituer un passĂ© commun. Par la mise Ă  distance du passĂ©, par la confrontation des points de vue, l’Histoire est en mouvement et réécrite en permanence. En conclusion, je voudrais simplement rappeler la dimension civique essentielle qui sous-tend l’enseignement de cette question. Parce qu’elle porte atteinte au Droits fondamentaux de l’Homme, la DĂ©portation permet de faire rĂ©flĂ©chir sur les droits, sur la libertĂ©, concepts clĂ© dans la formation civique des Ă©lĂšves. Lacan Ă©crivait que l’Amour, la Haine et l’Ignorance Ă©taient les trois passions de l’Homme. Je crois que dans les classes, sur le sujet qui nous intĂ©resse, les professeurs cherchent Ă  Ă©viter le pathos et Ă  conduire leurs Ă©lĂšves, ce qui semble essentiel, vers l’acte de penser. Pierre Aballea, IPR-IA d’histoire

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Encontinu; Blogs; VidĂ©os; Chappatte; MultimĂ©dia. Podcasts; Photographies; Grands formats; Dossiers; Formats spĂ©ciaux; Epaper/PDF; Plus . RECHERCHER ; Mots-clĂ©s. PublicitĂ© . Fil d'Ariane. Accueil; Monde; PĂ©kin va rĂ©former le systĂšme du camp de travail forcĂ© PĂ©kin va rĂ©former le systĂšme du camp de travail forcĂ© PĂ©kin va rĂ©former le systĂšme du camp de Chapitre 2 – DĂ©mocraties fragilisĂ©es et expĂ©riences totalitaires dans l’Europe de l’entre-deux-guerres. Connaissances Je sais dĂ©finir les mots suivants □ Grande dĂ©pression □ idĂ©ologie □ culte de la personnalitĂ© □ Goulag □ URSS □ Économie Ă©tatisĂ©e/Ă©tatisation □ collectivisation □ Kolkhoze □ Sovkhoze □ nazisme □ antisĂ©mitisme □ propagande □ FĂŒhrer □ ligues □ SFIO □ conventions collectives Je sais situer et ordonner dans le temps, les repĂšres suivants □ 1924 Staline prend le pouvoir en URSS □ 1929 dĂ©but de la crise financiĂšre, Ă©conomique et politique aux États-Unis □ 30 janvier 1933 Hitler, chancelier de l’Allemagne □ 1933-1945 l’Allemagne d’Hitler □ 1935 les lois de Nuremberg en Allemagne □ 1936-1938 Front populaire en France □ mars 1938 Annexion de l’Autriche par l’Allemagne Je sais prĂ©senter les personnages importants associĂ©s au chapitre Staline, Hitler, LĂ©on Blum pour lesquels je me suis documentĂ© [mini biographies]. MĂ©thode □ Associer une Ɠuvre d’art Ă  une Ă©poque et une civilisation des Ɠuvres de propagande, le tableau de Guernica
 □PrĂ©lever des informations de ressources numĂ©riques et construire des savoirs □Analyser et critiquer un document □ Travailler en Ă©quipe s’entraider, collaborer, mutualiser RĂ©flexion Je sais expliquer □ ce qui fragilise les États dĂ©mocratiques au lendemain de la PremiĂšre Guerre mondiale □ ce qu’est un rĂ©gime totalitaire et ses caractĂ©ristiques avec l’exemple du rĂ©gime stalinien et l’Allemagne nazie. [cela peut faire l’objet d’un dĂ©veloppement construit] □ ce qu’est le Front Populaire comment accĂšde t-il au pouvoir et quelle politique mĂšne-t-il ? [cela peut faire l’objet d’un dĂ©veloppement construit] Quels rĂ©gimes politiques s’opposent dans l’Europe de l’entre-deux-guerres? I- Dans une Europe affaiblie et divisĂ©e au sortir de la Grande guerre, des rĂ©gimes totalitaires se mettent en place. A- Un contexte Ă©conomique favorable aux rĂ©gimes autoritaires. La crise de 1929 extrait site tv => 1929 la crise naĂźt aux Etats-Unis. – c’est une crise financiĂšre la bourse de New-York s effondre c’est le Krach boursier de Wall Street. – une crise bancaire les banques font faillites. – une crise Ă©conomique les entreprises ferment. Les produits agricoles en excĂ©dent sont dĂ©truits. – une crise sociale le chĂŽmage se dĂ©veloppe ce qui entraĂźne des grĂšves et des manifestations. =>1930 la crise se diffuse dans le monde. – les banques europĂ©ennes liĂ©es aux banques amĂ©ricaines font Ă  leur tour faillites. Les banques allemandes sont obligĂ©es de fermer leurs portes. La France est touchĂ©e Ă  partir de 1931. Les soupes populaires aident les plus pauvres Ă  survivre. Les Ă©changes commerciaux internationaux diminuent. => Cette pĂ©riode est appelĂ©e la Grande DĂ©pression. Grande DĂ©pression PĂ©riode de crise Ă©conomique mondiale de 1929 Ă  1939 marquĂ©e par une chute de la production et des prix. B – Les rĂ©gimes politiques dans l’Europe des annĂ©es 1930. En Europe, les dictatures restent le rĂ©gime politique dominant face aux dĂ©mocraties. DĂšs 1923, Benito Mussolini instaure un rĂ©gime fasciste en Italie. DĂšs 1936, en Espagne, le gĂ©nĂ©ral Franco s’oppose Ă  la RĂ©publique en place et souhaite imposer un rĂ©gime politique autoritaire. Le pays est alors dĂ©chirĂ© par une guerre civile. Guernica, Pablo Picasso Pablo Picasso, Guernica, 1937, 351x782cm huile sur toile , MusĂ©e Reina Sofi a, Madrid, Ɠuvre cubiste Le tableau de Pablo Picasso montre les horreurs du bombardement de Guernica en avril 1937, par les armĂ©es nazies intervenant dans la prise du pouvoir du gĂ©nĂ©ral Franco. Le bombardement de la ville basque a fait prĂšs de 4 000 victimes essentiellement des civils. La France et les autres dĂ©mocraties n’interviennent pas. Ce tableau est exposĂ© au pavillon espagnol lors de l’exposition universelle de Paris en 1937. Les officiels allemands sont scandalisĂ©s par cette Ɠuvre et la qualifient d’art dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©. II-Les rĂ©gimes totalitaires Qu’est-ce qu’un rĂ©gime totalitaire? Comment font-ils pour s’installer? rĂ©gime totalitaire rĂ©gime politique dans lequel l’État cherche Ă  tout contrĂŽler, Ă  obtenir la soumission et l’obĂ©issance de toute la sociĂ©tĂ© par la propagande et la rĂ©pression. Comment le rĂ©gime totalitaire soviĂ©tique s’est-il mis en place? A- Le totalitarisme communiste de Staline en URSS. Analyse du Tyran rouge, documentaire de 2003 diffusĂ© sur M6. Extraits choisis. CorrigĂ© des questions 1 secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du parti communiste 2 Il fait exiler Trotski au Kazakhstan 3 Il dĂ©truit les symboles de l’ancienne Russie dont les Ă©glises 4 Il prĂŽne sociĂ©tĂ© Ă©galitaire, sans riche ni pauvre, oĂč tout est mis en commun 5 construction de nouveaux chemins de fer, barrages, centrales Ă©lectriques, mĂ©tro, gratte-ciels. 6 rĂ©citation de phrases qui font l’éloge de Staline ; ils sont tous en uniforme 7 portrait dans les maisons, statues, dans les usines, dans les Ă©coles, sur les trains ; biographie officielle qu’il a corrigĂ© 8 manque de logements, pauvretĂ©, pĂ©nurie
 La mascarade judiciaire 9 il fait un procĂšs politique 10 il doit prononcer la mort 11 ils sont torturĂ©s 12 c’est injuste, il cache les erreurs de Staline, Le sort dans les campagnes 13 Ils doivent cĂ©der leurs terres Ă  l’État et s’organiser en kolkhozes 14 Les paysans sont torturĂ©s, violĂ©s, assassinĂ©s. Leurs rĂ©coltes sont volĂ©es, rĂ©quisitionnĂ©es. 15 C’est la famine appelĂ©e aussi Holodomor, dĂ©noncĂ©e par Gareth Jones journaliste britannique en voyage en Russie pour rencontrer Staline qui va le mener en Ukraine. Publiquement contredit par Walter Duranty, envoyĂ© du New York Times Ă  Moscou. 16 5 millions de morts. La propagande 17 Ils doivent montrer la vie telle qu’elle devrait ĂȘtre. 18 Les chiffres sont truquĂ©s, invention d’un hĂ©ros Alexei Stakhanov pour inciter les ouvriers Ă  travailler plus record d’extraction de charbon. 19 la police sous l’ordre de Staline NKVD 20 ils sont arrĂȘtĂ©s et dĂ©portĂ©s vers des destinations inconnues ; dans des camps de travaux forcĂ©s le Goulag 21 la rééducation par le travail. IdĂ©ologie ensemble d’idĂ©es qui proposent une maniĂšre d’organiser la sociĂ©tĂ© URSS Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques Collectivisation mise en commun des moyens de production / fin de la propriĂ©tĂ© privĂ©e Kolkhoze exploitation agricole dans laquelle les paysans mettent en commun les terres, le bĂ©tail et les outils de travail. Sovkhoze grande ferme oĂč la terre et les productions sont la propriĂ©tĂ© de l’État et oĂč les paysans sont des salariĂ©s. Komsomol organisation de la jeunesse communiste. Goulag camp de travail forcĂ© Appliquer le dĂ©veloppement construit Ă  un sujet sur les rĂ©gimes totalitaires rĂ©gime totalitaire rĂ©gime politique dans lequel l’État cherche Ă  tout contrĂŽler, Ă  obtenir la soumission et l’obĂ©issance de toute la sociĂ©tĂ© par la propagande et la rĂ©pression. Intro prĂ©senter le sujet – dates Staline au pouvoir- dĂ©f. de rĂ©gime totalitaire I. Un contrĂŽle politique II. Un contrĂŽle de l’économie III. Un contrĂŽle de la sociĂ©tĂ© IV. Un contrĂŽle des esprits Conclusion Bilan nĂ©gatif du rĂ©gime famine en Ukraine et pĂ©nurie et pauvretĂ© en ville. Proposition de rĂ©ponse dĂ©veloppĂ©e sur le rĂ©gime totalitaire mis en place par Staline. Affiches de Staline culte de la personnalitĂ©, affiches de propagande/ affiches-staline B- La montĂ©e du nazisme un rĂ©gime totalitaire raciste et antisĂ©mite Comment Hitler parvient-il Ă  installer la dictature nazie ? Biographie d’Hitler mise en place du rĂ©gime totalitaire nazi questions Ă©lĂšves CorrigĂ© sur l’extrait vidĂ©o 1 En Allemagne, il y a une crise militaire le traitĂ© de Versailles est humiliant, une crise politique la RĂ©publique de Weimar est fragile et une crise Ă©conomique et sociale la crise boursiĂšre de 1929 a provoquĂ© beaucoup de chĂŽmage en Allemagne et de pauvretĂ©. 2 C’est Joseph Goebbels qui contrĂŽle la presse Ă©crite, le cinĂ©ma et la radio. 3 Les Juifs sont accusĂ©s d’avoir trahi l’Allemagne, d’avoir fait perdre la guerre. CorrigĂ© sur les textes et photographies Ă©tudiĂ©es 1 Le droit de rĂ©union, la libertĂ© de la presse et la libertĂ© d’expression sont supprimĂ©es. 2 L’incendie du Reichstag est un prĂ©texte on accuse les communistes. 3 Les opposants sont enfermĂ©s dans des camps de concentration. 4 L’idĂ©ologie nazie est antisĂ©mite car les mariages entre Juifs et citoyens allemands sont interdits. Dans certains mĂ©tiers, les Juifs sont exclus commerce, banque, Ă©dition et professions libĂ©rales ; ils perdent la citoyennetĂ© allemande mais sont tolĂ©rĂ©s » sur le sol allemand ; ils sont interdits dans les lieux publics. Les lois de Nuremberg publiĂ©es en septembre 1935 sont antisĂ©mites. A la suite de ces lois, un dĂ©chaĂźnement de violence s’exerce contre les Juifs. C’est la nuit de Cristal » dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 les lieux de culte juifs, leurs biens et les personnes mĂȘmes sont violentĂ©s. nazisme idĂ©ologie dĂ©finie par Adolf Hitler, fondĂ©e sur le racisme, l’antisĂ©mitisme et le rejet de la dĂ©mocratie. FĂŒhrer chef, guide, meneur. Dans le rĂ©gime nazi ce nom dĂ©signe Hitler antisĂ©mitisme haine Ă  l’égard des Juifs. 6 Il suscite l’adhĂ©sion de la population par l’embrigadement de la jeunesse dĂšs 6 ans Jungvolk- enfants du peuple, puis de 10 Ă  18 ans Hitlerjungend » jeunesse hitlĂ©rienne. Il utilise la propagande ; contrĂŽle policier traquer les opposants, rĂŽle de la SS garde rapprochĂ©e » d’Hitler. Plan dĂ©taillĂ© rĂ©gime totalitaire d’Hitler Intro Causes de l’arrivĂ©e au pouvoir d’Hitler ; date de l’arrivĂ©e au pouvoir d’Hitler 30 janvier 1933 ; dĂ©finition de rĂ©gime totalitaire. I. ContrĂŽle politique – dĂšs juillet 1933 seul le parti nazi est autorisĂ© – libertĂ©s sont supprimĂ©es droit de rĂ©union, libertĂ© d’expression et de la presse – les opposants politiques dont les communistes sont arrĂȘtĂ©s et 1er camp de concentration Dachau- II. Une idĂ©ologie raciste et antisĂ©mite – lois de Nuremberg et leurs restrictions, 1935 – violences contre les Juifs lors de la nuit de Cristal » 9-10 novembre 1938 ; autodafĂ©s livres dĂ©truits III. ContrĂŽle de la sociĂ©tĂ©/ esprits – embrigadement de la jeunesse organisation des jeunesses hitlĂ©rienne. – surveillance par les groupes paramilitaires qui ont l’autorisation de tuer SA puis SS – propagande/ rĂŽle de Joseph Goebbels. – culte du chef / FĂŒhrer. Conclusion politique autoritaire avec projet expansionniste revenir Ă  une grande Allemagne » => conquĂȘte de l’Europe Ă  commencer par Autriche mars 1938, remilitarisation de la RhĂ©nanie. Proposition de rĂ©ponse dĂ©veloppĂ©e sur le rĂ©gime totalitaire nazi III- La rĂ©ponse française face aux crises l’expĂ©rience du Front populaire. Comment la France fait-elle face aux crises des annĂ©es 1930 ? biographie de LĂ©on Blum A- La France face aux crises Ă©conomiques, sociales et politiques 1 Quelle est la situation de la France au dĂ©but des annĂ©es 1930 ? Elle connaĂźt de graves difficultĂ©s Ă©conomiques et politiques, le chĂŽmage progresse, le gouvernement est noyĂ© dans les scandales. 2 Quelles organisations politiques profitent de cette situation ? Que font-elles ? Les Ligues d’extrĂȘme-droite antiparlementaires descendent dans la rue le 6 fĂ©vrier 1934 pour manifester devant la Chambre des dĂ©putĂ©s. 3 Quel est le bilan de cette Ă©meute ? 17 morts et 2300 blessĂ©s. 4 Quelle situation politique fait peur Ă  la France en 1934 ? Les fascistes pourraient s’emparer du pouvoir. 5 Qui se mobilise contre la montĂ©e de l’extrĂȘme-droite ? La SFIO et la CGT et le PCF, le 12 fĂ©vrier 1934. 6 Qui est celui qui s’exprime face Ă  la foule contre les fascistes et au nom des ouvriers ? LĂ©on Blum Dans les annĂ©es 1930, la crise Ă©conomique touche la France. Les salaires baissent, le chĂŽmage progresse. Des ligues d’extrĂȘme-droite profitent de la situation. Elles voudraient instaurer un gouvernement fasciste comme en Allemagne et manifestent le 6 fĂ©vrier 1934. Cela tourne Ă  l’émeute. Face Ă  cette menace, les partis de gauche s’allient. Ligues organisation d’extrĂȘme droite aspirant Ă  un pouvoir autoritaire. Fascistes ce sont les partisans du rĂ©gime de Mussolini en Italie. Le mot est utilisĂ© par extension pour dĂ©signer tous ceux qui sont favorables Ă  un rĂ©gime autoritaire et dictatorial comme celui de Mussolini ou d’Hitler B. Les rĂ©formes et difficultĂ©s du Front Populaire Quels sont les trois partis politiques qui ont gagnĂ© les Ă©lections de 1936 et ont formĂ© le Front populaire ? doc 2 ci-dessus Les trois partis politiques qui ont gagnĂ© les Ă©lections de 1936 sont le Parti Communiste, le parti radical et la SFIO. Que se passe-t-il Ă  partir du 14 mai 1936 en France notamment chez les ouvriers ? doc 4 page 47 Des grĂšves dĂ©butent chez les ouvriers. doc 1 page 53 PrĂ©sentez ce document Il s’agit des Accords de Matignon, un texte de loi du 7 juin 1936 rĂ©digĂ© par les dĂ©lĂ©guĂ©s du patronat, des salariĂ©s. Qui sont les bĂ©nĂ©ficiaires de ces accords ? Ce sont les ouvriers qui profitent de ces accords. Relevez dans le texte deux rĂ©formes qui concernent l’amĂ©lioration de leurs conditions de travail. Les ouvriers voient l’hygiĂšne et la sĂ©curitĂ© s’amĂ©liorer sur leur lieu de travail ; ils sont reprĂ©sentĂ©s par des syndicats ; La semaine passe Ă  40h. Relevez dans le texte une rĂ©forme qui amĂ©liore le niveau de vie des ouvriers. L’augmentation des salaires Qu’est ce qui change dans la vie quotidienne des ouvriers de l’époque suite Ă  cet accord ? doc 7 ci-dessus Ils ont du temps libre pour les loisirs, peuvent partir en vacances grĂące aux congĂ©s payĂ©s. Cours En 1936, l’alliance des trois partis de gauche radicaux, socialistes, communistes nommĂ©e le Front populaire, gagne les Ă©lections. Le gouvernement est dirigĂ© par LĂ©on Blum. Les accords de Matignon signĂ©s en juin 1936 entre les patrons, le gouvernement et les syndicats, accordent plus de droits aux travailleurs. Ils amĂ©liorent les conditions de travail . Exemples la semaine de 40h ; deux semaines de congĂ©s payĂ©s, les conventions collectives, nationalisation du chemin de fer, libertĂ© syndicale. Mais la gauche est divisĂ©e sur la guerre civile en Espagne les communistes veulent que la France aide le gouvernement espagnol menacĂ© par un coup d’État de la droite le gĂ©nĂ©ral Franco est soutenu par l’Allemagne de Hitler. Mais Blum refuse cette aide. Les communistes quittent alors le gouvernement. Le gouvernement de LĂ©on Blum prend fin en 1938. Il est remplacĂ© par un gouvernement de centre-droit dirigĂ© par Daladier. Convention collective accord entre les syndicats et les patrons pour dĂ©finir les conditions de travail et les salaires dans les entreprises. fiche de rĂ©vision rĂ©gimes totalitaires dĂ©mocraties fragilisĂ©es conseils lecture et cinĂ©ma rĂ©gimes totalitaires front populaire La3e division du camp de travail forcĂ© no 1 Ă  Masanjia, mise sur pied le 29 septembre 2008, a pour objectif de persĂ©cuter les pratiquants masculins de Falun Gong. On dit qu'il y a trois de ces camps dans la province du Liaoning. Les deux autres sont le camp de travail forcĂ© de Dalian et le camp de travail forcĂ© de Benxi. L'objectif du camp d'atteindre un PubliĂ©3 avril 2018, 0723ChineLes camps de travail forcĂ©, une horreur» qui perdureAu mĂ©pris des droits humains, il y aurait actuellement entre 5 et 8 millions de prisonniers» chinois dans des camps concentrationnaires.Image d'illustration Les prisonniers sont jugĂ©s en gĂ©nĂ©ral en 2 ou 3 minutes avant d'ĂȘtre envoyĂ©s dans les camps. Mardi 3 avril 2018AFPPĂ©kin avait annoncĂ© en 2013 l'abolition des camps de travail forcĂ© en Chine, triste hĂ©ritage des annĂ©es Mao. Quatre ans aprĂšs, ces camps existent toujours, selon Jean-Luc Domenach, expert de la question. Bafouant droits humains et du travail, ils contribuent largement Ă  faire tourner l'Ă©conomie du pays.Le systĂšme punitif chinois repose encore et toujours pour l'essentiel sur les camps de travail forcé», explique dans un entretien Ă  l'ats ce professeur français de sciences politiques et spĂ©cialiste de la Chine, notamment de son systĂšme livre publiĂ© en 1992, Chine l'archipel oublié», est considĂ©rĂ© comme l'une des recherches les plus importantes sur les camps concentrationnaires chinois. Sa vaste enquĂȘte y rĂ©vĂ©lait l'Ă©tendue du plus grand systĂšme de dĂ©tention du monde. Il prĂ©pare actuellement un nouveau livre sur le sujet, prĂ©vu pour de 1000 camps au totalIl y a aujourd'hui entre 5 et 8 millions de prisonniers dans prĂšs de 1000 camps de travail forcé», affirme Jean-Luc Domenach. Selon ses derniĂšres recherches, il y a environ 750 laogai» camps de rĂ©forme ou rééducation par le travail» et entre 100 et 200 laojiao» camps d'enseignement par le travail».Les laogai» concernent surtout les prisonniers politiques et de droit commun. Ce systĂšme de camps avait Ă©tĂ© créé par Mao TsĂ©-Toung et a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme l'Ă©quivalent du goulag soviĂ©tique. A la fin des annĂ©es 50, les laogai» ont emprisonnĂ© jusqu'Ă  20 millions de personnes, selon le professeur laojiao» regroupent les peines pour la petite dĂ©linquance crimes mineurs, petits vols et trafic de drogues. Il y a aussi des camps spĂ©ciaux, notamment pour les jeunes, les droguĂ©s et les en 2 ou 3 minutesDans les deux types de camps principaux, les prisonniers, jugĂ©s en gĂ©nĂ©ral en 2 ou 3 minutes, sont livrĂ©s Ă  des travaux terriblement durs, lourds et longs contre une rĂ©munĂ©ration dĂ©risoire. Autant dire qu'il s'agit de vol de travail», affirme M. une main-d'oeuvre presque gratuite qui sert Ă  tout construction de routes, de ponts, de logements, de voitures, mais aussi de toutes sortes de produits commerciaux fabriquĂ©s Ă  la chaĂźne et Ă  bas prix, cite-t-il en exemples. Ces camps de travail passent des contrats avec des entreprises et souffrent aussi de graves problĂšmes de corruption, explique l' mĂ©caniques, vĂȘtements, dĂ©corations de NoĂ«l, jouets, raquettes et balles de ping pong, thĂ© noir, etc autant de produits que l'on retrouve dans les rayons de magasins occidentaux, notamment en France et en Suisse, et qui ont Ă©tĂ© directement fabriquĂ©s dans des camps de travail, au fouet», selon l'expression du spĂ©cialiste. Un marchĂ© qui pourrait se chiffrer en milliards, selon les enquĂȘtes sur le occidentaleSi ces camps de travail sont moins atroces» en 2018 que durant la pĂ©riode maoĂŻste des annĂ©es 50, ils restent nĂ©anmoins une horreur» qu'il faut continuer Ă  faire connaĂźtre et dĂ©noncer, souligne M. Domenach. Aujourd'hui, il s'agit plus d'exploiter Ă©conomiquement le travailleur forcĂ© que d'Ă©liminer des prisonniers politiques, dissidents ou hautement criminels, regrette par ailleurs l'indiffĂ©rence des gouvernements occidentaux par rapport Ă  ces camps de travail forcĂ©, moteur de l'Ă©conomie chinoise. Il constate que malheureusement peu d'accords de libre-Ă©change avec PĂ©kin mentionnent cette spĂ©cialitĂ© les prisons noiresEnfin, d'autres lieux de dĂ©tention extrajudiciaire en Chine inquiĂštent Jean-Luc Domenach les prisons noires. Il s'agit d'hĂŽtels, d'appartements, de caves ou de bureaux dĂ©saffectĂ©s transformĂ©s en prisons illĂ©gales par les pouvoirs locaux.La loi autorise la police locale, provinciale ou nationale Ă  enfermer et retenir pour deux fois six mois des personnes, essentiellement des intellectuels et avocats, critiquant le pouvoir communiste. Entre 20 et 30'000 personnes seraient actuellement concernĂ©es», selon ses rĂ©centes de mention des camps de travail dans l'ALE avec PĂ©kinEn Suisse, Ă  l'Ă©poque de la signature de l'accord de libre-Ă©change ALE entre la Chine et la Suisse, une plate-forme de cinq ONG avait dĂ©fendu bec et ongle la question des droits humains pour ce traitĂ© bilatĂ©ral. Elle avait notamment insistĂ© sur la situation dans les camps de travail forcĂ©. Aucune mention n'y de cinq ans aprĂšs la signature de l'accord 6 juillet 2013 et quatre ans aprĂšs son entrĂ©e en vigueur 1er juillet 2014, Thomas Braunschweig se dit toujours trĂšs déçu de la politique suisse» dans ce contexte. Responsable du dossier chinois Ă  Public Eye, il dĂ©plore l'attitude peu courageuse du Conseil fĂ©dĂ©ral, qui n'a mĂȘme pas osĂ© mentionner les mots droits humains» dans l' lui, le chef du DĂ©partement fĂ©dĂ©ral de l'Ă©conomie DEFR Johann Schneider-Amman avait promis de faire figurer les droits humains dans le prĂ©ambule du traitĂ©. Une promesse jamais ignorĂ©esL'ALE avec la Chine est donc trĂšs en deçà de tous les accords conclus rĂ©cemment par la Suisse, dont le prĂ©ambule contient au moins une rĂ©fĂ©rence aux droits humains et Ă  la DĂ©claration universelle. Visiblement, la Suisse leur accorde un poids diffĂ©rent selon le partenaire de nĂ©gociations, avaient critiquĂ© Ă  l'Ă©poque les ONG suisses regroupĂ©es dans la Plateforme Chine».Celle-ci avait insistĂ© pour que l'ALE contienne des dispositions contraignantes concernant le respect des droits humains et des normes du travail. En vain. La plupart de ses revendications avaient Ă©tĂ© le DĂ©partement fĂ©dĂ©ral des affaires Ă©trangĂšres DFAE Ă©tait ouvert aux question des droits humains, ce n'Ă©tait pas le cas du SecrĂ©tariat d'Etat Ă  l'Ă©conomie SECO des services de M Schneider-Amman, se souvient M. Braunschweig. Le SECO a clairement influencĂ© le Conseil fĂ©dĂ©ral», dit-il, critiquant une posture idĂ©ologique inflexible».ats Goulag camps de rééducation et autres cantonnements de travail forcĂ© : un principe tellement humain ! 05 avr. 2022 Ă  22:01

Livres Ce documentariste britannique, qui a eu accĂšs Ă  de nombreux fonds d'archives aux Etats-Unis et en Russie, livre le fruit d'un long travail d'investigation. Au printemps 1944, le vice-prĂ©sident amĂ©ricain Henry Wallace sillonna la SibĂ©rie et la Kolyma pendant vingt-cinq jours. Une visite officielle au cours de laquelle il visita des dizaines de kolkhozes rutilants, serra la main Ă  des centaines de travailleurs au sourire radieux et sympathisa avec un haut dignitaire du NKVD qu'il trouva "trĂšs comprĂ©hensif avec autrui". A son retour, les AmĂ©ricains purent voir au cinĂ©ma un documentaire consacrĂ© Ă  ce joyeux pĂ©riple. Ils y apprirent notamment, grĂące aux explications trĂšs doctes qu'y assĂ©nait un universitaire rĂ©putĂ©, qu'"un village de la SibĂ©rie est un forum de discussion aussi ouvert que l'assemblĂ©e d'une petite ville de Nouvelle-Angleterre"... FascinĂ© par le niveau de "dĂ©veloppement" de l'URSS, Henry Wallace assura qu'il n'avait rencontrĂ© pendant son voyage que des "gens libres" qui, dans leur "lutte titanesque avec la nature", lui avaient rappelĂ© les "pionniers" du Far West. Du goulag, en revanche, il ne dit pas un mot. Pas plus qu'il ne s'intĂ©ressa Ă  ceux de ses compatriotes qui Ă©taient en train d'y croupir. Des AmĂ©ricains au goulag ? Quelques livres, certes, existaient dĂ©jĂ  sur le sujet. Mais il s'agissait principalement de tĂ©moignages. Comme celui de Victor Herman, un fils d'ouvrier de Detroit qui Ă©migra en URSS en 1931, gagna le surnom de "Lindbergh de Russie" pour ses exploits d'aviateur, mais apprit un jour de 1937 qu'il Ă©tait devenu un "ennemi du peuple". Ce qui lui valut dix annĂ©es de camp de concentration puis encore cinq ans d'exil forcĂ© en SibĂ©rie 1. EvoquĂ©e par Anne Applebaum dans son magistral Goulag Grasset, 2005, rééd. Folio "Histoire" n° 160, la prĂ©sence d'AmĂ©ricains dans les camps soviĂ©tiques n'avait toutefois pas fait l'objet d'une Ă©tude d'ensemble. Un manque dĂ©sormais comblĂ© grĂące Ă  la passionnante enquĂȘte de Tim Tzouliadis. Ce documentariste britannique, qui a eu accĂšs Ă  de nombreux fonds d'archives aux Etats-Unis et en Russie, livre le fruit d'un long travail d'investigation. Ce dont l'Ă©dition française de son livre, compte tenu de l'absence de notes et de rĂ©fĂ©rences bibliographiques, ne rend malheureusement pas compte. C'est une histoire mĂ©connue qui nous est retracĂ©e ici. MĂ©connue car la guerre froide a fait oublier que de nombreux AmĂ©ricains, au dĂ©but des annĂ©es 1930, avaient Ă©migrĂ© en URSS. Des militants communistes, bien sĂ»r, mais aussi beaucoup de travailleurs sans engagement particulier, simplement dĂ©sireux de fuir un pays qui s'enfonçait alors dans un chĂŽmage de masse, pour tenter leur chance dans un autre qui prĂ©tendait avoir rĂ©solu le problĂšme. L'auteur ne donne pas de chiffres prĂ©cis, mais le phĂ©nomĂšne concerna plusieurs dizaines de milliers de personnes. Suffisamment, en tout cas, pour qu'une amie d'Eleanor Roosevelt dĂ©cide, en 1931, de fonder un hebdomadaire en langue anglaise, le Moscow News, Ă  destination de ces nouveaux arrivants. AUX MAINS DU NKVD Tim Tzouliadis raconte avec beaucoup de talent la vie quotidienne de ces petites communautĂ©s yankees Ă©chouĂ©es en terre communiste. Leurs matches de base-ball, sous l'oeil intriguĂ© des SoviĂ©tiques. Leur dĂ©licate acclimatation Ă  une sociĂ©tĂ© oĂč l'Eglise et la propriĂ©tĂ© privĂ©e - deux piliers de la civilisation amĂ©ricaine - n'avaient pas droit de citĂ©. Ou encore le dĂ©calage qui naquit entre les adultes Ă©levĂ©s dans le culte du capitalisme, et leurs enfants revenant de l'Ă©cole la tĂȘte remplie de marxisme-lĂ©ninisme. Mais ce que pointe surtout trĂšs bien Tim Tzouliadis, c'est le stupĂ©fiant comportement dont firent preuve les dirigeants amĂ©ricains Ă  l'Ă©gard de leurs compatriotes en danger. A commencer par Joseph Davies. Ambassadeur Ă  Moscou de 1936 Ă  1938, au pire moment de la Grande Terreur, ce milliardaire fort peu clairvoyant - "un nombre suffisant de crimes ont Ă©tĂ© prouvĂ©s de façon quasi indubitable en vertu du droit soviĂ©tique pour justifier leur condamnation pour trahison", Ă©crivit-il lors des procĂšs de Moscou... - ne fit rien pour sauver ceux de ses concitoyens qui, jour aprĂšs jour, tombaient aux mains du NKVD. Plusieurs, d'ailleurs, furent arrĂȘtĂ©s Ă  leur sortie de l'ambassade, oĂč ils Ă©taient venus rĂ©clamer un passeport pour retourner dans leur pays d'origine. Face Ă  cet "abandon", les protestations des familles restĂ©es aux Etats-Unis furent gĂ©nĂ©ralement vaines. Roosevelt, qui avait reconnu l'URSS en 1933, ne voulut pas fĂącher Staline avec un dossier aussi Ă©pineux. Ce fut encore plus vrai pendant la seconde guerre mondiale, Ă  l'heure de la grande alliance entre les deux pays. C'est aussi cela que raconte ce livre la façon dont un Etat peut sacrifier ses propres ressortissants sur l'autel de la realpolitik. Les AbandonnĂ©s. Le destin des AmĂ©ricains qui ont cru au rĂȘve soviĂ©tique de Tim Tzouliadis. Traduit de l'anglais Grande-Bretagne par Thierry PiĂ©lat. JC LattĂšs, 516 p., 22,90 €. 1 Coming Out of the Ice Harcourt Brace Jovanovich, 1979. Thomas Wieder Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. 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LubaJurgenson: Ce livre a mĂ»ri trĂšs longuement. D’abord, j’ai abordĂ© le thĂšme des camps dans un texte de fiction, Education nocturne, (1994) Ă  travers le monde concentrationnaire nazi. Dans ce roman, il y a une courte sĂ©quence sur Auschwitz, mais c’est surtout l’avant et l’aprĂšs qui m’intĂ©ressait. A l’époque, j’ai lu Recherche - DĂ©finition Recherche - Solution Les 3 meilleures solutions pour TRAVAIL FORCE Solution DĂ©finition CORVEETRAVAIL FORCE EN 6 LETTRESPENSUMTRAVAIL FORCE EN 6 LETTRESSTOTRAVAIL FORCE EN 3 LETTRESD'autres solutions pour TRAVAIL FORCE Solution DĂ©finition AIRTRAVAIL NOTEARDEURFORCEFORCE D'ACTIONFORCE ET COURAGEON PEUT L'EMPORTER A SON TRAVAILCARTEFORCE EN MAINPRESENTE LE TRAVAIL D'UNE BRIGADECLEANGLAISE AU TRAVAILPRISE DE FORCEFOREPRESENTE LE MONDE DU TRAVAILGOULAGCAMP DE TRAVAIL FORCECAMP DE TRAVAIL FORCE EN URSSITTARRET DE TRAVAILCONGE FORCEINTERRUPTION DE TRAVAILOISIVE OUVRIER PEINEPRISE PAR CELUI QUI FORCETRAVAILPROLETAIREIL VEND SA FORCE DE TRAVAILRUSEELLE PEUT VAINCRE LA FORCEELLE VAUT TOUJOURS MIEUX QUE LA FORCELA FORCE DU FAIBLEPEUT VAINCRE LA FORCETITANSON TRAVAIL EST GIGANTESQUEUN CAS CELEBRE DE FORCE MAJEUREUNE FORCE DE LA NATUREABATTUSANS FORCE PHYSIQUE OU MORALEABEILLEMEMBRE DE FORCE OUVRIEREABOLIR ABRUTIVICTIME DU TRAVAILABUSEFORCE LA DOSEACCABLER ACCELERERFORCE L'ALLUREJe propose une nouvelle solution ! Compte-rendu de la recherche pour TRAVAIL FORCE Lors de la rĂ©solution d'une grille de mots-flĂ©chĂ©s, la dĂ©finition TRAVAIL FORCE a Ă©tĂ© rencontrĂ©e. Qu'elles peuvent ĂȘtre les solutions possibles ? Un total de 23 rĂ©sultats a Ă©tĂ© affichĂ©. Les rĂ©ponses sont rĂ©parties de la façon suivante 3 solutions exactes 0 synonymes 20 solutions partiellement exactes D'autres dĂ©finitions intĂ©ressantes Solution pour GROS FUMEUR SICILIENSolution pour RATITESolution pour PORCHERIESolution pour DEDAIGNERSolution pour FAIRE REPOSER Solution pour ONDINE OU SIRENESolution pour SEMILLANTSolution pour ENTRELACEESSolution pour DESAXESolution pour FEMME D OSIRIS
Labataille de Stalingrad, qui a lieu de septembre 1942 à février 1943, est un tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale. Hitler a engagé en URSS le plus gros des forces allemandes qui capitulent, épuisées. L'Axe a perdu 500 000 hommes en URSS, tués, blessés ou faits prisonniers.
Entre1939 et 1941, ils sont un peu moins de 200 000 Juifs polonais Ă  avoir la mĂȘme idĂ©e. Elle n’est pas non plus la seule Ă  ĂȘtre expĂ©diĂ©e dans les confins de l’URSS. En ces temps de guerre, ce formidable afflux de populations reprĂ©sente aux yeux du gouvernement soviĂ©tique un risque de dĂ©stabilisation (1). Surtout les individus
Louvrier soviĂ©tique en salopette de travail, beau mais grave, tient un drapeau rouge, symbole du communisme, oĂč est inscrit le slogan. Son poing s'abat sur une table oĂč des leaders du camp occidental (on reconnait de face Truman (le 2Ăšme Ă  partir de la gauche), Churchill (le 3Ăšme) et De Gaulle (le 5Ăšme), sont dessinĂ©s de façon caricaturale et en noir et blanc. Sur la table, des
Lampleur de l’industrie de la mort a en fait Ă©chappĂ© en partie aux AlliĂ©s. Ainsi, des photos aĂ©riennes montrant le camp d’Auschwitz-Birkenau Ă  son apogĂ©e, en 1944, ont Ă©tĂ©
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