JeanMarie Massou mĂšne une vie peu ordinaire. Depuis plus de trente ans, il vit dans une forĂȘt du Lot. LĂ , il creuse en solitaire de profondes
RecensĂ© Gwen Allen, Artists’ Magazines, an alternative space for art, MIT Press, 2011 Qu’est-ce qui fait la spĂ©cificitĂ© des magazines ? Selon Gwen Allen, c’est leur nature Ă©phĂ©mĂšre publier un magazine, c’est entrer dans une relation Ă©troite avec le moment prĂ©sent. A l’inverse des livres, qui doivent ĂȘtre lus par les gĂ©nĂ©rations futures, les magazines sont essentiellement Ă©phĂ©mĂšres [1] » Contrairement aux magazines traditionnels qui contiennent principalement des rubriques critiques et des pages de publicitĂ© pour les galeries d’art, les magazines d’artistes sont beaucoup plus crĂ©atifs et permettent une participation directe des artistes. Depuis le dĂ©but du XIXe siĂšcle ces publications ont toujours Ă©tĂ© trĂšs liĂ©es Ă  l’avant-garde artistique c’est ici que les idĂ©es artistiques furent non seulement conservĂ©es et Ă©changĂ©es, mais Ă©galement créées ; ici que les mouvements d’avant-garde naquirent et prirent de l’importance [2] » Les artistes utilisent ainsi de plus en plus ce format Ă©phĂ©mĂšre afin d’explorer et de communiquer leurs idĂ©es innovantes sur l’art [3] ; cette proximitĂ© est encore renforcĂ©e au XXe siĂšcle quand de nouvelles techniques d’impression permettent aux artistes d’imprimer plus facilement leurs magazines. Mais ce qui rend ces magazines diffĂ©rents dans les annĂ©es 1970 et 1980 – et c’est lĂ  la thĂšse principale du livre de Gwen Allen – c’est le fait que les artistes les utilisent Ă  des fins artistiques jusque lĂ  inĂ©dites. À la fin des annĂ©es 1960, en effet, les artistes commencent Ă  Ă©laborer des Ɠuvres d’art conceptuelles qui peuvent ĂȘtre imprimĂ©es sur les pages mĂȘmes des magazines. Sous le nom de projets d’artistes [4] », ces Ɠuvres imprimĂ©es transforment la nature des magazines qui les publient. Comme les projets d’artistes peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des Ɠuvres authentiques et reproductibles, les magazines d’artistes passent de simples transmetteurs d’information Ă  de vĂ©ritables mediums artistiques [5]. Le livre de Gwen Allen explore cette transformation Ă  travers l’étude prĂ©cise de sept publications, qui apparaissent de la fin des annĂ©es 1960 au dĂ©but des annĂ©es 1980, Ă  un moment oĂč les artistes de l’avant-garde s’intĂ©ressent Ă  l’art conceptuel et aux autres formes de pratiques artistiques comme le land art, les installations, la performance et l’art vidĂ©o. Ces magazines illustrent ainsi parfaitement la pluralitĂ© des formes artistiques qui apparaissent au cours des annĂ©es 1970, accompagnant le dĂ©clin du modernisme tardif high modernism. Aspen, publiĂ© Ă  New York de 1965 Ă  1971, prend par exemple la forme d’un magazine tridimensionnel contenant divers objets d’art, tandis que 0 to 9 1967-1969, Avalanche 1970-1976, Art-Rite 1973-1978, et Real-Life 1979-1994, tous publiĂ©s Ă  New York, documentent les activitĂ©s artistiques des groupes d’artistes implantĂ©s dans le sud de la ville Downtown Manhattan. Le livre offre enfin une perspective internationale en s’intĂ©ressant Ă  File 1972-1989 et Interfunktionen 1968-1975, deux magazines documentant les scĂšnes alternatives de Toronto Canada et Kassel Allemagne. Gwen Allen est une historienne de l’art dont les travaux sur les publications d’artistes prĂ©sentent un aspect relativement nĂ©gligĂ© de l’histoire des Ɠuvres [6]. Son travail met en effet en valeur ce qui est d’ordinaire perçu comme pĂ©riphĂ©rique Ă  l’Ɠuvre d’art les publications courtes qui les font connaitre et les discutent. En explorant de surcroĂźt les liens qui existent entre l’art et la culture des nouveaux mĂ©dias dans les annĂ©es 1960 et 1970 [7], le livre rappelle et prolonge les Ă©crits prĂ©coces de Walter Benjamin sur la reproduction et la distribution de l’Ɠuvre Ă  travers les mĂ©dias de masse, la perte de son aura en tant qu’Ɠuvre unique et son potentiel gain de pouvoir politique [8]. À travers huit Ă©tudes de cas, Gwen Allen propose un panorama trĂšs fouillĂ© des changements artistiques qui eurent lieu en AmĂ©rique du Nord et en Europe au moment oĂč l’art conceptuel devient une pratique de plus en plus courante parmi les artistes, et le formaliste un discours de plus en plus critiquĂ© pour son Ă©litisme et son refus d’accepter de nouvelles formes d’art. En plus de ces sept Ă©tudes de cas, Gwen Allen propose dans les annexes un compendium international – et trĂšs bien illustrĂ© – des principaux magazines d’artistes publiĂ©s entre 1945 et 1989. De nouveaux mediums pour l’art d’avant-garde À la fin des annĂ©es 1960, l’art conceptuel apparaĂźt comme une nouvelle forme d’art dont le principe repose sur l’idĂ©e, ou le concept, qui est Ă  l’origine de l’Ɠuvre. L’importance ne se trouve plus dans la matĂ©rialisation physique de l’Ɠuvre, ou dans ses qualitĂ©s esthĂ©tiques finales, mais dans l’idĂ©e initiale qui l’a produite [9]. L’art conceptuel ne transforme pas simplement la dĂ©finition de l’Ɠuvre, elle en modifie Ă©galement profondĂ©ment les modes d’exposition. L’art conceptuel ne produit plus des objets uniques, mais un sous-ensemble Ă©trange de documents – des textes, des photographies, des cartes, des listes, des diagrammes [10] » p. 15. Le magazine de Vito Acconci, 0 to 9, offre un bon exemple de la façon dont le langage peut ĂȘtre utilisĂ© afin de produire des Ɠuvres conceptuelles les magazines Ă©laborĂšrent rapidement une comprĂ©hension nouvelle de ce que la matĂ©rialitĂ© du langage pouvait apporter, tandis que les poĂštes et les artistes poussaient le langage au-delĂ  de son existence bidimensionnelle sur la page [11] » p. 77. Autrement dit, les Ɠuvres conceptuelles se dĂ©tachent dans les annĂ©es 1970 des mediums traditionnels comme la peinture et la sculpture, et reposent sur une plus grande variĂ©tĂ© de mĂ©diums comme les livres, les affiches, les catalogues d’exposition, les livrets photocopiĂ©s, et les magazines » Gwen Allen montre ainsi comment, au cours de cette pĂ©riode, le magazine d’art devient un support idĂ©al, et donc un nouveau medium bidimensionnel, grĂące auquel les artistes peuvent exposer leur travail autrement. La plus grande partie du livre est consacrĂ©e aux nouvelles relations Ă©tablies entre ces magazines et les Ɠuvres d’art conceptuelles qui y sont reprĂ©sentĂ©es par le biais de projets d’artistes originaux, visibles uniquement dans les pages de ces magazines. Dans son numĂ©ro de printemps 1972, le magazine Avalanche publie les Page Drawings de Sol Lewitt, un travail qui consiste en une sĂ©rie d’instructions imprimĂ©es que les lecteurs peuvent suivre et appliquer directement sur la page, utilisant cet espace comme un support pour une Ɠuvre unique et participative. Art-Rite, un magazine Ă©galement publiĂ© Ă  New York et documentant la scĂšne alternative de SoHo, confie la rĂ©alisation de sa premiĂšre de couverture aux artistes Christo emballa’’ le numĂ©ro 5 d’une couverture en trompe-l’Ɠil imitant un sac en papier brun, une image faisant rĂ©fĂ©rence aux emballages architecturaux et scĂ©niques monumentaux de l’artiste, mais Ă©galement Ă  la façon dont on emballait habituellement les magazines pornographiques dans des sacs en papier [12] » p. 129. Les artistes utilisent ainsi la matĂ©rialitĂ© des pages de magazines comme des mediums bidimensionnels. Parfois, ces Ɠuvres imprimĂ©es vont jusqu’à transformer le magazine en objet tridimensionnel, ou autrement dit en vĂ©ritable espace d’exposition. Le magazine Aspen est par exemple conçu comme une boĂźte en carton contenant des objets artistiques reproductibles, tels que des pamphlets, des livrets de divers formats, des articles, des projets d’artistes, des disques, et des films. En tant que nouveau medium, le magazine d’artistes rend la frontiĂšre poreuse entre les Ɠuvres originales et leur reproduction. Il s’interroge aussi simultanĂ©ment sur son propre statut Ă©tait-ce un magazine d’art ? Etait-ce un espace d’exposition ? Etait-ce la combinaison de ces deux choses ? [13] » p. 97. L’auteur nous renvoie aux questions complexes que soulĂšve la prĂ©sence de ces nouvelles formes d’art dans les annĂ©es 1960 et 1970, des questions qui s’étendent au statut des magazines d’art, comme en effet miroir. Les enjeux d’authenticitĂ© et de reproduction concernent aussi d’autres formes d’art processuelles que ces magazines documentent les performances, les installations, le Land Art. Quel est par exemple le statut des photographies documentant les performances de Vito Acconci et Gordon Matta Clark ? Qu’est-ce qui, de ces photographies ou de la performance elle-mĂȘme, reprĂ©sente l’Ɠuvre d’art authentique ? Selon Gwen Allen, les magazines d’artistes peuvent ĂȘtre utilisĂ©s comme des mediums artistiques en raison de leur nature essentiellement flexible et Ă©phĂ©mĂšre. En tant que publications instables, dont la durĂ©e de vie est courte, ces magazines peuvent ĂȘtre modifiĂ©s d’un numĂ©ro sur l’autre, avec une souplesse qui rĂ©pond parfaitement aux spĂ©cificitĂ©s des nouvelles pratiques artistiques. Le format tridimensionnel de Aspen permet par exemple d’intĂ©grer une pluralitĂ© de formes artistiques son format multimĂ©dia Ă©tait un atout essentiel, permettant Ă  la fois de documenter, mais Ă©galement de stimuler la diversitĂ© croissante de formes d’art utilisant les nouveaux mĂ©dia [14] » p. 47. Au cours de deux annĂ©es 1967-1969, le contenu du magazine de Vito Acconci O to 9 change progressivement avec chaque numĂ©ro, accompagnant la progression de l’artiste de la poĂ©sie expĂ©rimentale vers la performance. Des espaces d’exposition alternatifs Si Gwen Allen Ă©tudie et illustre avec minutie le fonctionnement interne de ces sept magazines amĂ©ricains, canadien et allemand, elle s’attache Ă©galement Ă  les replacer dans le contexte politique de leur publication. Un coup d’Ɠil rapide Ă  ce contexte montre que le contenu des magazines d’artistes n’a pas simplement un impact artistique, mais qu’il possĂšde aussi une valeur politique et sociale [15]. En effet, de la fin des annĂ©es 1960 au dĂ©but des annĂ©es 1980, le monde de l’art institutionnel et marchand est violemment critiquĂ© par l’avant-garde artistique qui dĂ©nonce les pratiques racistes, sexistes et Ă©litistes des musĂ©es et galeries, Ă  New York, mais Ă©galement Ă  Toronto et Kassel. La consĂ©quence immĂ©diate de cette critique formulĂ©e Ă  l’encontre du monde de l’art traditionnel mainstream art world est le dĂ©veloppement d’un mouvement artistique alternatif [16] », auquel Gwen Allen relie explicitement la publication des sept magazines dont elle dresse ici le portrait. Tout comme les espaces alternatifs qui se dĂ©veloppent Ă  la mĂȘme Ă©poque pour contrer les habitudes conservatrices des musĂ©es et des galeries d’art, les magazines d’artistes cherchent Ă  s’émanciper du monde institutionnel et marchand, afin de crĂ©er un nouveau public et de renouveler le genre du magazine lui-mĂȘme tout comme les espaces et les collectifs indĂ©pendants et Ă  but non lucratif gĂ©rĂ©s par les artistes, les magazines remirent en question les institutions et l’économie du monde de l’art traditionnel [17] » En comparant le fonctionnement des magazines d’artistes Ă  celui des espaces alternatifs, l’auteur Ă©tend les idĂ©aux politiques et artistiques de la scĂšne alternative aux magazines d’artistes. Les magazines d’artistes cherchent eux aussi Ă  se placer en dehors des circuits marchands les galeries d’art et institutionnels les musĂ©es. À cette fin, ils dĂ©veloppent diverses stratĂ©gies Ă©ditoriales leur permettant d’exposer des Ɠuvres originales sans l’aide des galeries ; l’élaboration de nouveaux discours sur l’art leur permet en outre de transformer la critique d’art. L’auteur nous rappelle de ce fait la nature essentiellement alternative de l’art conceptuel, dont l’idĂ©al dĂ©mocratique originel est de contourner le marchĂ© de l’art avant d’ĂȘtre lui-mĂȘme rĂ©cupĂ©rĂ© par ce mĂȘme marchĂ© dans les annĂ©es 1970. En imprimant des Ɠuvres accessibles Ă  un plus large public, les magazines d’artistes rĂ©pondent prĂ©cisĂ©ment Ă  cette ambition politique. Les artistes n’ont plus besoin ni des musĂ©es ni des galeries commerciales pour exposer leur travail puisqu’ils ont Ă  leur disposition l’espace du magazine. Gwen Allen fait donc remarquer que l’art conceptuel est l’un des premiers espaces permettant d’échapper Ă  ce que Brian O’Doherty identifie quelques annĂ©es plus tard comme le Cube Blanc » White Cube ou encore l’idĂ©ologie de la galerie » the Ideology of the gallery [18]. En tant qu’espaces d’exposition, les magazines d’artistes sont devenus dans les annĂ©es 1970 des sites d’exposition alternatifs, contrĂŽlĂ©s exclusivement par les artistes. Ces magazines ont enfin pour but de dĂ©velopper des rĂ©seaux sociaux alternatifs. Selon Gwen Allen, la circulation des magazines permet de former de nouveaux contre-publics », un terme que l’auteur emprunte Ă  Oskar Negt et Alexandre Kluge [19] afin de faire rĂ©fĂ©rence aux groupes sociaux mineurs qui se dĂ©veloppent en marge de la sphĂšre publique dominante [20]. Souvent issus de la collaboration de plusieurs artistes, la plupart des magazines ont pour origine des communautĂ©s d’individus plus ou moins bien structurĂ©es, des communautĂ©s qu’ils tentent d’étendre et de renforcer grĂące Ă  la publication rĂ©guliĂšre de leurs numĂ©ros. Parmi les exemples dĂ©veloppĂ©s ici, Avalanche est ainsi trĂšs proche de la communautĂ© artistique de SoHo Avalanche servait de guide de SoHo » p. 95 [21]. Avec un tout autre objectif Ă©ditorial, le magazine de Vito Acconci 0 to 9 cherche Ă  dĂ©finir une communautĂ© d’écrivains et de lecteurs dans laquelle trouver des individus qui partageraient l’esprit du magazine et ainsi de dĂ©couvrir un public [22] » D’autres magazines sont directement publiĂ©s par des espaces alternatifs spĂ©cifiques, Ă  l’exemple de File, publiĂ© Ă  Toronto par les artistes de General Idea, un espace alternatif local. MĂȘme si la question du public n’est pas abordĂ©e dans le dĂ©tail au cours des chapitres sans doute par manque d’information sur ce thĂšme, l’auteur insiste sur la prĂ©sence initiale de ces communautĂ©s d’artistes, ainsi que sur leur rĂŽle essentiel dans la dĂ©finition de l’identitĂ© alternative de ces magazines. La lecture de ce premier livre de Gwen Allen permet donc de comprendre les nouveaux rĂŽles assignĂ©s aux magazines d’artistes dĂšs la fin des annĂ©es 1960 ; utilisĂ©s comme de nouveaux mĂ©diums pour l’avant-garde artistique et comme des espaces d’exposition alternatifs, Gwen Allen explique aussi comment et pourquoi ces publications sont essentielles Ă  la production artistique d’une Ă©poque qui constitue pour les arts visuels une transition du modernisme vers le postmodernisme. Les numĂ©ros relativement rares de ces magazines, publiĂ©s il y a tout juste quelques dĂ©cennies, sont aujourd’hui des objets de commerce prĂ©cieux dont les prix peuvent atteindre des sommes extravagantes. Ainsi rĂ©intĂ©grĂ©es au marchĂ© de l’art, il est lĂ©gitime de s’interroger sur le succĂšs des ambitions dĂ©mocratiques initiales de ces publications. MalgrĂ© tout, leur pertinence en tant que nouveaux mĂ©diums artistiques ne fait aucun doute et la rĂ©cente publication du facsimilĂ© des treize numĂ©ros d’Avalanche [23] est bien la preuve que leur contenu artistique ne cesse d’intĂ©resser.
GĂąteaumarbrĂ© ; Plaine des rĂ©gions tropicales. Petit tambour africain. Maison de haute-couture cĂ©lĂšbre pour ses foulards. Artistes indiens qui marchent sur les braises. Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ©. Dans ses romans, il a recherchĂ© le Temps perdu. DĂ©prĂ©cier quelqu'un jusqu'Ă  le rendre mĂ©prisable. Train qui fait Quand on pense au statut d’artiste aujourd’hui, on imagine surtout un homme entre deux Ăąges, dans un atelier ou un bureau, la nuit, sale et pas douchĂ© depuis des jours en train de peindre dans la pĂ©nombre Ă  la lueur d’une bougie. C’est le mythe de l’artiste maudit Il est si bien ancrĂ© que si un artiste actuel rĂ©ussit et gagne bien voire trĂšs bien sa vie, on estime que c’est un vendu et que son Ɠuvre est commerciale. Mais qui sommes-nous pour en juger ? Ce mythe de l’artiste maudit impacte Ă©galement notre propre crĂ©ativitĂ©. Il est, en partie, la raison pour laquelle tu n’oses pas et tu n’assumes pas ta crĂ©ativitĂ©. Dans cet article, je vais dĂ©construire ce mythe et t’aider Ă  le dĂ©passer. Qu’est-ce que le mythe de l’artiste maudit ? Il s’agit d’un stĂ©rĂ©otype trĂšs rĂ©pandu sur le mode vie des artistes et sur leur personnalitĂ©. Voici quelques-unes des idĂ©es reçues sur les artistes. idĂ©es reçues sur les artistes L’artiste serait anticapitaliste Parce que les mĂ©tiers artistiques sont motivĂ©s par une passion, il est frĂ©quent de croire que l’artiste n’a pas besoin d’argent, voire pire qu’il le rejette. L’argent serait l’ennemi de son art et la richesse la fin de son inspiration. L’artiste serait pauvre Parce qu’il refuse de gagner de l’argent, l’artiste est forcĂ©ment pauvre. Il vit dans de mauvaise conditions de vie et n’a pas d’ambitions L’artiste vivrait en marge de la sociĂ©tĂ© Il tient par-dessus tout Ă  sa libertĂ© et il est prĂȘt Ă  tout sacrifier pour elle. Il ne se plie pas aux conventions sociales et il vit comme il l’entend. Il ne croit pas Ă  la fidĂ©litĂ© conjugale, il est volage, rebelle et contre toute contrainte. L’artiste serait incompris De par sa mise Ă  l’écart de la sociĂ©tĂ©, l’artiste est une personne incomprise, rejetĂ©e par les gens normaux. Personne ne comprend ses Ɠuvres ni ses intentions et personne ne le soutient. L’artiste ne pourrait rĂ©ussir seul Étant incompris, l’artiste est incapable de vendre ses oeuvres. Il a besoin d’un mĂ©cĂšne ou d’un galeriste pour rĂ©ussir. Il devient par la mĂȘme dĂ©pendant de lui. L’artiste crĂ©erait dans la souffrance C’est la souffrance qui serait au cƓur de l’inspiration de l’artiste. Sa mise au ban de la sociĂ©tĂ© et sa soif de libertĂ© irrĂ©aliste le rendrait en colĂšre, triste et déçu. C’est de ces Ă©motions nĂ©gatives que naitraient ses plus grandes Ɠuvres. Les Ă©motions positives ne lui inspireraient rien. L’artiste travaillerait nuit et jour Ce serait le seul moyen Ă  sa disposition pour rĂ©ussir travailler sans relĂąche. Et comme les Ă©motions nĂ©gatives sont son inspiration, il est constamment déçu de ce qu’il crĂ©e. L’artiste serait perfectionniste. PersuadĂ© que son Ɠuvre n’est jamais assez bien. L’artiste serait irresponsable Épris de libertĂ© et constamment insatisfait, l’artiste est complĂštement irresponsable. Il est constamment en retard, ne sait tenir aucun dĂ©lai, emprunte de l’argent sans pouvoir le rembourser et n’a pas de vie stable. Cette liste n’est pas exhaustive et il y en bien d’autres idĂ©es rĂ©pandues sur les artistes. Si tu en as d’autres, donne-les moi en commentaire. Mais d’oĂč viennent ces idĂ©es et ce mythe de l’artiste maudit ? D’oĂč vient le mythe de l’artiste maudit Le statut d’artiste n’a pas toujours eu mauvaise presse et encore moins cette image misĂ©rable. Il a Ă©tĂ© encensĂ©, encouragĂ© au cours des siĂšcles passĂ©s et les familles d’artistes Ă©taient fiĂšres de ce statut. Ce n’est qu’au 19Ăšme siĂšcle, avec l’arrivĂ©e de la photographie que la fonction des artistes Ă  radicalement changĂ©e. Avant, les artistes faisaient un travail de tĂ©moins, de conteurs et de mĂ©morialistes. Ils rĂ©alisaient les portraits de familles, peignaient les guerres passĂ©es, les paysages de l’autre bout du monde ou reprĂ©sentaient une histoire mythologique. Et puis la photographie est arrivĂ©e. Les familles ont pu se faire tirer le portrait beaucoup plus vite et pour beaucoup moins cher. Les guerres Ă©taient photographiĂ©es en tant rĂ©el et les images Ă©taient bien plus fidĂšles Ă  la rĂ©alitĂ©. Les paysages de l’autre bout du monde Ă©taient photographiĂ©s de façon plus objective. Il n’y a que la mythologie que la photographie ne pouvait fixer. Les peintres et artistes se sont retrouvĂ©s au dĂ©pourvu. Ne sachant comment se rĂ©inventer. Mais les plus jeunes d’entre eux y ont vu une libertĂ©. Ils ont dĂ©cidĂ© de s’affranchir des codes graphiques en vigueur jusque lĂ  et on cherchĂ© Ă  dĂ©velopper leur propre style. C’est ainsi que sont arrivĂ©s les impressionnistes par exemple. Puis plus tard les cubistes, les peintres abstraits etc AprĂšs des siĂšcles de reprĂ©sentation codifiĂ©e, les mĂ©cĂšnes et les amateurs d’art ont eu bien du mal Ă  comprendre et Ă  accepter ses mouvements. D’oĂč le clichĂ© de l’artiste incompris. Et comme les experts en art ne comprenaient pas, ils n’exposaient pas ces artistes et ne leur achetaient pas leurs Ɠuvres. Les artistes n’ont pas beaucoup gagnĂ© d’argent. Mais ils croyaient en leur travail et ils ont continuĂ© Ă  crĂ©er coĂ»te que coĂ»te. D’oĂč l image de l’artiste pauvre et en marge de la sociĂ©tĂ©. C’est la pĂ©riode que l’on a appelĂ© la bohĂšme. En rĂ©fĂ©rence aux bohĂ©miens qui vivaient dans la pauvretĂ© et de par leur itinĂ©rance, Ă©taient soit disant libres. En gros on les comparait Ă  EsmĂ©ralda. La bohĂšme a Ă©tĂ© dĂ©crite par de nombreux artistes, en peinture ou en Ă©criture. Par zola dans son roman L’Ɠuvre, par Rimbaud et Verlaine etc. De ces Ă©crits et de ces peintures, ont Ă©tĂ© tirĂ©s des films, d’autres romans, des chansons etc. Cette pop culture a vĂ©hiculĂ© le mythe de l’artiste maudit jusqu’à nos jours. Pourtant l’image de l’artiste flĂąnant en opposition au travailleur est ancrĂ©e depuis plus longtemps que le 19Ăšme siĂšcle. Repense Ă  la fable de la cigale et la fourmi par exemple. En quoi le mythe de l’artiste maudit est-il faux Il est faux parce qu’il suppose que tous les artistes du monde et de l’histoire fonctionnent et fonctionnaient de la mĂȘme façon. Nous avons rencontrĂ© assez de gens pour savoir que nous rĂ©agissons et pensons diffĂ©remment mĂȘme si nous avons le mĂȘme mĂ©tier. La preuve, Henri Matisse a peint des danses joyeuses dans ses tableaux alors qu’il luttait contre un cancer. Loin de crĂ©er dans la souffrance, il s’est servi de l’art pour se changer les idĂ©es. De nombreux artistes gagnent leur vie avec leur art aujourd’hui. Ne serait-ce que dans le milieu de la chanson, du cinĂ©ma ou du théùtre. Et si le montant des salaires peut parfois nous sembler un peu dĂ©raisonnable, cela ne nous choque plus. Alors pourquoi cela nous choque-t-il toujours quand il s’agit de peintre, de sculpteur, de photographe ou de tout autre art ? En quoi le mythe impacte notre crĂ©ativitĂ© Depuis notre plus tendre enfance, la sociĂ©tĂ© n’a pas vraiment encensĂ© le statut d’artiste. Elle a elle-mĂȘme vĂ©hiculĂ© le mythe de l’artiste maudit. En crĂ©ant, donc en dessinant, en brodant, en tricotant, en faisant notre passion dans notre coin nous avons l’impression d’aller Ă  l’encontre de ce que la sociĂ©tĂ© nous a appris. Nous sommes persuadĂ©es que ce n’est pas un vrai mĂ©tier, que cela doit se pratiquer dans le secret, que c’est une honte et une perte de temps. Nous ne crĂ©ons pas dans la souffrance et nous sommes donc sĂ»res de ne pas vraiment ĂȘtre artistes ni crĂ©atives. Je t’entends d’ici dire “non non mais c’est une toute petite activitĂ©, que je fais pour moi seule”. Nous ne voulons pas ĂȘtre mises au ban de la sociĂ©tĂ© et donc nous n’assumons pas cette crĂ©ativitĂ©. Tu vois Ă  quel point ce mythe est nocif pour ta crĂ©ativitĂ© ? A quel point il est important de s’en dĂ©faire pour assumer sa crĂ©ativitĂ© ? Se dĂ©faire du mythe de l’artiste maudit Un pas Ă  la fois. Ce mythe est tellement ancrĂ© en nous que tu n’arriveras pas Ă  t’en dĂ©faire en un jour. Mais en ayant conscience que c’est un clichĂ© et qu’il n’est pas rĂ©el, tu peux dĂ©jĂ  amĂ©liorer ton statut de crĂ©ative chaque jour. Commence par accorder du temps Ă  ta crĂ©ativitĂ©. Cesse de la faire passer en dernier. Tu as le droit d’ĂȘtre crĂ©ative et de vouloir passer du temps Ă  crĂ©er. Ensuite tu peux commencer Ă  crĂ©er un peu plus devant les autres, ou alors Ă  montrer un peu plus tes crĂ©ations. D’abord Ă  des personnes bienveillantes, pour ĂȘtre sĂ»re de ne pas recevoir trop de commentaires nĂ©gatifs qui te feraient revenir dans ta taniĂšre. La suite c’est de te t’assumer et de te prĂ©senter en tant que femme crĂ©ative. Oui oui, sans bafouiller, sans bĂ©gayer et sans minimiser. L’étape finale c’est de le crier sur tous les toits et d’en ĂȘtre fiĂšre ! au point d’exposer tes crĂ©ations chez toi et de les offrir autour de toi. Ou mĂȘme pourquoi pas de franchir le cap et de les vendre. Dans le cadre lĂ©gal, cela va de soi. J’espĂšre que cet article t’aura aider Ă  prendre conscience du mythe de l’artiste maudit et t’invitera Ă  le dĂ©construire aussi pour assumer ta crĂ©ativitĂ©.
Eneffet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de Word Lanes Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ© . Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. C’est la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisĂ©s, les mots sont Ă  trouver Ă  partir de leurs dĂ©finitions. Nous avons
Le 24 mai dans les locaux au Quai Ă  PĂ©rigueux, s'est tenue une confĂ©rence dĂ©bat autour du thĂšme "Revenu universel utopie ou futur proche?" Erwan Dubarry-Baete, membre de la nouvelle Ă©quipe reconstituĂ©e depuis mars 2016, a prĂ©sentĂ© l'association créée en 1996 et soucieuse de faire de l'Ă©ducation populaire en organisant des dĂ©bats, des expositions et autres manifestations culturelles. Le sujet abordĂ© ce soir-lĂ  concernait le revenu de base, une idĂ©e de plus en plus mĂ©diatisĂ©e en France. La question est importante Ă  l'heure oĂč de nombreux mouvements sociaux agitent la France oĂč, par ailleurs, la rĂ©volution numĂ©rique est en cours. En effet, le temps libĂ©rĂ© par les ordinateurs et les robots diminue le besoin de main d'oeuvre et rend l'humain plus disponible. Cette Ă©volution pose des questions sur le partage du temps de travail et des richesses. Face Ă  cela, des rĂ©ponses existent comme le revenu de base prĂ©sentĂ© ce soir-lĂ  par Arthur Mignon du Mouvement Français pour un Revenu de Base MFRB et le salaire Ă  vie, thĂšme du film d'Usul, commentĂ© par Nadja Martinez, prĂ©sidente du Quai. de gauche Ă  droite Nadja Martinez, Erwan Dubarry Baete, Arthur Mignon Arthur Mignon a soulignĂ© le caractĂšre exceptionnel d'un dĂ©bat de ce type oĂč les deux rĂ©ponses Ă©taient confrontĂ©es. Ayant rejoint le Mouvement en 2015, il a repris le groupe local de PĂ©rigueux. Pour introduire son propos, il a lu la prĂ©sentation d'une piĂšce jouĂ©e le 3 mai dernier, au Palace Ă  PĂ©rigueux, Relaps, dont nous avons rencontrĂ© le metteur en scĂšne il y a quelques mois Evoquant la gĂ©nĂ©ration Y, elle met en scĂšne des personnages "nĂ©s dans les annĂ©es 80 et Ă©levĂ©s avec la garantie que leur vie serait meilleure que celle de leurs parents, ils n'ont pas d'accĂšs au travail, ou de façon prĂ©caire. Au fait, en veulent-ils vraiment un?". Membre de cette gĂ©nĂ©ration, Arthur Mignon a expĂ©rimentĂ© les affres de "l'assistance sociale" oĂč il s'agit avant tout de mettre les usagers sur le chemin de l'emploi, considĂ©rant qu'il est leur unique besoin, nĂ©gligeant des besoins aussi importants que la culture, par exemple. Se rĂ©fĂ©rant Ă  Thomas More qui dĂ©crivait dĂ©jĂ  au XVIĂš siĂšcle comment le pouvoir canalisait le peuple en lui Ă©vitant d'accĂ©der Ă  l'argent et Ă  la libertĂ©, il a montrĂ© que le revenu de base permettait de remettre en cause les rapports de domination en jeu oĂč le peuple Ă©tait contraint de vendre sa force de travail et oĂč les banques Ă©taient toutes-puissantes. Poursuivant ses rĂ©fĂ©rences historiques, il a citĂ© Thomas Paine, un rĂ©volutionnaire anglo-amĂ©ricain, Ă©lu dĂ©putĂ© Ă  l'AssemblĂ©e Nationale en 1792 qui souhaitait contribuer Ă  la dĂ©mocratie effective alors que c'est la dĂ©mocratie reprĂ©sentative de l'AbbĂ© SieyĂšs que l'Histoire a retenue. image extraite de Pour Thomas Paine, auteur de La justice agraire 1795, il n'y avait de dĂ©mocratie que si les citoyens Ă©taient Ă©conomiquement libres et disposaient donc de revenus. En cela, il Ă©tait proche des idĂ©es des physiocrates la richesse provenait de la terre et quand on en disposait pas, il Ă©tait nĂ©cessaire de bĂ©nĂ©ficier d'une indemnisation qui assurait sa subsistance et permettait de rĂ©tablir l'Ă©galitĂ© de moyens entre les possĂ©dants de la terre et les autres. Ces idĂ©es novatrices de la pĂ©riode rĂ©volutionnaire ont Ă©tĂ© reprises au XXĂš siĂšcle mais parfois dĂ©tournĂ©es. L'Ă©conomiste libĂ©ral, Milton Friedman, a proposĂ© un crĂ©dit d'impĂŽts tandis que Paine parlait d'une dotation versĂ©e Ă  la majoritĂ©. L'idĂ©e de revenu de base a vraiment pris de l'ampleur dans les annĂ©es 1970-80. Au Canada, elle a Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ©e dans une ville pendant plus de 10 ans. Dans les annĂ©es 1980, l'Ă©conomĂštre Yoland Bresson a lancĂ© avec Henri Guitton l'Association pour l'Instauration du Revenu d'Existence AIRE. C'est Marc de Basquiat qui a pris la prĂ©sidence Ă  sa mort en 2014. En 2013, c'est Gaspard Koenig qui a fondĂ© le think-tank GĂ©nĂ©rationLibre et publiĂ© Liber, un revenu de libertĂ© pour tous Ce sont des auteurs libĂ©raux qui ont mauvaise presse chez les progressistes, a expliquĂ© Arthur Mignon, mais c'est la vision la plus connue du revenu de base. Au sein du MFRB, créé le 3 mars 2013, dans le contexte de l'initiative citoyenne europĂ©enne pour le revenu de base, il existe un large spectre de propositions. Ainsi, Baptiste Mylondo, Ă©cologiste, qui a beaucoup Ă©changĂ© avec Bernard Friot, dĂ©fenseur du salaire Ă  vie, estime que si l'on se base sur le PIB, le revenu disponible par habitant serait de plus de 1000 euros par mois pour un partage strictement Ă©galitaire, soit plus du double de la proposition de GĂ©nĂ©rationLibre. Tandis que le premier estime que l'impĂŽt sur le revenu peut ĂȘtre financĂ© dĂšs le 1er euro gagnĂ©, le second souhaite la conservation d'un modĂšle progressif oĂč les plus pauvres ne seront pas taxĂ©s et prĂ©conise l'instauration d'une derniĂšre tranche d'impĂŽt sur le revenu Ă  100%. Selon Baptiste Mylondo, le revenu de base tel qu'il l'envisage remet en cause le chĂŽmage comme une institution artificielle qui maintient la population dans la peur du lendemain. Elle est compatible avec la capitalisme mais en Ă©branle tous les fondements. Quant Ă  AndrĂ© Gorz, prĂ©sentĂ© par Arthur Mignon comme un philosophe Ă©co-socialiste, il Ă©tait favorable au partage du temps de travail une libre rĂ©partition du nombre d'heures affectĂ©es pour la vie active. Puis, il s'est rangĂ© du cĂŽtĂ© d'un revenu de base inconditionnel sans contrepartie en constatant que raisonner par nombre d'heures de travail n'avait plus de sens dans un contexte post-fordiste. Il Ă©tait une remise en cause des fondements du capitalisme mais pas de la monnaie dont les Etats n'avaient plus le monopole de crĂ©ation. Les banques commerciales la crĂ©aient grĂące au crĂ©dit constituĂ© de 3 parties l'emprunt lui-mĂȘme, les intĂ©rĂȘts, qui servent surtout Ă  enrichir les banquiers mais aussi Ă  produire des piĂšces et billets, et les assurances sur le crĂ©dit pour se prĂ©munir des dĂ©fauts de paiement et protĂ©ger les profits. Le systĂšme perdurait du fait de l'existence du crĂ©dit. Ces notions ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es par GĂ©rard Foucher dans Les secrets de la monnaie et qui a donnĂ© une confĂ©rence gesticulĂ©e Ă  PĂ©rigueux en 2014. Il propose de remplacer la monnaie dette par une monnaie libre de dette la monnaie Ă  dividende universel. Quant Ă  StĂ©phane Laborde, il dĂ©veloppe la ThĂ©orie relative de la monnaie. Il pense qu'il ne faut pas confier le monopole de la crĂ©ation monĂ©taire aux banques mais aux individus sous forme d'un revenu de base. La monnaie serait créée avec ce revenu. Plus la masse monĂ©taire est importante, plus le montant du revenu de base versĂ© rĂ©guliĂšrement Ă  chaque partie prenante du systĂšme est Ă©levĂ©. L'unitĂ© de compte est le revenu de base lui-mĂȘme. Quant Ă  l'association Positive Money, elle lutte contre le programme d'assouplissement quantitatif Quantitative Easing lancĂ© par la Banque Centrale EuropĂ©enne et milite en faveur d'une politique alternative la BCE financerait des investissements publics ou distribuerait de l'argent Ă  tous les citoyens sous forme d'un revenu de base. Pour Arthur Migon, alors que dans le systĂšme actuel, on dĂ©finit qui a droit Ă  l'argent redistribuĂ©, avec les monnaies libres Ă  dividende universel, tout le monde a droit Ă  l'argent de façon inconditionnelle. Donner ce revenu aussi aux riches casserait le rapport de domination que l'argent entretient, un de ses rĂŽles fondamentaux au-delĂ  de couvrir un besoin. Pour l'intervenant, instaurer un systĂšme de gratuitĂ© oĂč il n'existe plus de fraudeur ni de voleur est une maniĂšre d'abattre la sociĂ©tĂ© de classe. Nadja Martinez a ensuite commentĂ© le film. Le salaire Ă  vie est l'une des options possibles pour changer le systĂšme. Il n'est pas question de le mettre en opposition avec le revenu de base, d'autant que tous deux ont les mĂȘmes ambitions se libĂ©rer du marchĂ© de l'emploi, dĂ©connecter la population de son aliĂ©nation Ă  la surproduction marchande en tant que producteur et consommateur, permettre de faire des choses qui paraissent utiles, dĂ©cider de ce que l'on produit, comment et pourquoi. Selon elle, le salaire Ă  vie va plus loin dans son rapport au capital et semble plus long Ă  mettre en place que le revenu de base, parce que celui-ci pose simplement la question du partage des richesses. Le Quai s'est intĂ©ressĂ© Ă  cette question car il renvoie Ă  la situation des artistes qui bĂ©nĂ©ficient en France du rĂ©gime de l'intermittence. Celui-ci reconnaĂźt un temps de crĂ©ation qui doit ĂȘtre rĂ©munĂ©rĂ© sans que cela gĂ©nĂšre immĂ©diatement une production. En son absence, la crĂ©ation risque d'ĂȘtre l'apanage d'un groupe de rentiers loin de la contre-culture et peu enclin Ă  soulever des questions qui traversent une sociĂ©tĂ© de classe. La prĂ©sidente du Quai a ensuite choisi de prĂ©ciser des termes abordĂ©s dans le film, comme celui de la valeur ajoutĂ©e qui est produite par les forces de travail et reprĂ©sente le chiffre d'affaire d'une entreprise, ses consommations intermĂ©diaires dĂ©duites. Le capital est rĂ©munĂ©rĂ© sous forme de dividendes et d'intĂ©rĂȘts d'emprunts qui reprĂ©sentent 700 milliards pour 2000 milliards produits, le reste Ă©tant redistribuĂ© en salaires et cotisations. En mettant fin Ă  la propriĂ©tĂ© lucrative, on met fin Ă  cette ponction et le travail est envisagĂ© comme une activitĂ© et non comme un emploi qui enlĂšve le statut de producteur quand on n'en a plus. Dans le salaire Ă  vie, le travail englobe toutes les activitĂ©s humaines comme productrices de valeur d'usage. La cotisation est prĂ©fĂ©rable Ă  l'impĂŽt car celui-ci est ponctionnĂ© sur les revenus une fois distribuĂ©s distribution secondaire tandis que le premier l'est par distribution primaire. L'impĂŽt implique de reconnaĂźtre la propriĂ©tĂ© privĂ©e lucrative. Les cotisations Ă©tant prĂ©levĂ©es sur la valeur ajoutĂ©e, elles ne sont pas une dĂ©pense, idĂ©e vĂ©hiculĂ©e par les mĂ©dias dominants, mais une redistribution, d'autant plus si l'on reconnaĂźt la valeur d'usage et la production non marchande dans la valeur Ă©conomique. La propriĂ©tĂ© lucrative ayant disparue, les travailleurs deviennent propriĂ©taires de leurs moyens de production. RĂ©seau salariat est une association d'Ă©ducation populaire visant l'institution d'un statut politique du producteur, donnant droit Ă  un salaire Ă  vie attachĂ© Ă  la qualification personnelle qui donne donc un salaire diffĂ©rent. Suite Ă  cette intervention, le dĂ©bat Ă©tait lancĂ© avec la salle. Une question a Ă©tĂ© posĂ©e sur la position des gouvernements concernant ces sujets. En Suisse, une votation a eu lieu le 5 juin pour inscrire ou non le revenu inconditionnel et universel dans la Constitution et instaurer ensuite une loi mais elle a rejetĂ© le projet. En France, le Premier ministre, aprĂšs avoir parlĂ© de revenu de base ciblĂ©, a Ă©voquĂ© un revenu universel. Le MFRB a quelques dĂ©fenseurs parmi les dĂ©putĂ©s de gauche comme de droite qui ont fait des propositions de loi ou amendements mais pour l'instant sans suite. On peut citer FrĂ©dĂ©ric Lefebvre des RĂ©publicains, Delphine Batho, Isabelle Attard, proche de JosĂ© BovĂ©. La stratĂ©gie du MFRB se situe aussi Ă  l'Ă©chelle rĂ©gionale et locale. EELV a lancĂ© une Ă©tude de faisabilitĂ© pour automatiser le RSA sans que l'usager n'ait de dĂ©marches Ă  faire. C'est un premier pas vers l'instauration de ce revenu. Logo du Mouvement Français pour le Revenu de Base Un bibliothĂ©caire fonctionnaire a tĂ©moignĂ© de sa situation ayant vu sa bibliothĂšque fermĂ©e, et privĂ© de tĂąche, il est devenu malade de ne pas travailler. Il constatait qu'il Ă©tait plus actif en arrĂȘt maladie qu'au travail. A l'inverse, une travailleuse sociale a dĂ©clarĂ© ĂȘtre "en suractivitĂ©" et s'est dit intĂ©ressĂ©e par ce revenu qui lui permettrait d'envisager son travail diffĂ©remment, notamment en l'orientant vers un accompagnement plus humain, moins axĂ© sur l'Ă©valuation des situations de personnes susceptibles de rentrer ou non dans des dispositifs. Une fois le revenu de base acquis, on en ferait que l'on voudrait car il serait neutre non assorti d'obligations. Une autre membre du public se prĂ©sentant comme "en marge du marchĂ© de l'emploi" a insistĂ© sur l'importance de ce revenu qui permettait de favoriser le dĂ©veloppement personnel, dont Ă©taient soucieux un nombre croissant d'individus, a constatĂ© Erwan Dubarry Baete. Le dĂ©bat a ensuite portĂ© sur le salaire Ă  vie diffĂ©rent en fonction du grade, sachant que le 1er grade commencerait Ă  1500 euros. L'idĂ©e dĂ©veloppĂ©e par Bernard Friot lui aurait Ă©tĂ© inspirĂ©e par sa propre situation de fonctionnaire universitaire. Bernard Friot Nadja Martinez a expliquĂ© que l'Ă©volution de ces grades et les rĂ©munĂ©rations affĂ©rentes seraient dĂ©cidĂ©es dĂ©mocratiquement. Une personne a considĂ©rĂ© que le revenu de base laissait la possibilitĂ© de prendre un travail ou pas et permettait de renouer avec une certaine libertĂ© telle qu'elle existait dans les annĂ©es 70, Ă©voquĂ©e par une autre personne. Arthur Mignon est revenu sur les deux modes de financement du revenu de base les prĂ©lĂšvements obligatoires comme les impĂŽts et la rĂ©forme de la crĂ©ation monĂ©taire qui ne serait plus le privilĂšge des banques formant actuellement une sorte d'"Etat financier". La crĂ©ation de la monnaie se ferait en dividende universel. L'Association pour l'Ă©conomie distributive plaidait dans ce sens. Erwan Dubarry Baete, se voulant rassembleur sur les deux propositions du salaire Ă  vie et du revenu de base en montrant qu'elles permettaient toutes les deux de pouvoir subvenir Ă  ses besoins, s'est demandĂ©, malgrĂ© tout, si le revenu de base n'Ă©tait pas la roue de secours du capitalisme. En effet, pour le Medef, le revenu de base permettrait de diminuer le salaire minimum. Par ailleurs, croire que l'on retrouverait le plein-emploi Ă©tait une hĂ©rĂ©sie. Les questions de l'activitĂ© et de l'emploi ont Ă©tĂ© ensuite distinguĂ©es, la situation de chĂŽmage n'empĂȘchant pas d'ĂȘtre actif dans la sociĂ©tĂ©, par exemple. Une personne a ainsi dĂ©clarĂ© qu'elle n'avait "pas envie de travailler mais de contribuer". Plusieurs intervenants ont semblĂ© d'accord pour affirmer la nĂ©cessitĂ© de se libĂ©rer du capitalisme, de sortir de l'esclavage. Un homme s'est toutefois montrĂ© pessimiste en faisant allusion Ă  la loi El Khomry qui risquait de dĂ©truire la sĂ©curitĂ© au travail et ne voyait pas comment le revenu de base pourrait advenir dans la sociĂ©tĂ© telle qu'elle fonctionnait. Puis, le dĂ©bat s'est rĂ©orientĂ© sur la question de la monnaie qui aurait pu faire l'objet d'une soirĂ©e entiĂšre de discussions. Elle Ă©tait Ă©minemment politique, supposait une refonte de la sociĂ©tĂ©. Pour Arthur Mignon, instaurer la gratuitĂ© de l'argent Ă©tait une maniĂšre de saper les bases culturelles de la sociĂ©tĂ© et de dĂ©truire le clivage entre les sans-emplois et ceux qui y avaient accĂšs. La remise en cause du capitalisme Ă©tait plus longue. Une jeune femme impliquĂ©e dans une association oĂč se cĂŽtoyaient salariĂ©s et bĂ©nĂ©voles a montrĂ© combien, au regard des missions de cette structure, ce qui importait Ă©tait la conviction de chacun, pas le statut. Le revenu de base permettrait d'ĂȘtre libĂ©rĂ© de ce rapport au salariat et de se concentrer sur le sens du travail lui-mĂȘme. Arthur Mignon a conclu la soirĂ©e par quelques citations Ă  mĂ©diter et Nadja Martinez a rappelĂ© le souci du Quai d'oeuvrer Ă  l'Ă©ducation populaire et d'accĂ©der gratuitement Ă  la culture. Cette soirĂ©e-dĂ©bat en Ă©tait un exemple. Texte et photos sauf copyright contraire Laura Sansot
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Lartiste d’aujourd’hui ne peut plus vivre en marge de son temps et de la sociĂ©tĂ©. Par expĂ©rience, l’artiste peintre ne peut pas vivre uniquement au travers d’une seule galerie ou d’un site web sans trafic. Il faut s’investir socialement, entretenir des relations publiques. La communication doit dĂ©boucher sur des vernissages
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Accueil Revues Espaces et sociĂ©tĂ©s NumĂ©ro 2017/4 n° 171 Zone l’espace d’une vie... Éditorial Zone l’espace d’une vie en marge Suivre cet auteur JĂ©rĂŽme Beauchez, Suivre cet auteur Florence Bouillon, Suivre cet auteur Djemila Zeneidi Dans Espaces et sociĂ©tĂ©s 2017/4 n° 171, pages 7 Ă  18 Suivant ArticlePlanBibliographieAuteursCitĂ© parfile_downloadTĂ©lĂ©charger Article MĂȘme si on dort dans la rue, on n’est pas des loques. On est des chĂŽmeurs, des zonards, des mancheurs, mais on n’est pas des clochards. » Propos anonymes, recueillis dans la rue par Lionelle Reynes 1985, p. 38 1 Alors que le quotidien des jeunes de banlieue » ou des bandes ethniques » focalise depuis plusieurs dĂ©cennies l’attention des sociologues, l’autre visage des jeunesses relĂ©guĂ©es que prĂ©sentent les zonards » reste quant Ă  lui quasi invisible du point de vue des sciences sociales europĂ©ennes. Rares sont en effet les Ă©tudes de ces nomades du vide » Chobeaux, 2004 que seraient ces jeunes de la rue, que l’on dit aussi en errance » Laberge et Roy, 1996 ; Pattegay, 2001 ; Parazelli, 2002. Population sans domicile aux allures bigarrĂ©es, souvent accompagnĂ©e de ses chiens, ils apparaissent surtout dans le rĂŽle du mancheur rĂ©clamant la piĂšce sur le pavĂ© des centres-ville ou au seuil des supermarchĂ©s. À la fois terme vernaculaire et concept proche de l’expĂ©rience, le mot zonard est celui que la plupart choisissent pour se dĂ©signer Pimor, 2014. La zone Ă©voque alors un mode de vie supposant de tracer sa route dans les marges de la sociĂ©tĂ© de consommation Angeras, 2012, d’oĂč les appellations de traceurs ou de routards Ă©galement employĂ©es par certains. 2 L’étymologie du terme renvoie Ă  la zone non aedificandi non constructible qui s’étendait au-delĂ  des fortifications de Paris. AprĂšs la guerre de 1870, la destination exclusivement militaire de cet espace a Ă©tĂ© peu Ă  peu abandonnĂ©e pour cĂ©der la place Ă  l’installation de baraquements, de roulottes et de taudis qui ont regroupĂ© les travailleurs pauvres, les chiffonniers, les vagabonds, les mendiants et autres reprĂ©sentants des classes dangereuses » dont Louis Chevalier a rĂ©alisĂ© une cĂ©lĂšbre historiographie Chevalier, 2002. Aux marges de Paris, les zoniers » incarnent alors la figure du paria urbain qui inquiĂšte ou menace la sociĂ©tĂ© bourgeoise. PhotographiĂ©s par EugĂšne Atget [1] 1913 et filmĂ©s par Georges Lacombe 1928, ils apparaissent comme mis au ban d’une sociĂ©tĂ© industrielle qui les a frappĂ©s d’infamie. 3 Les zonards d’aujourd’hui composent une nouvelle strate de l’archĂ©ologie des marges urbaines. RĂ©cente, elle trouve ses racines syncrĂ©tiques loin des anciennes fortifications de Paris, dans l’entremĂȘlement des subcultures punk et traveller nĂ©es outre-Manche au cours des dĂ©cennies 1970 et 1980. Tandis que la zone d’hier correspondait Ă  un territoire bien dĂ©limitĂ©, celle d’aujourd’hui se matĂ©rialise dans les dĂ©placements de groupes qui Ă©voluent principalement dans les intervalles des villes. Si les zonards contemporains ne sauraient par consĂ©quent ĂȘtre vus comme leurs descendants directs, ils partagent nĂ©anmoins avec les zoniers d’autrefois certaines propriĂ©tĂ©s de situation dans l’espace social. Les uns comme les autres restent en effet confinĂ©s Ă  des espaces caractĂ©risĂ©s par la relĂ©gation, Ă  des situations Ă©rigĂ©es en problĂšme social. Ainsi la prĂ©sence et la visibilitĂ© des zonards – particuliĂšrement remarquĂ©es depuis le tournant des annĂ©es 2000 Ă  l’occasion des festivals dĂ©diĂ©s Ă  la musique ou aux arts de rue – sont-elles le plus souvent envisagĂ©es comme relevant d’une problĂ©matique d’encadrement d’une fraction de la jeunesse considĂ©rĂ©e comme dĂ©viante. Ils font l’objet d’une culture du contrĂŽle » Garland, 2001 qui oscille entre mesures de bannissement prises par certaines mairies et tentatives de rĂ©gulation d’une prĂ©sence dont il s’agit de maĂźtriser les potentiels effets pathogĂšnes. Les questions du sans-abrisme et de l’insĂ©curitĂ© ont dĂšs lors Ă©tĂ© posĂ©es, aux cĂŽtĂ©s des problĂšmes de santĂ© publique liĂ©s aux consommations d’alcool et de produits stupĂ©fiants Chobeaux, 2004, p. 41-42 ; Hurtubise et Vat Laaroussi, 2002 ; Van Hout, 2011. 4 Ainsi la vie et le quotidien des zonards apparaissent-ils essentiellement en nĂ©gatif de ce qu’en disent les pouvoirs publics ou les instances de rĂ©gulation sanitaire et sociale Langlois, 2014. Un nĂ©gatif qui, Ă  la maniĂšre d’une image photographique oĂč les contrastes apparaissent comme inversĂ©s, ne donne Ă  voir qu’un reflet d’une rĂ©alitĂ© dont ressortent les dĂ©fauts, comme les manques. Ce numĂ©ro d’Espaces et SociĂ©tĂ©s a pour objet de proposer une autre prise de vue. Celle-ci ouvre sur une double perspective la premiĂšre cible les modalitĂ©s d’intervention, ou de non-intervention, de la puissance publique vis-à‑vis des habitants et des acteurs de la zone. Hier comme aujourd’hui, comment les institutions font-elles face Ă  des populations qui, de maniĂšre subie ou choisie, se situent Ă  la marge des centralitĂ©s urbaines comme des normes sociales communĂ©ment partagĂ©es ? Quels sont les marges de manƓuvre accordĂ©es, les modalitĂ©s de rĂ©pression, les terrains d’entente Ă©ventuels, et comment se traduisent-ils du point de vue de la gestion de ces indĂ©sirables » ? La seconde focale a pour objet de restituer de l’intĂ©rieur les systĂšmes de valeurs qui orientent les actions des zonards. Du point de vue de ses acteurs, que dĂ©signe au juste ce signifiant dont la plasticitĂ© renvoie aux idĂ©es d’un espace indissociablement physique et symbolique ? Autrement dit, qu’il relĂšve de l’auto-attribution ou du stigmate, Ă  quoi correspond exactement le label zonard dans les mondes de la marge et leurs territoires ? Quels en sont les codes et de quelles façons se transmettent-ils ? 5 Pour rĂ©pondre Ă  cette double interrogation, ce dossier se dĂ©cline en trois thĂ©matiques. Les deux premiers articles traitent de la zone parisienne dans une perspective sociohistorique. Les trois articles suivants proposent une description dense » Geertz, 2003 des modes de vie zonards aujourd’hui, en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Ces modes de vie valorisent une forme d’entre-soi tentĂ© par le dĂ©tachement vis-à‑vis de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Enfin, parce que la zone ne constitue jamais un espace totalement Ă  part, l’ensemble se clĂŽt par une analyse du recours aux dispositifs de l’infra-assistance, incluant la maniĂšre dont ce recours s’inscrit dans la construction d’une identitĂ© zonarde revendiquĂ©e. 6 En finalitĂ©, l’objet de ce dossier rĂ©side dans les diffĂ©rentes façons de produire ces formes mouvantes de marginalitĂ©, dont les frontiĂšres indĂ©cises fluctuent entre conceptions Ă©miques la perspective des zonards et visions Ă©tiques celles de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e et des pouvoirs publics. PlutĂŽt que de rĂ©duire le flou dont la notion de zone est empreinte, nous avons donc considĂ©rĂ© son caractĂšre labile comme le principal levier d’une approche qui articule espace et histoire ou diachronie et synchronie des usages et des modes de gestion d’une territorialitĂ© marginale. Une sociohistoire de la zone, espace de relĂ©gation7 La premiĂšre partie de notre dossier dĂ©taille le passage de la figure du zonier Ă  celle du zonard, et donc la progressive modification des territoires de la zone. Cette enquĂȘte est ouverte par Anne Granier, laquelle concentre ses efforts sur la pĂ©riode de l’entre-deux-guerres et la microhistoire d’un segment de la zone parisienne situĂ© Ă  Boulogne-sur-Seine. L’auteure s’est consacrĂ©e Ă  retracer la gĂ©nĂ©alogie du peuplement comme des conflits qui ont animĂ© cet espace, marquĂ© par l’la intolĂ©rance des pouvoirs publics Ă  l’égard de ses occupants. En effet, si les pouvoir publics tolĂ©raient l’existence de la zone faute de mieux, par nĂ©cessitĂ© de loger les plus pauvres d’entre les ouvriers qui ne pouvaient s’acquitter des loyers de Paris intra-muros, ils n’avaient pourtant de cesse de vouloir Ă©liminer le problĂšme social qu’ils constituaient Ă  leurs yeux. La tolĂ©rance cĂ©dait alors le pas Ă  l’intolĂ©rance pour des zoniers constamment en porte-Ă -faux vis-à‑vis de la loi. Or, les gens sans aveu » n’ont pas tĂ©moignĂ© seuls subsistent les propos tenus par ceux – dĂ©cideurs politiques, reprĂ©sentants de la loi et, plus rarement, petits propriĂ©taires zoniers – qui Ă©taient en charge de l’administration quotidienne de cette enclave partagĂ©e entre Paris et banlieue, de mĂȘme qu’entre reconnaissance partielle et marginalitĂ©. C’est donc le quotidien de ce territoire ambivalent qu’Anne Granier s’est efforcĂ©e d’exhumer des archives, territoire qui fait moins l’objet d’une rĂ©pression que d’un abandon surveillĂ© oĂč, tout au long des annĂ©es 1920 et 1930, les pauvres sont restĂ©s dans la visĂ©e des pouvoirs publics qui les ont encadrĂ©s mollement, les abandonnant le plus souvent Ă  leur sort, dans l’attente de trouver une hypothĂ©tique solution Ă  leur indigence. 8 Élargissant la focale historique portĂ©e sur la zone de Paris, James Cannon interroge pour sa part la dĂ©clinaison historique des labels de dangerositĂ© et d’infamie que la zone a charriĂ©s tout au long du xxe siĂšcle. De la Belle Époque aux annĂ©es 1970, en passant par l’entre-deux-guerres, l’auteur puise dans diverses sources, dont celles de la littĂ©rature et de la chanson populaire, pour montrer comment les gĂ©nĂ©rations successives de zoniers et de zonards ont incarnĂ© diffĂ©rentes versions des classes dangereuses » Ă©voluant aux marges de Paris. Tour Ă  tour perçus comme des rĂ©volutionnaires en puissance, des agents de l’étranger et des hommes dĂ©pravĂ©s voire les trois Ă  la fois, les zoniers ont constituĂ© une figure marginale et le plus souvent criminalisĂ©e ; cette criminalisation a suivi diverses inspirations, selon les analystes et leurs sensibilitĂ©s idĂ©ologiques ou religieuses. C’est ainsi que la zone et ses habitants apparaissent comme d’efficaces rĂ©vĂ©lateurs de la maniĂšre dont la sociĂ©tĂ© française a construit ses figures de l’altĂ©ritĂ© tout au long du premier xxe siĂšcle. Mais quid des Trente Glorieuses au cours desquelles la zone est effacĂ©e par les travaux du pĂ©riphĂ©rique urbain, disparaissant ainsi en tant qu’espace annulaire qui constituait une ceinture de misĂšre autour de Paris ? Avec l’émergence de la figure moderne du zonard au dĂ©tour de la dĂ©cennie 1970, James Cannon montre que la zone dĂ©mantelĂ©e en tant qu’espace physique se reconstitue comme style de vie marginal ; un style de vie dont les habitudes et les usages de la ville entrent le plus souvent en contradiction avec les rĂšgles, voire les lois en vigueur dans la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. La zone, territoire de rĂ©sistances ?9 Le texte de James Cannon, qui se termine par cette Ă©vocation des zonards de la dĂ©cennie 1970, fait ainsi la jonction avec la suite du dossier. En retraçant l’ethnobiographie de Gavroche, JĂ©rĂŽme Beauchez engage en effet un dialogue avec un zonard des annĂ©es 1990 et 2000, dealer de drogues et voyou auto-proclamĂ©, sur le fond d’une anthropologie collaborative [2]. Tandis que le rĂ©cit de cette expĂ©rience de la zone Ă©nonce son code du deal et de la rue, le chercheur interroge les significations d’une telle conduite de vie dont il souligne moins la rĂ©sistance qu’une certaine conformitĂ© avec les principes les plus communs du commerce lĂ©gal et de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Gavroche dĂ©crit en effet les savoir-faire, comme le savoir-survivre » Zeneidi-Henry, 2002 et les rĂšgles qui prĂ©sident Ă  son mĂ©tier de dealer ; un mĂ©tier dont l’exercice est articulĂ© aux espaces de la zone dans lesquels il fait figure de patron d’une petite entreprise criminelle centrĂ©e sur la maximisation du profit. Les moyens sont ceux des techniques de vente et de management oĂč la violence se justifie par les nĂ©cessitĂ©s d’un marchĂ© dont les Ă©changes – petits ou grands – alimentent un vĂ©ritable capitalisme de la rue. En pĂ©nĂ©trant de plain-pied cette zone partagĂ©e entre les commerces interlopes les plus cachĂ©s et les principes marchands les plus avouĂ©s, l’article offre une perspective incarnĂ©e sur une maniĂšre de vivre et de constituer un territoire dont la marginalitĂ© ne signifie aucunement l’opposition radicale ou l’absence de contact avec la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. 10 Une Ă©chelle et un mode de description similaires ont Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©s par Marcelo Frediani, dont l’enquĂȘte ethnographique conduite pendant la premiĂšre moitiĂ© des annĂ©es 1990 aux cĂŽtĂ©s des New Travellers en Grande-Bretagne Frediani, 2009 permet d’éclairer la gĂ©nĂ©alogie et le mode de vie de groupes qui ont fortement influencĂ© les gĂ©nĂ©rations actuelles de zonards français [3]. L’auteur dresse un portrait de celles et ceux dont il a partagĂ© la vie quotidienne en camion, sur les routes et dans des campements aussi sauvages qu’éphĂ©mĂšres ; une vie que l’auteur dĂ©crit comme adossĂ©e Ă  une culture alternative inspirĂ©e d’un syncrĂ©tisme d’influences marginales qui vont du mouvement hippie Ă  l’anarcho-punk, en passant par les spiritualitĂ©s new age, la musique Ă©lectronique et les free parties [4]. Tout l’enjeu du texte de Marcelo Frediani consiste dĂšs lors Ă  rassembler ces faisceaux d’influences et d’expĂ©riences autour de la question du besoin radical » d’espace qui aurait conduit les Travellers Ă  prendre la route. Que l’on ne s’y trompe pas un tel besoin n’est pas aussi trivial qu’un simple appel de la vie au grand air. S’il est radical, c’est justement parce qu’il rĂ©pond, selon le chercheur, Ă  une nĂ©cessitĂ© créée par les forces d’éviction du capitalisme nĂ©olibĂ©ral qui poussent les plus fragiles vers les marges du salariat et de l’habitat conventionnel. Il s’agit alors aussi bien d’échapper Ă  la spirale de l’enfermement dans les logiques du dĂ©classement que de combler ses besoins vitaux – se nourrir, se loger, nouer des rapports sociaux – et de s’engager dans une forme de radicalisme infrapolitique, ou de contre-culture, capable de constituer une alternative Ă  l’éviction. Cette alternative s’exprime au travers des communautĂ©s de pratique » que forment les Travellers en s’inscrivant dans des rĂ©seaux d’entraide fondĂ©s sur un socle de valeurs communes. Elle constitue Ă©galement une forme de retournement des stigmates qui conduit les Ă©vincĂ©s Ă  faire de leur Ă©viction un principe de libertĂ© ou, Ă  tout le moins, de rĂ©invention d’un espace du quotidien qui semble reprendre ses droits aux marges de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e [5]. 11 Nombre de parallĂšles peuvent ainsi ĂȘtre tracĂ©s avec la zone de Gavroche dĂ©crite par JĂ©rĂŽme Beauchez. Dans les deux cas, l’engagement marginal relĂšve moins d’une opposition que d’une alternative aux fonctionnements socio-Ă©conomiques marquĂ©s par les logiques d’exclusion du capitalisme nĂ©olibĂ©ral. Tandis que Gavroche s’est contentĂ© de les retourner Ă  son avantage dans les territoires oĂč il s’est comportĂ© en patron de sa petite entreprise criminelle, les Travellers rencontrĂ©s par Marcelo Frediani ont pour leur part conçu une critique radicale de ces fonctionnements. Cela Ă©tant, pas plus que Gavroche, ils n’envisagent de fonder un mouvement qui aurait pour objet de promouvoir un changement de sociĂ©tĂ©. De leur point de vue, il s’agirait plutĂŽt d’échapper Ă  sa violence et de prendre le large, entre soi. 12 Un entre-soi que l’anthropologue et photographe Ralf Marsault a Ă©galement documentĂ© depuis sa longue expĂ©rience des Wagenburgen berlinoises. Celles-ci dĂ©signent les rassemblements de caravanes et de camions qui ont commencĂ© Ă  s’établir dans les friches et autres interstices de la ville peu aprĂšs la chute du Mur Ă  la fin de l’annĂ©e 1989 Marsault, 2010. Ouverts illĂ©galement, ces espaces oĂč se sont installĂ©s Travellers, punks et zonards issus de toute l’Europe avec une majoritĂ© de Britanniques et de Français font l’objet d’une certaine tolĂ©rance de la part des pouvoirs publics. De tels campements constituent un excursus europĂ©en Ă  l’histoire des Travellers retracĂ©e par Marcelo Frediani, de mĂȘme qu’une sorte de pendant germanique et fin de siĂšcle le xxe plutĂŽt que le xixe de la zone parisienne. À l’instar de cette derniĂšre, nombre de Wagenburgen se sont en effet Ă©tablies sur une ancienne zone militaire non aedificandi celle du no man’s land qui sĂ©parait l’Est et l’Ouest de Berlin Marsault, 2010, p. 36. Il n’est pas jusqu’à l’appellation de Wagenburg qui ne garde une connotation martiale, puisque le terme a d’abord dĂ©signĂ© une tactique de dĂ©fense consistant Ă  Ă©riger un mur de chariots » Wagen signifiant le vĂ©hicule et Burg l’idĂ©e de place forte pour parer les attaques de l’ennemi sur les champs de bataille. De loin en loin, cette idĂ©e semble perdurer aujourd’hui parmi les Wagenburger. La plupart conçoivent leur mode de vie Ă  la façon d’une rĂ©sistance – certes plus passive qu’agressive – impliquant une stratĂ©gie de repli qui les prĂ©serverait des obligations comme des injonctions Ă  la normalisation. Ralf Marsault se concentre alors sur les constructions qui font la Wagenburg – ses venelles, ses placettes et ses maisons –, et procĂšdent d’un ensemble de matĂ©riaux de rĂ©cupĂ©ration que les Wagenburger dĂ©tournent afin de concevoir une maniĂšre originale d’investir leur territoire et de l’habiter. Ce systĂšme d’objets est conçu par l’auteur comme la projection au sol des reprĂ©sentations qui animent les habitants. Au-delĂ  d’une simple figure du campement, cette hypothĂšse lui permet d’observer la Wagenburg comme une tentative de situationnisme sauvage qui n’est pas sans Ă©voquer une version punk de la Nouvelle Babylone imaginĂ©e par Constant [6]. Tracer les cartes de significations » d’une subculture marginale13 Outre les convergences dĂ©jĂ  relevĂ©es, les trois Ă©tudes prĂ©sentĂ©es au point prĂ©cĂ©dent partagent un mĂȘme intĂ©rĂȘt pour ces territoires qui sont le fait d’individus et de groupes Ă©voluant dans ce que Patrick Brunetaux et Daniel Terrolle Ă©d., 2009 ont appelĂ© l’ arriĂšre-cour de la mondialisation ». Depuis l’enracinement subjectif dans la zone de Gavroche jusqu’aux objets qui peuplent le territoire des Wagenburger en passant par le systĂšme de valeurs des Travellers, cette arriĂšre-cour a Ă©tĂ© investie par des enquĂȘtes qui, sans pour autant sacrifier Ă  une forme de romantisme des marges, ont refusĂ© l’essentialisation misĂ©rabiliste conduisant Ă  enfermer les pauvres dans leur pauvretĂ©, ou Ă  condamner les dĂ©classĂ©s au dĂ©classement. Par la mise en Ă©vidence du tout un savoir-survivre – fĂ»t-il parfois violent comme dans le cas de Gavroche –, il s’est plutĂŽt agi de souligner l’agentivitĂ© alternative [7] dont font preuve celles et ceux qui s’efforcent de construire une Ă©chappatoire et d’inventer leurs territoires en marge de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Pour autant, celle-ci ne disparaĂźt pas d’un quotidien fait d’évitements, mais aussi de frottements plus ou moins rĂąpeux avec des institutions et des lois censĂ©es encadrer celles et ceux qui affichent leur souhait d’y Ă©chapper. 14 Ces frottements sont au cƓur de l’article signĂ© par CĂ©line RothĂ©, laquelle nous ramĂšne en France, pour conclure ce dossier par une rĂ©flexion sur la façon dont les zonards perçoivent et utilisent les dispositifs d’assistance qui leur sont destinĂ©s, en particulier celui d’un accueil de jour dit Ă  bas seuil d’exigence. Ce lieu est pris dans une nĂ©gociation permanente entre logiques zonardes et relatif effacement des travailleurs sociaux, qui maintiennent toutefois la prĂ©sence discrĂšte d’un cadre assorti de ses rĂšgles. Rien du style de vie des zonards n’est forclos de ce lieu les chiens y ont droit de citĂ© mais en nombre limitĂ©, tout comme les substitutifs aux opiacĂ©s dont la consommation addictive – comme celle d’autres substances – concerne un nombre consĂ©quent de celles et ceux qui disent avoir choisi la rue. L’idĂ©e d’un tel choix, comme ses mises en rĂ©cit, fournissent Ă  la chercheuse un matĂ©riau Ă  partir duquel sont interrogĂ©es des conceptions de la mobilitĂ© et du territoire qui voudraient renverser la situation de relative assistance dans laquelle la sociologue trouve ses enquĂȘtĂ©s. À ce titre, les lieux de l’urgence sociale ne sont pas de simples pourvoyeurs de services de premiĂšre nĂ©cessitĂ© ; ils apparaissent avant tout comme des lieux de socialisation zonarde et de requalification symbolique pour les reprĂ©sentants de ces groupes par ailleurs largement disqualifiĂ©s. 15 La recherche sur la zone et ses expĂ©riences n’en est encore qu’à ses balbutiements. Cette livraison d’Espaces et SociĂ©tĂ©s propose une premiĂšre articulation d’enquĂȘtes Ă  partir desquelles sont retracĂ©es quelques-unes des cartes de significations » qu’utilisent les zonards pour s’orienter dans leurs mondes [8]. Situer de tels rĂ©seaux de signifiance dans l’histoire et les espaces de la zone nous a conduits Ă  apprĂ©hender les diffĂ©rentes façons dont ses acteurs donnent du sens Ă  leurs conduites comme aux styles de vie qu’ils ont privilĂ©giĂ©s ; pratiques fondĂ©es dans une certaine promotion de la solidaritĂ©, mais qui se paye parfois au prix fort de la rue, dont les duretĂ©s n’épargnent pas ceux qui disent l’avoir choisie et l’aimer. 16 Si les anthropo-logiques zonardes sont des visions du monde et des solutions pour le vivre, leur comprĂ©hension de l’intĂ©rieur constitue dans le mĂȘme temps une condition sine qua non pour Ă©tablir une base de dialogue capable de faire socle Ă  une vĂ©ritable rencontre entre le monde des institutions et celui des zonards, lequel ne saurait ĂȘtre rĂ©duit Ă  un espace oĂč rĂ©gnerait l’anomie. Tandis que les communitas qu’ils forment apparaissent au premier regard comme des contre-structures » dont les dĂ©rĂšglements se heurtent aux principes organisateurs de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e Turner, 1990, les enquĂȘtes prĂ©sentĂ©es ici laissent apparaĂźtre les multiples points de jonction qui nous rapprochent d’eux. Voici sans doute l’une des questions fondatrices des sciences sociales Ă  laquelle nous confronte l’étude de la zone. Car il en va ici comme de toute production d’altĂ©ritĂ©, qui soit maximise la dissemblance pour la cĂ©lĂ©brer ou la condamner, soit insiste sur la ressemblance afin d’annihiler les diffĂ©rences. PlutĂŽt que de la refermer, ce dossier ambitionne de rĂ©vĂ©ler une nouvelle facette de cette question, qu’il ne faut assurĂ©ment pas cesser d’ouvrir. Notes [1] Atget EugĂšne, 1913, Zoniers, sĂ©rie de photographies rĂ©alisĂ©es Ă  Paris entre 1899 et 1913, archivage sur le site internet de la BibliothĂšque nationale de France, [url consultĂ© le 14 avril 2017. [2] Beauchez a exposĂ© ailleurs la vision comme les dĂ©terminants biographiques de son enquĂȘte Beauchez, 2017. Tout comme Tristana Pimor a rĂ©flĂ©chi dans les colonnes d’Espaces et SociĂ©tĂ©s Ă  ces formes de symĂ©trie dans l’investigation qu’elle a coconstruite avec un groupe de zonards Pimor, 2016. [3] Sur le mĂȘme sujet, voir Ă©galement l’ouvrage pionnier de Kevin Hetherington 2000 ou les photographies publiĂ©es par Traveller Dave Fawcett, qui a mis en images sa communautĂ© nomade et leurs façons d’habiter en perpĂ©tuel voyage Fawcett, 2012. [4] Il s’agit de fĂȘtes techno tenues en plein air, le plus souvent sans autorisation et, donc, sur des terrains ou des champs squattĂ©s pour l’occasion. [5] Cette importance de la rĂ©appropriation d’un territoire en tant qu’ancrage d’une identitĂ© positive – et non plus seulement dĂ©finie par la nĂ©gativitĂ© du dĂ©faut ou du manque – a Ă©tĂ© soulignĂ©e par Emmanuel Renault et Djemila Zeneidi Ă  partir de l’enquĂȘte que celle-ci a menĂ©e pendant plusieurs annĂ©es dans une friche industrielle transformĂ©e en scĂšne artistique anarcho-punk Renault et Zeneidi-Henry, 2008. [6] New Babylon est une utopie architecturale pensĂ©e par Constant Nieuwenhuys, un artiste nĂ©erlandais fondateur du mouvement Cobra et compagnon de route de l’Internationale situationniste. L’idĂ©e fondatrice de la Nouvelle Babylone – Ă  laquelle Constant a travaillĂ© de 1956 Ă  1974, influençant toute une gĂ©nĂ©ration d’architectes et d’urbanistes – est que les relations sociales doivent ĂȘtre au principe de l’édification spatiale d’une ville nomade, entiĂšrement montĂ©e sur pilotis et dont les configurations sont conçues comme perpĂ©tuellement mouvantes les bĂątiments sont modulables au grĂ© des situations que crĂ©ent les habitants Ă  propos de l’Ɠuvre de Constant, voir Zegher et Wigley Ă©d., 2001. [7] Ou de documenter les compĂ©tences prĂ©caires », qui dĂ©signent les multiples savoir-faire et savoir-ĂȘtre, inĂ©galement protecteurs, acquis au cours de l’expĂ©rience de la prĂ©caritĂ© par les acteurs sociaux disposant de faibles ressources Ă©conomiques, sociales et symboliques Bouillon, 2009, p. 203-213. [8] Au sens oĂč Stuart Hall et Tony Jefferson ont Ă©crit que les cartes de signification » maps of meaning consistent dans les aspects d’une subculture Ă  partir desquels ses membres dessinent l’intelligibilitĂ© de leur environnement quotidien Hall et Jefferson Ă©d., 2006, p. 4. Une sociohistoire de la zone, espace de relĂ©gationLa zone, territoire de rĂ©sistances ?Tracer les cartes de significations » d’une subculture marginale RĂ©fĂ©rences bibliographiquesAngeras AnaĂŻs, 2012, Du nomadisme contemporain en France. Avec les saisonniers agricoles en camion, ouvrage ligneBeauchez JĂ©rĂŽme, 2017, L’ethnographe dans le sous-terrain fragments biographiques », Anthropologica, vol. 59, no 1, p. 101-113. En ligneBouillon Florence, 2009, Les mondes du squat. Anthropologie d’un habitat prĂ©caire, Paris, Presses universitaires de Patrick et Terrolle Daniel Ă©d., 2010, L’arriĂšre-cour de la mondialisation. Ethnographie des paupĂ©risĂ©s, Brignais, Les Éditions du Louis, 2002 [1958], Classes laborieuses et classes dangereuses Ă  Paris pendant la premiĂšre moitiĂ© du xixe siĂšcle, Paris, François, 2004 [1996], Les nomades du vide. Des jeunes en errance, de squats en festivals, de gares en lieux d’accueil, Paris, La Traveller Dave, 2012, Traveller Homes, Stroud, Amberley Marcelo, 2009, Sur les routes. Le phĂ©nomĂšne des New Travellers, Paris, Éditions ligneGarland David, 2001, The Culture of Control. Crime and Social Order in Contemporary Society, Chicago, University of Chicago Clifford, 2003 [1973], La description dense. Vers une thĂ©orie interprĂ©tative de la culture », L’EnquĂȘte de terrain, D. CefaĂŻ Ă©d., Paris, La DĂ©couverte, p. Stuart et Jefferson Tony Ă©d., 2006 [1976], Resistance through Rituals. Youth Subcultures in Post-War Britain, Londres-New York, Kevin, 2000, New Age Travellers. Vanloads of Uproarious Humanity, Londres-New York, Cassell. En ligneHurtubise Roch et Vatz Laaroussi MichĂšle, 2002, RĂ©seaux, stratĂ©gies et compĂ©tences pour une analyse des dynamiques sociales Ă  l’Ɠuvre chez les jeunes de la rue », L’homme et la sociĂ©tĂ©, no 143-144, p. ligneLaberge Danielle et Roy Shirley Ă©d., 1996, dossier Jeunes en difficultĂ© de l’exclusion vers l’itinĂ©rance », Cahiers de recherche sociologique, no Georges, 1928, La Zone. Au pays des chiffonniers, court mĂ©trage muet, 28’, Paris, Les Films Charles Dullin. En ligneLanglois Emmanuel, 2014, De l’inconvĂ©nient de n’ĂȘtre le problĂšme de personne cĂ©citĂ© institutionnelle et vulnĂ©rabilitĂ© sociale des jeunes en errance », PensĂ©e plurielle, no 35, p. Ralf, 2010, RĂ©sistance Ă  l’effacement. Nature de l’espace et temporalitĂ© de la prĂ©sence sur les Wagenburgs de Berlin entre 1990 et 1996, Dijon, Les Presses du Michel, 2002, La rue attractive. Parcours et pratiques identitaires des jeunes de la rue, Sainte Foy, Presses de l’universitĂ© du QuĂ©bec. 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Et pour ce come-back si attendu, le festival pourtant dĂ©criĂ© pour les liens Ă©troits qu'entretient son propriĂ©taire Phil Anschutz avec des associations LGBTphobes et anti-IVG a mis les petits plats dans les grands avec une programmation renversante. Harry Styles accompagnĂ© de Shania Twain, The Weeknd, Willow Smith, Doja Cat... Une pluie de stars sur scĂšne mais Ă©galement sur la pelouse d'Indio. En effet, les peoples du monde entier se sont donnĂ©s rendez-vous pour montrer leur plus beaux looks. Mais si le fameux style "Coachella" Ă©tait au top au dĂ©but des annĂ©es 2010, on ne peut s'empĂȘcher de constater que le manque d'originalitĂ© est flagrant pour cette Ă©dition revival. Ce vestiaire semble dĂ©passĂ©, voire ringard, et tout le monde s'en est rendu compte mais personne n'a trouvĂ© vraiment d'alternative... A part nos ambassadrices françaises. Cocorico, on a pu compter sur Lena Mahfouf et Iris Mittenaere pour relever le niveau cĂŽtĂ© fashion. En effet, la premiĂšre a misĂ© sur une tenue entiĂšrement upcyclĂ©e Chanel quand la seconde a optĂ© pour plusieurs tenues dont la fameuse robe en mĂ©tal Paco Rabanne. La french touch, mĂȘme Ă  des milliers de kilomĂštres. Icivous trouvez la solution exacte Ă  Mode De Vie Des Artistes En Marge De La SociĂ©tĂ© pour continuer dans le paquet CodyCross Saisons Groupe 76 Grille 4. Solution pour Mode De Vie Des Artistes En Marge De La SociĂ©tĂ© BOHEME PrĂ©cĂ©dent Suivant Solutions du mĂȘme Grille GĂąteau MarbrĂ© ; Plaine Des RĂ©gions Tropicales Petit Tambour Africain La rĂ©sistance aux rĂšgles acadĂ©miques de l’AcadĂ©mie des beaux-arts 1 G. Monnier, L’Art et ses institutions en France, De la rĂ©volution Ă  nos jours, p. 61. 1Les artistes de la fin du xixe siĂšcle les plus avancĂ©s, prĂ©curseurs d’un art qui s’interroge sur lui-mĂȘme, sur sa nature, son rĂŽle et sa destination, sont liĂ©s au concept de modernitĂ© qui Ă©merge, dĂšs 1850, pour dĂ©signer les grands changements survenus aprĂšs les rĂ©volutions technique et industrielle. La modernitĂ© est alors perçue, par les thĂ©oriciens d’une avant-garde balbutiante, comme la manifestation d’un mode de pensĂ©e, de vie et de crĂ©ation, basĂ© sur le changement, et non plus sur les traditions anciennes d’une institution. L’AcadĂ©mie des beaux-arts, membre de l’Institut de France, créée le 21 mars 1816, entend, en effet, perpĂ©tuer les principes esthĂ©tiques des AcadĂ©mies royales de peinture et de sculpture fondĂ©es Ă  Paris en 1648. Sous son Ă©gide, les Ă©coles d’art dispensent aux Ă©lĂšves une formation scientifique gĂ©omĂ©trie, anatomie et perspective et humaine histoire et philosophie, et leur enseignent les techniques et les savoir-faire nĂ©cessaires Ă  l’élaboration d’une Ɠuvre. Elles transmettent les diktats d’une culture classique, attachĂ©e Ă  la recherche de l’idĂ©al du beau et de l’essence Ă©ternelle des choses, que les artistes suivent pour produire l’art des salons officiels, obtenir des commandes publiques, et s’attirer les faveurs d’une clientĂšle fortunĂ©e1. 2En 1863, toutefois, un vent de rĂ©volte souffle chez les artistes parisiens, car le jury du Salon de peinture et de sculpture, dĂ©signĂ© par les membres de l’AcadĂ©mie, refuse plus de 3 000 Ɠuvres sur les 5 000 envoyĂ©es Ă  l’institution. Les postulants exclus, dont Antoine Chintreuil 1814-1873 ou Édouard Manet 1832-1883, critiquent vigoureusement l’intransigeance des membres du jury du Salon et rĂ©clament un lieu d’exposition pour montrer leurs Ɠuvres au public parisien. InformĂ© du conflit, l’Empereur NapolĂ©on III dĂ©cide de financer une exposition des RefusĂ©s », qui doit se tenir au Palais de l’Industrie Ă  Paris. Cet Ă©vĂšnement obtient un certain succĂšs, malgrĂ© la polĂ©mique nĂ©e de la prĂ©sentation d’un tableau provocateur, Le DĂ©jeuner sur l’herbe de Manet, qui met sur le devant de la scĂšne la question de l’émancipation des peintres. 3De ce fait, trop conscients des limites qui leur sont imposĂ©es, nombre d’artistes dĂ©cident de se former dans des ateliers privĂ©s, dont l’enseignement est moins conventionnel que celui des Beaux-Arts, dans le but d’affirmer leur talent. C’est le cas du jeune Paul CĂ©zanne, qui a Ă©chouĂ© au concours d’entrĂ©e de l’École des beaux-arts de Paris, en 1861, en raison d’un tempĂ©rament coloriste jugĂ© excessif, et qui va suivre les cours de l’AcadĂ©mie de Charles Suisse, en 1862, oĂč il rencontre Alfred Sisley 1839-1899, Camille Pissarro 1830-1903, Claude Monet 1840-1926 et Auguste Renoir 1841-1919. Ces derniers refusent les rĂšgles acadĂ©miques et veulent baser les principes de leur crĂ©ation sur leur sensibilitĂ©, s’emparer de sujets dĂ©clarĂ©s jusqu’alors triviaux. Enfin, ils s’intĂ©ressent Ă  la nature d’une façon plus libre que leurs aĂźnĂ©s, cherchant Ă  transcrire les variations de la lumiĂšre, la fluiditĂ© des formes, pour animer leurs tableaux, suivant les postulats des peintres installĂ©s Ă  Barbizon, Ă  partir de 1850. Paul CĂ©zanne 1839-1906, face Ă  la Sainte-Victoire, contre l’art des bourgeois 4Pour donner plus de force Ă  son travail, CĂ©zanne Ă©carte les teintes sombres et les nuances trop lisses, façonne un modelĂ© qui lui est propre, constituĂ© de touches divisĂ©es, susceptibles de traduire la richesse de sa perception, comme de rĂ©vĂ©ler les aspects les plus secrets de la nature. Une peinture jaillie de l’intĂ©rieur, stimulante, celle des tripes », totalement dĂ©savouĂ©e par l’AcadĂ©mie des beaux-arts, voit ainsi le jour. Paul CĂ©zanne cherche, Ă  tĂątons, un art solide, Ă©quilibrĂ©, structurĂ©, porteurs de valeurs stables, universelles. Des annĂ©es s’écoulent avant que le style cĂ©zanien ne s’affirme. Certes, l’artiste a toujours recours aux lois plastiques qui sous-tendent toute Ɠuvre d’art, comme la loi de contraste des formes et des couleurs, la loi de composition et de reprĂ©sentation du sujet, mais il veut les utiliser autrement pour dĂ©couvrir la vraie nature de la peinture et lui confĂ©rer une structure durable. CĂ©zanne cĂŽtoie Pissarro et Armand Guillaumin 1841-1927 et participe, le 27 dĂ©cembre 1873, Ă  la fondation de la SociĂ©tĂ© anonyme coopĂ©rative des artistes-peintres avec Edgar Degas 1834-1917, Monet et Renoir. Lors de la premiĂšre exposition impressionniste de 1874, chez le photographe Nadar 1829-1910, le public rĂ©serve un accueil peu encourageant, voire scandalisĂ©, aux toiles de CĂ©zanne qui, dĂšs lors, dĂ©serte de plus en plus souvent la capitale. 5À partir de 1876, il se rĂ©fugie dans le Midi, et sĂ©journe Ă  L’Estaque, petit port environnĂ© d’une nature encore prĂ©servĂ©e, oĂč il peint des tableaux pour son ami Victor Chocquet 1821-1891. Ainsi, la plupart des Ɠuvres qui sont montrĂ©es Ă  la troisiĂšme manifestation du groupe impressionniste, en 1877, ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es Ă  L’Estaque. Le public est toujours hostile Ă  l’art de CĂ©zanne, jugĂ© malhabile, brutal, mais l’artiste s’obstine dans ses recherches. À Paris, il peint un portrait, qui, plus tard, sera considĂ©rĂ© comme l’un de ses chefs-d’Ɠuvre, Madame CĂ©zanne Ă  la robe bleue, qui dĂ©tonne par une gamme de tons bleus trĂšs poussĂ©e, mais aussi par une dĂ©clinaison de verts remarquables. CĂ©zanne se voit comme l’artisan d’un art nouveau qui rejette toute convention bourgeoise, toute concession aux effets » Ă  la mode, et c’est dans une tenue d’ouvrier, cotte bleue et veste de toile blanche couverte de taches de peinture, qu’il travaille. En 1881 et 1882, l’artiste s’installe avec sa famille, Ă  Pontoise, prĂšs de Pissarro, avec lequel il dĂ©couvre les nouvelles thĂ©ories de la couleur, celles du chimiste français EugĂšne-Michel Chevreul 1786-1889 et du physicien amĂ©ricain Ogden Rood 1831-1902, qui nourrissent sa rĂ©flexion. Cette mĂȘme annĂ©e, il est admis au Salon, se dĂ©clarant l’élĂšve d’Antoine Guillemet 1841-1918 de l’école de Barbizon, mais il poursuit sa quĂȘte, de plus en plus solitaire. Il peint, dĂ©sormais, en appliquant des touches juxtaposĂ©es, et accentue la technique du clair-obscur pour obtenir des effets descriptifs forts sur ses toiles. Les paysages sont construits par plans successifs, suivant une perspective aĂ©rienne, dĂ©jĂ  utilisĂ©e par les impressionnistes, et constituĂ©s d’une succession de traits et de lignes disjointes, qui dĂ©crivent de façon de plus en plus synthĂ©tique les objets ou les figures. En 1883, CĂ©zanne en sait assez pour suivre, seul, son chemin, et il dĂ©cide de rentrer chez lui, en Provence, pour pousser plus loin ses investigations, dans l’atelier de la demeure familiale. L’artiste dĂ©veloppe sa technique en travaillant essentiellement sur le motif pour saisir la beautĂ© des paysages nimbĂ©s de soleil et transcrire le sens profond de leur nature. ViscĂ©ralement attachĂ© Ă  ses racines, il aime Ă©tudier sans relĂąche ses sujets, en pleine campagne, dans la solitude des paysages mĂ©diterranĂ©ens d’une austĂšre beautĂ©, prĂšs des carriĂšres de BibĂ©mus, du chĂąteau de Vauvenargues ou dans le village du Tholonet. 2 A. Lhote, Catalogue de l’exposition L’influence de CĂ©zanne, 1908-1911, 1947, p. 5. 6En 1886, l’artiste s’installe pour un an, Ă  Gardanne, avec sa famille, oĂč il commence une sĂ©rie de peintures sur la Sainte-Victoire qu’il reprĂ©sente comme sujet Ă  part entiĂšre, et de façon rĂ©currente, dans plus de quatre-vingts Ɠuvres, dĂ©veloppant un style de plus en plus Ă©purĂ©. La montagne provençale, rattachĂ©e dans son histoire gĂ©ologique, aussi bien Ă  l’ancienne chaĂźne pyrĂ©nĂ©enne, qu’à celle des Alpes occidentales, devient le cadre d’un laboratoire de recherche. Il ne s’agit pas, pour CĂ©zanne, de s’épancher sur une nature complice », mais de capter ses qualitĂ©s intrinsĂšques, son pouvoir Ă  exprimer une Ă©nergie, Ă  stimuler l’imaginaire, pour la transcender. La tradition acadĂ©mique considĂšre alors l’observation personnelle et sensible de la nature comme infĂ©rieure Ă  l’expĂ©rience intellectuelle, alors qu’elle permet aux premiers artistes de l’art moderne de trouver un support d’expression solide et variĂ©2. 7La peinture de CĂ©zanne suscite jusqu’en 1887, Ă  Paris, les railleries de dĂ©tracteurs qui parlent de visions cauchemardesques » et autres atrocitĂ©s Ă  l’huile ». Puis, grĂące aux collectionneurs Ă©clairĂ©s et Ă  des critiques indĂ©pendants, grĂące au soutien de marchands d’art comme Ambroise Vollard 1866-1939 et Durand-Ruel 1831-1922, elle finit par obtenir un vrai succĂšs. En 1888, une sĂ©rie d’articles mentionnent son Ɠuvre en termes flatteurs et il est admis Ă  l’exposition de l’Art français pour l’Exposition universelle de Paris de 1889. CĂ©zanne commence Ă  ĂȘtre reconnu et apprĂ©ciĂ© pour son audace picturale, la soliditĂ© de ses compositions, enfin, sa touche incomparable. Il peut, dĂšs lors, vivre de son art, mais il est dĂ©jĂ  malade, et effectue des cures pour se soigner. En 1906, alors qu’il est installĂ© sur le motif, l’artiste prend froid et contracte une pneumonie, dont il ne se remet pas. Il meurt le 22 octobre, chez lui, en Provence. 8À Paris, le monde de l’art est en deuil et lui rend hommage en organisant, au Grand Palais, pour le Salon d’automne de 1907, une grande rĂ©trospective de ses Ɠuvres. Le public dĂ©couvre ses baigneuses, ses natures mortes, ses portraits, ainsi que les paysages de la Sainte-Victoire, et salue le talent et la tĂ©nacitĂ© du peintre. Pour tous, il est clair, qu’aprĂšs CĂ©zanne, l’art ne sera plus le mĂȘme car l’hĂ©ritage pictural que le maĂźtre d’Aix transmet, met Ă  rude Ă©preuve ses anciens fondements. La montagne Sainte-Victoire devient, dĂšs lors, l’emblĂšme de la volontĂ© de l’artiste, tout debout contre l’ordre Ă©tabli, de rĂ©nover l’art, car elle a Ă©tĂ© le refuge de celui qui, en marge d’une sociĂ©tĂ© Ă©triquĂ©e et des dogmes de l’AcadĂ©mie des beaux-arts, a voulu se modifier lui-mĂȘme, en profondeur, pour dĂ©couvrir la vĂ©ritĂ© de la peinture. Henri Matisse 1869-1954, les fauves Ă  Collioure de la dynamite au pied des AlbĂšres 9En 1905, Henri Matisse 1869-1954, lui aussi, cherche la tranquillitĂ©, prĂšs de la montagne, pour entamer une longue mĂ©ditation sur la couleur et s’affranchir des postulats de la peinture acadĂ©mique, encore pesants, malgrĂ© les dĂ©fis lancĂ©s par les peintres postimpressionnistes, dans des toiles-manifeste. Matisse Ă©prouve bien des difficultĂ©s Ă  exprimer son propre tempĂ©rament de peintre et Ă  se libĂ©rer du cadre, encore rigide, des enseignements qu’il a reçus. Tout d’abord, Ă  Bohain, dans le Nord, puis Ă  l’École des Arts DĂ©coratifs de Paris, enfin, en 1895, Ă  l’École des beaux-arts, dans l’atelier de Gustave Moreau 1826-1898. Le maĂźtre symboliste encourage ses Ă©lĂšves Ă  penser leur peinture, Ă  la rĂȘver, au-delĂ  d’une virtuositĂ© technique, Ă  dĂ©passer leurs propres limites. Toutefois, aprĂšs son apprentissage, Matisse dĂ©cide de suivre les cours de l’AcadĂ©mie de la Grande ChaumiĂšre, dans l’atelier d’EugĂšne CarriĂšre 1849-1906, oĂč il rencontre AndrĂ© Derain 1880-1954, qui lui prĂ©sente Maurice de Vlaminck 1876-1958. Tous entretiennent une passion pour la peinture cĂ©zanienne. 10L’artiste est dĂ©jĂ  un peintre reconnu lorsqu’il arrive Ă  Collioure. En effet, en 1896, ses toiles ont Ă©tĂ© exposĂ©es au Salon de la SociĂ©tĂ© Nationale des Beaux-Arts, dont il est devenu membre associĂ©, sur proposition de Pierre Puvis de Chavannes 1824-1898. Cette fonction lui a permis de montrer, sans passer par un jury, un art expressif, qui s’inscrit dans l’air du temps. Matisse s’intĂ©resse, en effet, Ă  la peinture de son Ă©poque les impressionnistes, qu’il dĂ©couvre au musĂ©e du Luxembourg en 1897, et les pointillistes qui exercent une grande influence sur son travail, grĂące au traitĂ© du peintre Paul Signac 1863-1935 de 1899, D’EugĂšne Delacroix au nĂ©o-impressionnisme. Les Ɠuvres qu’il prĂ©sente au Salon des indĂ©pendants de 1901, puis Ă  la premiĂšre Ă©dition du Salon d’automne de 1903, en tĂ©moignent, tout comme celles qui figurent chez Vollard, lors de la premiĂšre exposition que le marchand consacre Ă  l’artiste en 1904. L’étĂ© suivant, Ă  Collioure, Matisse trouve le cadre idĂ©al pour mener ses recherches la mer, face Ă  lui, juste Ă  quelques mĂštres de la maison de pĂȘcheur qu’il a louĂ©e, et la montagne, la chaĂźne majestueuse des AlbĂšres, enserrant le petit port, offrent un spectacle stimulant. Les rochers, les collines, les bateaux, les petites chapelles environnantes, constituent des sujets de choix, qu’il traite avec talent. 11Rejoint par le jeune AndrĂ© Derain durant l’étĂ©, qui arrive avec de nouvelles idĂ©es, il s’attelle Ă  l’élaboration d’un langage original, qui va peu Ă  peu se dĂ©marquer de la peinture pointilliste qu’il a pratiquĂ©e, l’étĂ© prĂ©cĂ©dent, aux cĂŽtĂ©s de Paul Signac, Ă  Saint-Tropez. Les artistes exĂ©cutent ainsi, grĂące Ă  une collaboration quotidienne, des Ɠuvres emplies de soleil, aux forts contrastes, dynamisant des plans de couleur pure, qui feront sensation au Salon d’automne de Paris, en 1905, dans la cage aux Fauves. Le travail novateur de Matisse, dĂ©veloppĂ© dans des toiles telles que La femme au chapeau, ou IntĂ©rieur Ă  Collioure, aboutissant Ă  la disparition des rĂ©fĂ©rences au rĂ©el, par la dĂ©formation des lignes et l’élaboration de plans de plus en plus autonomes, rompt avec les conventions classiques de reprĂ©sentation. Matisse propose une peinture qui entame le concept de l’art comme esthĂ©tique plaisante, loin d’un idĂ©al de beautĂ© préétabli, dans des compositions rĂ©gies par l’émotion. PrĂšs de la montagne, il parvient Ă  redĂ©finir l’acte pictural, en harmonisant ses sentiments Ă  d’autres systĂšmes de reprĂ©sentation. Aux cĂŽtĂ©s de Derain, vĂ©ritable thĂ©oricien de la couleur, il est plus rĂ©ceptif au fait plastique pur et s’engage dans une nouvelle voie chromatique. 3 P. Schneider, Matisse, p. 45. 12GrĂące Ă  une rĂ©flexion poussĂ©e, les artistes ordonnent et Ă©quilibrent des zones de couleurs franches, parfois explosives, comme de la dynamite, dans leurs toiles, renonçant aux lois classiques de l’optique. Ils parviennent Ă  accroĂźtre la conscience de la rĂ©alitĂ© matĂ©rielle du tableau pour demeurer au plus prĂšs de la vie immĂ©diate d’un monde lumineux, fort et dense. Les peintres parisiens abandonnent le ton local pour passer aux tons non rĂ©alistes, en ayant recours aux aplats, et mettent fin Ă  la peinture illusionniste. Le sujet est traitĂ© comme un instantanĂ©, et s’impose dans une vision lyrique du monde avec une sensibilitĂ© qui n’exclut pas la dissonance. Tout un systĂšme d’équivalence triomphe du chaos lumineux et permet de restituer l’essence de chaque chose. L’acte pictural se charge d’une spiritualitĂ© nourrie par la matiĂšre et la couleur, fruit d’une mĂ©ditation Ă©clairĂ©e sur le monde. L’artiste effectue plusieurs sĂ©jours fructueux Ă  Collioure jusqu’à la guerre, oĂč il rencontre le sculpteur Maillol travaillant non loin, Ă  Banuyls-sur-Mer3. CĂ©zanne recommandait aux artistes d’aiguiser leur vision face Ă  la nature et d’observer les moindres dĂ©tails avec leur propre sensibilitĂ©, afin que la peinture demeure un art vivant, qu’elle ne dĂ©cline pas en se perdant dans la peinture des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Tel fut le but de Matisse, mais aussi celui de Picasso, tout au long des divers sĂ©jours qu’il effectua prĂšs de la montagne, milieu naturel riche et poĂ©tique, qui allait inspirer le peintre et l’amener vers le cubisme. Pablo Picasso 1881-1973, la naissance d’un cubisme radical dans les PyrĂ©nĂ©es 13Pour les artistes en quĂȘte d’authenticitĂ©, comme CĂ©zanne, puis Matisse, la montagne constitua en effet, un ancrage moral et esthĂ©tique face aux prĂ©ceptes dominants des anciennes acadĂ©mies, et devint le symbole de leur rĂ©sistance aux institutions. Ce fut le cas, aussi, au tout dĂ©but du siĂšcle, pour le peintre Pablo Picasso, qui remit en cause l’enseignement des Ă©coles, dĂšs qu’il eut conscience de leurs limites et effectua plusieurs sĂ©jours prĂšs des montagnes. Fils d’un professeur d’art, Picasso reçut une formation artistique classique dĂšs son enfance, avant de suivre, en 1896, les cours de l’école des beaux-arts de Barcelone, puis ceux de la Llonja, oĂč son pĂšre enseignait. L’annĂ©e suivante, Ă  seize ans, il rĂ©ussit le concours d’entrĂ©e de l’AcadĂ©mie royale de San Fernando, et fut admis Ă  l’école des beaux-arts de Madrid, la plus prestigieuse d’Espagne, oĂč bien des artistes renommĂ©s avaient sĂ©journĂ©. Toutefois, le jeune homme ne poursuivit pas son enseignement Ă  San Fernando, qu’il trouvait trop contraignant, et qui ne lui permettait pas de suivre son propre tempĂ©rament. 14Aussi, retourna-t-il Ă  Barcelone, en 1898, pour travailler seul, mais il tomba malade. Il effectua sa convalescence Ă  Horta de Sant Joan, le village de son ami Manuel PallarĂšs 1876-1974, situĂ© prĂšs de la ville de Tarragone, oĂč il partagea la vie des paysans. Ce sĂ©jour de quelques mois fut, pour l’artiste, une vĂ©ritable rĂ©vĂ©lation. La prĂ©sence de la montagne, la Santa Barbara, le contact quotidien avec la nature, et un mode de vie campagnard, rustique, l’enthousiasma. Des visions puissantes, capables de nourrir son imaginaire, stimulĂšrent sa crĂ©ation, pendant de longues annĂ©es. Plus tard, l’artiste se plaira Ă  rĂ©pĂ©ter 4 R. Maillard et F. Elgar, Picasso, Ă©tude de l’Ɠuvre et Ă©tude biographique, p. 3. Tout ce que je sais, je l’ai appris dans le village de » 15En avril 1899, de retour Ă  Barcelone, Picasso, frĂ©quente le cabaret Els Quatre Gats, lieu de convivialitĂ© bohĂšme, oĂč les artistes peuvent exposer leurs Ɠuvres, Ă©changer leurs points de vue sur l’art. LĂ , il retrouve Miguel Utrillo 1883-1955, Carlos Casagemas 1880-1901, Ricardo Opisso 1880-1966, Julio Gonzalez 1876-1942, se lie d’amitiĂ© avec le poĂšte Jaime SabartĂšs 1881-1968 qui deviendra son secrĂ©taire particulier et expose quelques Ɠuvres en 1900. 16Picasso, aimait le pays de sa jeunesse, la Catalogne, mais il savait que ce serait une chance de le quitter pour parfaire sa formation et Ă©tudier les grands maĂźtres de la peinture Ă  Paris, destination obligatoire pour tout peintre qui avait de l’ambition. Plusieurs sĂ©jours dans la capitale l’aidĂšrent Ă  prĂ©ciser son orientation et ses choix esthĂ©tiques. À la pĂ©riode bleue, triste et dure, succĂ©da la pĂ©riode rose, nostalgique et dĂ©liquescente, qui trouva un public de connaisseurs et d’amateurs, le succĂšs fut vite au rendez-vous. Cependant, pour faire partie des maĂźtres les plus douĂ©s de sa gĂ©nĂ©ration, l’artiste devait Ă©laborer un nouveau langage et la tĂąche Ă©tait ardue. En 1905, il fut chargĂ© de faire le portrait de Gertrude Stein 1874-1946, une poĂ©tesse amĂ©ricaine qui soutenait le jeune Catalan et il lui fallait se dĂ©marquer de son principal rival, Matisse, pour satisfaire son mĂ©cĂšne. Pour se lancer dans de nouvelles expĂ©rimentations, il chercha Ă  regagner son pays afin de s’immerger dans un monde qui l’avait fortement inspirĂ©, quelques annĂ©es auparavant, celui de la montagne, et aller au-delĂ  de ce que les Ă©coles lui avaient appris. 17Picasso partageait avec Matisse, Derain, Georges Braque 1882-1963 et d’autres artistes de sa gĂ©nĂ©ration, un vif sentiment d’admiration pour CĂ©zanne et son Ɠuvre. Il voulait, comme lui, rester au contact de son pays natal, pour se fortifier et progresser. À l’instar du maĂźtre d’Aix, il Ă©prouvait ce sentiment qu’ont les MĂ©diterranĂ©ens que leur terre est celle des dieux, oĂč sont nĂ©es les grandes mythologies, et qu’elle constitue pour les crĂ©ateurs une source d’inspiration inĂ©puisable. Comme CĂ©zanne, il pensait qu’il fallait s’éloigner du monde artistique parisien pour s’imprĂ©gner d’une nature non domestiquĂ©e par l’homme, afin de rĂ©vĂ©ler la vĂ©ritĂ© de la peinture. 18Pour rĂ©nover son art, Picasso effectue alors, durant l’étĂ© 1906, un sĂ©jour en Catalogne, dans un village de montagne trĂšs retirĂ©, accessible uniquement Ă  dos de mulet, nommĂ© GĂłsol. Le massif de Pedraforca, qui ferme de façon imposante la perspective de la petite vallĂ©e, offre un spectacle grandiose, comme celui de la Sainte-Victoire, et l’artiste peut aller sur le motif pour capturer des images. La volontĂ© du peintre de produire un art diffĂ©rent est autant soutenue par la quĂȘte d’un retour Ă  la nature et aux racines, prĂŽnĂ© par CĂ©zanne, que par la recherche de nouvelles rĂ©fĂ©rences puisĂ©es dans l’art de Gauguin 1848-1903, le Greco ou encore empruntĂ©es Ă  l’art roman et ibĂ©rique local. Le travail effectuĂ© Ă  GĂłsol a un impact majeur sur l’Ɠuvre de Picasso puisqu’il dĂ©bouche sur l’achĂšvement du Portrait de Gertrude Stein, qui prĂ©sente des inventions sans prĂ©cĂ©dent, comme la rĂ©duction du visage humain Ă  son masque, marquant un jalon dans l’histoire du portrait. À la suite de ce sĂ©jour fĂ©cond, naĂźt un chef-d’Ɠuvre, Les Demoiselles d’Avignon dont l’angulositĂ© des volumes annonce le premier cubisme. 5 Fernande Olivier 1881-1966, de son vrai nom, AmĂ©lie Lang, compagne de l’artiste de 1904 Ă  1912. ... 19En 1909, grĂące Ă  la vente de toiles, l’artiste effectue un autre sĂ©jour en Espagne. Il gagne Horta de Sant Joan, oĂč il avait sĂ©journĂ© dans sa jeunesse, Ă  la suite d’une maladie, chez son ami PallarĂšs. Tout prĂšs de la montagne Santa Barbara, il rĂ©alise des Ɠuvres remarquables comme Usines Ă  Horta, le RĂ©servoir de Horta de Sant Joan, ou encore des portraits de Fernande5, au cou-montagne », qui poussent toujours plus loin les postulats cĂ©zanniens. L’artiste Ă©labore une nouvelle syntaxe, bouleversant les principes classiques de perspective et de modelĂ©, basĂ©e sur un systĂšme rythmĂ© de formes et de couleurs, dĂ©finissant le cubisme analytique. Picasso est alors reconnu comme un artiste et il veut approfondir ses recherches. Il effectue alors un troisiĂšme sĂ©jour prĂšs de la montagne, durant l’étĂ© 1910, dans un petit port du Cap de Creus, CadaquĂšs, oĂč il s’établit avec sa compagne Fernande. Il veut aller jusqu’au bout de sa dĂ©marche, ne faire aucune concession au naturalisme pour rompre dĂ©finitivement avec les rĂšgles de reprĂ©sentation illusionniste acadĂ©mique. Il exĂ©cute alors des Ɠuvres frĂŽlant l’abstraction, telles que Guitariste, ou encore Port de CadaquĂšs, qui mĂšnent Ă  un cubisme conceptualisĂ©, mental. Bien qu’entourĂ© de montagnes, de sujets marins fortement Ă©vocateurs, le rĂ©el disparaĂźt. La prĂ©sence d’AndrĂ© Derain, l’ancien collaborateur de Matisse Ă  Collioure, le conforte dans sa dĂ©marche. 6 Eva Gouel 1885-1915, nĂ©e Marcelle Humbert, chorĂ©graphe et modĂšle de Picasso de 1911 Ă  1915. 20De 1911 Ă  1914, Picasso revient Ă  la montagne, effectuant plusieurs sĂ©jours Ă  CĂ©ret, en Catalogne du nord. Au pied du Pic de FontfrĂšde, montagne marquant la frontiĂšre avec l’Espagne, l’artiste connaĂźt une pĂ©riode de grande effervescence, aux cĂŽtĂ©s des peintres cubistes Braque, Auguste Herbin 1882-1960 et Juan Gris 1887-1927. Des Ɠuvres novatrices, marquĂ©es par une composition pyramidale, rappelant la montagne, comme L’IndĂ©pendant, de plus en plus Ă©laborĂ©es, voient alors le jour. En 1912, Ă  la suite d’alĂ©as sentimentaux, il effectue, enfin, un sĂ©jour en Provence avec sa nouvelle compagne Eva6. À Sorgues, prĂšs du Mont Ventoux, il agence des formes gĂ©omĂ©triques pures, et multiplie les expĂ©rimentations techniques, dans des compositions inventives, qui aboutissent aux collages et engendrent, comme le voulait CĂ©zanne, une nouvelle rĂ©flexion sur la nature de l’art. Les sĂ©jours prĂšs de la montagne ont marquĂ© la production de Picasso de façon Ă©loquente. Les expressionnistes allemands et les Alpes de BaviĂšre, comme un volcan bouillonnant 21En Allemagne aussi, les artistes les plus avancĂ©s sont convaincus que les Ɠuvres d’aprĂšs l’antique ne tiennent plus, et que les arts doivent ĂȘtre natifs de la terre mĂȘme oĂč leur inspiration se dĂ©veloppe, car seule la terre peut les vivifier, apporter des rĂ©ponses proches de la rĂ©alitĂ© et des nouvelles considĂ©rations esthĂ©tiques, philosophiques, sociologiques, culturelles. La montagne, repĂšre majestueux d’un espace et vĂ©ritable concentrĂ© d’une nature originelle, symbolise ce postulat Ă©mergeant en Allemagne, valorisant le sentiment d’appartenance Ă  un territoire, Ă  une histoire personnelle et collective. En tant que trait fort du paysage, elle incarne l’identitĂ© d’un pays, Ă©tablie depuis des temps anciens, mais aussi la relation sentimentale de l’homme avec un lieu. Les Alpes de BaviĂšre deviennent ainsi le théùtre d’un renouveau artistique sans prĂ©cĂ©dent. 22AprĂšs la mort de CĂ©zanne, le 22 octobre 1906, les peintres installĂ©s en Allemagne commencent Ă  s’intĂ©resser aussi au rĂŽle du lieu de crĂ©ation, Ă  la façon dont on peut expĂ©rimenter les formes et les couleurs, loin de la ville. Remettant en cause la sociĂ©tĂ© industrielle, la pression nĂ©faste de la culture dominante sur l’art, ils veulent rĂ©former leur attitude, leur fonctionnement personnel. Comme le maĂźtre d’Aix, ils dĂ©cident de travailler sur le motif, dans une nature prĂ©servĂ©e, de cĂŽtoyer une population encore liĂ©e Ă  la terre, Ă©voluant parmi des formes simples, voire primitives, pour rĂ©nover le langage plastique. Outre-Rhin, la montagne, symbole de mĂ©tamorphoses de grande envergure, assimilĂ©e Ă  un volcan bouillonnant, incarnant un dĂ©sir de libertĂ© et de retour vers les forces et les lois fondamentales de la nature, joue ainsi un rĂŽle important dans le parcours de grands maĂźtres de la modernitĂ© tels que Vassily Kandinsky 1866-1944, Paul Klee 1879-1940, Alexej von Jawlensky 1864-1941 ou encore Frantisek Kupka. Ainsi, Ă  partir de 1908, des artistes quittent la ville de Munich pour passer l’étĂ© Ă  Murnau, un village pittoresque de Haute-BaviĂšre, oĂč la lumiĂšre est apprĂ©ciĂ©e pour sa subtilitĂ©, et oĂč la montagne créée un espace majestueux. Le lieu, exaltant, inspire Ă  plusieurs peintres, dont Kandinsky, Jawlensky, Gabriele MĂŒnter 1877-1962 et Marianne von Werefkin 1860-1938, une palette expressive, qui donne vie Ă  de flamboyants paysages. L’image de la montagne, et sa silhouette imposante, est omniprĂ©sente dans les Ɠuvres créées Ă  Murnau, et la palette des fauves, qui ont travaillĂ© Ă  Collioure, est reprise avec un sens chromatique Ă©blouissant. De ce contexte particulier naĂźt, en 1911, un mouvement de rĂ©novation tournĂ© vers l’expressionnisme, dirigĂ© par Kandinsky, consolidĂ© par August Macke 1887-1914 et Franz Marc 1880-1916, le Blaue Reiter » le cavalier bleu, qui 7 A. Vezin, L. Vezin, Kandinsky et le Cavalier bleu, p. 223. Vise Ă  montrer, par la diversitĂ© des formes reprĂ©sentĂ©es, comment le dĂ©sir intĂ©rieur des artistes peut prendre des formes » 23En effet, Vassily Kandinsky 1866-1944 cherche Ă  rĂ©nover l’art pour en faire une arme contre la sociĂ©tĂ© industrielle, capitaliste, jugĂ©e dĂ©cadente. En 1908, il s’éloigne de Munich, et d’une culture convenue, pour effectuer des sĂ©jours Ă  Murnau, avec sa compagne Gabriele MĂŒnter. Il s’immerge dans une nature de haute montagne, baignĂ©e de lumiĂšre, renouant avec un monde simple, et son Ɠuvre commence Ă  se transformer. Une peinture de 1909 intitulĂ©e La Montagne bleue rĂ©sume les recherches de cette pĂ©riode et annonce le tournant pris par l’artiste vers un art plus libre. Le large emploi de la couleur, dans un style expressionniste, et la simplification des formes aboutissent Ă  un traitement non-figuratif du sujet. Ce que Kandinsky appelle le chƓur des couleurs », est un vocabulaire colorĂ©, issu de la peinture cubiste et fauve, qui peut se charger d’un fort pouvoir Ă©motionnel et d’une dimension cosmique dynamique. 24L’annĂ©e suivante, Kandinsky peint sa premiĂšre Ɠuvre abstraite intitulĂ©e, Sans titre, une crĂ©ation spirituelle qui ne procĂšde que de la seule nĂ©cessitĂ© intĂ©rieure de l’artiste, dans le sillage des Improvisations. En 1911, il Ă©crit un traitĂ© d’esthĂ©tique, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, oĂč il invite le crĂ©ateur Ă  substituer, Ă  l’apparence visible, la rĂ©alitĂ© pathĂ©tique et invisible de la vie. Il veut ainsi redĂ©finir l’objectif de l’Ɠuvre d’art 8 V. Kandinski, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, p. 21. Une Ɠuvre d’art n’est pas belle, plaisante, agrĂ©able. Elle n’est pas lĂ  en raison de son apparence ou de sa forme qui rĂ©jouit nos sens. La valeur n’est pas esthĂ©tique. Une Ɠuvre est bonne lorsqu’elle est apte Ă  provoquer des vibrations de l’ñme, puisque l’art est le langage de l’ñme et que c’est le seul. [
] L’art peut atteindre son plus haut niveau s’il se dĂ©gage de sa situation de subordination vis-Ă -vis de la nature, s’il peut devenir absolue crĂ©ation et non plus imitation des formes du modĂšle » 25Jusqu’à la guerre, Kandinsky continue d’inventer des formes conduisant Ă  un langage abstrait qu’il veut rĂ©volutionnaire, pour exprimer l’intĂ©rioritĂ© spirituelle abstraite, en perpĂ©tuelle Ă©volution. Dans sa production des annĂ©es vingt, il combine les formes gĂ©omĂ©triques et les couleurs pour rĂ©vĂ©ler un monde mystĂ©rieux, issu de la musique, ou du cosmos, parfois rĂ©sumĂ© Ă  une Ă©pure. Des tableaux comme Schwarzer Raster 1922, ou Einige Kreise 1926, oĂč son trait s’est solidifiĂ©, montrent un lyrisme cĂ©rĂ©bral. Dans Steroscopic exhibition, les deux triangles aigus bleutĂ©s, dynamisant la composition, sont, pour cet artiste cultivĂ©, une sorte de private joke ». 26À partir de 1910, Paul Klee 1879-1940 se rapproche des peintres de la montagne » qui posent de nouvelles problĂ©matiques, liĂ©es Ă  la nature et Ă  l’objectif de l’art. Comme eux, il est convaincu que la notion d’idĂ©al et de beautĂ© est tout Ă  fait dĂ©suĂšte, dĂ©passĂ©e. Certes, l’artiste, dont l’Ɠuvre est intuitive, a une personnalitĂ© bien affirmĂ©e. RefusĂ© Ă  l’AcadĂ©mie des beaux-arts de Munich en 1898, il est dirigĂ© vers l’atelier d’Heinrich Knirr oĂč il Ă©tudie le dessin figuratif. En 1900, il est finalement admis aux Beaux-Arts, dans la mĂȘme classe que Kandinsky, mais Ă  l’instar du jeune artiste russe, il a dĂ©jĂ  dĂ©fini son objectif artistique et il entend peindre selon sa propre conception du monde. Il se rend Ă  Paris en 1912 et dĂ©couvre chez les marchands l’art des cubes ». Il s’intĂ©resse aux Ɠuvres de Robert Delaunay 1885-1941, Braque, Picasso, et Derain, dĂ©positaires de l’hĂ©ritage artistique de Paul CĂ©zanne, qui fait l’objet de nombreuses Ă©tudes. Les inventions des pionniers du cubisme et des collages, Picasso et Braque, ont alors atteint tous les cercles d’art et suscitĂ© un vif enthousiasme. Le traitĂ© rĂ©digĂ© par Jean Metzinger 1883-1956 et Albert Gleizes 1881-1953 en 1912, Du cubisme, a permis de diffuser Ă  l’étranger les principes d’une esthĂ©tique qui fait scandale, car elle incite les artistes Ă  refuser toute convention de reprĂ©sentation. L’annĂ©e suivante, Paul Klee traduit un texte de Robert Delaunay qui l’intĂ©resse particuliĂšrement, De la lumiĂšre, et a recours, pour rĂ©nover son art, aux principes esthĂ©tiques orphistes » dĂ©veloppĂ©s par les Delaunay, Sonia et Robert, qu’il invite en Allemagne, pour y exposer leurs Ɠuvres. 27En 1914, Klee rejoint le Blaue Reiter », et fonde avec Jawlensky, Kandinsky, MĂŒnter et Alexander Kanoldt 1881-1939, un mouvement artistique rĂ©novateur, La Nouvelle SĂ©cession » de Munich. Puis il entreprend un voyage en Tunisie avec ses amis Macke et Louis Moilliet 1880-1962. En avril, avant d’embarquer Ă  Marseille, i1 sĂ©journe Ă  L’Estaque, dans l’intention de photographier le viaduc peint par CĂ©zanne et Braque, qu’il admire. Lorsque la guerre Ă©clate, les artistes doivent trouver refuge dans les pays neutres pour continuer de peindre ou s’engager. Jawlensky et Kandinsky, de nationalitĂ© russe, doivent s’exiler. August Macke est tuĂ© sur le front de Champagne, le 26 septembre 1914, tout comme Franz Marc, l’ami de toujours, le sera deux ans plus tard Ă  Verdun. MobilisĂ©, Klee obtient, grĂące Ă  son pĂšre, d’ĂȘtre affectĂ© dans un rĂ©giment de rĂ©serve Ă  Munich oĂč il peut encore exercer son art. En cette pĂ©riode, Ă©prouvĂ© par les Ă©vĂ©nements, ses sensations sont intenses et prĂšs des montagnes, notamment la Zugspitze, dans le massif du Wetterstein, la production de l’artiste se transforme, marquant un rĂ©el tournant stylistique. En 1917, il expose Ă  la galerie Der Sturm de Berlin, et son travail remporte un grand succĂšs. On note que Klee a intĂ©grĂ© l’idĂ©e de rĂ©volution dans son art, ayant pris conscience que l’art moderne est un dĂ©fi jetĂ© Ă  la culture bourgeoise, avec, pour emblĂšme, le triangle, une forme gĂ©omĂ©trique universelle, qui figure dans une aquarelle devenue cĂ©lĂšbre, Le Niesen, datĂ©e de 1915. 28Dans cette Ɠuvre, l’imposante masse pyramidale du Niesen, culminant Ă  2 563 mĂštres, est reprĂ©sentĂ©e selon les prĂ©ceptes du maĂźtre d’Aix, dans un style qui oscille entre le fauvisme et le cubisme triomphant. La montagne est traitĂ©e avec un lavis bleu azur, lui confĂ©rant une lĂ©gĂšretĂ© mĂ©taphysique, rĂ©sonnant avec les aplats bigarrĂ©s, lumineux des arbres, de forme orthogonale. 9 P. Klee, ThĂ©orie de l’art moderne, p. 11. 29Paul Klee, qui avait dit je suis Dieu9 », a rempli le ciel d’étoiles scintillantes, cĂŽtoyant la lune et le soleil, pour crĂ©er une ambiance onirique. L’hĂ©ritage cubiste est bien prĂ©sent dans cette belle composition qui est un prĂ©lude aux chefs-d’Ɠuvre qui toucheront le public par leur sincĂ©ritĂ© expressive, comme Senecio, de 1922, ou ChĂąteau et soleil, de 1928. 10 P. BrullĂ©, Catalogue de l’exposition Frantisek Kupka, 2016. 30De son cĂŽtĂ©, le peintre tchĂšque Frantisek Kupka 1871-1957 tisse aussi un lien particulier avec la montagne. Dans une Ɠuvre emblĂ©matique, MĂ©ditation, 1897 il s’est reprĂ©sentĂ© nu, agenouillĂ© devant un imposant paysage de montagne. L’artiste se pose des questions cruciales pour l’évolution de son art, quant Ă  la rĂ©alitĂ© des choses et leur reprĂ©sentation. La montagne lui rĂ©vĂšle l’articulation entre physique et mĂ©taphysique, entre phĂ©nomĂšne et noumĂšne, l’interroge sur le sens de la vie. Kupka s’installe Ă  Paris en 1896 et devient l’auteur d’une crĂ©ation picturale trĂšs originale. Il est le premier Ă  affronter le public avec des Ɠuvres non figuratives lors du salon d’automne de 1912. Il crĂ©e une autre rĂ©alitĂ©, rejetant toute rĂ©fĂ©rence au monde sensible10. 31La rĂ©novation voulue par le maĂźtre d’Aix permet aussi de donner un statut moderne Ă  l’art des cubo-futuristes russes, thĂ©orisĂ©, en 1912, par le peintre du suprĂ©matisme, Kasimir Malevitch 1879-1935, qui conçoit le CarrĂ© blanc sur fond blanc, jugĂ© scandaleux, en 1918, puis, Ă  celui des constructivistes rĂ©volutionnaires, tout debout contre l’ordre ancien » 11 Marcade, Catalogue de l’exposition Le futurisme, 2008-2009, p. 59. Malevitch avait bien vu que le principe dynamique Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©sent, Ă  l’état d’embryon, chez Paul CĂ©zanne et, Ă  sa suite, dans les toiles cĂ©zannistes gĂ©omĂ©triques de Georges Braque ou de Pablo » 32Dans son manifeste Une gifle au goĂ»t du public, David Burliouk 1882-1967 avait rĂ©affirmĂ© que Paul CĂ©zanne, le gardien de la Sainte-Victoire, Ă©tait le pĂšre de toute l’avant-garde picturale, un mouvement de contestation international qui mena, aprĂšs la Grande Guerre, Ă  l’anti-art. Dada, fruit de la rĂ©bellion systĂ©matique contre toute esthĂ©tique Ă©tablie, vit, lui aussi le jour prĂšs de pics majestueux, Ă  Zurich, la capitale de la Suisse alĂ©manique. L’art de l’absurde, d’Hugo Ball 1886-1927, Tristan Tzara 1896-1963, Richard Huelsenbeck 1892-1974 et Francis Picabia 1879-1953, dĂ©boucha sur le surrĂ©alisme, qui Ă©voluera sur les hautes terres de l’inconscient et de la folie, avant d’ĂȘtre stoppĂ© net par le chaos de la Seconde Guerre mondiale. La montagne et l’art moderne 33La montagne, repĂšre-tĂ©moin de parcours crĂ©atifs exemplaires, peut ĂȘtre vue comme le fil reliant les Ɠuvres d’artistes modernes, d’origine et de cultures variĂ©es, Ă  celles de Paul CĂ©zanne. Ceux-ci ont cherchĂ© Ă  porter un nouveau regard sur la nature, l’opposant de façon aiguĂ« au nouveau monde industriel, asservissant et dĂ©gradant l’homme. La montagne, vĂ©ritable concentrĂ© de nature, monde prĂ©servĂ© et intact, leur a fourni un refuge pour s’interroger, en se donnant pour mission, Ă  l’instar du maĂźtre d’Aix, d’investir le paysage, afin que celui-ci cesse d’ĂȘtre un document gĂ©ographique, ou scientifique, pour devenir un exercice purement plastique et psychologique. Ce dernier considĂ©rait l’Ɠuvre comme un tĂ©moignage particulier, d’un moment d’introspection et de rĂ©flexion du peintre face Ă  la nature. L’homme, tout entier, devait se transformer pour apporter au tableau sa vraie substance, par un regard plus perçant et plus conscient, tant sur le monde, que sur lui-mĂȘme. Pour CĂ©zanne, la Sainte-Victoire Ă©tait l’un des moyens d’y parvenir. Cette derniĂšre devint l’emblĂšme de la volontĂ© de l’artiste, debout contre l’ordre Ă©tabli, de rĂ©nover l’art en profondeur. La montagne peut ainsi ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le symbole de la rĂ©volte contre les diktats des acadĂ©mies qui a rassemblĂ© les plasticiens voulant puiser tant dans une idĂ©ologie vivante que dans un environnement Ă  forte identitĂ©. 34Picasso et Matisse ont aussi cherchĂ© dans la nature des rĂ©ponses Ă  des questions cruciales. Matisse, bien qu’installĂ© prĂšs de la mer, Ă  Collioure, s’est imprĂ©gnĂ© de la dimension mystique et sauvage des AlbĂšres, enserrant le port, pour Ă©laborer son langage fauve. De mĂȘme, la montagne, vĂ©ritable laboratoire de recherche Ă  ciel ouvert, a incarnĂ© pour Picasso autant une volontĂ© crĂ©ative sans borne, qu’une farouche opposition aux rĂšgles des Beaux-Arts. L’immersion de Picasso dans le milieu montagnard, de 1906 Ă  1914, de Gosol Ă  CĂ©ret, le propulsa sur le devant de la scĂšne. Les sĂ©jours prĂšs de la montagne ont marquĂ©, de façon Ă©loquente, l’évolution du style des deux artistes, rendant hommage, par une dĂ©marche forte, au bon dieu de tous les peintres ». En effet, plusieurs Ɠuvres significatives de la modernitĂ© attestent que la montagne, entitĂ© puissante, Ă  la fois physique et mĂ©taphysique, propice Ă  une rĂ©flexion sur le sens et la nature du rĂ©el et de l’art, a constituĂ© le lieu privilĂ©giĂ© de la rĂ©sistance aux anciens prĂ©ceptes, et nourri une expression plus dynamique. Les artistes allemands et ceux d’Europe du Nord, trouvĂšrent aussi dans le milieu montagnard les conditions propices Ă  la formulation d’un art qui ne s’attache plus Ă  la rĂ©alitĂ© physique mais aux Ă©tats d’ñme du crĂ©ateur. 35Selon Kirchner, les peintres ne devaient plus s’imposer de rĂšgles et l’inspiration devait couler librement afin de donner une expression immĂ©diate Ă  leurs pressions psychologiques. La production de Kandinsky, rĂ©alisĂ©e Ă  Murnau dĂšs 1909, affirmait un art dĂ©nuĂ© de sa fonction de reproduction du rĂ©el pour renforcer sa composante subjective jusqu’à formuler une abstraction lyrique, issue d’un profond dĂ©sir spirituel qu’il appelait la nĂ©cessitĂ© intĂ©rieure », et qu’il tenait pour un principe essentiel de l’art. Paul Klee, prĂšs des monts Zugspitze dans les Alpes, aprĂšs des mois d’une longue maturation et d’une intense rĂ©flexion thĂ©orique au contact de la montagne, fondĂ©e sur son expĂ©rience et sur une dĂ©marche esthĂ©tique proche de celle des Delaunay, Ă©mit lui aussi de nouveaux principes sur la forme et la couleur, et exposa la premiĂšre thĂ©orie systĂ©matique des moyens picturaux purs, qui conduisit Ă  une clarification exceptionnelle des possibilitĂ©s contenues dans les procĂ©dĂ©s abstraits. De tels procĂ©dĂ©s seront Ă©galement explorĂ©s par les cubo-futuristes russes et par le maĂźtre du suprĂ©matisme, MalĂ©vitch, enfin, par Kupka, dont la rĂ©flexion se calquait sur l’image de la montagne, comme le montre l’Ɠuvre MĂ©ditation. 36Ainsi, tout comme on ne peut pas regarder la production de CĂ©zanne sans penser Ă  sa relation avec la Provence et la Sainte-Victoire, on ne peut ignorer le rĂŽle jouĂ© par la montagne, selon un principe de filiation spirituel inĂ©dit, dans l’évolution du sentiment esthĂ©tique de plusieurs figures majeures de l’art du xxe siĂšcle, qui mena Ă  l’élaboration de nouvelles thĂ©ories, et ouvrit la voie aux avant-gardes les plus audacieuses. Moinsde 500 500 - 1000 1000 - 2000 2000 - 5000 5000 - 10000 Plus de 10000; Autres supports. Collages Gravures & estampes Arts numĂ©riques Design Art textile Artistes. Peintres Photographes Sculpteurs Dessinateurs Tous les artistes; Galeries d'art; Foires et salons d'art; Collections exclusives
Les personnes Ă  haut potentiel ont un cerveau qui fonctionne Ă  plein rĂ©gime, une sensibilitĂ© exacerbĂ©e, et une impression de vivre perpĂ©tuellement en marge. Et si cette diffĂ©rence nourrissait la sociĂ©tĂ© de demain ? PubliĂ© le 17/12/2014 Ă  1116 Temps de lecture 8 min Le cerveau d’un HP est en Ă©bullition permanente. Les IRM effectuĂ©es sur ces personnes confirment cette forte activitĂ©, avec une multitude de connexions neuronales qui se traduisent par une pensĂ©e en arborescence une idĂ©e en entraĂźnant une autre, puis une autre... Alors que chez les non-HP, seule une zone spĂ©cifique du cerveau s’anime par fonction, par exemple celle du langage pour traiter une information. Chez le surdouĂ©, penser, c’est vivre. Il n’a pas le choix. Il ne peut arrĂȘter cette pensĂ©e puissante, incessante qui, sans relĂąche, scrute, analyse, intĂšgre, associe, anticipe, imagine, met en perspective
 Aucune pause. Jamais. Alors, il pense sur tout, tout le temps, intensĂ©ment. Avec tous ses sens en alerte, explique la psychologue et auteur de livres sur le sujet, Jeanne Siaud-Facchin 1. C’est un petit vĂ©lo qui tourne sans cesse dans la tĂȘte. J’ai toujours vĂ©cu Ă  cent Ă  l’heure, en utilisant ce petit vĂ©lo au maximum, ce qui m’a permis de crĂ©er mon Ă©cole, confirme VĂ©ronique Meunier, 49 ans, qui a rĂ©ussi Ă  rĂ©aliser ses rĂȘves malgrĂ© les critiques dont elle a fait l’objet. Il y a vingt ans, elle a donc créé Les Ateliers de la Chaise Musicale, une Ă©cole de musique bruxelloise, caractĂ©risĂ©e par sa pĂ©dagogie diffĂ©rente, davantage axĂ©e sur des activitĂ©s ludiques et crĂ©atives que sur un apprentissage basĂ© sur la compĂ©tition. L’école proposant aussi un Ă©veil musical dĂšs l’ñge de 7 mois. On me disait qu’un bĂ©bĂ© n’en avait rien Ă  faire de la musique, que je faisais cela pour l’argent, que c’était dĂ©lirant. Et moi, j’étais convaincue qu’il s’agissait d’un moyen de renforcer les liens parents-enfants et d’un bĂ©nĂ©fice Ă  apporter aux petits. Penser sur le mode WikipĂ©dia Cette arborescence de la pensĂ©e, c’est comme WikipĂ©dia, explique encore la directrice de la Chaise Musicale. Je consulte le site pour comprendre un mot ou un Ă©vĂ©nement, comme le krach boursier, et je me retrouve dans le fin fond de l’Australie dans les annĂ©es 60, sans savoir comment j’y suis arrivĂ©e. Ce sont des hyperliens sur tout et c’est comme ça dans ma tĂȘte Ă©galement. La comparaison avec la plateforme de cette encyclopĂ©die participative en ligne est Ă©difiante. Les cerveaux des HP tournent non seulement Ă  plein rĂ©gime, mais ils crĂ©ent aussi une multitude de liens entre les choses, que d’autres ne perçoivent pas forcĂ©ment. Avec une difficultĂ© qui consiste quelquefois Ă  expliquer aux non-HP ce qu’ils perçoivent comme Ă©vident. CĂŽtĂ© bonus, il s’agit d’un moteur qui leur permet d’ĂȘtre extrĂȘmement crĂ©atifs, innovants et de se surpasser. Quel est le bĂ©nĂ©fice de cette diffĂ©rence ? Une capacitĂ© Ă  pouvoir travailler plus vite et facilement sur diffĂ©rents sujets Ă  la fois. Cela me permet de produire plus au niveau professionnel. Mais je suis aussi trĂšs attentif Ă  des dĂ©tails que d’autres ne perçoivent pas forcĂ©ment, avec une capacitĂ© Ă  m’émerveiller facilement et un besoin de trouver sans cesse de nouvelles idĂ©es. J’ai tendance Ă  un peu charger la barque pour ne pas m’ennuyer, explique Serge Ruyssinck, 48 ans, qui cumule son job de rĂ©alisateur Ă  la RTBF Ă  la gestion d’évĂ©nements pour la chaĂźne et Ă  des prestations pour Eurosport, Ă  Paris. Une sensibilitĂ© accrue Il y a quelques annĂ©es, Serge Ruyssinck a poussĂ© la porte d’un centre d’évaluation des personnes Ă  haut potentiel, parce qu’il se rendait compte de sa mauvaise gestion Ă©motionnelle, particuliĂšrement dans sa vie privĂ©e. GuĂšre Ă©tonnant l’hypersensibilitĂ© est l’une des caractĂ©ristiques de cette diffĂ©rence. Avant, je me laissais submerger par mes Ă©motions. Je n’acceptais pas que les autres soient moins rapides que moi, cela m’irritait lorsqu’on ne comprenait pas vite ce que je racontais, confie le rĂ©alisateur, qui estime s’ĂȘtre “ assagi ” en saisissant mieux les diffĂ©rences comportementales et Ă©motionnelles propres aux HP. Aujourd’hui, son sens de l’empathie lui permet d’ĂȘtre Ă  l’écoute de ses collaborateurs au niveau professionnel, mais aussi dans ses relations amicales. Un atout, selon lui. Mais pour en arriver lĂ , il faut parfois avoir fait du chemin. J’étais quelqu’un de trĂšs empathique, une Ă©ponge Ă  Ă©motions, je ressentais la souffrance d’autrui, mĂȘme s’il ne l’exprimait pas, explique de son cĂŽtĂ© VĂ©ronique Meunier, rĂ©vĂ©lĂ©e HP dans la foulĂ©e d’une demande de diagnostic pour son petit garçon. Depuis que j’ai pris conscience que cette sensibilitĂ© fait partie des spĂ©cificitĂ©s des HP, j’ai rĂ©ussi Ă  dĂ©velopper des mĂ©canismes de protection et ça, c’est extraordinaire, car je prends moins sur moi, avoue-t-elle. PrĂ©curseurs du monde de demain ? En dehors des politiciens ou artistes en tout genre, que deviennent les HP Ă  l’ñge adulte et qu’apportent-ils de diffĂ©rent Ă  la sociĂ©tĂ© ? Tout dĂ©pend de l’ñge de leur diagnostic. Lorsqu’ils prennent conscience de leur altĂ©ritĂ© cognitive et qu’ils l’acceptent, ils passent gĂ©nĂ©ralement par une phase de reconstruction de leur personnalitĂ© et rĂ©alisent alors de grandes choses dans leur domaine de prĂ©dilection. La rĂ©vĂ©lation de leur douance joue souvent un rĂŽle de catalyseur identitaire, ce qui leur permet d’avancer et d’entreprendre. Une personne Ă  haut potentiel qui assume sa diffĂ©rence va ĂȘtre Ă  l’avant-garde de la crĂ©ation, de la recherche, de l’innovation et des idĂ©es. Pour ĂȘtre crĂ©atif, donc ne pas refaire systĂ©matiquement tout ce que les autres font, il faut ĂȘtre un peu rebelle et avoir un sens critique fort dĂ©veloppĂ©, ne pas croire tout ce que l’on nous dit. Le monde avance grĂące Ă  ces personnes aux idĂ©es hors du commun, qui voient des problĂšmes lĂ  oĂč les autres n’en voient pas et qui imaginent des solutions. Les HP sont des gens qui veulent faire avancer le monde ou, au minimum, apporter leur pierre Ă  l’édifice, y compris dans les domaines les plus anonymes. Mais ne nous cachons pas il y a des “ nids Ă  HP ”, notamment dans les milieux artistiques et mĂ©diatiques. La plupart des gens connus le sont, explique Thierry Biren. QI Ă©levĂ© et HP, quelle diffĂ©rence ? Les HP sont-ils des surdouĂ©s ? Ont-ils tous un QI plus Ă©levĂ© que la moyenne ? Selon le coach de l’association Douance, toutes les personnes dont le QI dĂ©passe le score de 128 sont HP. Mais ce ne serait pas la caractĂ©ristique la plus importante Ă  prendre en considĂ©ration, car ce test d’intelligence trĂšs classique a Ă©tĂ© créé il y a un siĂšcle pour servir de rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre. Il peut s’avĂ©rer rĂ©ducteur et finalement laisser passer des HP entre les mailles du filet normatif. Une personne qui aurait 125 de QI sera par exemple exclue du diagnostic classique, alors que ces quelques points de diffĂ©rence ont quelque chose d’artificiel, puisqu’il s’agit d’une Ă©chelle Ă©tablie au siĂšcle dernier !, explique le coach. Cela ne signifie pas que cette personne n’est pas HP. C’est pourquoi je prĂ©fĂšre utiliser les tests qualitatifs pour Ă©tablir mon diagnostic. L’image que l’on se fait du surdouĂ© Ă  lunettes qui rĂ©ussit ses Ă©tudes haut la main ne correspondrait finalement qu’à un tiers des HP. Ce sont gĂ©nĂ©ralement ceux qui sollicitent davantage leur cerveau gauche, axĂ© sur le langage, le raisonnement et l’analyse, alors que le cerveau droit que deux tiers des HP sollicitent en premier est associĂ© aux Ă©motions, Ă  l’intuition et Ă  la crĂ©ativitĂ©. La personne ĂŒber-intelligente et efficace serait, en revanche, celle qui mobilise autant son hĂ©misphĂšre droit que le gauche avec, dans un premier temps, le dĂ©bridement de la crĂ©ativitĂ© qui s’enclenche, puis dans un second temps, la capacitĂ© d’exĂ©cuter point par point qu’elle a imaginĂ©. C’est pour cela qu’il y a des juristes au Parlement qui font passer les propositions de lois imaginĂ©es par des politiciens dix ans auparavant !, commente Thierry Biren. Dans la pratique, la plupart des femmes et hommes politiques sont HP, d’oĂč les dĂ©bats houleux qui les opposent, car ils ont forcĂ©ment des idĂ©es diffĂ©rentes qu’ils veulent dĂ©fendre. Par rapport Ă  cette guĂ©guerre sur la place Ă  accorder aux tests de QI, la psychologue Jeanne Siaud-Facchin prĂ©cise que l’on confond souvent l’intelligence et la performance, les compĂ©tences et la rĂ©ussite, ainsi que le potentiel et l’efficacitĂ© intellectuelle. Alors que selon elle, ĂȘtre HP Ă©quivaut avant tout Ă  un comportement psychoaffectif particulier et Ă  une intelligence diffĂ©rente des autres. La vie en dĂ©calĂ© Beaucoup de HP vous le diront ils se sont toujours sentis en dĂ©calage par rapport aux autres, ce qui n’est pas forcĂ©ment facile Ă  vivre. Du coup, certains ont dĂ©veloppĂ© un “ faux-self ”, c’est-Ă -dire une adaptation de leur identitĂ© profonde pour se fondre dans la masse. Un effet camĂ©lĂ©on, inhibiteur de leur douance et souvent mal vĂ©cu
 J’étais en dĂ©calage permanent avec tout le monde et la sociĂ©tĂ©. Pour moi, haut potentiel rimait avec hautement perturbĂ©e ! Une impression d’ĂȘtre “ trop ” dans tout et que les choses n’étaient jamais simples avec moi. J’avais la volontĂ© de ne pas rentrer dans le rang, de ne pas rester prof dans le secondaire ou Ă  l’acadĂ©mie, de ne pas obĂ©ir Ă  des programmes qui ne me plaisaient pas, de pouvoir les crĂ©er moi-mĂȘme. Je n’étais pas consciente que je faisais cela parce que suis HP, mais je savais que je voulais faire les choses autrement, explique VĂ©ronique Meunier. Des annĂ©es plus tard, son Ă©cole ne dĂ©semplit pas. Elle avait vu juste ! Et comme un zeste d’utopie ne fait jamais de mal, on peut se demander si le monde actuel ne serait pas en train de fonctionner un peu plus qu’auparavant selon des caractĂ©ristiques propres Ă  l’hĂ©misphĂšre droit de notre cerveau, qui se traduisent actuellement par une envie croissante de changement sociĂ©tal, une dissĂ©mination de pratiques faisant appel Ă  l’intelligence collective et Ă  une dĂ©brouille crĂ©ative ? Certainement !, atteste Thierry Biren. J’irais mĂȘme plus loin en rappelant que nous vivons dans un monde de plus en plus visuel, grĂące aux nouveaux mĂ©dias. On fait donc aujourd’hui davantage appel Ă  des parties de notre intelligence que nous possĂ©dions dĂ©jĂ , mais qui n’étaient pas autant sollicitĂ©es auparavant. Seul petit bĂ©mol cette Ă©volution n’est pas assez rapide pour ceux qui doivent encore s’adapter Ă  un monde dont la logique de fonctionnement reste malgrĂ© tout celle de l’hĂ©misphĂšre gauche, de l’organisation et de la rationalitĂ© efficace
 Une question de temps ? 1 Auteure de plusieurs livres sur la douance, dont “ Trop intelligent pour ĂȘtre heureux ? L’adulte surdouĂ© ”, Ă©d. Odile Jacob, 2012, 320 p., 23,20 €. Le fil info La Une Tous Voir tout le Fil info Allez au-delĂ  de l'actualitĂ© DĂ©couvrez tous les changements DĂ©couvrir À la Une Entretien Caroline DĂ©sir L’école aujourd’hui c’est bien plus qu’une histoire d’enfants rois» Par Eric Burgraff et Charlotte Hutin Guerre en Ukraine Zelensky rĂ©clame la venue de l’AIEA Ă  la centrale de Zaporijjia Une camionnette fonce sur une terrasse Ă  Bruxelles un dĂ©sastre frĂŽlĂ© de quelques centimĂštres Par Arthur Sente et Louis Colart Europa League l’Union Saint-Gilloise lancera sa campagne Ă  Berlin le 8 septembre Energie la taxation des surprofits toujours dans les limbes Par Jean-François Munster Pessimistes, cinq banques abaissent leurs prĂ©visions de croissance pour la Belgique
Aumoment de la naissance de l’artiste par la valorisation de l’étude et du savoir, on rĂ©pugne Ă  admettre dans la sociĂ©tĂ© des poĂštes un artisan, que la pratique et l’appĂ©tit du gain nĂ©cessaire Ă  sa subsistance « rend comme esclave, et ne lui inspirent que des sentiments de bassesse et de subjection incompatible avec ceux d’un gentilhomme2 ».

Tour d'horizon de l’actualitĂ© littĂ©raire du moment Ă  la dĂ©couverte de 5 bons romans Ă  dĂ©vorer. Regardez-nous danser de LeĂŻla SlimaniAprĂšs avoir publiĂ© l’annĂ©e dernier Le Pays des autres , LeĂŻla Slimani poursuit sa saga marocaine en dĂ©voilant Regardez-nous danser. Si le premier livre relatait la rencontre, le mariage et l’installation d’une jeune Alsacienne sur les terres de son Ă©poux marocain, ce second tome dĂ©crypte, en particulier, l’évolution de ses enfants, nettement plus privilĂ©giĂ©s, mais toujours tiraillĂ©s entre deux cultures et visions du monde sur fond de pĂ©riode 68. Soit une Ă©popĂ©e familiale au cƓur d’un Maroc en plein bouleversement politico-social et qui dĂ©crit avec finesse, ses contradictions, ses couleurs, ses mƓurs, ses paysages, ses odeurs et sa danser de LeĂŻla SlimaniConnemara de Nicolas Mathieu Il avait dĂ©jĂ  remportĂ© le prix Goncourt avec Leurs enfants aprĂšs eux, Nicolas Mathieu revient cette annĂ©e avec Connemara. De son livre prĂ©cĂ©dent, on retrouve en exergue le Grand Est, mais aussi la question Ă©pineuse du dĂ©terminisme quand les rĂȘves d’adolescence se heurtent aux plafonds de verres sociaux et Ă  la rĂ©alitĂ© d’un monde capitaliste oĂč le tertiaire s'impose dans des milieux modestes. Entre passĂ© et prĂ©sent, d’ados boudeurs qui subissent les limites d’une rĂ©gion isolĂ©e, rĂ©veillĂ©s par leur dĂ©sir, aux adultes Ă  la vie familiale plus ou moins satisfaisantes. Les descriptions sont d'une justesse rare. Connemara de Nicolas Mathieu La fille de Deauville de Vanessa SchneiderLe dernier roman de Vanessa Schneider propulse les lecteurs au coeur de l'Ă©popĂ©e d'Action directe. Ce groupe terroriste communiste formĂ© dans les annĂ©es 80 qui multiplie alors les attentats, braquages et autres actes de terreur Ă  travers la France. Avec en particulier Ă  sa tĂȘte une jeune femme surnommĂ©e par la police la fille de Deauville », nĂ©e dans un quartier cossu, de sa tracte Ă  son arrestation. Ou comment raconter la violence de cette rĂ©volution utopiste, entre rĂȘves de libertĂ© et revanches sociales. Prenant. La fille de Deauville de Vanessa SchneiderNom de Constance DebrĂ© "J’ai un programme politique. Je suis pour la suppression de l’hĂ©ritage, de l’obligation alimentaire entre ascendants et descendants, je suis pour la suppression de l’autoritĂ© parentale, je suis pour l’abolition du mariage, je suis pour que les enfants soient Ă©loignĂ©s de leurs parents au plus jeune Ăąge". AprĂšs Play boy oĂč elle faisait son coming out et Love Me tender oĂč elle dĂ©cryptait son rapport Ă  l'amour maternel, Constance DebrĂ© dĂ©voile, ce printemps, Nom. Une autofiction toujours aussi engagĂ©e qui explore l'enfance et notre rapport compliquĂ© Ă  cette derniĂšre. Si l'on est pas toujours d'accord sur tout, elle soulĂšve des problĂ©matiques et questions intĂ©ressantes. Le rĂŽle discutable que la psychanalyse lui dĂ©die, nos rapports Ă  nos parents
 Et invite, en parallĂšle Ă  considĂ©rer son mode de vie quasi nihiliste en marge de notre sociĂ©tĂ© consumĂ©riste. Nom de Constance DebrĂ© AnĂ©antir de de Michel Houellebecq Attendus comme le messie, les livres de Michel Houellebecq sont partout dĂšs la premiĂšre seconde de leur sortie. Globalement plus boudĂ© par la critique que ses romans prĂ©cĂ©dents, l’auteur nous propulse dans les annĂ©es 2027, en plein pĂ©riode Ă©lectorale, mĂȘlĂ©e Ă  une crise familiale complexe et des attaques informatiques. Les amateurs de la plume et du cynisme Houellebecquiens apprĂ©cieront sĂ»rement. AnĂ©antir de de Michel Houellebecq Retrouvez sur le 5 livres fĂ©ministes qu'il faut avoir lus dans sa vieLes cinq Ă©crivaines françaises les plus prometteuses du moment

Lephotographe Antoine Bruy est parti Ă  la rencontre de ceux qui ont choisi de vivre en marge des villes et de leurs fracas. C’est autant une sĂ©rie de portraits que le carnet de bord d’une
ActualitĂ© SociĂ©tĂ© Climat et transitions L'Ă©tat d'urgence a eu raison de la mobilisation. En raison de l'Ă©tat d'urgence dĂ©crĂ©tĂ© aprĂšs les attentats de Paris, le gouvernement a dĂ©cidĂ© de "ne pas autoriser" les marches pour le climat prĂ©vues les 29 novembre, veille de l'ouverture de la COP21, et le 12 dĂ©cembre, lendemain de la clĂŽture de cette confĂ©rence. La manifestation du 29 novembre devait ainsi se tenir entre les places de la RĂ©publique et de la Nation, via le boulevard Voltaire, dans le quartier oĂč ont eu lieu les attentats du vendredi 13 novembre. Juliette Rousseau, la coordinatrice de la Coalition climat 21, chargĂ©e de l'organisation de cette marche, a rĂ©agi Ă  cette interdiction Regrettez-vous la dĂ©cision prise par le gouvernement d'annuler les marches citoyennes en marge de la COP21? Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1€ sans engagement Bien sĂ»r que nous la regrettons. Nous travaillons depuis un an et demi comme des fous sur ces Ă©vĂ©nements, et maintenant il nous faut tout rĂ©inventer en l'espace de 10 jours. Plusieurs dizaines de milliers de personnes Ă©taient attendues Ă  Paris. C'est un vĂ©ritable coup dur pour nous. D'autant plus que nous espĂ©rions que le gouvernement propose des alternatives Ă  cette interdiction, mais ils ne l'ont pas fait. >> Suivez les Ă©volutions de l'enquĂȘte avec notre direct Quoiqu'il en soit, les gens vont continuer Ă  se mobiliser. Plusieurs dizaines de manifestations sont attendues partout en France. A priori, certaines municipalitĂ©s de province pourraient autoriser ces marches, c'est notamment le cas pour Strasbourg ou Rennes. On attend des rĂ©ponses des autres villes, mais on reste optimiste. Ne craignez nous pas que ces interdictions vous nuisent, en rĂ©duisant la portĂ©e de votre message? On aurait pu le craindre en effet, mais paradoxalement, nous n'avons jamais bĂ©nĂ©ficiĂ© d'autant de couverture mĂ©diatique que depuis que ces interdictions ont Ă©tĂ© prononcĂ©es. Au mĂȘme titre que tout le monde, nous allons nous adapter Ă  ces tragiques Ă©vĂ©nements. Nous allons reformuler notre mobilisation, mais nous n'allons pas l'annuler. Cela va nous pousser Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  de nouveaux modes d'action. Vous avez dit qu'il vous faudrait faire preuve de "crĂ©ativitĂ©" dans votre mobilisation maintenant. Par quoi cela va-t-il passer? Depuis hier, nous nous sommes rĂ©unis avec des artistes et des militants pour rĂ©flĂ©chir Ă  cela. A Paris, nous allons surement proposer des manifestations plus visuelles, plus sonores, et plus symboliques. Les plus lus OpinionsLa chronique de Vincent PonsVincent Pons, avec Boris VallĂ©eLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles Pialoux
Traductionsen contexte de "marge de la société" en français-anglais avec Reverso Context : en marge de la société Traduction Correcteur Synonymes Conjugaison Plus
Marcel Duchamp Ă©voque son rapport Ă  l'art et Ă  la vie. Loin du sĂ©rieux des musĂ©es et des galeries d'art contemporain, il exprime un esprit ludique. Marcel Duchamp demeure une figure incontournable des avant-gardes artistiques. Une sĂ©rie d’entretiens avec Pierre Cabanne, publiĂ©s en 1967, sont rééditĂ©s. L’artiste, ĂągĂ© de 79 ans, revient sur son refus du petit bonheur conformeLa principale Ɠuvre d’art de Marcel Duchamp, c’est surtout sa vie. Ses crĂ©ations lui ont surtout permis un refus du travail. Je considĂšre que travailler pour vivre est un peu imbĂ©cile au point de vue Ă©conomique. J’espĂšre qu’un jour on arrivera Ă  vivre sans ĂȘtre obligĂ© de travailler », affirme Marcel Duchamp. Il a refusĂ© le petit mode de vie bourgeois avec ses contraintes et son confort superficiel, de ce que l’on appelle une femme, des enfants, une maison de campagne, une automobile ».Marcel Duchamp nĂ© en 1887, dans la bonne bourgeoisie normande. En 1905, il devient ouvrier d’art et imprime des gravures pour ĂȘtre dispensĂ© de deux ans de service militaire. Sa candidature Ă  l’École des beaux-arts est refusĂ©e. Absolument, et j’en suis fier maintenant », commente Marcel Duchamp. Mais, Ă  l’époque, il apparaĂźt comme un jeune bourgeois conformiste qui ne fuit pas encore le petit milieu artistique mais aspire au contraire Ă  s’y intĂ©grer. Il dĂ©couvre le fauvisme et le cubisme. Il frĂ©quente Montmartre, l’épicentre de la vie artistique. Guillaume Apollinaire et Picasso frĂ©quentent ce quartier qui abrite surtout une bohĂȘme artistique en marge de la routine du quotidien et sans soucis du lendemain. On fait de la peinture parce qu’on veut soi-disant ĂȘtre libre. On ne veut pas aller au bureau tous les matins », prĂ©cise Marcel Duchamp. En 1909, il expose, pour la premiĂšre fois, deux toiles au Salon des indĂ©pendants. La curiositĂ© guide ce bouillonnement c’est surtout la rencontre avec Francis Picabia qui Ă©loigne Marcel Duchamp du milieu des peintres professionnels. Loin de tout conformisme, Picabia vit dans l’excĂšs de l’alcool et de l’opium. L’existence d’un artiste consiste Ă  vivre intensĂ©ment. Marcel Duchamp refuse le petit bonheur conforme avec femme et enfants pour embrasser pleinement la vie d’artiste. Il refuse de s’enferme dans le cadre du couple et du mariage, avec la routine qui va avec. Il y avait une question de budget qui intervenait, et un raisonnement trĂšs logique il fallait choisir entre faire de la peinture ou autre chose. Être l’homme de l’art, ou se marier, avoir des enfants, une maison de campagne
 », dĂ©crit Marcel artiste novateur et dilettanteLe Nu descendant un escalier apparaĂźt comme une provocation Ă©rotique pour le petit milieu artistique. Entre 1912 et 1913, ses peintures dont les titres Ă©voquent l’érotisme se multiplient, Ă  l’image de La MariĂ©e mise Ă  nu par les cĂ©libataires. Les titres de ses Ɠuvres rĂ©vĂšlent des jeux de langage, souvent humoristiques. L’artiste utilise des objets et de nouveaux matĂ©riaux, comme le verre. Marcel Duchamp invente le ready made qui permet de construire une Ɠuvre d’art Ă  partir d’objet. Si les conservateurs et autres historiens insistent sur la dimension conceptuelle, Marcel Duchamp Ă©voque plutĂŽt une inspiration ludique. Le hasard doit permettre de sortir du conditionnement et de la routine esthĂ©tique. Le choix des ready-made est toujours basĂ© sur l’indiffĂ©rence visuelle en mĂȘme temps que sur l’absence totale de bon ou de mauvais goĂ»t », prĂ©cise Marcel Duchamp. La crĂ©ation peut alors sortir de l’étouffoir de l’ Duchamp part vivre Ă  New York. Il est dĂ©jĂ  connu comme l’auteur du Nu descendant un escalier. Il frĂ©quente des peintres et des poĂštes, mais pas Arthur Cravan. Marcel Duchamp recherche moins la reconnaissance que la provocation et le scandale Ă  travers ses Ɠuvres. Il dĂ©couvre le mouvement Dada qui se rapproche de cette dĂ©marche. Son ami Picabia dĂ©veloppe ce mouvement aux États-Unis, de maniĂšre plutĂŽt agressive et anti-art. Il s’agissait surtout de remettre en question le comportement de l’artiste tel que l’envisageaient les gens. L’absurditĂ© de la technique, des choses traditionnelles », dĂ©crit Marcel Duchamp. Dada se diffuse aux États-Unis Ă  travers des bulletins comme TNT revue explosive. Des textes permettent de faire connaĂźtre la fameuse Ɠuvres de Marcel Duchamp coĂ»tent aujourd’hui chacune une vĂ©ritable fortune. A l’époque, elles se vendent dĂ©jĂ  Ă  plusieurs milliers de dollars. Pourtant, il n’en touche pas un centime. Il peut donner une Ɠuvre pour payer le loyer, mais il ne crĂ©e pas dans une logique financiĂšre et professionnelle. Il donne quelques cours de français et vend ses anciennes Ɠuvres pour toucher un petit revenu. Mais il s’accommode d’une vie de bohĂȘme et de misĂšre. Vivre avec peu d’argent ne l’empĂȘche pas d’ĂȘtre immergĂ© dans le bouillonnement culturel de New York. Mais, en 1918, le patriotisme triomphe avec l’entrĂ©e en guerre des États-Unis. L’artiste rejoint alors l’Argentine pour Ă©chapper Ă  ce climat Duchamp retourne Ă  Paris en 1919. Il retrouve Picabia et la bande des dadaĂŻstes français. La Joconde crĂ©e un nouveau scandale. Marcel Duchamp rajoute une moustache et une barbiche au tableau de LĂ©onard de Vinci pour le dĂ©sacraliser. Il rajoute les lettres Ă  lire phonĂ©tiquement. Il crĂ©e Ă©galement un personnage auquel il identifie, pour changer de sexe Rrose SĂ©lavy. DĂšs 1922, AndrĂ© Breton Ă©crit un article sur Marcel Duchamp dans la revue LittĂ©rature. Les surrĂ©alistes contribuent Ă  faire de sa dĂ©marche la figure originelle des avant-gardes Duchamp prĂ©sente sa conception originale de l’art. Pour lui, une Ɠuvre doit choquer. La rĂ©ception du public semble aussi importante que l’acte de crĂ©ation. Marcel Duchamp ne frĂ©quente pas les musĂ©es et rejette les modes passagĂšres. Pourtant, il accepte que ses Ɠuvres soient exposĂ©es dans des musĂ©es. J’ai acceptĂ© parce qu’il y a des choses pratiques dans la vie qu’on ne peut pas empĂȘcher. Je n’allais pas refuser. J’aurais pu les dĂ©chirer ou les casser, cela aurait Ă©tĂ© aussi un geste idiot », se justifie l’ vie comme Ɠuvre d’artMarcel Duchamp rejette les valeurs bourgeoises, la culture et l’histoire de l’art dans laquelle il refuse de se plonger sĂ©rieusement. J’aurais voulu travailler, mais il y avait en moi un fond de paresse Ă©norme. J’aime mieux vivre, respirer, que travailler », prĂ©cise Marcel Duchamp. Il se moque Ă©galement du modĂšle de la rĂ©ussite sociale et de la reconnaissance artistique. PlutĂŽt que de se rĂ©fĂ©rer Ă  l’utilitĂ© du travail, il prĂ©fĂšre se laisser bercer par les plaisirs de la vie. Je ne considĂšre pas que le travail que j’ai fait puisse avoir une importance quelconque au point de vue social dans l’avenir. Donc, si vous voulez, mon art serait de vivre », exprime Marcel ne reste mariĂ© que 6 mois. Il refuse de s’enfermer dans le carcan de la famille, avec une femme et des enfants, et rentrer dans un mode de vie plus conformiste. La famille qui vous force Ă  abandonner vos idĂ©es rĂ©elles pour les tronquer contre des choses acceptĂ©es par elle, la sociĂ©tĂ© et tout le bataclan ! », estime Marcel Duchamp. Il insiste Ă©galement sur la dimension Ă©rotique de son Ɠuvre, contre la religion et les rĂšgles Duchamp permet de sortir l’art de la banale peinture Ă  l’huile pour orner les murs d’un salon bourgeois. L’artiste utilise surtout des objets. L’art prend davantage la forme d’un signe, si vous voulez ; il n’est plus ravalĂ© au niveau de la dĂ©coration ; c’est ce sentiment qui a dirigĂ© ma vie », prĂ©cise Marcel prĂ©faces des diverses Ă©ditions de ses entretiens rĂ©alisĂ©s en avril 1966 Ă©voquent l’importance de Marcel Duchamp, au-delĂ  des diverses interprĂ©tations et commentaires des historiens de l’art. A travers ses actes de crĂ©ateur Marcel Duchamp n’a pas voulu imposĂ© un langage rĂ©volutionnaire nouveau, mais proposer une attitude de l’esprit ; c’est pourquoi ces entretiens constituent une Ă©tonnante leçon de morale », observe Pierre Cabanne. Issu de la petite bourgeoisie, l’artiste se libĂšre progressivement de sa famille, de son milieu, de son Ă©poque, de l’art de son temps avec ses normes et ses moyens traditionnels. Sa principale Ɠuvre d’art demeure sa vie, puisqu’il a tentĂ© d’échapper au travail et aux contraintes sociales. Sa non-activitĂ© semble ludique et il conçoit l’art comme un jeu et une pratique une deuxiĂšme prĂ©face, datĂ©e de 1976, Pierre Cabanne Ă©voque la rĂ©ception de ses entretiens. Les propos de Marcel Duchamp ont scandalisĂ© le petit milieu mĂ©diatique et artistique. L’artiste dĂ©clare vivre comme un garçon de cafĂ© » et semble dĂ©tachĂ© et indiffĂ©rent par rapport Ă  son propre mythe. Loin du peintre hautain et avide de reconnaissance, il insiste sur son rapport ludique Ă  l’art et Ă  la vie. Les journalistes et historiens d’art prĂ©fĂšrent un Duchamp momifiĂ© et aseptisĂ© pour se contenter de commenter ses Ɠuvres de maniĂšre pĂ©dante et d’une dĂ©marche ludiqueLa dĂ©marche de Marcel Duchamp se rapproche de celle de John Cage. Cet artiste rĂ©invente l’expĂ©rimentation musicale. Moira Roth le rencontre entre 1971 et 1973 pour sa thĂšse en histoire de l’art intitulĂ©e Marcel Duchamp et l’AmĂ©rique, 1914-1973 ». Elle est accompagnĂ©e par William Roth, son mari, sociologue et cinĂ©aste pour rĂ©aliser un Cage, comme Marcel Duchamp, accorde une grande importance au hasard dans la crĂ©ation. Il propose des opĂ©rations Cage confirme le dĂ©tachement de Marcel Duchamp Ă  l’égard de l’argent et du travail. L’artiste refuse de vendre ses Ɠuvres, Ă  une Ă©poque au cours de laquelle se dĂ©veloppe un marchĂ© de l’art trĂšs lucratif. Pour vivre, il se contente de petits boulots. Il considĂ©rait l’attitude bourgeoise qui consiste Ă  avoir un travail et Ă  gagner de l’argent et ainsi de suite comme une perte de temps », confirme John Cage et Marcel Duchamp semblent Ă©galement indiffĂ©rents Ă  la critique ou Ă  la reconnaissance de leurs Ɠuvres par le public ou les spĂ©cialistes. Je pense que la sociĂ©tĂ© est l’un des plus grands obstacles qu’un artiste puisse rencontrer », estime John Cage. Il dĂ©nonce Ă©galement le public, comme un groupe de consommateurs de spectacles. La sĂ©paration et la hiĂ©rarchie entre l’artiste et le public doit ĂȘtre brisĂ©e. Je suis ici pour brouiller les distinctions entre l’art et la vie - comme je pense que Duchamp l’était aussi - et entre l’enseignant et l’élĂšve, et entre l’interprĂšte et la public, etc. », prĂ©cise John rapport ludique et humoristique Ă  la vie semble Ă©galement relier les deux artistes. Cette dĂ©marche influence notamment Fluxus. Il prenait le fait de s’amuser trĂšs au sĂ©rieux. Et l’atmosphĂšre autour de lui Ă©tait toujours au divertissement », tĂ©moigne John Cage. La vie s’apparente Ă  un jeu, tournĂ© vers le plaisir. Il Ă©tait parfaitement prĂȘt Ă  ce que la vie n’ait pas d’autre sens que de s’amuser », souligne John Cage. Marcel Duchamp dĂ©veloppe des idĂ©es libertaires. Il s’oppose Ă  la politique, mais surtout Ă  sa dĂ©rive professionnelle Ă  travers la dĂ©mocratie reprĂ©sentative. Il dĂ©nonce la pollution et les consĂ©quences du capitalisme. Il aspire surtout Ă  rendre la vie joyeuse et jouissive. Et il Ă©tait pour le sexe et l’humour. Et il Ă©tait opposĂ© Ă  la propriĂ©tĂ© privĂ©e », prĂ©cise John sociĂ©tĂ© bourgeoise cĂ©lĂšbre aujourd’hui Marcel Duchamp. Une exposition s’organise au Centre Pompidou Ă  partir du 24 septembre 2014. Comme pour Guy Debord, la rĂ©cupĂ©ration et la musĂ©ification permettent de dĂ©samorcer la charge subversive d’une dĂ©marche qui attaque les normes dominantes. Marcel Duchamp n’est pas un rĂ©volutionnaire. Il n’évoque jamais les luttes sociales et semble se dĂ©sintĂ©resser du mouvement ouvrier. Il devient facile de le cantonner Ă  la sphĂšre artistique. Mais Marcel Duchamp exprime surtout un Ă©tat d’esprit de rĂ©volte joyeuse, d’individualisme hĂ©doniste et de provocation ludique. Il mĂ©prise les normes de la sociĂ©tĂ© marchande comme l’argent et le travail. Il refuse de se fondre dans le moule du petit bonheur conforme et de la rĂ©ussite sociale. Avoir de l’argent et faire carriĂšre semble moins important que jouir de la vie. Mais cette dĂ©marche peut devenir inoffensive lorsqu’elle se rĂ©duit Ă  choisir un banal mode de vie qui se complaĂźt dans la marginalitĂ©. Seule une transformation de la sociĂ©tĂ© peut permettre Ă  chacun de vivre Articles liĂ©s Pour aller plus loin VidĂ©o Viva Dada, documentaire diffusĂ© sur Arte le 14 fĂ©vrier 2016Revue de presse sur le livre de Marcel Duchamp sur le site des Ă©ditions AlliaRevue de presse sur le livre de John Cage sur le site des Ă©ditions Allia
LĂ©naDurr s’intĂ©resse aux normes et marges de la sociĂ©tĂ© qu’elle met en scĂšne dans un travail photographique toujours tendre et un peu nostalgique. L’Ɠuvre et le quotidien de l’artiste ne font qu’un puisqu’elle vit elle-mĂȘme dans un mobil-home, Ă  Cuers dans le Var, au milieu d’objets collectĂ©s depuis son adolescence. Habitats sauvages est
Biographies Visites d'Atelier LĂ©onard de Vinci RaphaĂ«l Marc Chagall GaudĂ­ Edward Hopper Accueil > Artistes > Biographies AbonnĂ©s Lee Ufan, artiste minimaliste et sculpteur du temps Artiste minimaliste corĂ©en incontournable, Lee Ufan est, Ă  86 ans, encore au cƓur de la crĂ©ation contemporaine. AprĂšs deux centres en CorĂ©e et au Japon oĂč il a travaillĂ© de nombreuses annĂ©es, l'artiste en ouvre un Ă  Arles dans le Sud de la France. À cette occasion, retour sur la vie et la carriĂšre d'un artiste discret et brillant. AbonnĂ©s 9 romans sur l’art Ă  glisser dans sa valise cet Ă©tĂ© Historiques, fantastiques, biographiques ou poĂ©tiques, ces neuf ouvrages raviront les amateurs de fictions en quĂȘte d'Ă©motions ou les avides d'histoires vraies sur le parcours de divers artistes. DĂ©couvrez notre sĂ©lection de romans Ă  dĂ©vorer cet Ă©tĂ©. AbonnĂ©s Qui Ă©tait Rosa Bonheur, artiste hors norme ? Artiste novatrice, icĂŽne de l’émancipation des femmes, Rosa Bonheur plaça le monde animal au cƓur de son art. Elle s'engagea pour la reconnaissance des animaux et chercha Ă  exprimer leur Ăąme ». NĂ©e dans la prĂ©caritĂ©, farouchement indĂ©pendante, elle connut la richesse et la cĂ©lĂ©britĂ© grĂące Ă  son talent et son travail hors normes. AbonnĂ©s Biographie Raoul Dufy, le bonheur en couleurs Fauviste Ă  ses dĂ©buts aprĂšs avoir flirtĂ© avec l’impressionnisme, Raoul Dufy parcourt les terres du maĂźtre CĂ©zanne dont il traduira les leçons sur l’espace et les volumes par des courbes et des arabesques. Artiste d’avant-garde d’une activitĂ© dĂ©bordante, grand voyageur, Dufy n’aura de cesse d’explorer les infinies possibilitĂ©s de son art. Retour sur l’histoire d’une vie consacrĂ©e Ă  la lumiĂšre, la couleur, le ciel, l’eau, les fleurs et les arbres. AbonnĂ©s Biographie GaudĂ­, architecte par nature DerriĂšre les extravagants bĂątiments de GaudĂ­ se cache une conception rationnelle, exploitant les surfaces gĂ©omĂ©triques pour distribuer autrement les forces et augmenter l’espace. Mais l’imagination de l’architecte est Ă©galement Ă  l’Ɠuvre, nourrie de sources orientales, des montagnes de Montserrat et de la contemplation de la nature. AbonnĂ©s Dans la lumiĂšre de Sorolla l’art en bord de mer Aux Bassins des LumiĂšres de Bordeaux, un programme court est consacrĂ© Ă  JoaquĂ­n Sorolla, l’un des grands noms de la peinture espagnole du XXe siĂšcle. Son Ɠuvre sublime le pittoresque des jardins, des familles, des paysages et des plages espagnoles, Ă  travers le bleu d'une lumiĂšre douce, qui caresse les ombrelles des femmes et la houle des vagues. AbonnĂ©s Du Quattrocento Ă  Jean Cocteau, l’aventure artistique de Christian BĂ©rard Coqueluche du Paris artistique et mondain des annĂ©es 1930-1940, Christian BĂ©rard fut un crĂ©ateur inspirĂ©. Peinture, mode, dĂ©cor de théùtre, son Ɠuvre multiple s’expose au Palais LumiĂšre d’Évian. AbonnĂ©s Gallen-Kallela et la Finlande un art aux sources de la culture nordique De langue maternelle suĂ©doise, Gallen-Kallela dĂ©couvre pourtant trĂšs jeune la langue et les rĂ©cits finnois. Il se met Ă  rechercher les traces d’une ancienne culture nordique et explore les territoires les plus reculĂ©s de son pays. Tant de connaissances qui façonneront son art. Le musĂ©e Jacquemart-AndrĂ© Ă  Paris lui fait honneur dans l'exposition Gallen-Kallela. Mythes et nature », visible du 11 mars au 25 juillet 2022. AbonnĂ©s Kandinsky et l’odyssĂ©e de l’abstraction Jusqu'au 2 janvier 2023, l'Atelier des LumiĂšres Ă  Paris dĂ©voile l'odyssĂ©e de Kandinsky et son univers peuplĂ© de crĂ©atures graphiques. Retour sur son odyssĂ©e de l'abstraction, de l'hĂ©ritage russe au cosmos, en passant par le Bauhaus. AbonnĂ©s Qui Ă©tait Meret Oppenheim, ambassadrice du bizarre ? De Berne Ă  New York, une sĂ©rie de rĂ©trospectives de Meret Oppenheim 1913-1985 met enfin en valeur la cohĂ©rence d’une Ɠuvre apparemment disparate, sous influence surrĂ©aliste tout en Ă©tant trĂšs singuliĂšre, bizarre, imprĂ©visible, dĂ©rangeante. AbonnĂ©s Rembrandt, un artiste entre ombre et lumiĂšre Rembrandt van Rjin est sans doute le peintre hollandais le plus connu. À l'occasion du 352e anniversaire de sa mort, retour sur la carriĂšre d’un gĂ©nie aux mille facettes qui fit du clair-obscur sa spĂ©cialitĂ©. AbonnĂ©s Georgia O’Keeffe, une artiste Ă  la nature sauvage histoire d’un mythe amĂ©ricain IcĂŽne de la peinture amĂ©ricaine, Georgia O'Keeffe bĂ©nĂ©ficie d'une premiĂšre rĂ©trospective en France, au Centre Pompidou. Rappel des grandes Ă©tapes de sa vie, qui l'ont conduite des gros plans de fleurs Ă  connotation sexuelle aux paysages du Nouveau-Mexique. Qui Ă©tait Frida Kahlo, artiste rebelle et lĂ©gende mexicaine ? PrisonniĂšre d’un corset pendant presque toute son existence, Frida Kahlo, femme libre et moderne, a créé une oeuvre autobiographique d’une puissance et d’une originalitĂ© exceptionnelles. Elle a 18 ans quand elle rencontre Diego Rivera, un colosse de vingt ans son aĂźnĂ©, cĂ©lĂšbre pour ses fresques murales racontant l’humanitĂ© en marche. Deux vies indissociablement liĂ©es par l’amour, l’art, l’engagement, l’attachement Ă  la terre mexicaine. RĂ©cit. RĂ©cit d’une vie JosĂ©phin PĂ©ladan, l’occultisme en cuissardes et dentelles Excentrique catholique et lĂ©gitimiste, occultiste, Ă©crivain capable du meilleur et surtout du pire, PĂ©ladan fonda en 1892 le Salon de la Rose+Croix. Retour sur ce personnage extravagant qui eut un rĂŽle majeur dans le mouvement symboliste de la fin du XIXe siĂšcle. JĂ©rĂŽme Bosch, faiseur de diables et peintre du destin des hommes CrĂ©ateur de monstres et de visions infernales, JĂ©rĂŽme Bosch vers 1450-1516 n’a pourtant pas le profil d’un hĂ©rĂ©tique ou d’un artiste en marge. FormĂ© dans l’atelier familial de Bois-le-Duc, il intĂšgre l’influente confrĂ©rie de Notre-Dame, vouĂ©e au culte de la Vierge. Peintre de culture humaniste, en phase avec l’élite urbaine de son temps, il travaille pour une clientĂšle aristocratique, voire princiĂšre. RĂ©cit d’une vie LĂ©onard de Vinci, un gĂ©nie universel LĂ©onard de Vinci, l’auteur du tableau le plus cĂ©lĂšbre du monde apparaĂźt comme un vĂ©ritable mythe, un homme au savoir encyclopĂ©dique et Ă  l’invention illimitĂ©e, ayant excellĂ© dans toutes les disciplines. Il Ă©tait pourtant un homme de son temps. Retour sur la carriĂšre d’une personnalitĂ© tout Ă  la fois exceptionnelle et appartenant pleinement Ă  son Ă©poque. AbonnĂ©s Aux sources de la peinture de VelĂĄzquez Les peintures de la rĂ©alitĂ© quotidienne exĂ©cutĂ©es par VelĂĄzquez, aux ambiances sombres peuplĂ©es de figures humbles, longtemps considĂ©rĂ©es comme hĂ©ritiĂšres du caravagisme, le sont tout autant de la tradition vĂ©nĂ©to-flamande et de l’art naturaliste des bodegones. Tamara de Lempicka, une pionnière du star system GrĂące Ă  un talent innĂ© pour la communication et la mĂ©diatisation, Tamara de Lempicka 1898-1980 a savamment construit son personnage de femme peintre. Furieusement Ă  la mode dans l’entre-deux-guerres, elle intĂ©gra les codes de la sociĂ©tĂ© du spectacle naissante, crĂ©ant des Ɠuvres aussi efficaces que des affiches publicitaires ou des photos hollywoodiennes. RĂ©cit d’une vie Frank Lloyd Wright, l’archi-rĂ©volutionnaire GĂ©nial concepteur de la Maison sur la cascade, Frank Lloyd Wright est l’un des architectes les plus marquants du XXe siĂšcle. Retour sur l'Ɠuvre et la vie tumultueuse du dĂ©fenseur de l'architecture organique, Ă  qui l'on doit le fantastique Guggenheim Museum de New York. Foujita, les Ɠuvres d’une vie 1 [podcast] DĂ©couvrez la vie et l'oeuvre du dessinateur et peintre japonais Tsuguharu Foujita 1886-1968, nĂ© japonais et shintoĂŻste, mort français et catholique. Pouvoir, gloire et passion Artemisia Gentileschi, le roman d’une vie D’Artemisia Gentileschi, on connaĂźt le viol et le scandale du procĂšs. On sait moins que toute sa vie fut un roman dominĂ© par la passion et par une quĂȘte Ă©perdue de gloire et de libertĂ©. Kiki, reine des Montparnos NĂ©e dans une famille bourguignonne modeste, Alice Prin, rebaptisĂ©e Kiki », devint Ă  20 ans la muse de Man Ray, le modĂšle de Foujita, de Kisling et de bien d'autres artistes de Montparnasse. Portrait d'une lĂ©gende des AnnĂ©es Folles. Manet, l’inventeur du moderne en 6 dates clefs Pourquoi Le DĂ©jeuner sur l'herbe et l'Olympia ont-ils provoquĂ© des scandales ? Quels artistes a-t-il frĂ©quentĂ© ? Retour en 6 dates sur la vie d'Édouard Manet, ce bourgeois cultivĂ© et Parisien Ă©lĂ©gant qui n'aimait rien tant que le succĂšs. Berthe Morisot une vie pour la peinture DĂ©couvrez la vie de Berthe Morisot, une femme issue de la grande bourgeoisie au destin exceptionnel qui a voulu vivre de son art et pour son art. Portrait d’une personnalitĂ© indĂ©pendante et non conformiste, dĂ©crite par son entourage comme farouche et solitaire, mais obstinĂ©e et fidĂšle Ă  son engagement dans la peinture. Egon Schiele fragments d’une vie Retour sur la fulgurante existence d’Egon Schiele, mort le 31 octobre 1918 Ă  l'Ăąge de 28 ans. AprĂšs avoir claquĂ© la porte de l’AcadĂ©mie, le jeune homme exhibe crĂ»ment les souffrances profondes de l’ĂȘtre dans ses nus, portraits et autoportraits. Soutenu par Gustav Klimt et plusieurs mĂ©cĂšnes, il est loin d’ĂȘtre l’artiste maudit que la postĂ©ritĂ© s’est longtemps plu Ă  prĂ©senter. RĂ©cit d’une vie Henri de Toulouse-Lautrec Henri de Toulouse-Lautrec, descendant des comtes de Toulouse fera de Paris, ses cabarets et ses maisons closes, son univers de prĂ©dilection. DĂ©couvrez la carriĂšre prolifique et fulgurante de cet artiste inclassable. IdĂ©e lecture Sonia Delaunay, La Vie magnifique Cet Ă©tĂ©, dĂ©couvrez la vie de Sonia avant, pendant et aprĂšs Delaunay racontĂ©e par Sophie Chauveau, aux Éditions Tallandier. IdĂ©e lecture Je suis le carnet de Dora Maar Dans notre sĂ©lection fĂ©minine, laissez-vous tenter par la biographie - dictionnaire de Dora Maar, Ă©crite par Brigitte Benkemoun, aux Ă©ditions Stock. Le roman vrai de Louise Bourgeois Sur la plage ou Ă  l'ombre sur une terrasse, lisez la biographie de Louise Bourgeois Ă©crite par Marie-Laure Bernadac. IdĂ©e lecture Delacroix ou la culture de l’audace FamiliĂšre du peintre EugĂšne Delacroix 1798-1863, Dominique de Font-RĂ©aulx nous offre un vĂ©ritable monument Ă©levĂ© Ă  la gloire de cet ancien Ă©lĂšve de GuĂ©rin, haussĂ©, hors de tout statut officiel malgrĂ© les commandes publiques reçues, en chef de file de la peinture romantique française. Les machines Ă  message de Fabien Chalon Retraçant vingt-cinq ans de carriĂšre, les sculptures en nĂ©on ou installations sonores en mouvement de Fabien Chalon, parfois dotĂ©es de vidĂ©os, investissent une nouvelle fois l’espace d’Olivier Waltman. Disparition de John Richardson, biographe de Picasso L'ami et biographe de Picasso, John Richardson est dĂ©cĂ©dĂ© Ă  New York, le 12 mars Ă  l'Ăąge de 95 ans. IdĂ©e Lecture La double vie de Paul Signac Inconditionnels de Paul Signac, ne lisez pas ce livre. Ou plutĂŽt si, lisez-le, pour savoir qui Ă©tait Ă  la ville ce peintre dont vous admirez la touche pointilliste et les Ă©blouissantes vues maritimes peintes dans le sud de la France, Ă  Antibes ou Saint-Tropez. IdĂ©e Lecture Frida Kahlo intime La vie de Frida Khalo 1907-1954, peintre et compagne de Diego Rivera, pouvait-elle encore receler des aspects mĂ©connus ? IdĂ©e Lecture Jean Fournier ou la vie de galeriste D'emblĂ©e, on se plonge avec dĂ©lices dans ces photographies d’archives
 Le premier ouvrage de cette collection lancĂ©e Ă  l’initiative du ComitĂ© professionnel des galeries d’art, permet de dĂ©couvrir comment travaillait Jean Fournier, des annĂ©es 1950 Ă  2000. RĂ©cit d’une vie Louis-Philippe, le Roi des Français passionnĂ© d’Histoire VilipendĂ© par les lĂ©gitimistes comme par les rĂ©publicains, Louis-Philippe, roi entre deux chaises, est injustement nĂ©gligĂ©. Deux expositions Ă  Versailles et Fontainebleau rĂ©vĂšlent son rĂŽle majeur dans la rĂ©habilitation des palais royaux. RĂ©cit d’une vie Sigmund Freud, mĂ©decin psychanalyste Au musĂ©e d'Art et d'histoire du JudaĂŻsme, Ă  Paris, l’historien de l’art Jean Clair met en lumiĂšre la vie de Sigmund Freud Ă  travers deux cents ouvrages, photographies, objets scientifiques, peintures, dessins et gravures, dans la premiĂšre exposition en France sur l’inventeur de la psychanalyse. Misia, encore ! AprĂšs une exposition au musĂ©e d'Orsay et l'hommage rendu Ă  son mari JosĂ© Maria Sert au Petit Palais, la belle Misia Sert 1872-1952, muse du Tout-Paris littĂ©raire et artistique de 1900 Ă  la Seconde Guerre mondiale, est Ă  nouveau sous les feux de la rampe. Quand la vie l’emporte sur l’Ɠuvre CĂ©lĂšbres, maudits, scandaleux les artistes, ou tout du moins leurs biographies, ont parfois Ă©clipsĂ© leurs Ɠuvres. Romanciers, cinĂ©astes et mĂȘme certains historiens se sont repus de leurs destinĂ©es. Des expositions au musĂ©e Marmottan-Monet ou Ă  la PinacothĂšque de Paris remettent Ă  l'honneur le plus important l'Ɠuvre de ces artistes. 1»1

Laprochaine sĂ©ance des Doctoriales se tiendra sur Zoom et sur inscription (en Ă©crivant Ă  contact.doctoriales.serd@gmail.com) le samedi 12 dĂ©cembre de 10h30 Ă  12h30. Elle sera composĂ©e de deux communications : “Le cirque entre marginalitĂ© et culture de masse” de LĂ©a de Truchis (UniversitĂ© Paul ValĂ©ry Montpellier 3) et “‘D’un cĂŽtĂ© l’univers et de l’autre

Texte de Mathieu Saujot, chercheur Ă  l’IDDRI, Sarah Thiriot, sociologue Ă  l’AdemeEn 2020, Bon Pote prĂ©sentait les 12 excuses de l’inaction climatique et les maniĂšres d’y rĂ©pondre, sur la base d’un article scientifique qui a depuis touchĂ© une forte audience. Dans ce travail, 12 discours de dĂ©lai, qui acceptent la rĂ©alitĂ© du changement climatique mais justifient l’inaction ou des actions inadĂ©quates », Ă©taient identifiĂ©s et analysĂ©s. Parmi les diffĂ©rents types d’actions Ă  mener pour faire face au changement climatique, la question des modes de vie plus durables nous semble ĂȘtre particuliĂšrement sujette Ă  ce type de discours. Les rĂ©actions au concept de sobriĂ©tĂ© en sont un bon exemple. Celui-ci apparaĂźt souvent comme un tabou qui peut ĂȘtre soit Ă©cartĂ© soit diluĂ© en jouant sur la confusion avec l’efficacitĂ© ou encore neutralisĂ© en renvoyant vers la dĂ©croissance. On se trouve donc dans une situation oĂč de plus en plus de dĂ©clarations politiques reconnaissent la nĂ©cessitĂ© de faire Ă©voluer nos modes de vie, mais oĂč des obstacles se prĂ©sentent dĂšs que l’on aborde concrĂštement les changements Ă  mettre en Ɠuvre. Prendre en compte ces prĂ©occupations et savoir y rĂ©pondre Faire ce travail d’identification des arguments de rĂ©sistance au changement et des rĂ©ponses possibles Ă  apporter n’est pas seulement un enjeu de communication politique il rĂ©vĂšle des Ă©lĂ©ments sur ce que reprĂ©sente changer les modes de vie et ce qu’il faut mettre en Ɠuvre collectivement pour que cela devienne possible, acceptable, auteurs de l’article sur les 12 discours d’inaction climatique soulignent que ces derniers s’appuient sur les prĂ©occupations et les craintes lĂ©gitimes 
 Nous soutenons qu’ils deviennent des arguments dilatoires lorsqu’ils dĂ©forment plutĂŽt que de clarifier, soulĂšvent l’adversitĂ© plutĂŽt que le consensus ou laissent entendre que prendre des mesures est un dĂ©fi impossible. ».Nous cherchons donc Ă  rĂ©pondre Ă  ces arguments afin de progresser dans notre capacitĂ© Ă  rendre possibles ces changements de modes de vie. Pour cela il nous paraĂźt essentiel d’éclairer et orienter le dĂ©bat avec les acquis et connaissances des sciences humaines et sociales. 1. Ces changements ne sont pas acceptablesCet argument dĂ©crĂ©dibilise une action climatique qui passerait par des changements de modes de vie en considĂ©rant qu’ils ne seraient pas acceptables par la population. On pense gĂ©nĂ©ralement ici Ă  changer sa mobilitĂ©, son chauffage, ses pratiques de consommation et alimentaire, sa maniĂšre de faire du tourisme, d’utiliser le numĂ©rique
 – RĂ©ponses possibles –Inverser la charge de la preuve Cet argument comme d’autres fonctionne car il Ă©vacue la situation actuelle et reporte totalement la charge de la preuve sur le projet de transition. Dire que ces changements ne sont pas acceptables fait passer implicitement l’idĂ©e que nos modes de vie actuels ne posent pas de question, et que seule la transition pose problĂšme. Or c’est bien Ă©videmment faux. Nos modes de vie sont dĂ©jĂ  associĂ©s Ă  des choses qui, lorsqu’elles sont identifiĂ©es et dĂ©noncĂ©es notamment par des ONG, suscitent des dĂ©bats dans la sociĂ©tĂ©. Pensons par exemple Ă  l’impact de ce que rĂ©vĂšlent des associations comme L214 sur ce qu’impliquent concrĂštement pour le bien-ĂȘtre des animaux nos pratiques alimentaires actuelles, reposant sur la large disponibilitĂ© de produits animaux peu coĂ»teux. Pensons Ă©galement aux manquements de l’industrie textile en termes de droit social, par exemple avec l’effondrement d’une usine en 2013 Ă  Dacca, causant plus de 1000 morts parmi les ouvriers et ouvriĂšres. Cet Ă©vĂ©nement a Ă©tĂ© associĂ© Ă  la pression qu’exerce sur la main d’Ɠuvre le besoin de produire Ă  faible coĂ»t dans une logique de fast fashion, ce qui renvoie in fine Ă  nos pratiques vestimentaires. Et au quotidien, nos maniĂšres de nous dĂ©placer, fortement dĂ©pendantes de la voiture thermique, impliquent un haut niveau de pollution de l’air dans les mĂ©tropoles, au dĂ©triment de la santĂ© de leurs dĂ©plorer les impacts nĂ©gatifs de nos modes de vie actuels n’équivaut pas Ă  rendre acceptable tout changement futur. Mais cela doit permettre d’ouvrir la discussion sur une base Ă©quitable nos modes de vie actuels ont leurs qualitĂ©s comme leurs dĂ©fauts, ils posent Ă©galement des enjeux moraux et Ă©thiques qu’il convient de mettre Ă  jour. Cet examen rééquilibrĂ© incite Ă  penser le changement. Les dĂ©bats qu’il peut susciter au sein de la sociĂ©tĂ© sont certainement une voie de progrĂšs. Nos prĂ©fĂ©rences sont mallĂ©ables Qu’est ce qui est inacceptable ? Le rĂ©sultat ou les moyens ? Nous faisons souvent face Ă  cette question est-ce que la sobriĂ©tĂ© est acceptable ? Comme si on pouvait rĂ©pondre de but en blanc face Ă  un concept qui n’a rien d’évident. Prenons un exemple si par un bon matin pluvieux, tout d’un coup, vous tendez un vĂ©lo Ă  votre voisin automobiliste invĂ©tĂ©rĂ© pour rĂ©aliser les 5 kilomĂštres qui le sĂ©parent de son travail, il y a effectivement de fortes chances qu’il trouve cela inacceptable. Si ce mĂȘme moment arrive aprĂšs 6 mois oĂč se sont succĂ©dĂ©s l’inauguration d’une nouvelle voie verte dans son village pĂ©riurbain, le test d’un vĂ©lo Ă©lectrique Ă  son travail, un rendez-vous avec son mĂ©decin l’alertant sur sa trop grande sĂ©dentaritĂ©, une discussion avec ses enfants qui utilisent leur vĂ©lo sur leur lieu d’étude
 et l’achat d’un bon impermĂ©able ! ; alors la rĂ©ponse sera certainement cette variation ? Tout simplement car nos prĂ©fĂ©rences, nos reprĂ©sentations de ce qui est possible, positif, dĂ©sirable sont mallĂ©ables, comme cela a Ă©tĂ© rappelĂ© dans le rĂ©cent rapport du GIEC[1]. Ces Ă©volutions peuvent ĂȘtre stimulĂ©es par un ensemble de leviers dans les mains des dĂ©cideurs politiques, des dĂ©cideurs privĂ©s et des citoyens. Pour le vĂ©lo par exemple, le schĂ©ma ci-dessous et le dossier complet sur Bon Pote permettent d’identifier l’ensemble de ces travail menĂ© par l’Ademe autour de la prospective “Transitions2050” pour mettre en discussion ces choix de sociĂ©tĂ© auprĂšs d’une trentaine de Français et Françaises est Ă©galement riche d’enseignements. D’abord, il montre que l’on ne peut poser cette question de l’acceptabilitĂ© sans rendre concrets et prĂ©hensibles plusieurs futurs possibles. Il montre Ă©galement que les scĂ©narios activant davantage la sobriĂ©tĂ© ne sont pas moins acceptables que les scĂ©narios qui parient sur d’importants dĂ©ploiements technologiques pour prĂ©server nos modes de consommation changer nos modes de vie, de consommation, de dĂ©placement n’est pas sans poser de question, mais les faire perdurer au prix de technologies lourdes soulĂšve Ă©galement tout un ensemble d’incertitudes aux yeux des citoyens. Cela rejoint l’idĂ©e d’aller au-delĂ  du terme d’acceptabilitĂ© pour mieux comprendre ce qui se joue derriĂšre ce terme la dĂ©sirabilitĂ© des scĂ©narios, leur faisabilitĂ© et enfin les conditions de rĂ©alisation nĂ©cessaires Ă  leur mise en Ces changements sont socialement injustes Cet argument s’inscrit dans la logique des critiques contre une Ă©cologie dite “punitive”. Elle s’appuie sur une forme de simplification la transition se ferait par principe au dĂ©triment des plus vulnĂ©rables, et notamment quand on cherche Ă  rĂ©orienter les comportements et les modes de vie. L’exemple de la taxe carbone, rĂ©el voir ces travaux qui montrent l’impact inĂ©galitaire et notre article sur la question, permet alors de disqualifier l’ensemble du projet de transition. – RĂ©ponses possibles –Des inĂ©galitĂ©s bien rĂ©elles
 mais le plus souvent indĂ©pendantes de la transition Encore une fois, cet argument a tendance implicitement Ă  rejeter sur les porteurs de la transition les inĂ©galitĂ©s et problĂšmes sociaux actuels. La crise des Gilets jaunes, qui a notamment mis en exergue la dĂ©pendance Ă  la voiture et la vulnĂ©rabilitĂ© aux prix du carburant problĂšme identifiĂ© par la recherche dĂšs les annĂ©es 2000-2010, avant que la taxe carbone ne soit mise en place, le mal-logement et la lutte contre les passoires Ă©nergĂ©tiques voir le collectif RĂ©novons, et l’alimentation avec les enjeux de prĂ©caritĂ© et d’insĂ©curitĂ© alimentaire qui touchent des millions de voir le rĂ©cent rapport de 7 sur la question montrent que nos sociĂ©tĂ©s sont dĂ©jĂ  tiraillĂ©es par des inĂ©galitĂ©s et des souffrances sociales. Le premier vecteur d’inĂ©galitĂ©s n’est pas la transition, mais bien les politiques actuelles et ce que les politiques passĂ©es ont créé. Dans ce contexte, s’il est important de s’interroger sur les potentiels impacts nĂ©gatifs de la transition, celle-ci peut aussi ĂȘtre vue comme une source de solutions. De fait, , les travaux de recherche sur les modes de vie durables et les propositions associĂ©es adoptent de plus en plus une approche mettant au cƓur de leur rĂ©flexion les enjeux de justice sociale, d’équitĂ© et d’égalitĂ©. Ils partent du principe qu’il faut s’assurer des besoins de base pour tous avec les concepts de social floor », de basic needs », de social threshold », qui dessineraient un cadre vecteur de progrĂšs pour les plus modestes. Ces travaux pointent Ă©galement que les efforts les plus importants seront certainement du cĂŽtĂ© de ceux qui aujourd’hui ont les revenus les plus Ă©levĂ©s et de facto consomment plus et Ă©mettent plus. Le cas de l’avion est emblĂ©matique car une minoritĂ© de la population reprĂ©sente la majoritĂ© des vols, ce qui fait qu’une mesure comme une taxe qui croĂźt avec la frĂ©quence de vol impacterait avant tout les plus aisĂ©s. Pour un bon rĂ©sumĂ© de ce que dit la recherche sur la question de l’équitĂ© dans la transition des modes de vie, voir cet nouveaux cadres d’actions publiques Ă  construire Penser la transition de maniĂšre Ă  ce qu’elle n’impacte pas les plus vulnĂ©rables et qu’elle soit au contraire un progrĂšs social est Ă©videmment essentiel et peut aussi ĂȘtre explorĂ© au niveau sectoriel. Concernant l’agriculture et l’alimentation, il faut Ă  la fois penser les Ă©volutions des filiĂšres, le revenu des agriculteurs et les mĂ©nages les plus contraints, ce qui implique d’anticiper les politiques publiques nĂ©cessaires. Sur cet exemple, des solutions existent et peuvent ĂȘtre mises en place. Ce n’est donc pas un dĂ©fi philosophies d’action pour assurer l’accessibilitĂ© Ă©conomique d’une alimentation saine et durable. Blog IDDRIAu-delĂ  des idĂ©es reçuesIl est Ă©galement crucial d’aller au-delĂ  des idĂ©es reçues entourant ces questions d’inĂ©galitĂ©s. Par exemple, contrairement Ă  une vision oĂč l’alimentation durable serait l’apanage de publics aisĂ©s et diplĂŽmĂ©s, on observe que les publics modestes expriment un intĂ©rĂȘt pour une alimentation saine, de qualitĂ© et durable et ne sont pas absents des tendances de consommation, comme celle du bio. L’enjeu crucial se situe donc davantage dans le besoin d’inclusion et de cohĂ©sion dans la façon de concevoir, prĂ©senter et mener le projet de transition, ce qui peut prendre des formes trĂšs concrĂštes notamment au niveau local voir par exemple le projet Territoires Ă  vivres » . Enfin, encore une fois, il faut faire attention au deux poids, deux mesures » personne, par exemple, ne s’est alarmĂ© du potentiel surcoĂ»t impliquĂ© pour les mĂ©nages modestes par le dĂ©veloppement rapide de la 5G, alors que la tĂ©lĂ©phonie mobile est aujourd’hui un prĂ©requis pour ĂȘtre inclus dans la vie sociale, Ă©conomique, professionnelle pour tout un chacun, y compris pour les plus contraints financiĂšrement. C’est parce que nous sommes habituĂ©s Ă  cette course Ă  l’innovation, parce que les changements de nos modes de vie liĂ©s au numĂ©rique ont Ă©tĂ© incitĂ©s et dĂ©ployĂ©s par une multitude d’actions des acteurs publics et privĂ©s voir La numĂ©risation du monde, F. Flipo, 2021 que cette dynamique du numĂ©rique ne pose pas de problĂšmes d’inĂ©galitĂ©s sont cruciaux et de nombreux travaux cherchent Ă  les rĂ©soudre dans le cadre de la transition, cette question ne peut se rĂ©sumer Ă  l’idĂ©e d’une â€œĂ©cologie punitive”, clivage que les français sont prĂȘts Ă  Cela menace nos libertĂ©sLes mesures Ă©cologistes vont restreindre nos capacitĂ©s Ă  consommer, Ă  nous dĂ©placer. Ce sont des intrusions inacceptables dans notre vie privĂ©e. On retrouve ici les termes de Khmer verts, de dictature Ă©cologique
– RĂ©ponses possibles –Libres
 dans un cadre trĂšs contraintCommençons par un paradoxe tout le monde est libre mais tout le monde fait la mĂȘme chose ! ». Dit autrement, nos vies sont largement rĂ©gies par des cadres qui organisent et structurent fortement nos vies infrastructures, offres de produits et de services, organisation du temps, normes sociales et imaginaires, rĂ©glementations
 C’est d’ailleurs ce qui explique qu’il y a une importante rĂ©gularitĂ© de nos modes de vie on parle ainsi de mode de vie occidental, français ou pĂ©riurbain par exemple. Cela ne veut pas dire que chacun ne trouve pas un peu de marge de manƓuvre pour dĂ©velopper son propre style de vie, mais cela se traduit dans un cadre partagĂ© prĂ©pondĂ©rant, qui relativise l’idĂ©e d’une totale libertĂ© de nos modes de plus, la libertĂ© considĂ©rĂ©e dans ces discours est avant tout celle de consommer, or ce n’est qu’une de nos libertĂ©s. Évidemment les dĂ©bats soulevĂ©s par la crise sanitaire et les mesures impactant nos libertĂ©s, comme ceux concernant la libertĂ© de la presse dans un contexte de concentration Ă©conomique ce qui a motivĂ© une commission d’enquĂȘte du SĂ©nat, plaident pour avoir une vue d’ensemble sur la prĂ©servation de nos libertĂ©s. Pensons notamment au travail de François Sureau sur nos libertĂ©s publiques. Voir ici l’ensemble des dessins reprĂ©sentant les 12 discours de l’inaction climatiquePar ailleurs, notre libertĂ© de consommer elle-mĂȘme est bridĂ©e par l’offre existante aujourd’hui personne n’est libre d’acheter une voiture low cost sans Ă©lectronique, elle n’est tout simplement pas produite ; on ne peut pas non plus se passer des outils numĂ©riques ; et faire rĂ©parer les objets de son quotidien n’est pas toujours possible. Elle est aussi orientĂ©e par la publicitĂ©, qui nous enferme dans des stĂ©rĂ©otypes et des reprĂ©sentations datĂ©es et nous dĂ©peint un imaginaire que nous ne sommes en moyenne pas en capacitĂ© d’acheter. Qu’il s’agisse du marronnier des “sports d’hiver”, largement couverts par les journaux tĂ©lĂ©visĂ©s alors mĂȘme que seuls 10% de la population les pratiquent, de l’idĂ©al de la maison individuelle ou de l’achat d’une voiture neuve
 Quelles sont les marges de manƓuvre et les libertĂ©s des Françaises et Français, et notamment ceux ayant des revenus modestes, pour se conformer aux reprĂ©sentations vĂ©hiculĂ©es dans la publicitĂ© et les mĂ©dias ? Changer ces reprĂ©sentations de maniĂšre cohĂ©rente avec les crises environnementales est un enjeu essentiel et cette Ă©volution n’implique pas forcĂ©ment une perte de libertĂ© voir par exemple le rĂ©cent rapport EPE. Et rappelons que la publicitĂ© dispose de moyens trĂšs importants, bien supĂ©rieurs Ă  ceux des politiques publiques dont on questionne pourtant l’aspect liberticide. En 2014 par exemple, le budget de communication publique sur la nutrition et la santĂ© s’élevait Ă  4 millions d’euros quand l’investissement du secteur de l’alimentation dans les mĂ©dias atteignait 2,4 milliards d’euros, qui plus est fortement orientĂ©s vers la publicitĂ© des aliments pauvres, nutritivement dĂ©conseillĂ©s par ce programme. Dans le secteur automobile, au niveau mondial, c’est plus de 35 Md$ qui sont dĂ©pensĂ©s en publicitĂ©, dont 5 Md$ au total pour la France, l’Allemagne et la le dire de maniĂšre directe aujourd’hui personne n’est libre d’avoir une vie sobre car appartenir Ă  la sociĂ©tĂ© nĂ©cessite la consommation de certains biens et services indispensables communiquer, se dĂ©placer
 et car l’organisation qui produit ces biens et services n’est pas nos histoires collectivesL’évolution de nos normes sociales relativise Ă©galement en partie ce questionnement sur notre libertĂ© de dĂ©sirer et de choisir. Les normes sociales actuelles, fruits de l’histoire et de conventions, sont autant un ciment de notre vie collective que des contraintes sur nos pratiques quotidiennes ex. “un bon repas de famille doit inclure de la viande” ; “une personne respectable ne se dĂ©place pas en vĂ©lo”. On peut de ce fait voir la transition vers de nouveaux modes de vie comme une redĂ©finition collective de ce qui est dĂ©sirable et positif[2], chose que l’humanitĂ© fait en permanence, de maniĂšre plus ou moins explicite. Comme Y. N. Harari l’explique, le propre de l’humanitĂ© est de croire collectivement dans les histoires qu’elle se raconte, et ces histoires le fait de concĂ©der, Ă  l’Etat et Ă  nos concitoyens, une part de nos libertĂ©s dans le cadre d’un contrat social est le ciment de nos vies collectives. C’est d’ailleurs un des rĂ©sultats de l’enquĂȘte ADEME sur les modes de vie menĂ©e dans la prospective “Transitions 2050” les citoyens interrogĂ©s perçoivent bien l’enjeu de la rĂ©duction de la libertĂ© de consommer. Mais, pour eux, la consommation n’est pas la pratique cardinale derriĂšre l’idĂ©e de libertĂ©. In fine, ce qui compte le plus Ă  leurs yeux relĂšve de l’organisation de la vie sociale, tout particuliĂšrement de la prise en charge des inĂ©galitĂ©s et de la capacitĂ© Ă  influer sur son futur ou celui de son territoire. La transition Ă©cologique rĂ©actualise le besoin de se poser ces questions que sommes-nous prĂȘts Ă  donner et Ă  recevoir, en termes de droits et de devoirs, dans le cadre d’un nouveau contrat social nous permettant de rester dans les limites de la planĂšte ? Et que deviendraient nos libertĂ©s dans un monde frappĂ© par un lourd changement climatique ?4. La puissance publique n’est pas lĂ©gitime pour agir sur nos modes de vieSelon cet argument, la puissance publique sortirait de son rĂŽle en cherchant Ă  transformer nos modes de vie pour la transition. Cela irait Ă  l’encontre de l’idĂ©e d’un individu libre et responsable. Dans un contexte Ă©conomique mondialisĂ©, marquĂ© par des discours sur la rĂ©gulation par le marchĂ© lui-mĂȘme, l’action de la puissance publique Ă©tatique serait Ă©galement inadaptĂ©e. – RĂ©ponses possibles –Un rĂŽle lĂ©gitime de chef d’orchestre de la vie collectiveCet argument peut constituer un obstacle ou une excuse Ă  l’inaction pour les dĂ©cideurs politiques. Prenons l’exemple de l’agriculture Ă©tant donnĂ© que la puissance publique n’est pas lĂ©gitime pour agir sur la demande de viande ou n’en est pas capable, une politique de rĂ©duction de la production de viande ne serait pas souhaitable car elle conduirait Ă  renforcer des importations moins disantes sur le plan environnemental la demande restant fixe. Cet argument, qui dĂ©lĂ©gitime l’action sur la demande, devient bloquant pour mettre en Ɠuvre l’évolution de l’ la section prĂ©cĂ©dente “Cela menace nos libertĂ©s”, nous expliquions que les cadres collectifs sont prĂ©pondĂ©rants pour organiser nos modes de vie. La puissance publique, et en particulier l’État, n’est pas le seul acteur Ă  agir sur ce cadre de rĂ©fĂ©rence, qui est mĂ» par l’ensemble des acteurs de la vie sociale entreprises, mĂ©dias – sociaux ou non –, mouvements citoyens, artistes, acteurs financiers, etc. Mais elle y joue un rĂŽle particulier, celui de chef d’orchestre, en tant que garante de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et du vivre ensemble ». Ainsi, une politique publique par dĂ©finition vient encadrer les pratiques ou les modes de vie afin de permettre Ă  un groupe d’individus de vivre la puissance publique est lĂ©gitime Ă  agir sur les modes de vie, la question de son pĂ©rimĂštre d’intervention est un objet constant de dĂ©bat dans les sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques, et ne doit pas ĂȘtre interrogĂ©e de façon hors sol », mais contextualisĂ©e ce qu’on va considĂ©rer comme Ă©tant une action publique lĂ©gitime dĂ©pend des convictions et des valeurs de chaque citoyen, mais aussi des principes au nom desquels l’État justifie son intervention dans tel ou tel champ et des modalitĂ©s d’action quelles politiques publiques sont mises en Ɠuvre. DĂ©battre des façons d’agirCe sont donc autant les fins que les moyens qui peuvent ĂȘtre objets de discussion. Le tableau ci-dessous rĂ©pertorie 8 philosophies pour agir sur les modes de vie, auxquelles sont associĂ©es une diversitĂ© de parti pris idĂ©ologiques, qui se traduiront ensuite dans les politiques mises en Ɠuvre. Cela nous semble ĂȘtre une base utile pour dĂ©battre dĂ©mocratiquement des moyens de mise en Ɠuvre de la transition. Par exemple, pour un mĂȘme enjeu par ex. la mobilitĂ©, les citoyens pourraient considĂ©rer qu’agir par la taxe carbone est moins acceptable qu’agir par la rĂ©glementation. Le dĂ©bat dĂ©mocratique, comme l’a illustrĂ© la Convention Citoyenne pour le Climat, est alors utile pour identifier les moyens d’actions qui paraissent lĂ©gitimes et dans les exemples historiquesUn retour historique est Ă©galement utile pour battre en brĂšche cette idĂ©e F. Trentmann dans sa magistrale histoire de la consommation montre que l’histoire regorge d’exemples d’intervention de l’Etat sur nos modes de consommation, que ce soit dans l’alimentation, nos pratiques d’épargne ex. incitation trĂšs forte Ă  l’épargne au Japon pendant le dĂ©veloppement post 2Ăšme guerre mondiale, notre mobilité  Aux États-Unis par exemple, aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, l’État doit Ă©couler les surplus de son agriculture ; il dĂ©veloppe alors l’idĂ©e d’un bon repas pour tous les enfants, en tant que service public dĂ©livrĂ© Ă  l’école, et affecte ainsi directement des millions d’ de Nixon au pouvoir sonne la fin de ce dispositif la mesure est transformĂ©e en une seule aide aux plus pauvres, puis privatisĂ©e ; on s’éloigne alors de l’idĂ©e d’un repas sain, et les fruits et lĂ©gumes sont progressivement remplacĂ©s par produits plus gras, plus sucrĂ©s, prĂ©parant ainsi des gĂ©nĂ©rations de consommateurs Ă  ces pratiques alimentaires. Pour l’historien, l’État ne peut tout simplement pas dire je ne peux rien faire, le consommateur est souverain ».5. Il faut sauvegarder nos modes de vie actuelsCe discours renvoie Ă  l’idĂ©e selon laquelle nos modes de vie actuels seraient les plus progressistes et dĂ©veloppĂ©s qui soient. Il renvoie largement Ă  une reprĂ©sentation qui perçoit le dĂ©veloppement de notre sociĂ©tĂ© comme une trajectoire linĂ©aire, Ă©vidente, oĂč dĂ©veloppement Ă©conomique et social sont intimement liĂ©s au progrĂšs technique. Ainsi on va retrouver dans certains scĂ©narios l’idĂ©e que le fort dĂ©veloppement des solutions technologiques pour atteindre la neutralitĂ© carbone permettra de sauvegarder les modes de vie du dĂ©but du XXIĂšme siĂšcle. Cet argument repose implicitement sur l’idĂ©e que nous serions Ă  une sorte d’ñge d’or de nos modes de vie, et qu’ils mĂ©riteraient donc d’ĂȘtre prĂ©servĂ©s.– RĂ©ponses possibles –Serions-nous Ă  un Ăąge d’or des modes de vie ? Chacun, selon sa gĂ©nĂ©ration, a sa propre nostalgie d’une Ă©poque et d’un mode de vie en particulier, ce qui n’empĂȘche pas que les modes de vie Ă©voluent en permanence. L’évolution rĂ©cente la plus marquante est Ă©videmment la place que le numĂ©rique a pris dans notre vie quotidienne et dans l’organisation de la sociĂ©tĂ©. Communiquer, s’informer, se divertir, consommer, s’éduquer
 ont Ă©voluĂ© sur un laps de temps court. Aurions-nous dĂ» sauvegarder nos modes de vie d’avant le numĂ©rique ?Le fait de figer ainsi la sociĂ©tĂ© dans ses modes de vie actuels conduit Ă  tout faire reposer sur les changements technologiques et la transformation de l’économie pour atteindre la neutralitĂ© carbone. Ce raisonnement ignore donc le fait, bien Ă©tabli notamment par la sociologie des techniques, que l’évolution des technologies conduit inĂ©vitablement Ă  des changements de mode de vie la technique et le social Ă©tant interdĂ©pendants, ce sont des coĂ©volutions. Pensons Ă  la façon dont 70 ans de dĂ©veloppement automobile ont façonnĂ© nos territoires, notre rapport Ă  l’espace ex. je vis dans un espace pĂ©riurbain Ă©tendu connectĂ© par les infrastructures automobiles et au temps ex. “c’est Ă  combien de temps”, sous-entendu “en voiture”.Cela est aussi vrai avec l’évolution de nos systĂšmes Ă©conomiques nouveaux emplois, organisation du travail, place de l’État et du marché  par exemple, la rĂ©volution industrielle a conduit Ă  l’émergence d’une population ouvriĂšre nombreuse dans les villes, la transformation progressive du monde agricole chute du nombre de paysan, concentration des parcelles et une Ă©volution forte des paysages remembrement.Sur la pĂ©riode 1980-2000, la mondialisation et la numĂ©risation de l’économie ont entraĂźnĂ© une tertiarisation de l’économie française et une polarisation du marchĂ© du travail multiplication des formes d’emplois, une mĂ©tropolisation du territoire français et des pratiques de dĂ©placement accentuĂ©es dans les modes de vie valorisĂ©s avion, tgv, voyage dans une capitale europĂ©enne sur le week-end
.6. Nos modes de vie ne peuvent pas changerA ce discours de sauvegarde de nos modes de vie actuels peut s’ajouter celui qui veut que changer nos modes de vie est idĂ©aliste, voire tout bonnement impossible » cet argument joue sur un implicite frĂ©quent, l’impression de fixitĂ© de nos modes de vie. – RĂ©ponses possibles –Pourtant l’histoire rĂ©cente regorge de changements de modes de vie, prenons simplement quelques exemples. Certains de ces changements sont le fait de dĂ©cisions politiques Une circulaire du 8 aoĂ»t 1956, signĂ©e du ministre de l’Education nationale, relative aux boissons de table servies dans les internats et cantines scolaires», interdit la distribution d’alcool Ă  la cantine pour les enfants, une pratique jusqu’alors assez frĂ©quente. A la place, la consommation quotidienne de lait est expĂ©rimentĂ©e pour ses vertus nutritionnelles. Quand on connaĂźt, aujourd’hui, l’importance de l’enfance et de l’éducation dans la formation des habitudes alimentaires, ce type de mesure a inĂ©vitablement eu des effets de long loi du 13 juillet 1965 les femmes mariĂ©es peuvent occuper un emploi sans l’autorisation de leur Ă©poux et ouvrir un compte en banque en leur nom propre. Cela aura des implications majeures sur la fĂ©minisation de l’emploi[3], et in fine sur les modes de changements sont liĂ©s Ă  de nouvelles offres, qui rentrent dans nos pratiques de consommationLe dĂ©ploiement du smartphone, comme illustrĂ© par les courbes ci-dessous, modifiera profondĂ©ment et rapidement nos façons de communiquer, de nous informer, de champ de l’alimentation verra aussi les pratiques Ă©voluer au fur et Ă  mesure de la commercialisation de nouveaux produits et de changement dans les rythmes quotidiens la consommation de plats prĂ©parĂ©s a par exemple Ă©tĂ© multipliĂ© par 3 en 30 ans[4] dĂ©notant un changement dans notre rapport Ă  la prĂ©paration des repas et Ă  la changements sont plus systĂ©miques et sont la rĂ©sultante de nombreux autres changements dans la 1980 et 2008, les distances quotidiennes parcourues par les Français ont Ă©tĂ© multipliĂ©es par 1,5[5]. Et la taille de nos grandes aires urbaines par entre 2000 et 2010[6]. C’est donc le cadre territorial et temporel concret des modes de vie quotidiens qui a fortement Ă©voluĂ© lors de ces derniĂšres dĂ©cennies. Ces illustrations visent simplement Ă  montrer la diversitĂ© des changements qui s’exercent en permanence sur nos modes de vie, pour une diversitĂ© de raisons et dans une diversitĂ© de directions. Bien d’autres encore pourraient ĂȘtre mobilisĂ©es. Cela n’est pas une preuve que nos modes de vie peuvent Ă©voluer assez vite pour faire face aux crises environnementales, mais c’est le signe que des rĂ©inventions sont toujours en cours et que la transition peut s’appuyer sur ces on sait que les changements sociaux ne sont pas totalement linĂ©aires il existe des points de bascule voir l’article Bon Pote qui peuvent accĂ©lĂ©rer les changements, comme rappelĂ© par le rĂ©cent rapport du GIEC[7]. Par exemple, une fois que la population possĂšde une certaine proportion de smartphone, des effets de rĂ©seaux[8] font que son usage est de plus en plus facile, utile, nĂ©cessaire ce qui va pousser la suite de son La sobriĂ©tĂ© est un choix avant tout “idĂ©ologique”Cet argument vise Ă  discrĂ©diter une approche par la sobriĂ©tĂ© en la prĂ©sentant comme idĂ©ologique associĂ©e Ă  des valeurs subjectives et non scientifique lĂ  oĂč une approche perçue comme scientifique est issue d’un raisonnement rationnel basĂ© sur des faits. Une illustration est la critique des travaux de l’association nĂ©gaWatt leur hypothĂšse de sobriĂ©tĂ© proviendrait de leur opposition “idĂ©ologique” au nuclĂ©aire. Ainsi, dans une situation oĂč l’on produirait moins d’électricitĂ©, on serait obligĂ© de se serrer la ceinture » sur nos modes de vie.– RĂ©ponses possibles –Un concept ancien
Ce concept de sobriĂ©tĂ© a des racines anciennes, pouvant ĂȘtre spirituelles, religieuses et philosophiques et a connu une forme de renouveau dans la sociĂ©tĂ© moderne du fait des interrogations sur les impacts de la croissance Ă©conomique Cezard et Mourad, 2019 ; Guillard et Ben Kemoun, 2019. Il renvoie aux idĂ©es de tempĂ©rance, de modĂ©ration, de frugalitĂ©, comme sources de bonheur et d’émancipation. Quand il s’agit de penser la transition Ă©cologique, il est important d’avoir en tĂȘte que la sobriĂ©tĂ© concerne l’ensemble des systĂšmes, des filiĂšres et des organisations et non pas uniquement l’individu en bout de chaĂźne. Cette acception restrictive de la sobriĂ©tĂ© se rĂ©vĂšle inefficace l’individu se retrouve alors chargĂ© de mettre en Ɠuvre une logique de sobriĂ©tĂ© orthogonale au reste de la sociĂ©tĂ© fondĂ© sur l’abondance comme nous l’avons montrĂ© plus haut imaginaire de la publicitĂ©, organisation des chaines de valeur peu adaptĂ©e Ă  l’émergence d’offre sobre, modes de production et de recyclage, etc.. En termes concrets, on peut dĂ©finir la sobriĂ©tĂ© Ă©nergĂ©tique comme le fait de rĂ©duire les besoins en Ă©nergie en changeant les pratiques ou les habitudes, en changeant la façon de rendre le service Ă  tous les niveaux de la sociĂ©tĂ©. La sobriĂ©tĂ© consiste Ă  interroger le besoin ex. combien de m2 de logement par habitant ou de taille de voiture ou de changer la façon de rendre le mĂȘme service ex. augmenter la part de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, changer le mode de transport. L’idĂ©e est, dans la mesure du possible, de chercher Ă  rĂ©duire Ă  la source le besoin de mobiliser des ressources ou des Ă©quipements techniques. Cette Ă©tape amont est complĂ©mentaire des efforts d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique, qui cherche elle Ă  amĂ©liorer la capacitĂ© des Ă©quipements techniques Ă  rendre leur service tout en minimisant leur consommation d’énergie ex. un moteur de voiture moins consommateur de carburant pour une mĂȘme puissance.
de plus en plus mis en avant par la communautĂ© scientifiqueLes analyses scientifiques globales pointent de plus en plus le besoin de sobriĂ©tĂ© le rapport du GIEC soulignait dĂ©jĂ  qu’agir pour une low demand », en complĂ©ment de l’efficacitĂ© facilitait l’atteinte des objectifs climatiques et l’indĂ©pendance Ă  des technologies incertaines de captation du carbone. Et de plus en plus de travaux de prospective cherchent Ă  intĂ©grer les changements de modes de UNEP Gap Report de 2020 soulignait Ă©galement ce besoin d’aller vers des modes de vie plus sobres. Le rĂ©cent rapport du GIEC renforce encore ce constat en mettant en avant l’impact global d’attĂ©nuation que pourraient avoir les actions sur la demande[9].Cette thĂ©matique prend une place croissante dans la recherche le rĂ©seau Enough regroupe les scientifiques europĂ©ens qui travaillent sur ces questions et recense une littĂ©rature de plus en plus abondante sur le sujet, avec notamment beaucoup de travaux rĂ©cents cherchant Ă  identifier les conditions d’une bonne vie » la prĂ©servation de l’ensemble des bĂ©nĂ©fices sociaux clĂ©s dans les limites de la planĂšte. La sobriĂ©tĂ© fait partie des options privilĂ©giĂ©es pour une raison principale la multiplicitĂ© des crises environnementales climat, biodiversitĂ©, ressources
 telle que reprĂ©sentĂ©es par le cadre des limites planĂ©taires combinĂ©e Ă  la lenteur des progrĂšs actuels fait que l’ampleur des changements Ă  mettre en Ɠuvre est de plus en plus grande et exigeante, nĂ©cessitant de considĂ©rer tous les leviers possibles. Cette figure issue du rĂ©sumĂ© pour dĂ©cideur du rĂ©cent rapport du GIEC dĂ©crit les actions possibles sur la demande, incluant donc des leviers de sobriĂ©tĂ©, et leurs potentielsLa notion de sobriĂ©tĂ© recouvre deux faces, qui ne sont pas contradictoires mais au contraire complĂ©mentaires. D’une part, ce qui est de l’ordre de l’idĂ©ologie, plongeant dans nos racines religieuses et philosophiques, dont l’encyclique Laudato Si est un bon exemple rĂ©cent. Cette approche ne devrait pas ĂȘtre perçue comme un refus du progrĂšs technique mais comme une invitation Ă  s’interroger sur les sources du bien-ĂȘtre humain et de l’émancipation. D’autre part, ce qui est de l’ordre scientifique et rationnel. Dans cette derniĂšre perspective, il est nĂ©cessaire de rechercher toutes les solutions nĂ©cessaires pour limiter les crises environnementales, la sobriĂ©tĂ© faisant partie de cet Ă©ventail de solutions. Quelques soient les solutions technologiques mobilisĂ©es pour produire de l’énergie ou se dĂ©placer par exemple, rĂ©duire la demande amont est une stratĂ©gie pertinente pour rĂ©duire les impacts l’idĂ©e derriĂšre la sobriĂ©tĂ© n’est pas aussi marquĂ©e idĂ©ologiquement que certains le prĂ©sentent un article scientifique de psychologie montre qu’un discours climatique orientĂ© sur la rĂ©duction du gaspillage fonctionne avec les publics conservateurs et rĂ©sonne avec leurs valeurs. Voyons la sobriĂ©tĂ© comme une politique anti-gaspillage gĂ©nĂ©ralisĂ©e !8. La responsabilitĂ© individuelle devrait ĂȘtre mise en avant Cet argument met en avant la responsabilitĂ© individuelle des consommateurs pour rĂ©orienter leurs comportements et ainsi l’ensemble de l’économie. Si ces changements s’avĂšrent impossibles, c’est Ă  cause des contradictions et incohĂ©rences des individus d’un cĂŽtĂ© des sondages et baromĂštres rĂ©vĂšlent leurs prĂ©occupations et leurs aspirations Ă  des modes de vie et de consommation plus durables ; mais de l’autre les actes ne suivent pas dans les choix de mobilitĂ©, d’alimentation ou de consommation durable. Cet Ă©tat de fait peut constituer une forme d’excuse Ă  l’inaction pour les dĂ©cideurs publics et privĂ©s, qui se disent incapables d’agir dans ce contexte.– RĂ©ponses possibles –Les baromĂštres successifs menĂ©s par l’Ademe le montrent, les Français sont conscients de la nĂ©cessitĂ© de changements de modes de vie et prĂȘts Ă  cela. D’autres sondages, menĂ©s au niveau international, identifient Ă©galement la volontĂ© d’une partie significative[10] de la population Ă  mettre en Ɠuvre des changements. Toutefois ces dĂ©clarations d’intention ne se retrouvent pas forcĂ©ment dans les actes. Comme l’observaient les auteurs d’une Ă©tude du Behavioural Insight Team “two-thirds of people want to consume less, and consume more sustainably, and yet most fail to act on this expressed preference”. Certains scientifiques interprĂštent ce dĂ©calage comme un value-action-gap” et explorent les mĂ©canismes psychologiques individuels associĂ©s. Leurs rĂ©sultats indiquent que la communication Ă  l’égard du public, afin de renforcer la prise de conscience sur les changements liĂ©s Ă  la transition, a des limites, car l’intention ne dĂ©clenche pas forcĂ©ment l’action. Lamb et al. 2020 dĂ©cryptent les risques politiques de ce discours sur l’individualisme qui rĂ©oriente l’action climatique des solutions systĂ©miques vers des actions individuelles, comme rĂ©nover sa maison ou conduire une voiture plus efficace ». Pour ces auteurs, le problĂšme est que ce discours rĂ©duit l’espace de solution aux choix de consommation personnels, en occultant le rĂŽle des acteurs et organisations puissants qui façonnent ces choix et gĂ©nĂšrent des Ă©missions de combustibles fossiles ». En orientant les responsabilitĂ©s vers les seuls individus, ce discours risque ainsi de retarder l’action. Et ce d’autant plus que l’analyse par la responsabilitĂ© individuelle a des limites et peut avoir des consĂ©quences politiques nĂ©fastes. Les sciences humaines et sociales expliquent bien comment nos modes de vie et de consommation sont dĂ©pendants de schĂ©mas collectifs mes choix d’alimentation ou de mobilitĂ© sont dĂ©pendants des normes sociales de mon groupe qui est ce qui dĂ©sirable, valorisĂ© socialement autour de moi et Ă©galement de l’offre concrĂšte qui m’est accessible quotidiennement ; mon imaginaire de consommation basĂ© sur l’abondance est nourri par la publicitĂ© et plus largement par l’idĂ©al de progrĂšs au centre de nos sociĂ©tĂ©s. Cet Ă©cart n’est pas irrationnel et ne relĂšve en aucun cas uniquement de biais de raisonnement infrastructure, acteurs privĂ©s et institutionnels qui montrent l’exemple, normes sociales
Des actions collectives sont nĂ©cessaires pour combler cet Ă©cart, et le rĂ©cent rapport du GIEC rappelle la responsabilitĂ© des entreprises et des pouvoirs publics dans la mise en Ɠuvre des infrastructures indispensables Chapitre 5, WG III. Par ailleurs, les individus ne sont pas que des consommateurs, ce sont des citoyens en attente de solution Ă©quitable et de partage juste des efforts c’est ce qui ressort en condition n°1 de changement de mode de vie du baromĂštre Ademe. C’est aussi le travail des 150 citoyens de la Convention Citoyenne qui a justement consistĂ© Ă  dĂ©crire un ensemble de politiques publiques, agissant Ă  tous les niveaux, permettant de mener une action ambitieuse et acceptable. 9. Cela nous mĂšnera vers la dĂ©croissance et c’est la fin de la prospĂ©ritĂ©Cet argument consiste Ă  dire que mĂȘme si les changements de modes de vie vers la sobriĂ©tĂ© Ă©taient possibles, ils ne seraient pas souhaitables, voire dangereux, du fait de l’impact nĂ©gatif sur la croissance Ă©conomique et donc sur notre prospĂ©ritĂ©. Moins consommer et moins produire, c’est automatiquement moins de ressources Ă©conomiques pour financer nos systĂšmes sociaux et notre prospĂ©ritĂ©. On trouve le reflet de cet argument dans les injonctions contradictoires que reçoivent les individus. Par exemple, Ă  l’éloge de la sobriĂ©tĂ© lors du 1er confinement a succĂ©dĂ© dĂšs la rentrĂ©e un appel Ă  consommer l’épargne mise de cĂŽtĂ© pour relancer l’économie, car celle-ci repose en effet en partie sur la consommation des mĂ©nages. C’est bien en pensant conjointement les changements de modes de vie et les cadres politiques et Ă©conomiques de nos sociĂ©tĂ©s que l’on peut rĂ©ellement mener la transition. – RĂ©ponses possibles –Cette controverse est majeure et Ă©videmment trĂšs vaste et il n’est pas question de tenter de la trancher ici mais essayons de montrer Ă  minima que cela ne devrait pas ĂȘtre un Ă©lĂ©ment bloquant Ă  la mise en place de la transition des modes de de quoi ? ProspĂ©ritĂ© pour qui ? La premiĂšre question concerne Ă©videmment la nature de ce qui doit dĂ©croitre et les implications sur la prospĂ©ritĂ©. Depuis l’important ouvrage de T. Jackson, ProspĂ©ritĂ© sans croissance », de nombreux travaux scientifiques ont explorĂ© la possibilitĂ© de rĂ©duire la consommation de ressources matĂ©rielles et Ă©nergĂ©tiques tout en conservant de bonnes conditions de vie et de bien-ĂȘtre. Deux principes expliquent cette possibilitĂ© 1 au-delĂ  d’un certain seuil, la consommation n’apporte plus ou peu de bien-ĂȘtre supplĂ©mentaire et c’est notamment le cas dans les pays dĂ©veloppĂ©s idĂ©e de rendement dĂ©croissant ou de saturation du besoin ; 2 ce qui apporte du bien-ĂȘtre ce sont les services rendus un service de mobilitĂ©, un service d’alimentation et non les ressources directement, or il est possible de rendre les mĂȘmes services avec plus de sobriĂ©tĂ© et d’efficacitĂ© et donc moins de ressources naturelles prĂ©levĂ©es. Le rĂ©cent rapport du Giec, en s’appuyant sur tous ces travaux scientifiques, estime donc que les actions sur la demande et donc nos modes de vie et de consommation sont cohĂ©rentes avec le fait d’amĂ©liorer le bien-ĂȘtre de base pour tous “Demand side mitigation response options are consistent with improving basic wellbeing for all.high confidence” SPM Ce rapport indique Ă©galement que les politiques de sobriĂ©tĂ© sont un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter de la demande pour l’énergie, les matĂ©riaux, le sol et l’eau tout en dĂ©livrant du bien-ĂȘtre humain pour tous dans les limites de la planĂšte. Il semble donc exister un espace des possibles combinant dĂ©croissance de la consommation d’énergie et de ressources naturelles et prospĂ©ritĂ©, qu’il reste Ă©videmment Ă  explorer et Ă  la croissance Ă©conomique alors ? Rappelons que le PIB, s’il est la boussole de nos politiques, n’est pas l’indicateur le plus adĂ©quat pour comprendre la rĂ©partition des richesses, le dĂ©veloppement ou le bien-ĂȘtre humain. Il s’agit lĂ  d’un consensus bien Ă©tabli dans les sciences humaines et sociales. Cela implique d’une part de se prĂ©occuper davantage du contenu rĂ©el de la croissance Ă©conomique, comme la rĂ©cente analyse des scĂ©narios Transitions 2050 de l’ADEME le souligne. D’autre part, de plus en plus de travaux s’intĂ©ressent au bien-ĂȘtre ou Ă  d’autres indicateurs alternatifs de prospĂ©ritĂ© dans leurs analyses des limites planĂ©taires voir par exemple la “doughnut economy” de K. Raworth. Dans le mĂȘme temps, cela n’évacue pas totalement la question de la croissance Ă©conomique car comme le notait avec malice T. Jackson 2017 “in an economy that is founded on growth, growth is essential for stability” mĂȘme si elle n’est pas l’alpha et l’omega de notre prospĂ©ritĂ©, la croissance Ă©conomique est un pilier des sociĂ©tĂ©s que nous avons construit autour d’elle. Cela conduit ainsi Ă  la question de la capacitĂ© des pays dĂ©veloppĂ©s Ă  dĂ©coupler », c’est-Ă -dire Ă  concilier une baisse forte de leurs Ă©missions et consommations de ressources naturelles avec une croissance de leur activitĂ© Ă©conomique mesurĂ©e par le PIB. Aujourd’hui il est trĂšs incertain qu’un dĂ©couplage Ă  un rythme suffisant pour rester dans les limites de la planĂšte soit suffisant, ce qui questionne le narratif de la croissance verte » voir l’analyse dĂ©taillĂ©e des conclusions du GIEC de T. Parrique. Dans le mĂȘme temps, de nombreux acteurs travaillent pour identifier comment obtenir les fruits de la croissance Ă©conomique stabilitĂ© sociale, rĂ©silience sociale, emploi sans que la croissance en tant que telle continue d’ĂȘtre une boussole de l’action publique voir ce rĂ©cit de Zoe Institute.Que faire ? Accepter les incertitudes sur le futur de la croissance Ă©conomique et agir dĂšs aujourd’hui. Il est important d’avoir en tĂȘte qu’indĂ©pendamment des changements pour faire face Ă  la crise environnementale, il y a des incertitudes sur la croissance Ă©conomique future et il faut de toute façon nous y prĂ©parer, notamment pour prĂ©server notre systĂšme social. Cela passe par davantage d’arbitrages politiques dans le partage des fruits de notre activitĂ© Ă©conomique. L’échange entre S. Hallegate et J. Hickel, le premier un tenant de la croissance verte et le second un dĂ©fenseur de la dĂ©croissance entendue comme “a planned reduction of aggregate resource and energy use in high-income nations designed to bring the economy back into balance with the living world in a safe, just and equitable way”, est Ă©galement riche d’enseignements sur les diffĂ©rentes positions dans ce dĂ©bat et permet de montrer les points de dĂ©saccords mais aussi les points d’accords sur lesquels s’appuyer pour agir dĂšs Ă  prĂ©sent pour mener la transition, sans devoir attendre d’avoir totalement tranchĂ© ces dĂ©bats en partie thĂ©oriques. La rĂ©flexion par secteur peut aussi ĂȘtre trĂšs utile pour comprendre comment les choses peuvent Ă©voluer. Par exemple, dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation, la dĂ©croissance en quantitĂ© n’implique pas forcĂ©ment une baisse en valeur globale la logique moins mais mieux » cherche par exemple Ă  mettre en avant l’idĂ©e de consommer moins de viande mais mieux produite et donc plus Les solutions technologiques vont rĂ©soudre les crises environnementales Cet argument consiste tout simplement Ă  Ă©carter le besoin de faire Ă©voluer nos modes de vie sur la base d’un optimisme technologique ». Cette idĂ©e reçue a trois variations, qu’il est important d’identifier celle qui voudrait que les enjeux Ă©nergĂ©tiques et environnementaux soient uniquement des sujets techniques, ce qui implique qu’ils n’auraient pas Ă  ĂȘtre dĂ©battus collectivement ; celle qui survalorise la place de la technique comme levier pour rĂ©soudre les dĂ©fis Ă©cologiques considĂ©rant qu’il est inutile, voire idĂ©ologique de questionner les transformations de nos modes de vie actuels ; celle qui sous-entend que l’innovation technique est forcĂ©ment consensuelle, bĂ©nĂ©fique, et ne soulĂšve pas de controverses, a l’inverse d’autres leviers de transition de la sociĂ©tĂ©.– RĂ©ponses possibles –Un changement technique ne va pas sans changement social ! C’est un biais trĂšs courant de penser que l’un et l’autre sont sĂ©parĂ©s, mais il n’existe pas de changement technique sans changement social. De nombreux travaux en sciences humaines et sociales ont dĂ©crit comment changements techniques et changements sociaux allaient de pair. Une chercheuse comme E. Shove a par exemple traitĂ© de ces liens de dĂ©pendances dans de nombreux travaux et sur de nombreux domaines. Prenons simplement l’exemple de l’automobile le dĂ©veloppement technique des vĂ©hicules et des infrastructures est allĂ© de pair Ă  des changements dans les territoires de vie accessibilitĂ© de zone pĂ©riurbaines et l’amĂ©nagement de nos villes, la façon de consommer dĂ©veloppement des centres commerciaux et la façon d’habiter maison individuelle, la reprĂ©sentation de la vitesse et du temps cette ville est Ă  20 min » sous-entendu de voiture mais aussi de ce qui est confortable et dĂ©sirable
 La prospective “Transitions 2050”, menĂ©e par l’ADEME autour des quatre scĂ©narios montre que quelque soit le chemin adoptĂ©, l’objectif de neutralitĂ© carbone implique autant des changements techniques que sociaux de grande ampleur que ce soit Ă  court comme Ă  moyen terme. Le paradoxe de l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tiqueDiffĂ©rents travaux montrent que les gains d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique ne conduisent pas nĂ©cessairement Ă  une rĂ©duction de la consommation d’énergie. C’est le cas des travaux historiques de Jevons sur l’usage du charbon au 19° siĂšcle il observe que plus l’on consomme de charbon, plus on est efficace dans son usage, ce qui permet de rĂ©duire sa consommation pour un processus en particulier
 et d’en dĂ©multiplier les usages et donc d’en consommer de plus en plus ! Plus rĂ©cemment, diffĂ©rentes dĂ©monstrations montrent que les gains d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique sans questionnement sur nos pratiques et nos besoins induisent un surcroĂźt de consommation d’énergie. Dans le secteur du numĂ©rique, la dynamique technologique a procurĂ© d’importants gains d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique Ă  chaque nouvelle gĂ©nĂ©ration d’équipements numĂ©riques et dans le traitement des donnĂ©es, c’est-Ă -dire qu’il Ă©tait possible de faire plus de choses avec la mĂȘme consommation d’énergie. NĂ©anmoins, les usages ont aussi explosĂ© en parallĂšle, que l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique seule ne permet pas de compenser. Autre exemple dans le bĂątiment les travaux d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique comme l’isolation et l’installation de systĂšme de chauffage performant n’impliquent pas toujours la baisse de consommation escomptĂ©e. Les sommes Ă©conomisĂ©es peuvent en effet ĂȘtre rĂ©investies, dans une tempĂ©rature de chauffage supĂ©rieure ou dans d’autres Ă©quipements permettant de rĂ©pondre aux canons du confort domestique. Dans l’automobile, les gains d’efficacitĂ© des moteurs s’accompagnent d’une croissance de la taille et du poids des vĂ©hicules. On peut retrouver d’autres formes d’effets rebonds dans la consommation de biens et services le fait de davantage mobiliser le marchĂ© de l’occasion pour revendre ses objets peut doper la consommation de produits l’analyse de B. Keller les gains trĂšs Ă©levĂ©s d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique des datas centers n’ont pas permis de rĂ©duire la consommation totale qui reste constante, courbe verte mais de compenser la multiplication par plus de 10 des trafics. Source maĂźtriser ces effets rebond, il est nĂ©cessaire de se questionner, collectivement, sur nos besoins afin de rĂ©duire nos consommations matĂ©rielles et Ă©nergĂ©tiques, rĂ©flexion qui ne relĂšve pas du champ technique mais bien du champ dĂ©mocratique. Sans cette rĂ©flexion sur nos besoins, et leur modĂ©ration, qui s’apparente Ă  une dynamique de sobriĂ©tĂ©, il est probable que des effets rebond multiples nous feront perdre du temps au regard des dĂ©fis incertitudes quant aux solutions techniques par la communautĂ© scientifique et par les citoyensEnsuite, on trouve des incertitudes Ă  l’égard des solutions techniques elles sont Ă©mises tant par les scientifiques eux mĂȘme que par les citoyensDu cĂŽtĂ© des scientifiques d’abord, certaines promesses techniques aujourd’hui promues font l’objet de controverses sur leur capacitĂ© Ă  rĂ©duire de façon effective les Ă©missions carbone. Jusqu’oĂč pourrons-nous utiliser les technologies de carbon dioxide removal » sans impacter nĂ©gativement d’autres dimensions environnementales ex. impact sur les sols et la biodiversitĂ© quand cela repose sur l’usage de biomasse et sans autres impacts nĂ©gatifs voir le tableau des risques et impacts p96 du Technical Summary du GIEC ? La communautĂ© scientifique Ă©met Ă©galement des doutes sur la capacitĂ© Ă  rĂ©soudre les enjeux environnementaux associĂ©s aux modĂšles agro-alimentaires climat, biodiversitĂ©, pollution des eaux et des sols en se fondant uniquement sur des Ă©volutions d’ordre techniques changer les pratiques alimentaires semble indispensable pour rĂ©duire la pression planĂ©taire sur la biosphĂšre voir par exemple le travail de la commission Eat the Lancet ou le scĂ©nario TYFA. Du cĂŽtĂ© des citoyens Ă©galement, la rĂ©cente Ă©tude pilotĂ©e par l’ADEME autour des 4 scĂ©narios prospectifs “Transitions2050” montre que les scĂ©narios les plus technophiles soulĂšvent diffĂ©rentes inquiĂ©tudes de la part des citoyens. Par exemple, dans le scĂ©nario dans lequel le numĂ©rique et l’intelligence des objets serviraient Ă  rĂ©guler nos consommations, les citoyens Ă©mettent des craintes sur la gouvernance des donnĂ©es et sur la marchandisation qui en serait faite. Sur le sujet environnemental, les citoyens mettent Ă©galement en doute la capacitĂ© des innovations techniques seules pour rĂ©soudre les enjeux climatiques, soulĂšvent des risques de “fuite en avant”, de greenwashing. Il leur semble nĂ©cessaire de sortir de ces promesses techniques pour questionner tant leurs besoins que les valeurs souhaitables Ă  mettre au cƓur de la sociĂ©tĂ©, pour refonder un nouveau contrat social.
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On les dit parfois distants avec l'actualitĂ©, moins en phase avec l'Ă©poque et la sociĂ©tĂ©, parce que les formes conceptuelles qu'ils empruntent dĂ©sormais signaleraient une forme de dĂ©tachement de leur part. Les artistes contemporains, aux yeux de certains, ne colleraient plus Ă  l'actualitĂ©. L'exposition Artistes Ă  la une pour la liberté» apporte, c'est lĂ  la moindre de ses vertus, la preuve du contraire. En demandant Ă  trente-six artistes de faire Ɠuvre Ă  partir de et sur une page de couverture deLibĂ©ration, les deux inititateurs de cette opĂ©ration au profit de Reporters sans frontiĂšres, Nicolas Couturieux et David-HervĂ© Boutin, affichent les liens tĂ©nus qui existent entre artistes et journalistes. A commencer par ceci la libertĂ© d'expression et d'information les concernent tous au premier chef, comme elle concerne chacun d'entre nous, lecteur ou spectateur, avec sous les yeux un article de presse ou une Ɠuvre deux attitudes et les deux activitĂ©s ne font qu’une, c’est pourquoi, le projet, aprĂšs avoir Ă©tĂ© exposĂ© au Palais de Tokyo, puis Ă  nouveau Ă  la Earth Gallery Ă  Paris, se bouclera par une vente aux martienneEn attendant, l'Ă©ventail de unes, librement choisies par chacun des artistes, offre un panorama des prĂ©occupations des artistes contemporains, de ce qui les hante, les touche, les inquiĂšte, les travaille. Cet arriĂšre-fond, c'est au fait celui de l'honnĂȘte homme du XXIe siĂšcle la chronologie inclut les quinze derniĂšres annĂ©es, du 11 septembre 2001 au 15 novembre 2015. RĂ©chauffement climatique Nils-Udo, conflits armĂ©s, en Syrie Ivan Argote ou dans la bande de Gaza Mohamed Ben Slama, le sort des citĂ©s Guillaume Bresson ou Henrik Plenge Jakobsen, la catastrophe nuclĂ©aire de Fukushima Gris1 et Invader, le printemps arabe Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, le combat pour l'Ă©galitĂ© entre les sexes Françoise Petrovitch et contre les violences conjugales Riikka Hyvönen, la conquĂȘte spatiale, l'utopie martienne qu'elle entretient Laurent Grasso et les retards Ă  l'allumage qu'elle subit Mrdjan Bajic, les attentats terroristes le 11 septembre 2001 par Richard Philipps, le 13 novembre 2015 par AndrĂ©. Le choix des artistes, complĂštement libre, porte ici le plus souvent sur des unes mettant en avant des Ă©vĂ©nements ou des sujets graves, des sujets mondiaux, globaux, des thĂšmes politiques et sociaux, des engagements citoyens et militants, qui pĂšsent lourd et fort sur nos modes de vie. Mises bout Ă  bout, dans ces pages, les Ɠuvres appropriationnistes» rĂ©vĂšlent une curiositĂ© et une attention au monde qui est tout sauf Ă©triquĂ©e. Ce qui n'empĂȘche pas des traitements trĂšs personnels tant dans les techniques mises en Ɠuvre que dans le ton utilisĂ© Ă©mu, indignĂ©, facĂ©tieux, brutal, intimidĂ©, discret ou plein de panache. S'observe ainsi, dans ce cadre pourtant fort limitĂ© et un poil contraignant, une grande variĂ©tĂ© de moyens d' et le popLe procĂ©dĂ© vient de loin. Car les artistes n'ont pas attendu qu'on leur confie cette place, la presse, la une, pour, depuis bien longtemps se permettre de se les approprier librement. Le dĂ©tournement, le collage, le griffonnage, le raturage des images de magazine ou de journaux sont des procĂ©dĂ©s courants depuis Warhol et le pop, et auparavant avec les cubistes dans les toiles desquels, au dĂ©but du XXe siĂšcle, un journal s'incrustait frĂ©quemment. Les annĂ©es 60, en France, ont vu les Nouveaux RĂ©alistes se saisir de ce paysage mĂ©diatique et un Jacques VilleglĂ© est lĂ , dans le casting des Unes pour la liberté», pour le rappeler. L'artiste, aujourd'hui ĂągĂ© de 96 ans, a fait Ɠuvre Ă  partir des affiches placardĂ©es sur des palissades, puis lacĂ©rĂ©es, dĂ©chirĂ©es, graffitĂ©es par des mains anonymes. Restituant dans l'espace du musĂ©e ou de la galerie un environnement visuel quotidien et collectivement dĂ©formĂ©, rectifiĂ© et secouĂ© par les rĂ©actions, les indignations, les affirmations des uns et des autres. Son choix d'une une consacrĂ©e aux pirates sĂ©vissant au large de la corne de l'Afrique dit alors, avec espiĂ©glerie, que l'artiste est le seul et vrai pirate qui vaille, pacifique et clandestin, ramassant les restes du pillage ludique et fantasque auxquels, malgrĂ© elles, se livrent les images mĂ©diatiques dĂšs lors qu'elles s'exposent dans la rue ou les couloirs du la prĂ©sence dans le casting de nombreux tenants du street art Gris 1, Invader, C215, Tilt.Thomas de sprayOutre que l’un des deux curateurs, Nicolas Couturieux, suit de prĂšs cette forme de crĂ©ation que l’art contemporain tient d’ordinaire encore en lisiĂšre de ses cimaises, ils sont lĂ , avec leur syntaxe, coups de spray et coups de sang, dans cet espace public qu’est aussi une page de couv, qui siĂ©ent bien Ă  des inscriptions qui s’affichent de maniĂšre volatile, signĂ©e et l’exposition en passe aussi par des maniĂšres de commentaires plus mesurĂ©s. Car contrairement aux journalistes connectĂ©s au fil continu de l’information et Ă  ses mises Ă  jour, contrairement encore aux dessinateurs de presse, forts en gueule et en traits d’esprit, les plasticiens se sentent rarement aptes Ă  rĂ©agir Ă  brĂ»le-pourpoint et s’inscrivent dans un temps plus long, celui auquel est censĂ©e se vouer leur Ɠuvre, faite en outre pour rester les trente-six unes sont d’ailleurs accrochĂ©es sous cadre. L’art tient en partie Ă  cet effet de retard qui permet de prendre en considĂ©ration l’empreinte que laisse les Ă©vĂ©nements dans le cƓur et l’esprit des artistes. Les unes de nombre d’entre eux relĂšvent d’un exercice de mĂ©moire, d’un retour aux archives, voire Ă  l’histoire de l’art. A l’image de Zevs, qui se saisit de la victoire du non au rĂ©fĂ©rendum de l’étĂ© dernier demandant au peuple grec d’approuver, ou as, le plan de sauvetage imposĂ© par les crĂ©anciers europĂ©ens. Un Non de Zeus», prĂ©texte Ă  un bon mot en titre du LibĂ© du 5 juillet, que l’artiste - dont le pseudonyme, Zevs, prend des accents mythologiques mais avec une orthographe de RER - fait sien. Il renvoie Ă  la statuaire antique sous les traits d’une VĂ©nus de Millo, sculptĂ©e par ses soins Ă  partir d’une rĂ©plique un peu grossiĂšre» qui figure, tel qu’il l’explique dans ces pages, une VĂ©nus travestie et souillĂ©e, vendue au plus offrant», mais dĂ©clinant l’ dans ces unes remises sur le mĂ©tier, il est impossible de ne pas voir comment les artistes ne peuvent se passer, pour s’exprimer, de la texture mĂȘme du papier, de l’épaisseur des matĂ©riaux et des images. Belle et palpable maniĂšre de sonder leur impact et d’en rĂ©percuter l’onde de choc au plus profond d’ l’instar de l’Ɠuvre de Tania Mouraud barrant la couverture du 12 janvier 2015 illustrĂ©e d’une photographie de la foule de manifestants descendue comme un seul homme dans les rues de Paris, aprĂšs les attentats contre Charlie, de son lettrage si caractĂ©ristique, altier, brutal, Ă  peine lisible mais pressant et soudĂ©, affirmant MĂȘme pas peur».Tons Ă©cho, Ă  cette piĂšce presque abstraite dans sa forme, rĂ©pond celle de l’AmĂ©ricain Richard Phillips qui fait tourner une des images iconiques du 11 Septembre au quasi-monochrome. Peinte en dĂ©gradé», strillĂ©e de bandes dans les tons mortels du violet et du noir», prĂ©cise-t-il, la une devient flottante et entĂȘtante, imprĂ©cise et brouillĂ©e, inscrivant mĂȘme en bas , un graffiti d’Al-Qaeda en Irak signifiant "monothĂ©isme dans le jihad"», soit en quelque sorte la suite tragique de l’Histoire. Comme si l’artiste, ainsi que tous ses consorts rĂ©unis au Palais de Tokyo, savaient bien que ces unes rĂ©interprĂ©tĂ©es ne pouvaient pas ne pas ĂȘtre rattrapĂ©es, un jour ou l’autre, par la suite des Ă©vĂ©nements, par la marche du temps. Et que leur travail ne pouvait se passer de celui, assidu et Ă©clairant, des journalistes au quotidien.
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Zoom sur les artistes exposants Soone Graffiti-artiste Soone, graffiti-artiste s’exprime dans le design, le graffiti et la mode. CrĂ©ateur libre, sans contrainte ni frontiĂšre, il donne vie Ă  des objets divers et variĂ©s, du design de meubles aux accessoires de fameuses marques. Snake Graffiti-artiste RĂ©putĂ© pour son processus unique en son genre, Snake livre sa propre vision du graffiti des grands espaces, de la rue Ă  l’atelier, en fusionnant la symbolique figurative Ă  la typographie urbaine, nommĂ© TypogractĂšre ». Apache Graffiti-artiste Apache, artiste “graffiti-vandalepur-et-dur” aime graffer sur le terrain », ce territoire de l’ombre qui l’a amenĂ© Ă  la lumiĂšre et dans lequel il puise toute son Ă©nergie. Sa motivation, la compĂ©tition ; son adrĂ©naline, l’interdit Der Graffiti-artiste L’Ɠuvre de Der revisite le calligramme et le writing et s’empare d’élĂ©ments empruntĂ© Ă  la pop culture. Un artiste qui maĂźtrise la technique pour donner vie Ă  ses crĂ©ations qu’il investit. Sike Graffiti-artiste Sike, artiste vandaliste » en marge de la sociĂ©tĂ©, est un vĂ©ritable acharnĂ© du tag et des lettres. Julie Beguin Peintre Quand d’autres Ă©crivent d’une plume, maux et plaisirs de la vie, Julie BĂ©guin pose sur la toile ses humeurs en couleurs. PassionnĂ©e d’art et de dessin depuis toujours, si elle laisse parler sa crĂ©ativitĂ© dans sa peinture, au doigt, au pinceau, Ă  la bombe et mĂȘme Ă  l’éponge, c’est surtout Ă  l’instinct qu’elle croque son destin. InspirĂ©e par le moindre ressenti, Ă©chappatoire, bulle, explosion ou exutoire, ces tableaux lookĂ©s contemporains racontent l’introspection sans borne, celle qui splashe sans faire de tĂąches. Eric Roussel Peintre Issu d’une famille maternelle vĂ©nitienne de mosaĂŻstes d’art, l’artiste Eric ROUSSEL a Ă©tĂ© initiĂ© dĂšs l’enfance Ă  cette spĂ©cialitĂ©. Cette dĂ©couverte des Ă©clats de lumiĂšres colorĂ©es des matiĂšres, s’exprime aujourd’hui, dans ses peintures Ă  l’huile. De ses toiles se dĂ©gagent des vibrations fortes et une Ă©nergie aussi dĂ©bordante que communicative. Arnaud Chapalain Peintre NĂ© le 29 juin 1980,Ă  Tonnerre en Bourgogne, il crĂ©e sa premiĂšre toile en voulant reproduire le tableau que sa mĂšre voulait acheter. Peintre autodidacte, il n’utilise que le noir pour jouer en transparence avec le blanc de son support que ce soit une toile ou du bois. Il cherche l’intensitĂ© du regard de ses sujets pour toucher la sensibilitĂ© du spectateur Les yeux sont le miroir de l’ñme » GĂ©raldine G. Plasticienne Autodidacte de 33 ans et passionnĂ©e de pop art, chacune des Ɠuvres de GĂ©raldine G. est unique et demande des dizaines d’heures de travail. InspirĂ©e par des grands noms tels que Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Keith Haring, son univers est joyeux et colorĂ©. MalgrĂ© sa tĂ©traplĂ©gie dĂ» Ă  une maladie neuromusculaire, chaque tableau est un combat gagnĂ© et lui procure une sensation de libertĂ© qu’elle est fiĂšre de transmettre Ă  tous ceux qui apprĂ©cient son travail. Mohamed Zadi Peintre et sculpteur Artiste autodidacte, il s’intĂ©resse des son plus jeune Ăąge Ă  la peinture et Ă  la sculpture. Depuis ces derniĂšres annĂ©es, il a activement participĂ© aux mouvements artistiques nationaux avec plusieurs expositions individuelles et collectives au Maroc. Draz Photographe Photographe autodidacte, Draz fait ses classes dans les ruelles. Il s’oriente naturellement vers le portrait. Nouvelles technologies, procĂ©dĂ©s photographiques anciens, Draz mĂ©lange les genres et rĂ©alise un voyage intĂ©rieur dont chaque pas est, pour lui, plus essentiel que la destination. Cobra Art Compagny Collectif de photographes PassionnĂ©s d’art et de dĂ©coration, Cobra Art Company collabore avec des photographes et artistes internationaux pour crĂ©er leurs propres collections d’art. La marque est reconnue pour ses tableaux de photos sur plexiglass. HervĂ© Nys Sculpteur automobile Sculpteur d’Art automobile, HervĂ© NYS est nĂ© en 1960 Ă  Cagnes-sur-Mer. Il fait ses Ă©tudes dans la mĂ©canique agricole puis s’engage dans l’aĂ©ronavale en tant que mĂ©canicien avion. La fusion de sa maitrise du bronze et de son expĂ©rience de la mĂ©canique, donne naissance Ă  des sculptures inĂ©dites dans l’Art contemporain. Julien Durix Peintre Julien Durix est un jeune artiste qui met en scĂšne des protagonistes de son enfance. Depuis toujours des personnages iconiques cĂŽtoient ses toiles. Il peint comme il respire, et il nous invite Ă  le rejoindre dans ce monde plein de couleurs oĂč il laisse libre court Ă  son imagination dĂ©bordante. Tiven Peintre Certaines compositions de Tiven sont accompagnĂ©es de textes en forme de haĂŻkus qui parlent de nos luttes quotidiennes. Elle peint Ă  l’acrylique sur toile de coton ou de lin, finissant par un vernis qui donne Ă  ses piĂšces un effet huile». Thomas Crauwels Photographe Thomas est un passionnĂ© des hauts sommets des Alpes suisses et françaises. Depuis 10 ans il parcourt inlassablement ces hauts espaces pour transmettre sa fascination du monde minĂ©ral et de glace qui constitue la haute montagne. Thomas est en recherche permanente d’ambiances, de textures et de lumiĂšres. Jean-Luc Sert Peintre Le travail Ă  l’huile me pousse naturellement » Ă  pratiquer une peinture de terre, de sang et d’eau. Je vais Ă  la rencontre de chacun de mes tableaux, me centrant sur ce qu’il requiert au fur et Ă  mesure de sa rĂ©alisation, tout en respectant les invariants propres Ă  la peinture. Je fais provision de couleurs avec tous les Ă©lĂ©ments qui m’entourent. Julien Dalzon Photographe Des clichĂ©s pris aux 4 coins du globe voyages, paysages, montagnes, sports de glisse, tropiques, modĂšles et tout le beau croisĂ© en chemin ! La photographie, trĂšs contrastĂ©e, en noir et blanc, est coulĂ©e dans la rĂ©sine et la fibre de verre pour ensuite ĂȘtre montĂ©e sur une structure en acier brut et Ă©clairĂ©e de l’intĂ©rieure. Des Ɠuvres uniques qui allient photographie, art et design. Sarah Pastre Plasticienne DiplĂŽmĂ©e d’un Master d’études et de recherches sur la mode, je travaille depuis prĂšs de 20 ans dans le milieu du design de mode, de la crĂ©ation et du marketing. A travers cette collection, je cherche Ă  exprimer, rĂ©vĂ©ler et mettre en valeur des thĂšmes qui me sont chers. Ils se mĂȘlent et se superposent le corps, le textile et la dĂ©licatesse. Ces crĂ©ations textiles, sont en somme, la parfaite coĂŻncidence entre ma personnalitĂ©, ma sensibilitĂ© et mon savoir-faire. Vendredi Peintre A travaillĂ© et travaille toujours .. en musĂ©ographie pour des parcs nationaux et rĂ©gionaux, le Conservatoire du Littoral, des associations de protection de la nature, collectivitĂ©s, etc , 
 par la rĂ©alisation de sculptures, bas-reliefs, peintures, illustrations, maquettes, fresques, etc , 
Peinture figurative Ă  l’huile sur toile. Gil Crochet Peintre AprĂšs avoir produit une suite d’installations Ă©phĂ©mĂšres, mĂȘlant volumes, vidĂ©os, photographies et peintures dans les annĂ©es 2000, je suis revenu aux tableaux avec une production moins conceptuelle et plus sur l’expĂ©rience esthĂ©tique, l’émotion, le sensible. Au seuil de l’abstraction et de la figuration, la sĂ©rie prĂ©sentĂ©e Ă  l’espace 55 ce printemps 2021, Back to the trees » donne un sens plus figuratif, Ă  ce qui ne pourrait ĂȘtre que la volontĂ© d’une gestuelle purement abstraite Christelle Calmettes Photographe Auteur-photographe depuis 2005, la vision du rĂ©el de Christelle Calmettes est double trĂšs structurĂ©e voire graphique oĂč la composition est l’axe majeur de sa prise de vue ou bien trĂšs floue. Cette vision structurĂ©e lui permet de donner une certaine intemporalitĂ© dans ses images. Le flou reprĂ©sente la part d’imaginaire et d’interprĂ©tation propre Ă  chaque spectateur. La photographie doit dĂ©passer la description. Elle doit Ă  travers la description, amener le spectateur Ă  l’intĂ©rieur du sujet ou rĂ©vĂ©ler le sujet, non pas tel qu’il apparaĂźt mais de la façon dont on le ressent. » Philippe SĂ©billotte Photographe Philippe Sebillotte parcourt le monde depuis prĂšs de quinze ans pour dĂ©couvrir les hommes, les cultures et les paysages. C’est l’Inde qui le fascine dans un premier temps, pays oĂč il sĂ©journe Ă  de trĂšs nombreuses reprises. Ses pas le conduisent Ă©galement dans d’autres pays d’Asie et tout particuliĂšrement en Chine. Tout au long de ses pĂ©riples il aime observer et “saisir“ les gens, le spectacle de la rue et les moments magiques face Ă  des paysages sublimes et insolites qu’il choisit le plus souvent de traiter en noir et blanc. Olivier Robert Photographe Olivier Robert partage sa vie entre Europe et Japon. Depuis plus de 25 ans, sa photographie se base sur une expression minimaliste. InitiĂ© trĂšs jeune aux procĂ©dĂ©s de tirages en chambre noire, il acquiĂšre son premier appareil Ă  15 ans et dĂ©couvre Ă©galement l’Asie et ses richesses culturelles. Une expĂ©rience qui influencera dĂ©finitivement sa vie et son regard sur le monde. Aujourd’hui il se rend rĂ©guliĂšrement au Japon Ă  la recherche de scĂšnes naturelles qui lui inspirent intemporalitĂ©, simplicitĂ© et mystĂšre. Marc Muller Photographe Marc Muller a fondĂ© le Studio 404 en 2006. Photographe indĂ©pendant installĂ© Ă  Annecy depuis 2002 dans le domaine de la publicitĂ© et plus largement de l’Outdoor. SpĂ©cialiste des travaux de portraits, mode, sport ou architecture avec paysage reste au cƓur de son travail depuis ses dĂ©buts en 1995. Des images mentales apparaissent devant son objectif comme des Ă©vidences et le travail de rĂ©pĂ©tition par l’observation et la contemplation apporte l’image rĂȘvĂ©e. Savoir changer de dĂ©cor est aussi une chance prĂ©cieuse. Lolek Artiste sculpteur LOLEK est un artiste français, nĂ© en 1984. PrĂ©coce, il compose ses premiĂšres crĂ©ations en argile Ă  11 ans et propose ses premiers bronzes en exposition Ă  12 ans. Il rĂ©vĂšle un sens innĂ© des Ă©quilibres et travaille des formes gĂ©nĂ©reuses. Jean Christian Photographe JEAN CHRISTIAN s’attache tout d’abord Ă  capter la poĂ©sie de dĂ©tails ordinaires qui ne retiennent l’attention de personne traces, fissures, aspĂ©ritĂ©s, reflets et autres stigmates urbains. Ses crĂ©ations flamboyantes, mĂ©tissĂ©es et uniques invitent au voyage et vous emmĂšneront assurĂ©ment vers un ailleurs inattendu. GwenaĂ«l Bollinger Photographe Auteur photographe lyonnais nĂ© en 1973, GwenaĂ«l dĂ©couvre le monde de l’image grĂące Ă  diffĂ©rentes expĂ©riences dans le graphisme. Nourri et sensibilisĂ© Ă  l’importance de l’esthĂ©tique, il a rapidement ressenti le besoin de s’exprimer Ă  travers ses propres crĂ©ations. Ses sources d’inspiration proviennent d’univers picturaux variĂ©s tels que le cinĂ©ma, la peinture, ou la photographie. Christian Vogt Peintre Artiste peintre autodidacte, natif du monde
, inspirĂ© par de nombreux voyages, les grands espaces, la nature et une formidable rencontre qui m’ont rĂ©vĂ©lĂ© mon dĂ©sir de crĂ©er. Je peins essentiellement des portraits de femmes et d’hommes avec une technique Ă  l’huile. Ce qui m’intĂ©resse, c’est d’approcher l’ñme humaine derriĂšre chaque crĂ©ation, ces regards vous toucheront autant qu’ ils m’ont inspirĂ©s. Boucheret Photographe La sĂ©rie Metalrugit » revisite les annĂ©es pop art et cut-up dans un style trĂšs graphique et airbrushed oĂč le dĂ©tail – tĂŽle, cuir, cambouis, caoutchouc – devient l’objet central. Les triptyques associent les Ă©poques, les Ă©curies Ă  partir de vĂ©hicules emblĂ©matiques de l’histoire de la compĂ©tition automobile. En noir et blanc, il utilise des anciens appareils photos moyen format des annĂ©es 1920 Ă  1950 pour retrouver le modelĂ© et l’authenticitĂ© des reportages d’époque, Ă  l’instar de Jacques Henri Lartigue. Muliardo FQD Peintre et sculpteur Florence Muliardo Roy, artiste plasticienne se consacre aujourd’hui principalement Ă  la sculpture de grandes dents en rĂ©sine. La forme achevĂ©e, elle la laque et la sublime avec des personnages cĂ©lĂšbres rĂ©vĂ©lant un art lumineux et joyeux. Outre son originalitĂ©, son style se distingue par la prĂ©cision des formes et la touche d’humour insufflĂ©e. InfluencĂ© par le pop-art et le graffiti-art, il se caractĂ©rise par un univers trĂšs colorĂ©. Anita Rautureau Peintre Les tableaux de l’artiste chantent l’amour, la maternitĂ©, la saveur du temps, le bien-ĂȘtre humain dans la nature qui l’enveloppe. Les couleurs chatoyantes se posent sur des motifs floraux, linĂ©aires ou spiralaires, et la rondeur des traits et des arabesques caressent les sens du spectateur. Audrey Fortin MosaĂŻque d'Art J’explore avec modernitĂ© une technique de la mosaĂŻque traditionnelle et ancestrale. La concrĂ©tisation de mon art est issue du mĂ©lange entre mes voyages, mes rencontres, mon expĂ©rience et mon savoir-faire. C’est Ă  travers mes crĂ©ations que je vous propose une nouvelle façon de percevoir l’art de la mosaĂŻque et ses multitudes de possibilitĂ©s ». Chautagnat Plasticienne A travers la symphonie des couleurs et de la matiĂšre, l ’artiste rĂ©invente la crĂ©ation du monde. Sa gĂ©ographie cosmique s’apparente Ă  celle du rĂȘveur qui veut revoir l ’univers tout en beautĂ©, pour pallier aux offenses que les hommes lui portent. Peinture chaude et enveloppante qui vous pousse Ă  pĂ©nĂ©trer dans l ’infime des molĂ©cules de l’air et de l ’eau, du ciel et de la terre. Fred Bernard Peintre C’est la vie qui m’a amenĂ© Ă  la peinture. Chaque Ă©tape, chaque partie de mon existence construit la suivante. Le lien entre tout cela, c’est ma sensibilitĂ©. Je la dĂ©couvre Ă  l’ñge de six ans ; je prends conscience de cette Ă©nergie Ă  la mort de mon pĂšre. Ensuite, c’est une lutte, une incomprĂ©hension totale. VoilĂ  la premiĂšre Ă©tape ne rien comprendre. Pourtant je vibre Ă  tout, je ressens tout. » Hanae Biro Peintre Mes crĂ©ations reflĂštent le corps et l’esprit de la nature. Chacune de mes Ɠuvres est unique et aspire Ă  vous faire voyager dans de proches et lointaines contrĂ©es. Je souhaite que mes tableaux puissent colorer votre quotidien, Ă  l’instar du sourire de mes enfants qui colorie mon quotidien ». Alors quand la tĂ©lĂ©vision ne fait que nous pousser Ă  la consommation, comme les magazines, la radio, les affiches sur les abris bus ou les bĂątiments; ça m'plait pas. D'autant qu'on est influencĂ©s , que dis-je manipulĂ©s par les lobbyistes; dans le seul but de les enrichir, quitte Ă  le payer de notre santĂ©.
Zubair Irak AFP - Adnane Abdelrahmane exhibe tambours et percussions dont il a appris Ă  jouer dĂšs l'Ăąge de 12 ans. Dans un Irak patchwork de communautĂ©s et d'ethnies, il fait partie de cette minoritĂ© noire pluri-centenaire, gardienne des traditions musicales, mais relĂ©guĂ©e en marge de la sociĂ©tĂ©. ImplantĂ©e dans la rĂ©gion de Zubair, prĂšs de Bassora dans l'extrĂȘme sud irakien, la communautĂ© tire ses origines d'Afrique de l'Est. Ici, comme dans tous les villages reculĂ©s d'Irak, s'affichent Ă  chaque coin de rue pauvretĂ© et dĂ©liquescence des services publics, avec des routes poussiĂ©reuses bordĂ©es de maisons borgnes en suite aprĂšs la publicitĂ© Si des militants dĂ©noncent la marginalisation de la communautĂ©, parler Ă  Zubair de racisme ou de discriminations froissent les habitants qui prĂ©fĂšrent en arabe l'euphĂ©misme de "peau foncĂ©e" Ă  l'emploi du mot noir. A 56 ans, M. Abdelrahmane fait partie d'une de ces troupes de musique populaire ayant fait la cĂ©lĂ©britĂ© de Zubair dans tout le pays et jusqu'au KoweĂŻt frontalier, Ă  une trentaine de kilomĂštres seulement. "A Zubair, on ne compte plus le nombre de troupes", dit Ă  l'AFP le musicien, installĂ© sur un matelas au sol dans son salon. "C'est une profession dont on hĂ©rite. Si quelqu'un meurt, son fils prend sa place, pour que l'art ne disparaisse pas", explique-t-il, ajoutant que dans sa famille, son oncle chantait et son pĂšre jouait du tambour. Munis de darboukas, tambours et daf grand tambour en peau de chĂšvre, les musiciens animent notamment les mariages en menant la "zaffa", procession consistant Ă  cĂ©lĂ©brer les mariĂ©s, en dansant et chantant. M. Abdelrahman, qui se produit depuis quatre ans au sein d'une "Association du patrimoine", parrainĂ©e par le ministĂšre de la Culture, reconnait que "la majoritĂ©" des artistes sont noirs mais assure ne pas ressentir de racisme. - "Discrimination positive" -La suite aprĂšs la publicitĂ© Des militants tiennent cependant un tout autre discours. "Ceux qui ont la peau foncĂ©e sont des citoyens de cinquiĂšme classe, mĂȘme pas de seconde classe", dĂ©plore Majed al-Khalidy, employĂ© dans une compagnie pĂ©troliĂšre de Bassora. Le trentenaire rĂ©clame des opportunitĂ©s d'emplois et logements dignes et dĂ©nonce la dĂ©scolarisation qui fait des ravages. Il fustige aussi des abus de langage, rĂ©pandus mĂȘme chez les clercs religieux, le terme "esclave" en arabe Ă©tant encore utilisĂ© pour dĂ©signer un noir. Historiquement la minoritĂ© noire -entre et deux millions d'Ăąmes, selon des estimations informelles- a des ancĂȘtres venus du Kenya, d'Ethiopie ou encore du Soudan, indique Ă  l'AFP l'historien Ibrahim suite aprĂšs la publicitĂ© C'est dans la rĂ©gion de Bassora qu'arrivaient des esclaves pour rĂ©aliser "le travail Ă©reintant d'assĂšchement des marais salants". "Dans les Ă©crits historiques, la premiĂšre mention de la communautĂ© remonte Ă  869 quand ils se sont rĂ©voltĂ©s", ajoute l'expert, en rĂ©fĂ©rence Ă  la "rĂ©bellion des Zanj". Ce soulĂšvement contre la dynastie arabe des Abassides a permis aux anciens esclaves d'Ă©tablir pendant une quinzaine d'annĂ©es leur propre citĂ©, avant d'ĂȘtre dĂ©faits. Aujourd'hui, Majed al-Khalidy croit en la "discrimination positive" dans le pays multiconfessionnel et multi-ethnique, et rĂ©clame l'inclusion de sa communautĂ© au systĂšme actuel des quotas permettant Ă  certaines minoritĂ©s, chrĂ©tiens ou yazidis par exemple, d'Ă©lire un reprĂ©sentant au Parlement. "Pour rĂ©clamer ses droits, il faut ĂȘtre proche des dĂ©cideurs", justifie M. Khalidy. Car mĂȘme s'il est antisystĂšme, il reste rĂ©aliste dans un Irak oĂč un tiers de la population de 41 millions vit dans la pauvretĂ© et est dirigĂ©e par des partis clientĂ©listes, dont les dĂ©putĂ©s peuvent garantir des emplois suite aprĂšs la publicitĂ© - "Long chemin" - Illustration d'un timide changement? La premiĂšre chaĂźne d'information Ă©tatique compte depuis plus d'un an parmi ses prĂ©sentatrices une jeune femme noire, Randa Abdel Aziz, qui dĂ©sormais dĂ©cline les interviews pour Ă©chapper au feu des projecteurs aprĂšs avoir fait le buzz. Sur son site Internet, l'ONG internationale Minority Rights Group MRG Ă©voque "des taux disproportionnellement Ă©levĂ©s d'analphabĂ©tisme et de chĂŽmage" dans une communautĂ© largement confinĂ©e aux emplois d'ouvriers et de travailleurs domestiques. "La discrimination se constate Ă  tous les niveaux", reconnaĂźt Saad Salloum, expert des questions de diversitĂ© religieuse et ethnique en suite aprĂšs la publicitĂ© "Politiquement ils n'ont pas de reprĂ©sentation. Socialement certains stĂ©rĂ©otypes restent enracinĂ©s dans la culture dominante. Economiquement la majoritĂ© vit sous le seuil de pauvretĂ©", rĂ©sume l'expert. En 2013, Jalal Thiyab, fondateur de la premiĂšre association de dĂ©fense des droits de la minoritĂ©, avait Ă©tĂ© assassinĂ©, peu aprĂšs des Ă©lections locales Ă  Bassora. "Il reste un long chemin Ă  parcourir afin de parvenir Ă  l'Ă©galitĂ© pour cette minoritĂ© et toutes les autres", estime M. Salloum.
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Culture CinĂ©ma PrĂ©sente Ă  la Mostra, la rĂ©alisatrice, qui a fui Kaboul le 15 aoĂ»t, a demandĂ© l’aide de la communautĂ© internationale. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s La cinĂ©aste afghane Sahraa Karimi a fui Kaboul, le 15 aoĂ»t, le jour oĂč les talibans ont pris le pouvoir dans la capitale. Depuis, de sa voix combative, elle ne cesse de sonner l’alerte dans les mĂ©dias. Son visage, dĂ©couvert sur des vidĂ©os qui ont le fait le tour de la planĂšte, ne s’oublie pas. De grands yeux gris, mĂ©lancoliques, et un casque de cheveux bruns. Sahraa Karimi, nĂ©e en 1983, est aussi la premiĂšre femme Ă  diriger, depuis quelques annĂ©es, l’Institut du film afghan, l’organisme public pour le financement du cinĂ©ma, situĂ© Ă  Kaboul. Nous l’avons rencontrĂ©e, samedi 4 septembre, en marge d’une confĂ©rence de presse organisĂ©e par la Mostra de Venise, sur la situation des artistes en Afghanistan – Ă  laquelle assistaient Ă©galement la cinĂ©aste afghane Sahra Mani, ainsi que des membres de la Coalition internationale pour les cinĂ©astes en danger dont font partie Orwa Nyrabia, directeur artistique du Festival international du film documentaire d’Amsterdam, Vanja Kaludjercic, patron du Festival de Rotterdam
. Devant un parterre de journalistes et de critiques de cinĂ©ma, Sahraa Karimi a lancĂ© un cri d’alerte Imaginez un pays sans artistes ! Aidez-nous ! Nous pouvons ĂȘtre sauvĂ©s par la communautĂ© internationale. » Lire aussi Article rĂ©servĂ© Ă  nos abonnĂ©s Mostra de Venise Competencia oficial » passe le star-systĂšme Ă  la broyeuse Le 15 aoĂ»t, la cinĂ©aste a pris la dĂ©cision la plus difficile de [sa] vie » elle a quittĂ© son pays, s’envolant pour Kiev Ukraine avec quelques membres de sa famille, laissant derriĂšre elle tout son travail. Sahraa Karimi a ensuite rejoint la Slovaquie, un pays oĂč elle a fait ses Ă©tudes de cinĂ©ma et dont elle a acquis la nationalitĂ© en plus de la nationalitĂ© afghane. Les talibans n’ont pas changĂ© » Alors que les talibans tentent d’amadouer la communautĂ© internationale, en affichant un visage plus ouvert », la rĂ©alisatrice assure que les talibans n’ont pas changĂ© » Ils sont tellement contre l’art, et contre les femmes. La communautĂ© internationale devrait reconnaĂźtre les groupes qui rĂ©sistent actuellement contre les talibans. Car la nouvelle gĂ©nĂ©ration d’Afghans ne peut pas vivre sous le rĂ©gime des talibans. La jeunesse veut mener une vie moderne, Ă©couter de la musique, vivre librement. Ce qui a Ă©tĂ© construit en vingt ans dans notre pays ne peut pas disparaĂźtre du jour au lendemain », dit-elle. Mais, dĂ©jĂ , tout semble fragilisĂ©. Pour ne prendre qu’un exemple, les archives cinĂ©matographiques afghanes sont en danger, dit-elle, puisqu’elles sont localisĂ©es au palais prĂ©sidentiel de Kaboul, dĂ©sormais sous le contrĂŽle des talibans ». Elle ajoute Les talibans ne m’ont pas dĂ©mise de mes fonctions Ă  l’Institut du film afghan. J’en suis encore la directrice, mais je n’ai plus de bureau et n’y suis plus matĂ©riellement prĂ©sente. C’est trĂšs Ă©trange
 » Il vous reste de cet article Ă  lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
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